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Melody MacKenzie
Retour au bercail Ϟ PV Hum-ind
Melody MacKenzie
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MessageSujet: Retour au bercail Ϟ PV   Retour au bercail Ϟ PV Icon_minitimeDim 9 Fév - 19:58

J'étais partie sans prévenir. J'avais tout laissé derrière moi. Je devais retourner en arrière, revenir sur mes pas. Là d'où je venais vraiment, même si j'aurais aimé pouvoir l'oublier parfois. Je ne rentrerai pas. Je ne rentrerai plus. Je n'avais pas ma place là-bas. Je ne l'avais jamais vraiment eue. Mais je devais y aller. Au moins une fois, juste une fois. Pour savoir d'où je venais vraiment. Pour savoir ce qui avait fait de moi ce que j'étais à présent...

J'avais sauté dans le premier avion. Direction Londres et ses beaux quartiers. Ceux où j'avais grandi, ceux où j'étais née. Un encombrant fragment de mon passé que j'allais devoir revisiter. Trop de questions hantaient mon esprit et ce depuis trop longtemps. Jusque là, j'avais fait avec, m'étais contentée d'assembler les quelques pièces d'un puzzle bien trop grand pour moi qu'on me donnait ça et là. Mais il était temps de venir à bout de tout ça. De comprendre d'où me venaient ces pouvoirs. On m'avait un peu expliqué ce qu'il en était. Je n'ai pas tout compris, mais au moins je savais où chercher. À ce qu'il parait, tout se joue avant la naissance. C'était dans mes gênes depuis le jour de ma naissance. Non, même avant.

C'était quelque chose qui était arrivé à mes parents. Une sorte... D'infection, ou en tout cas de conditionnement qui avait fait que j'y étais prédestinée. Je ne savais pas trop quoi en penser. Et si je m'étais dit dans un premier temps que peu m'importait et que je pouvais vivre avec, et bien... Je m'étais trompée, voilà. Ce n'était pas qu'une question de curiosité. C'était aussi que, avant de venir vivre à Karakura, rien n'indiquait dans ma vie la moindre présence de quoi que ce soit de paranormal (à part peut-être certains de mes ex...). J'étais peut-être partie très tôt, mais on avait quand même vécu douze ans sous le même toit. S'ils étaient au courant de quoi que ce soit, ils me l'avaient bien caché, en tout cas.

Et maintenant que je savais de quoi avaient l'air ces horreurs masquées et les proportions qu'ils arborent d'habitude, je voyais mal comment ils auraient pu en approcher sans s'en rendre compte. La perspective de revoir mes parents ne m'enchantait pas, mais il n'y avait personne d'autre. Personne qui puisse me dire ce que j'avais besoin de savoir. Personne à part eux... Alors bah, qu'est-ce que je pouvais faire à part prendre mon courage à deux mains, hein ? Je ne les avais plus revus depuis des années. Jamais une lettre, jamais un mot, jamais un signe de vie. Ma faute. J'avais toujours su où les joindre, je savais qu'ils n'étaient pas partis d'ici. Pour que j'aie un endroit où revenir ? Allez savoir.

Moi, j'avais pris soin de faire en sorte qu'ils ne puissent jamais me contacter. De là venait peut-être mon goût pour le voyage. Ma tendance à ne jamais rester en place. Avec mon métier, on pouvait dire que j'étais gâtée de ce côté-là. Je n'avais jamais autant arpenté le monde en long et en large que ces dernières années. Même les contrées éloignées avaient le droit à ma bonne parole et à ma bonne humeur, non ? Tout ce qu'ils savaient de moi, de ce que je devenais était ce que tout le monde pouvait savoir. Journaux, magazines people, et tout le reste. J'étais pour eux une inconnue à présent, une célébrité de plus dans leur paysage médiatique. J'avais coupé tous les ponts. La dernière chose que je gardais d'eux était cette guitare. Cadeau de ma mère. Un cadeau d'adieu que j'avais accepté, même si j'aurais préféré ne rien lui devoir.

Je ne savais pas comment ils prendraient le fait de me revoir. Écoutez tous, la fille prodigue rentre à la maison ! Confettis et cotillons ! En fait, j'en étais encore à chercher un moyen de me justifier. Oh, ça pouvait avoir son importance, c'est sûr, mais de là à parler de cas de force majeure... Et puis s'ils ne s'étaient rendus compte de rien, je voyais mal comment expliquer la raison de ma visite. Après toutes ces années... Cette phrase n'arrêtait pas de tourner et de retourner en boucle dans ma tête depuis que cette idée fixe y avait fait son nid. Cinq ans. Pas grand chose pour eux, sans doute, mais pour moi c'était une éternité. Il s'était passé tant de choses... Même si ces derniers mois avaient sans conteste été les plus chargés. C'est pas tous les jours qu'on apprend que ce qu'on a vu dans les Comics et les séries télés n'est en fait pas si loin de la vérité...

Voilà comment j'avais fait ma valise. Sur un coup de tête. On m'avait donné pour consigne de ne pas quitter le territoire japonais soi-disant « tant que ma sécurité ne pourrait pas être assurée », mais je pense que les choses avaient suffisamment changé depuis pour ne pas m'en soucier. J'avais fourré une partie de mes vêtements, un peu d'argent et deux-trois autres bricoles dans un sac de voyage, avais attrapé ma guitare, et direction l'aéroport de Tokyo. Le vol n'aurait du être accessible que sur réservation et j'aurais du attendre le prochain, mais je n'en avais ni le temps ni l'envie – et celle de revenir sur ma décision encore moins. J'avais déjà eu bien assez de mal à me convaincre d'y aller, autant ne pas risquer de changer d'avis Pour la première fois depuis des mois, j'avais donc ressorti ma carte d'identité. C'est fou comme dans ce genre de cas, elle peut faire office de laisser-passer...

J'avais pensé profiter du voyage pour m'organiser. Planifier. Préparer un plan d'attaque. Même si je ne pensais pas qu'ils me jetteraient dehors, avoir un semblant d'idée d'approche ne serait pas du luxe. Raté. J'ai dormi pendant tout le trajet, de bout en bout. Hantée par cette pensée, je n'avais presque pas fermé l'oeil au cours de ces derniers jours. Curieux que ce soit quand je suis la plus nerveuse que je parviens finalement à me reposer. À croire que mon corps avait, tout bien considéré, conclu que j'aurais besoin de cette énergie pour la confrontation à venir. Si je n'irais pas jusqu'à dire que je m'étais réveillée fraîche et dispose, j'étais déjà en meilleur état qu'au début du voyage, plus encline à réfléchir. J'avais perdu la lenteur et la somnolence qui m'engourdissaient et retrouvais de mon dynamisme. Mais pour combien de temps ?

De retour sur la terre ferme, je pensais faire une pause pour boire et manger, mais oubliais en fin de compte rapidement cette idée. J'avais les tripes nouées et n'avait pas franchement envie de rendre mon petit déjeuner à peine celui-ci avalé – et encore eut-il fallu qu'il existe quoi que ce soit sur cette Terre que j'eus été à ce moment précis en mesure d'avaler. Respirant l'air de ma terre natale à grandes goulées pour refouler les montées d'angoisses qui me harcelaient depuis que les portes de l'avion s'étaient refermées, je me laissais tremper par la pluie. Ne faisant pas défaut à sa réputation, Londres était sous eau. Les flots célestes détrempaient ma peau, la morsure du froid rongeait mes os. Pourtant, je restais là de longue secondes durant, sous l'averse, forme vague, ombre incertaine, fragile, spectre en proie à l'humidité.

Les gouttes déchues ruisselaient sur mon visage, dévalaient le long de mes mèches. Je me sentais presque coupable d'en éprouver autant de bien-être alors que je me rongeais les sangs la seconde d'avant. Sous ce camaïeux de gris permanent ne laissant deviner aucune heure, rendant intemporelle la cité de mon enfance, j'avais l'impression de renaître. J'oubliais mes démons, mes fantômes même rien qu'un instant et me laissais frapper de plein fouet par cette vague enivrante de nostalgie. Ce concentré d'autrefois qui me frappait en pleine poitrine. Personne ne semblait me remarquer, et pourtant tout le monde me connaissait. Un pauvre sourire prit place sur mes lèvres sans que je ne puisse le réprimer. Il était bon d'être rentrée.
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Melody MacKenzie
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Melody MacKenzie
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MessageSujet: Re: Retour au bercail Ϟ PV   Retour au bercail Ϟ PV Icon_minitimeLun 10 Fév - 6:26

Sortant une serviette de mon sac, j'épongeais mon visage comme je pouvais. Ça ne servirait à rien puisque j'allais me refaire saucer dès que je remettrais un pied dehors, mais si ça pouvait m'éviter d'attraper la mort... Je ne savais combien de temps j'étais restée plantée là, sous la pluie battante. Les gens avaient du me prendre pour une folle, mais je m'en moquais. J'avais eu du mal à me faire à Karakura, mais maintenant ça allait. Pourtant, je ne me sentais nulle part mieux qu'ici, et ce alors qu'on ne pouvait pas vraiment dire que j'y avais mes meilleurs souvenirs. Comment dire... C'était comme si j'avais mis les voiles mais que mon ancre était restée au port. Ici. Une attache que je ne pourrais jamais rompre quoique je fasse, parce que les chaînes étaient trop solides. Je ne savais pas si je devais en être heureuse ou, au contraire, furieuse.

J'avais tourné la page. J'étais allée de l'avant. Pourtant je redevenais une vraie gamine à peine un pied posé dans cette ville. C'était désolant. Mais rien que pour le réconfort que cela m'avait procuré, j'étais contente d'être venue. Ce n'était pas en vain, même si je devais être incapable ne serait-ce que de frapper à la porte une fois arrivée à destination. J'avais prévu le coup et réservé dans un hôtel du coin sous un faux nom. Même si je réussissais à passer la porte d'entrée, hors de question de retourner dans cette cage dorée. On aurait trop vite fait de m'y renfermer. Enfin, je doutais fort qu'on me le propose, mais on sait jamais. De toute façon, ma chambre a du être transformée en débarras pour les dossiers de papa. Un sourire teinté d'ironie étira mes lèvres une seule seconde alors que je regardais par la fenêtre du bus.

Les endroits, les sensations... Tout cela remontait lentement au fond de moi, comme forçant une porte que j'avais fermée à clé cinq ans en arrière. Comme si cette serrure avait commencé à être forcée à l'instant même où j'avais atterri sur le sol britannique. De bus en taxi, je faisais mon bout de chemin dans le dédale de ces rues qui avaient bercé mon enfance. C'était comme retourner dans un rêve qu'on avait déjà fait quelques temps après. un songe qu'on avait enfoui au fond de sa mémoire mais dont tous les détails nous revenaient à peine après avoir fermé les yeux pour s'y retrouver une fois encore. La rumeur de la ville, la douceur de la pierre, la moiteur du climat... Autant de choses qui me rattachaient à ce lieu. Au même titre que mon esprit, mon corps se souvenait.

Mon parapluie – que j'avais ouvert un peu tard, mais qui avais tout de même servi assez pour dégoutter à gros bouillons – était coincé entre mes jambes. Avachie sur la banquette, à demi plaquée contre la paroi, j'observais d'un oeil inquisiteur le paysage défiler au dehors alors que mon fier carrosse et sa carrosserie rutilante s'ébranlaient pour repartir après un feu rouge, son éclat écarlate paraissant lui-même terne sous ce ciel délavé. Il faisait dégueulasse, ce n'était rien de le dire. Mais ça faisait partie du charme de l'endroit. Ma visite n'aurait pas été complète si je n'avais pas pris cette douche forcée à peine arrivée. Songeuse, je laissais mes pensées dériver dans toutes les directions à la fois, ma main gantée soutenant mon menton alors que ma tête dodelinait sur ma capuche. Que faire...

Ce n'était pas la première fois que je partais à l'aventure toute seule sur un coup de tête. (Bah quoi ? C'est à ça que ça sert, d'avoir de l'argent !) Mon manager et le reste du troupeau m'avaient maintes fois remonté les bretelles à ce sujet, mais je n'en avais jamais conçu le moindre remord – quoi que j'aie pu leur raconter pour les attendrir. Parce qu'à chaque fois, ça valait le coup. Là... Même moi, je ne savais pas trop quoi en penser. Alors que quand je le faisais « d'habitude » - faudrait pas que ça en devienne une quand même... – c'était pour me vider la tête et refaire le plein d'inspiration, ce serait mentir que de dire que venir ici était ce que je pouvais faire de mieux. Même si j'avais éprouvé un certain soulagement à m'en imprégner à nouveau, je craignais que ça ne dure pas. Simple pressentiment. On verrait ça...

Même si j'étais parfaitement détendue en apparence, j'avais le coeur en staccato. Peu importe combien j'essaierais de réfléchir, je n'y arriverais pas. Je n'avais pas la tête à ça, je ne l'aurais pas tant que je serais ici. C'était guidée par mes émotions que j'avais pris le large, et ce serait guidée par mes émotions que j'irais au bout de ce que j'avais commencé. Je ne voyais pas d'autre option. Grelottante, je me roulais vaguement en boule pour me réchauffer. L'eau avait imbibé le tissu, et même si j'avais de quoi sous la main, je me voyais mal le faire ici. Ce n'était rien d'insupportable, mais ça me rappelait un peu plus cette époque où je n'étais qu'une âme à la dérive en quête de reconnaissance, errant sous cette même averse pour faire entendre sa musique – un cri du coeur.

Ma passion était-elle toujours la même ?

Difficile à dire. Les gens changent. Évoluent. Même moi. Même si c'était difficile à croire. Je n'avais plus cet espèce de désespoir détaché au fond de moi. Même s'il me serait facile d'en retrouver les marques aussi longtemps que je me tiendrais ici... Il y avait au creux de mon être une chaleur qui n'existait pas à l'époque, une chaleur que j'avais acquise en faisant tomber le masque à travers mes différents morceaux. Je n'étais pas dans ce milieu pour me faire du fric. Ce que je faisais, je le faisais pour m'éclater. Je ne serai jamais l'esclave de l'argent, car c'était lui qui m'avait enlevé mes parents. Je me plaisais à le croire en tout cas. Je parvenais à peine à me l'imaginer, mais qu'arriverait-il alors si un jour mon envie, mon inspiration venaient à se tarir ? J'ignorais ce que je ferais, mais au moins je savais ce que je ne ferais pas. C'était déjà ça. Pour le reste, mieux valait ne pas y penser.

L'alternance du ronronnement du moteur et du grincement des freins m'apaisait. Me berçait, même. Faut croire que je manquais vraiment de sommeil. Ou que j'avais vraiment besoin de me vider la tête. Sans doute un peu des deux. Mes yeux menaçaient de tomber un peu plus à chaque instant. À vrai dire, j'avais envisagé brièvement de me laisser aller et de rester là pour faire en boucle le tour de la ville. Ma ville. Mon monde. En souvenir de l'époque où mon monde s'y résumait, justement. Je m'ôtais toutefois cette idée de la tête quand une bousculade me ramena à la réalité. Un type s'était assis à côté de moi. N'avait pas fait exprès. S'excusa. Je lui faisais comprendre qu'il n'y avait pas de mal d'un sourire et me levais, m'étirant comme si je sortais d'hibernation... Ou d'un long rêve. À vrai dire, je devrais le remercier. S'il ne m'avait pas heurtée, sans doute n'aurais-je pas réagi à temps.

J'étais arrivée.
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MessageSujet: Re: Retour au bercail Ϟ PV   Retour au bercail Ϟ PV Icon_minitimeLun 10 Fév - 19:18

Rien n'avait changé, mais tout était différent. Il n'y avait pas de phrase pour mieux décrire le pavillon qui se dressait devant moi. Mon chez moi. Mon ancien chez moi. L'endroit où je vivais, dans une autre vie. Quand j'étais quelqu'un d'autre. Toujours ce chemin de galet pour accéder au porche. Encore cette pelouse tondue impeccablement. Et bien sûr le manoir familial, qui, on ne sait comment, échappait encore et toujours aux outrages du temps. Ce n'était pas comme s'ils n'avaient pas de quoi le faire entretenir, après tout. Même si le ciel maussade qui m'avait accueillie faussait toute perception du temps et peut-être même de l'espace, il devait être plus tard que je ne l'avais prédit puisque les lumières jouxtant l'entrée étaient déjà toutes allumées – combien de fois ne les avais-je pas déréglées pour m'occuper quand ma taille m'avait permis d'accéder au panneau de contrôle ?

Oui, tout dans cette demeure avait toujours été fait pour la rendre chaleureuse et accueillante – du moins, lui en donner l'apparence. Mais ce n'avait pas été le cas. Ça ne l'avait jamais été, ça ne l'était pas ni ne le serait jamais. Car chaleureux ceux qui y vivaient ne l'étaient pas. Et j'étais bien placée pour le savoir. Pourtant, ce serait mentir que de dire qu'aucun étrange magnétisme ne me reliait à cette maison – cette forteresse du temps passé. D'une époque révolue mais que je ne saurais oublier. Elle avait été mon bastion et ma prison, ma cage et mon nid. Sans elle pas de chaînes, mais sans elle pas d'ailes non plus. Elle m'attirait au moins autant qu'elle me rejetait. J'avais envie d'y pénétrer comme si de rien n'était, comme je devais le faire en rentrant de l'école jadis, mais aussi de lui tourner le dos et de m'enfuir à toutes jambes. Je déglutissais. Mes neurones tournaient à plein régime mais j'étais incapable de leur arracher une pensée concrète.

Ma guitare sur le dos, mon sac à la main, ma serviette sur les épaules et ma capuche sur la tête, je restais plantée là. Affirmer que j'étais consciente aurait été beaucoup dire, mais j'avais encore assez de lucidité pour remarquer que si je restais plantée là trop longtemps, les voisins finiraient par appeler les flics. On ne m'avait pas reconnue jusque là et c'était heureux, c'était pas le moment de me taper l'affiche. Ma main s'était levée pour suspendre son geste dans le vide. Je réalisais qu'inconsciemment, je m'étais mise à chercher mes clés, à me demander où je les avais rangées. Les avais-je seulement encore ? J'aurais presque juré les avoir jetées, le jour où je m'en étais allée. Me faisant violence, j'abandonnais cette idée et me remettais en marche vers la porte. L'entrée de mon enfer personnel. Mon pied me parut peser une tonne quand je le décollais du sol pour le faire avancer, me donnant l'impression de marcher avec des chaussures en ciment.

Non, pas CE genre de famille, même si c'est à peu près aussi austère. me morigénais-je en mon for intérieur alors que j'écoutais le vent siffler dans les brins d'herbe. Le climat était tellement changeant que je n'aurais pas su en quelle saison on était si je n'avais pas regardé le calendrier le matin même. Je fermais les yeux bien cinq secondes à chaque pas, les rouvrais pour faire un mètre de plus. Encore et encore. J'y serais encore demain à ce rythme, mais je ne me voyais pas brusquer les choses – ME brusquer – alors que c'était toujours aussi délicat malgré le temps écoulé. C'était comme approcher une lame chauffée à blanc d'une plaie encore à vif sans trop savoir si on pourrait la cautériser ou si on ne ferait en fait qu'aggraver les choses. Prenant mon courage à deux mains – et je n'étais pas sûre qu'elles y suffisent pour le tirer de sa tanière -, je parcourais d'un pas pressé le peu de distance qu'il me restait.

J'étais à peine sur le perron que j'étais déjà essoufflée.

Super ! Ça s'annonçait grandiose. Je pouvais essayer de positiver tant que je voulais, c'était pas pour ça que mon instinct arrêterait de me hurler dans les oreilles que c'était une mauvaise idée. Ouais, sans doute une grosse connerie, mais ce serait pas la première que je ferais. Incertaine, je levais la main, hésitant à toquer à la porte ou à employer la sonnette. Le bruit horrible que faisait cette dernière était à peu près la seule chose sur laquelle nous étions tous les trois d'accord, et c'était pourquoi nous avions choisi, lorsque c'était l'un de nous qui rentrais, de frapper plutôt que de sonner. Je ne savais même pas pourquoi je me rappelais encore de ça alors que j'étais trop petite à l'époque pour qu'on entende quoi que ce soit, mais c'était là. Quelque part au fond de ma mémoire. Or, je ne pouvais pas vraiment me permettre de toquer ; n'étais-je pas qu'une inconnue à présent, une anonyme ressemblant vaguement à celle qui fut leur enfant ? Ma main hésitante s'approcha malgré tout du bois épais.

La porte s'ouvrit devant moi, coupant court à mes réflexions. Je sursautais, faisais un bond de cabri en arrière. J'essayais de me mettre en sécurité mais je n'avais nulle part où aller. Nulle part où je puisse me cacher. J'étais piégée et je n'avais rien préparé. Qui était-ce ? Effarée, je m'étais trop habituée à l'obscurité pour que la lumière de l'intérieur ne me frappe pas de plein fouet. Comme le flash d'un appareil photo en plein visage à ceci près que la tête que j'avais du tirer à ce moment-là n'avait rien d'esthétique. Clignant des yeux à plusieurs reprises, je faisais ce que je pouvais pour faire la mise au point, ne sachant toujours pas à qui j'avais à faire. Tout autour de moi n'était plus qu'ombres et lumières, formes vagues et contours indistincts. Une trouble réalité. Je ne réalisais qu'en retard que j'avais levé un bras devant mon visage, comme pour me protéger d'une correction que j'aurais été sur le point de recevoir. Mais je savais par l'avance que la seule à laquelle j'aurais droit viendrait de moi et moi seule. Si encore ce n'était « que » de la violence physique, on en serait pas là...

...Melody ? C'est toi ?

L'illusion n'opérait pas. J'aurais essayé, au moins, je suppose qu'on peut dire ça. Je ne sais pas comment j'ai pu m'imaginer que ça marcherait. Qu'avec ces cheveux courts, le couvre-chef du sweat-shirt trop grand pour moi rabattu jusqu'à la moitié du visage et les années que j'avais pris entre-temps, elle ne me reconnaîtrait peut-être pas. Mais je savais que c'était faux. Parce quels que soient les torts que je puisse lui trouver, je savais que les liens du sang sont de ceux qu'on ne peut pas tromper. Elle resta là, interdite, à me regarder pendant que je récupérais de mon mieux toute ma visibilité. Mes yeux en pleuraient légèrement – du moins, je voulais croire que c'était à cause de ça. Que j'étais pas déjà en train de passer aux grandes eaux. Pas maintenant, plus maintenant. J'étais trop forte pour ça. J'étais une grande fille, maintenant. Mais peut-être pas tant que ça... Statufiée, j'ignorais où je trouvais la force de lui adresser un signe de la main rigide au possible.

Salut, maman.

Ou devrais-je dire bonsoir, mère ? Je laissais retomber mon bras le long de mon corps, et je crus qu'il allait m'entraîner dans sa chute. Mes jambes menaçaient de me lâcher, j'avais l'estomac retourné. Tout mon corps faisait tout ce qu'il pouvait pour me faire comprendre qu'il n'était pas d'accord avec moi et risquait fort bien de ne pas m'accompagner jusqu'au bout si j'étais décidée à continuer dans cette voie. Seulement, je pouvais difficilement faire autrement à ce stade. Z'aviez qu'à dire ça aux pieds avant qu'ils arrivent jusqu'ici. songeais-je à l'égard de mon organisme tandis que je n'osais rien dire de plus. Ce dont nous avions à parler était très clair, pour moi en tout cas, mais les mots me manquaient maintenant que je pouvais l'évoquer. De toute façon, j'avais la gorge beaucoup trop serrée. Nous restâmes ainsi un long moment, à nous regarder dans le blanc des yeux. Peut-être que si ça durait assez longtemps, la faim ou le froid – au choix – réussiraient à avoir raison de moi et que je n'aurais pas à aller plus loin. Pas à assumer mes choix. Quels qu'ils soient... Elle rompit le silence la première.

Entre.
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MessageSujet: Re: Retour au bercail Ϟ PV   Retour au bercail Ϟ PV Icon_minitimeLun 10 Fév - 20:48

Si elle avait bien été surprise de me voir – comment ne pas l'être dans les conditions dans lesquelles je suis partie ? -, elle s'en était rapidement remise. Cela l'avait à peine choquée, comme si une partie d'elle avait toujours su que je reviendrais. C'était presque vexant. Tandis qu'elle me tournait le dos et que je lui emboîtais le pas d'une démarche presque mécanique, je décortiquais l'image d'elle qui s'était imprimée dans ma rétine lorsque je l'avais revue pour la toute première fois, quelques secondes plus tôt. es traits aussi fins que les miens n'avaient pas changé. Elle n'avait littéralement pas pris une ride, et même si elle – on – en avait les moyens, je doutais fort que ce soit une question de lifting. Après tout, ça ne faisait « que » cinq ans et elle avait toujours paru plus jeune que son âge, si bien qu'on aurait été plus facilement enclin à la prendre pour une soeur sensiblement plus âgée que pour ma mère.

Il était vrai qu'elle m'avait eue très jeune, mais j'étais toujours impressionnée de voir à quel point la vieillesse se révélait inapte à refermer ses griffes sur sa peau. À croire que même ça pouvait se monnayer. En outre, c'était de ma mère que je tenais ma blondeur, et la sienne était toujours aussi éclatante à tel point que la mienne faisait pâle figure à côté. Il en avait toujours été ainsi. En revanche, là où je les avais toujours porté mi-longs tout au plus, ou courts en l'occurrence, sa crinière à elle cascadait jusqu'au bas du dos. Je me souvenais encore m'être demandée si elle était interminable étant petite, établissant des parallèles plus farfelus les uns que les autres avec les contes pour enfants dont on me régalait.

Mais pas elle. Les domestiques qui me lisaient une histoire le soir, mes parents étant le plus souvent bien trop occupés pour avoir du temps à consacrer à ces « futilités ». Ça n'avait jamais été dit, mais c'était ainsi que je le percevais. L'une des blessures secrètes que je gardais de cette période de ma vie. S'en doutait-elle seulement ? Sans doute. Ce n'était pas comme si c'était la première fois qu'elle me voyait depuis cinq ans. Les raisons, elle avait du avoir tout le temps de s'en faire une idée – pour peu qu'elle en ait quelque chose à faire, mais même ça au fond ce n'était pas gagné. Non, elle n'avait pas changé. Ma mère ne vieillissait pas mais embellissait, comme ces vins qu'on garde sous clé au fond d'une cave en attendant qu'ils atteignent leur pleine saveur. Cela ne faisait qu'accentuer mon impression d'avoir fait un bond en arrière dans le temps.

J'étais méfiante, ça ne sert à rien de le cacher. Je ne savais pas comment interpréter une telle attitude de sa part. Je ne m'attendais pas vraiment à de grandes effusions, mais je n'avais pas non plus prévu qu'elle me fasse entrer sans poser de questions. Des flashs défilaient dans ma tête à mesure que nous arpentions les différentes pièces, tout aussi luxueuses et richement décorées que par le passé, pour arriver au salon. La poignée de mon sac s'enfonçait dans la chair tendre de mes doigts et les mettait au supplice, mais obnubilée par le comportement de ma mère à laquelle je n'osais adresser le moindre mot tant que nous étions en mouvement, je ressentais à peine la douleur. Le bruit de nos pas – surtout des siens, talons aiguilles obligent – se réverbéraient en écho dans toute la maison, ne parvenant qu'à souligner son immensité – et tout le vide qui la remplissait. Un palais de la non-vie.

Où est papa ? décrochais-je finalement.
En voyage d'affaire. Comme toujours. parut-elle soupirer.
Pour pas changer. rétorquais-je avec ironie.

Je connaissais déjà la réponse, je n'avais posé la question que parce que c'était la première qui me soit venue à l'esprit. Parce qu'elle n'impliquait pas de conséquences. Que je savais déjà ce qu'il y avait au bout. Ce ne serait pas le cas des suivantes. Cependant, savoir que mon père n'était pas dans les parages me détendait un minimum. Je n'aurais pas à les affronter tous les deux en même temps. Je ne savais pas si j'en aurais été capable. Rien que me retrouver face à ma mère me demandait déjà une énergie considérable, et encore puisque pour le moment elle me tournait le dos. Une chose à la fois. Un pas après l'autre. Il n'y avait que comme ça que je pourrais faire quelque chose de tout ça. Que j'arriverais à mes fins. Peut-être. Nous arrivâmes finalement aux épais fauteuils rembourrés de haute marque, inspiré du mobilier français de je ne sais plus quel siècle.

Mon regard s'accrocha au somptueux lustre en cristal qui nous surplombait depuis les hauteurs alors que je cherchais désespérément une sorte de bouée à laquelle je pourrais m'accrocher. Quelque chose, un je ne sais quoi à quoi je pourrais me cramponner de toute mes forces – au sens figuré, je n'aimerais pas me retrouver écrasée en-dessous de ce mastodonte scintillant. Je voyais mon reflet dans ses fragments même d'ici, et m'étonnais d'ailleurs de voir qu'il était toujours en place alors que tout le monde prédisait que le plafond finirait par lâcher. Sur son invitation, je me laissais tomber dans le siège qu'elle me présentait après avoir appuyé l'étui contre son flanc et posé mon bagage à mes pieds. J'avais beau ne pas m'y être assise depuis des années, j'aurais dit que c'était hier à la seconde où il épousa la forme de mon dos. Je la fixais avec perplexité alors qu'elle prenait place face à moi. J'avalais ma salive et joignais mes mains pour en stopper le tremblement.

Tu veux boire quelque chose ?

Je tressaillais. Au moins, ça prouvait que niveau banalités, on était dans la même galère.

Du thé, s'il te plait.
Combien de sucres ?
Je ne mets plus de sucres dans mon thé depuis que... Enfin... Tu vois.


Son air se fit plus grave et elle hocha la tête. Ce n'était pas dur à comprendre. À dire vrai, je n'avais aucune envie de boire quoi que ce soit. Je doutais fort de pouvoir en avaler la moindre gorgée et pour cela, encore aurait-il fallu que la tasse ne m'échappe pas des mains. Mais c'était une manière de me convaincre que j'étais maîtresse de moi, autant de mes réactions que de mes émotions. Je ne me laisserais pas écraser par la peur. Elle ouvrit la porte de la cuisine, donnant ses directives, et revins. Je n'avais pas bougé d'un pouce. Même si j'étais ici « chez moi », je me faisais pour la première fois une petite idée de l'aura intimidante que pouvait avoir cette pièce sur un visiteur qui la découvre pour la première fois. Elle revint vers moi, ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais se ravisa. Elle ne pousserait pas le vice de remplir les blancs à me rappeler dans combien de temps ce serait près. Je me redressais, bien que toujours plaquée contre le dossier.

Je vois que tu l'as gardée. dit-elle en se rasseyant, forte d'une attitude aussi neutre que possible.

Je n'avais pas besoin de me retourner pour savoir que son regard désignait la guitare que j'avais déposée à côté de moi. Malgré tout, je m'en saisissais et soulevais avec précaution le couvercle de son réceptacle pour en effleurer la surface sur laquelle ne courait pas la moindre rayure. Je sentais son regard sur moi. Elle m'épiait, m'observait, guettait la moindre de mes réactions comme si elle redoutait que je ne sois qu'un fantôme et m'évapore la seconde d'après. Je ne pouvais pas lui en vouloir, mais c'était bien la première fois que j'aurais pu croire que j'avais toute son attention. Je repoussais ma capuche devenue inutile en me passant la main dans les cheveux et, fixant le sol, esquissais un sourire désolé.

J'allais quand même pas la jeter.

Ce que je ne disais pas, c'était que je l'avais envisagé. Mais je n'avais jamais pu m'y résoudre. J'y étais trop attachée. Depuis le moment où je l'avais reçue, où mes doigts en avaient effleuré les cordes pour la première fois, elle ne m'avait plus quittée. Ou plutôt je ne l'avais plus lâchée – ne rejetons pas la faute sur le matériel. À sa manière, elle était elle aussi une chaîne qui me reliait à elle, à eux, à ce manoir, à ce pays... À tout un pan de ma vie que j'avais jeté avant de partir en courant. Une servante que je ne connaissais pas – pas étonnant, l'ancienne était déjà très vieille quand j'avais quitté les lieux – vint nous apporter le thé sur un plateau. En fin de compte, je me saisis de ma tasse sans attendre. Ça me réchaufferait un peu. Pas le corps mais l'âme. Je pris une première gorgée tout en la fixant, m'efforçant de ne pas croiser son regard – j'étais déjà suffisamment mal à l'aise.

Alors... Qu'est-ce que tu dev...
Tu le sais très bien. C'est pas pour ça que je suis là.


Mon ton avait été plus sec que je ne l'avais voulu. Je le regrettais déjà. Me renfonçant dans mon siège, je cherchais des mots à mettre sur ce que j'avais à lui annoncer. Je la vis lorgner au niveau de ma main puis de mon ventre. Difficile de douter de ce qu'elle avait en tête, mais la mine médusée que je lui adressais en retour devait être assez expressive pour lui ôter cette idée de la tête. Non, ça par contre, c'était pas près d'arriver. Surtout de la manière dont les choses étaient en train de tourner. Je ne savais pas par où commencer. Ça n'allait pas être facile, surtout si elle était aussi réfractaire que moi aux explications. Je la savais terre à terre, sans doute trop, et elle ne m'avait pas vue depuis si longtemps qu'il serait légitime pour elle de remettre ma parole en doute – surtout sur ce genre d'« inepties ». J'inspirais longuement puis finissais mon thé d'une traite avant de reposer la tasse sur la table d'un geste qui se voulait assurer. Allez, on y va.

Y'a quelque chose dont je dois te parler.
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MessageSujet: Re: Retour au bercail Ϟ PV   Retour au bercail Ϟ PV Icon_minitimeLun 10 Fév - 22:55

J'avais tout déballé. Quitte à passer pour une folle, autant le faire dans les grandes largeurs. Ça faisait bizarre d'être pour la première fois celle qui racontait le délire et pas celle qui devait le gober. Plus je parlais et moins j'y croyais moi-même. Question d'habitude, je suppose, mais je me mettais un peu mieux à leur place – et me sentais désolée pour le calvaire que ça avait du être de tout me faire piger. Les Shinigamis, les Hollows, les pouvoirs... Toute une histoire. Je suppose que mon débit de parole l'avait rapidement convaincue de se taire pour me laisser parler jusqu'au bout. En fait, le plus frustrant était encore de ne pas la voir sourciller un seul instant quoi que je puisse dire. Aussi invraisemblables soient les propos que je puisse tenir, je n'avais aucune idée de ce qu'elle pouvait en penser derrière son masque d'indifférence.

Tout au plus pouvais-je voir une vague lueur danser dans son regard par moment. Et encore, je n'étais pas sûre que ce ne soit pas juste du au jeu de lumières et d'ombres qui s'opérait dans la pièce où nous nous trouvions. Après avoir narré les concepts, les principes - du moins ce que j'en avais moi-même retenu, c'est-à-dire pas grand chose – je la mettais au fait de ce qu'il en était de mon expérience personnelle. Ce que j'avais vécu (subi ?) depuis que tout avait commencé, de la soi-disant attaque terroriste à ma rencontre avec Koshiro en passant par le premier contact avec les Shinigamis. J'évitais toutefois de lui parler de Naoko... Pas parce que ça n'en valait pas la peine, mais parce que ce serait corser encore une histoire déjà bien assez compliquée et que je ne tenais pas à détourner son attention sur un tout autre sujet, bien plus personnel cette fois – voire intime.

Quand j'en eus fini, il y eut un long moment de silence. Je m'étonnais moi-même d'avoir pu tout dire d'une traite (et sans bégayer !), mais avais la gorge tellement sèche que je regrettais de n'avoir pas économisé mon thé – même s'il aurait sans doute été froid après tout ce temps. J'avais bien du y passer deux heures, avec le nombre de détails que j'avais donné pour étayer mes paroles si cela pouvait augmenter même rien qu'un peu les chances qu'elle me croie. Je restais tendue, dans l'expectative, me demandant si elle pourrait digérer tout ça ou allait me jeter dehors en croyant que je me piquais à je ne sais quelle drogue à la mode. Je me calais un peu plus contre mon siège, m'enfouissant dans les coussins dans l'espoir de m'y enfoncer – de disparaître. Aussi étrange que ça ait été sur le moment, je crois qu'avoir parlé de tout ça à quelqu'un qui n'était au courant de rien m'avait fait du bien. Je me sentais moins perdue.

J'avais gardé ma guitare sur mes genoux tout au long de mon petit discours. Sans elle, je n'étais pas sûre que j'y serais arrivée. Sa présence, son contact, sa masse contre moi ; tout ça contribuait à me tranquilliser, à me donner la force de ressasser tous ces événements. Si on ne pouvait définitivement pas parler de traumatisme, le simple fait d'énumérer tout ce qui m'était arrivé en l'espace de quelques mois était déjà éprouvant en soi. J'avais l'impression de la sentir pulser contre moi, comme un deuxième coeur battant à l'unisson. C'était presque avoir un animal domestique sur les genoux – la comparaison était on ne peut plus juste ; ne l'avais-je pas apprivoisée ? D'autant plus depuis que les usages que je pouvais en faire s'étaient... Disons, diversifiés. Même si j'avais encore un peu de mal à me contrôler. Me décidant à mettre un terme au regard presque attendri que je lui portais, je ramenais mon attention sur ma mère et la vis me tourner le dos pour me le montrer, laissant tomber le haut de sa veste.

À hauteur des omoplates s'étalait une imposante cicatrice, si rougeoyante qu'on l'aurait crue sur le point de se remettre à saigner. Si sa longueur – une bonne quinzaine de centimètres, à vue d'oeil – avait de quoi faire frémir, c'était surtout sa largeur qui me noua la gorge. Je n'étais pas persuadée que même mon majeur et mon index mis côte à côte soient suffisamment épais pour l'égaler. Même si je ne doutais pas qu'elle ait bénéficié des meilleurs soins à l'époque, la plaie était d'une laideur inqualifiable et je ne pouvais que la comprendre de vouloir la cacher. Ce n'est pas le genre de choses qu'une femme se plait à exhiber... Incrédule, je la regardais sans comprendre – sans vouloir comprendre – et l'interrogeais du regard, me sentant incapable de faire le moindre commentaire sur ce que je venais de voir. Pourquoi ne l'avais-je jamais vue ? Qu'est-ce que ça voulait dire ?

Depuis quand... réussis-je à articuler péniblement.
Avant ta naissance. Tu t'en doutes, non ? C'est pour ça que tu me poses la question. Même maintenant, je n'arrive pas à me rappeler ce qui s'est passé exactement. J'étais sur le chemin du retour et on a essayé de m'assommer.
Qui t'a attaquée ?
Même si, je le savais, « qu'est-ce qui t'a attaquée » aurait été plus juste.
Je ne sais pas. Quand je me suis réveillée, tout était terminé. J'ai cru qu'on avait voulu me voler mon sac mais il ne me manquait rien. Je savais que je n'avais pas dormi longtemps mais il n'y avait déjà plus aucune trace de mon agresseur. Je me sentais bien, enfin mis à part pour l'état de ma tenue, même si j'avais cette blessure parce qu'elle était déjà cicatrisée. Il y avait du sang sur le sol près de moi, et je savais que c'était le mien, mais c'est à peine si je ressentais encore le choc sur ma nuque. Pour le reste, blanc total.
Et... Pourquoi tu ne l'as pas faite effacer ? À notre époque et avec les moyens que vous avez...
Parce que... Je me souviens juste d'une voix, sans arriver à voir la personne qui me parlait. Un homme. Il m'a dit « Ne vous en faites pas, tout va bien. Tout ira bien. Votre bébé est sauvé. Vous l'avez bien protégé. » Je ne veux pas oublier ça. Je suis fière de ce que j'ai fait, parce que je l'ai fait pour toi.

Elle rajusta sa tenue, se tourna vers moi pour me regarder en face. Elle soupira. Pas un soupir de résignation. Plutôt de soulagement. Qui, je suppose, faisais écho à celui qu'elle avait du pousser à ce moment-là. Devais-je la croire ? Non, je n'avais pas le choix. Il était plus que clair qu'elle avait fait le choix de se fier à tout ce que je lui avais raconté, de prendre la moindre de mes précisions pour argent comptant. Ce n'était qu'un juste retour des choses pour moi de me faire à l'idée que je puisse lui devoir la vie (enfin, c'était déjà le cas, mais vous voyez l'idée). J'avais du mal, c'est vrai, surtout quand je repensais au peu d'attention qu'elle avait coutume de me porter. Je soutenais son regard sans rien dire et hochais lentement la tête. D'accord. Je pouvais faire avec ça. Considérer que c'était vrai. Elle m'avait crue. Elle m'avait écoutée. À moi d'en faire autant.

Papa est au courant ?
Non. Je ne lui en ai jamais parlé. Pour lui, c'est juste un accident. Je n'étais pas sûre qu'il me croie...


J'esquissais un pauvre sourire. Sur ce point-là, au moins, nous étions d'accord. Ce serait notre petit secret. Et c'était plutôt bizarre de me dire que je partageais enfin quelque chose avec ma mère, quand on savait que j'avais couru après pendant des années en ayant l'impression de ne jamais rien en obtenir. Ce n'était pas pour autant que ça me donnait envie de rester. J'avais fait ma vie de mon côté, et je m'y plaisais. Elle le savait, je le lisais dans son regard. Il fallait dire que je devais être un peu plus épanouie que la dernière fois qu'elle m'avait vue. Mais... Je me sentais mieux. Vis-à-vis d'elle, vis-à-vis de moi-même. Même si je m'efforçais d'y penser le moins possible, il y avait toujours eu dans mon coeur une rancune tenace, une hargne que je n'arrivais pas à gommer. Et depuis que je m'étais assise dans ce fauteuil et que j'avais pris la parole, je la sentais se désagréger, lentement mais sûrement. Je jouais avec ma tasse (je l'avais reprise pour m'occuper les mains pendant mon récit), lorgnais mon reflet dans le fond de liquide qui y restait.

J'aurais du faire ça plus tôt, tout compte fait.
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MessageSujet: Re: Retour au bercail Ϟ PV   Retour au bercail Ϟ PV Icon_minitimeMar 11 Fév - 5:34

Les bras croisés, adossée à l'une des colonnes qui encadraient la porte d'entrée, je regardais le ciel nocturne. Les nuages avaient finalement foutu le camp pour me permettre d'observer les étoiles. La fraîcheur du vent sur ma peau me détendait. Rester à l'intérieur ne me mettait plus aussi mal à l'aise que tout à l'heure, mais j'avais malgré tout besoin de prendre un peu l'air. Apprendre tout ça des années plus tard, être la seule au courant... Tout ça faisait aussi partie de cet amalgame, de ce « tout » au sujet de cette période tourmentée. Ma vie avait changé à jamais, et je n'étais pas sûre que ce soit pour le mieux. Au moins maintenant, je savais d'où ça venait. On ne pouvait pas dire que ce soit sa faute, au contraire, et ce que j'avais appris à son sujet n'était pas sans ébranler quelques-unes de mes frêles certitudes.

Ça bousculait à peu près tout ce en quoi j'avais cru depuis ma plus tendre enfance à propos de mes parents ou en tout cas de ma mère, alors j'imagine qu'il y avait de quoi ne pas trop bien savoir comment le prendre. Mais j'y arriverais. Je m'y ferais. Je ne savais pas quand ni comment, mais c'était une promesse. Je le lui devais. Ne fut-ce que pour m'avoir soulagée d'une partie de mes troubles, mais aussi pour le reste. Je ne savais qu'en penser, mais ce qui est sûr c'est que nos rapports s'en étaient considérablement améliorés. Que ce soit vrai ou non, même si je n'en doutais pas, je m'en moquais un peu au fond. Non que ça n'ait pas son importance, loin de là, mais c'était aussi et surtout qu'elle avait fait un pas vers moi.

Et ça, ça méritait que je fasse moi aussi des efforts pour changer les choses. Ça ne changeait rien vis-à-vis de la vie que j'avais choisi de mener. J'avais mon indépendance. Je m'en sortais par mes propres moyens. Elle respectait ça et n'interférerait pas. Je n'étais peut-être pas encore majeure, mais hé, j'étais une grande fille maintenant. Et je faisais ce que j'aimais. Je présume que ça suffisait quelque part à faire en sorte qu'elle soit fière de moi. Même si ce que j'aimais, c'était me donner en spectacle. Ceci dit je n'avais jamais eu autant l'impression de le faire que depuis que je m'étais découvert ces pouvoirs. C'était jamais facile de s'en servir en public sans passer pour une folle, surtout quand on se bat contre des ennemis que personne ne peut voir à par soi. On en avait parlé assez longuement, d'ailleurs.

À ma différence, elle ne les voyait pas, ou en tout cas pas directement. Le mieux qu'elle puisse faire était de percevoir une sorte de distorsion dans l'air, ou distinguer des formes invisibles qui arrêtent les gouttes avant qu'elles ne touchent le sol lorsqu'il pleuvait comme aujourd'hui. Elle s'était arrêtée, d'ailleurs, mais l'humidité était encore présente dans l'air et donnait à la nuit un soupçon de fraîcheur bienvenue. J'inhalais à pleins poumons la bise glacée, ressassant notre discussion sur le sujet. C'était tant mieux. Pour ne pas les avoir attirés une nouvelle fois depuis lors, je pouvais logiquement penser que celui qui s'en était pris à elle l'avait fait par hasard et qu'elle ne dégageait pas d'aura – pas plus qu'un humain normal en tout cas. J'étais une quiche pour ça, alors impossible de vérifier, mais... Elle était encore en vie, c'était parlant, non?

Je restais coite un long moment à regarder l'obscurité régner sur ce domaine qui m'avait vue naître et grandir. Même s'il était bon d'y revenir, je savais que je ne gagnerais rien non plus à y rester trop longtemps. « L'une des plus grandes stars de notre époque de retour au pays », tu parles... Ébauchant l'ombre d'un sourire, je ramassais mon sac qui gisais à mes pieds, puis le chargeait sur mon épaule. L'étui à guitare déjà en travers du dos, j'avais à peine le temps de faire quelques foulées en direction du portail que j'entendis la porte grincer derrière moi (avec tout ce blé, ils pourraient au moins la faire huiler !). Je me figeais sur place, sachant déjà trop bien que je m'étais faite griller à l'instant même où j'y avais pensé. Je laissais tomber mon sac sur le sol et pivotais sur mes talons pour la regarder, les mains en l'air, prise sur le fait.

Tu pars déjà ?
Oui... J'ai eu ce que j'étais venue chercher. Je préfère ne pas m'attarder.
Tu seras toujours la bienvenue, tu sais.
N'y compte pas trop... Mais j'y penserai.


Je lui souriais mais me rendis bien vite compte que son attention était ailleurs. Ce n'était pas – plus – moi qu'elle regardait, mais quelque chose par-dessus mon épaule. Ce n'est que là que je sentis que quelque chose perturbait mon énergie. Je n'avais pas besoin de me retourner pour savoir ce que c'était. Oui, ma mère était indétectable... Pas moi. Si elle seule n'était pas à un degré de reiatsu (c'est comme ça qu'on dit ?) suffisant pour les mettre en appétit, j'avais la preuve une fois de plus qu'on ne pouvait pas en dire autant me concernant. Ça ne s'arrangeait pas avec le temps... Malgré la peur que je pouvais lire dans son regard, je la vis venir vers moi alors que ses jambes vacillaient sous le poids de la peur. J'étais incapable de dire si ne pouvoir en discerner que les contours était plus ou moins effrayant que de les voir entièrement, mais ce qui comptait était qu'elle combatte cette peur avec tant de détermination. Dans la fumée blanche qui montait du sol sous le manteau de la nuit, ce n'était pour elle qu'une ombre parmi tant d'autres, et pourtant...

Melody, enfuis-toi.

Un large sourire fendit mes lèvres.

T'en fais pas, je vais m'occuper de ça. Mets-toi à l'abri.

Je fis volte-face et jetais au sol mon étui à guitare après en avoir extrait son précieux contenu, empêchant ma mère de venir plus près d'un bras tendu au travers de sa route. J'appréciais sa dévotion mais c'était mon combat, pas le sien. À partir d'ici on entrait dans un monde où elle ne pouvait me suivre mais que moi je connaissais bien. Enfin je faisais ce que je pouvais ! Vérifiant que la sangle de cuir par laquelle ma guitare m'était liée tenait le choc, je relâchais les premières volutes de mon aura. Grisée par sa puissance, je me sentais mieux que jamais. J'avais l'impression de pouvoir tout réussir. J'avais obtenu le maillon manquant, ce par quoi tout avait commencé. Je savais d'où me venait cette force, d'où je venais. Oui, pour la première fois depuis des mois, je n'étais plus en terre inconnue. Tout trouvait un sens. Comme si le rubixcube qu'avait été ma vie depuis mon séjour à l'hôpital venait d'être résolu.

Et ça, ça me rendait invincible.
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MessageSujet: Re: Retour au bercail Ϟ PV   Retour au bercail Ϟ PV Icon_minitimeMar 11 Fév - 10:31

L'air tremblait tout autour de moi. Le temps semblait ralentir. Le monde n'était plus que silence et je pouvais pratiquement entendre mon sang couler dans mes veines. Le rythme de mon coeur était un tambour battant, un tambour de guerre sur le point de me donner le signal du départ. Moi je les voyais parfaitement, et la chose n'était pas seule. Les trois jouissaient de dimensions aussi monstrueuses qu'incongrues, le plus haut des trois ne devant avoir aucun mal à atteindre le sommet du manoir en extension. En laissant pulser mon énergie, je captais leur attention ; je marchais jusqu'à la rue où il n'y avait pas âme qui vive. Le sol crissait sous chacun de mes pas, se fissurait sous les secousses qui échappaient à mon corps. Je débordais d'une énergie folle. Et ils allaient en faire l'expérience.

Je me contentais de pincer une corde. L'air se tordit sous mon impulsion et une violente onde de choc repoussa l'un d'eux en arrière sur une dizaine de mètres, frappé en pleine tête. Je me redressais de toute ma hauteur et jaugeais du regard ses deux compères. Je souris. En venant ils ne savaient pas à qui ils allaient à faire. Ils allaient le découvrir maintenant. La patte griffue de l'un d'entre eux s'abattit sur moi, creusant dans l'asphalte comme si ce n'était qu'un épais morceau de beurre goudronné. Le second, à la forme serpentine, fit jaillir une langue élastique qui manqua de me toucher mais ne réussit finalement qu'à transpercer la portière de la voiture la plus proche. Pas de chance. La rappelant à lui, il essaya de me l'envoyer dans les côtes mais je l'esquivais de justesse d'un pas de côté.

Plus coriaces qu'ils n'en avaient l'air.

Je n'en avais jamais vu de cette taille, et à l'évidence ce n'était pas anodin. Je n'avais pas encore pu la mesurer personnellement – Dieu m'en préserve – mais ce que je voyais de leur force m'en ôtait toute envie. Si un Hollow basique pouvait déjà déchirer un corps humain à la manière d'une feuille de papier, ceux-ci semblaient faire fi de ce qui les entourait tant qu'il y avait un dîner à la clé. Un qui soit à la mesure de leurs efforts. Et il fallait croire que j'étais une proie de choix. Agitant faiblement la tête au rythme des accords, je trouvais la plénitude. Le rythme de leurs attaques n'était qu'une musique discordante, et mon corps tout entier en battait la mesure. Jamais par le passé je ne m'étais sentie aussi sereine. La puissance coulait à travers moi et j'en étais une extension. J'aurais cru que le monde tenait dans la paume de ma main.

Mes frasques avec ses petits copains avaient donné à celui que j'avais envoyé voler le temps de revenir. Trop occupée à contrer les assauts de ses camarades, je ne vis pas venir son poing qui me frappa sur le côté. Je parais in extremis avec ma guitare, mais sa force titanesque était plus qu'il m'en faut pour à mon tour me faire décoller. Mon dos rebondit douloureusement contre un lampadaire avant que je ne réussisse à me stabiliser dans les airs, sous les yeux de ma génitrice qui ne devait rien y comprendre. D'un déplacement rapide, je me projetais vers le capot de la guimbarde mutilée pour y amortir ma chute, mais j'eus à peine la liberté de sauter en bas qu'un coup de dents avala pêle-mêle mur de pierre et carrosserie pour ne plus laisser qu'une carcasse déchiquetée à laquelle il manquait une bonne moitié.

Je profitais de l'occasion pour lui sauter sur la nuque et l'abattre d'un coup bien placé, ma guitare lui brisant la nuque une fois chargée d'énergie spirituelle dans ce que je qualifierais de magnifique home-run – en toute modestie. Loin de faire dans les sentiments en voyant leur pote rendre l'âme, les deux autres tentèrent une attaque conjointe. Si j'esquivais les phalanges du premier, les griffes du second me lacérèrent le flanc en profitant de ce que mes acrobaties m'empêchaient de bouger comme je le voulais. Me mordant la lèvre pour ne pas pousser de cri de douleur – il ne manquerait plus que d'alerter le voisinage... - je me laissais tomber de mon plein gré pour revenir au sol, me rattrapant comme je le pouvais d'une main – l'autre tenant la guitare. Sous l'effort, ma blessure s'élargit et mon sang tacha le sol. Je sentis le regard de ma mère peser sur moi depuis sa cachette.

T'en fais pas, ça va ! Je gère ! Bouge surtout pas !

Voir mon vêtement se déchirer tout seul et une tache de sang s'étendre à sa surface n'était pas pour la rassurer, et je ne pouvais pas lui donner tort. Je n'aurais en temps normal pu faire qu'une bouchée de ces trois-là, mais non seulement je devais éviter de dévaster les environs plus qu'ils ne le faisaient déjà sans moi mais aussi et surtout veiller à la sécurité de ma propre mère. Ma liberté de mouvement s'en trouvait grandement réduite car je n'osais pas donner la pleine mesure de ma puissance, ne sachant que trop bien que si je n'y prenais pas garde je pourrais aussi bien retourner ce quartier en un clin d'oeil. Inutile de dire que j'aimerais éviter. Je ne voulais pas blesser qui que ce soit. Personne à part eux, cela va de soi... Pressant ma chair meurtrie pour limiter le saignement, je me remis d'aplomb, esquivant de plusieurs bonds en arrière les frappes successives qui me furent adressées.

J'essayais de les éloigner. Ça ne devait pas avoir beaucoup d'allure, mais ce serait toujours mieux que de causer la mort de personnes innocentes. Je croyais me souvenir d'un terrain vague dans les parages, et si leurs proportions faisaient que c'était difficile à estimer, j'aurais parié que j'aurais déjà beaucoup plus d'aisance à les calmer. Celui qui m'avait blessée racla le sol des lames qu'il avait à la place des doigts, sans réussir à me toucher cette fois, mais sut m'obliger à me défendre contre les débris que projetait la violence de son geste. Le second en profita pour joindre ses poings dans les airs et tenter de les abattre sur moi à la manière d'un marteau colossal. Je voulus m'écarter mais les véhicules garés de part et d'autre restreignaient ma marge de manoeuvre et mes plaies béantes avaient un impact indéniable sur ma vitesse de déplacement.

Improvisant dans l'instant, j'émettais une nouvelle onde de choc, vers le ciel cette fois, mais ne réussit qu'à faire partir ses mains dans la direction opposée. Le déplacement d'air qu'il avait causé en ébauchant son attaque me toucha de plein fouet et me força à poser genou à terre au vu de la taille inouïe de cette chose. On m'aurait dit que le costume de King Kong avait été fait sur son modèle que je n'en aurais pas été étonnée, je l'imaginais très bien escalader un gratte-ciel – et espérais juste dans ce cas n'être pas vouée à prendre la place de l'héroïne du film. Manquerait plus que cette horreur s'entiche de moi. Mais je doutais fort que ce soit le cas puisque, profitant de mon inertie et du mal que j'avais à me remettre debout, il me gratifia d'une pichenette dans l'abdomen qui me coupa le souffle et me projeta jusqu'à la paroi la plus proche.

Ma peau s'écorcha contre la route sur laquelle je ricochais plusieurs fois avant qu'un dernier rebond ne me fasse heurter la cloison où mon corps créa un léger cratère. Le goût ferreux du sang monta jusqu'à mes lèvres, mêlé de celui de la bile, mais je fis ce que je pus pour n'en pas cracher plus que le filet qui avait filtré contre mon gré. Je retombais à terre au milieu d'une multitude de gravats qui se mirent à pleuvoir sur moi, ravivant la douleur des trop nombreuses blessures que j'arborais désormais. Ça n'allait pas. La peur était mon filet de sécurité, mais en l'occurrence c'était surtout une toile d'araignée dont j'étais captive. Ma conscience ralentissait et le monde tournait autour de moi comme au sortir d'un tour de manège. Rien à voir avec le menu fretin auquel j'avais été confronté jusque là. Si je ne faisais pas un peu plus attention, j'étais cuite.

En fait, peut-être que je l'étais déjà... N'étais-je venue ici que pour y mourir ? N'avais-je appris à connaître ce monde étrange que pour mieux être tuée par lui ? N'avais-je acquis cette force que pour être impuissante, entravée par une retenue alors qu'ils ne connaissaient pas même le sens de ce mot ? C'était injuste. Profondément injuste. Ce monde l'était, je le savais, mais à ce point... Il était encore trop tôt pour moi. Je refusais de partir maintenant. Le spectacle que je devais donner n'était pas encore terminé. Mes ongles griffèrent le sol, s'y abîmèrent de plus belle alors que je luttais pour me relever, repoussant le bitume comme si c'était lui qui allait avoir ma peau. Ma tête bourdonnait et j'avais bien du mal à rétablir un soupçon d'équilibre dans mes jambes flageolantes, mais ma guitare m'y aida en me servant d'appui. Je sais, c'est pas glorieux, mais tu m'excuseras, j'ai pas trop le choix, là...

J'étais forte, ça ne faisait pas un pli. Les réactions de surprise que j'avais récoltées sur mon passage étaient unanimes. J'étais anormalement, dangereusement puissante pour quelqu'un qui vient à peine d'avoir son pouvoir, et malgré leurs centaines, leurs milliers d'années sous le coude, même les Shinigamis n'en revenaient pas. Enfin, surtout ceux à qui j'avais botté le cul, j'imagine. Mais cette force n'était pas mienne car je ne la maîtrisais pas. C'était un animal en cage dont je me contentais de détacher la laisse quand je voulais démolir quelque chose – ou quelqu'un. Je me trompais sur toute la ligne. Je ne l'avais pas domptée. J'en dépendais. Et ça faisait toute la différence. Parce que si je l'avais eue en mon pouvoir, il m'aurait été facile de lui tenir la bride assez pour être sûre de ne pas raser la zone si je ne faisais pas attention. Mais je ne pouvais pas. C'était trop m'en demander. Sans la maîtrise, la puissance n'est rien, qu'il disait. Et il avait bien raison. Et moi non plus, je n'étais rien.

Qu'un caillou de plus au le bord du chemin...

Ah ! Elle était belle, cette ivresse que j'avais ressentie ! Cette puissance que soi-disant rien ne pourrait arrêter ! Elle m'avait pas empêché de prendre une raclée, et je m'étonnais qu'aucun de mes deux amis ne soit pas encore venu m'achever. Pourrais-je seulement l'en empêcher ? Bah, on verrait quand on y serait. C'était pas comme si je pouvais faire grand chose d'autre, le sang que je perdais en quantité brouillant de plus en plus ma clarté d'esprit. Ça m'apprendrait à prendre la grosse tête. À croire en moi. Je savais bien, moi, que depuis le début, ce n'était pas grand chose que tout ça... Que cette force, je ne la méritais pas. D'ailleurs, pourquoi est-ce que je me remettais debout, au fond ? Je ne savais même pas à quoi ça allait bien pouvoir servir, sinon à pouvoir retomber. Parce que tout ce que je faisais, tout ce que j'entreprenais menait un jour ou l'autre à une chute. J'aurais du le savoir.

Quand enfin je relevais la tête, mon sang ne fit qu'un tour. Si le gorille s'était désintéressé de moi, ce n'était pas le cas de l'espèce de machin griffu qui semblait toujours aussi déterminé à me transformer en brochette bon marché. Mais ce n'était pas le plus important. Ce qui l'était, c'était que j'étais trop loin. Et si monumental soit mon reiatsu, il ne servait à rien pour faire le leurre si ceux que je voulais divertir sortaient du périmètre. Comme c'était actuellement le cas du simien que je voyais flairer l'air, se dirigeant à pas lents vers l'endroit où ma mère se terrait en attendant que ça se calme. Mon sang ne fit qu'un tour. Alors que l'instant d'avant je sentais mes forces me quitter, on aurait cru que je venais de refaire le plein. La colère faisait palpiter le sang dans mes tempes. Je frappais le sol du pied...
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Melody MacKenzie
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MessageSujet: Re: Retour au bercail Ϟ PV   Retour au bercail Ϟ PV Icon_minitimeMar 11 Fév - 10:33

TU TOUCHES PAS À MA MÈRE !

Le gorille se focalisa sur moi. Mon aura s'intensifia tant et si bien que le sol s'affaissa sous moi. Mon reiatsu venait de gagner en force et en densité, et moi-même j'avais le sentiment de nager dedans. De me noyer dans ma propre énergie. Mais si c'était ce que ça donnait me concernant, je ne pouvais que plaindre le pauvre blaireau – non, à la réflexion, ce truc ressemblait VRAIMENT à un blaireau – qui, lui, avait été jeté à terre par la montée en flèche de ces émanations. Je ne savais pas d'où ça me venait, mais ma puissance venait de franchir un nouveau. Super ! Comme si ça me suffisait pas d'être en permanence assise sur un taureau de rodéo. Eh, mais attends une minute... Non. J'avais tout faux depuis le début. Je m'étais trompée sur toute la ligne. Ce que j'étais venue chercher ici, c'était bien la source de mon pouvoir, et je l'avais effectivement trouvée – mais ce n'était pas celle que je croyais.

La force d'un Fullbringer vient de sa capacité à concentrer toute sa force dans un objet. À avoir un totem auquel il tient plus que tout au monde. Plus il est capital, vital à ses yeux et plus ce qu'il peut en tirer est immense. Pour moi, c'était ma guitare. Rien d'étonnant à ça, elle allait où j'allais, ne me quittais jamais, que je dorme, que je mange... Parce qu'elle était mon outil de communication vers le monde, parce que c'était à travers elle que je pouvais m'exprimer et que j'avais créé ma propre voie. Oui, mille fois oui. Mais pas que. J'allais quand même pas la jeter. Ce qu'elle avait fait, c'était triste à dire, mais n'importe quelle guitare aurait pu le faire – l'or est dans les doigts de celui qui joue, pas dans son matériel. Mais si j'y tenais autant c'était parce que c'était ma mère qui me l'avait donnée. Parce qu'elle avait été faite pour moi. Parce que c'était le dernier lien qui m'unissait à elle. Celui que je n'avais jamais pu couper.

C'était là depuis tout ce temps. Juste sous mon nez. Je ne l'avais juste pas remarqué. C'était la réponse que je voulais. C'était ma réponse. Si je n'avais pu la dominer jusque là, si je cassais tout autour de moi, c'était parce que cette relation elle aussi me filait entre les doigts. Mais les choses avaient changé maintenant. Tout irait pour le mieux. Je n'avais pas fait tout ce chemin pour laisser les choses en l'état. Je venais de trouver la sortie du labyrinthe de mon coeur, alors... Au nom de tout ce qu'elle symbolisait, parce qu'elle était ma force comme elle était ma plus grande faiblesse, cette guitare ne devait permettre pour rien au monde que ce lien se rompe. S'il n'y avait plus rien au bout, il n'en serait plus question. Alors elle ne pouvait pas m'abandonner. Pas maintenant. Elle n'en avait pas le droit. Pas alors que je saisissais enfin toute son importance. Le vrai sens des sentiments que j'y insufflais. Alors maintenant, t'arrêtes d'en faire qu'à ta tête et tu m'aides à la sauver !

Je frémissais. Mes paupières mirent une seconde à se rouvrir. Ce qui s'était passé, je n'en avais aucune idée. Tout ce que je pouvais dire, c'est que l'air en altitude est diablement plus froid que celui au sol. Comment je le savais ? Pour la bonne et simple raison que j'étais dans les airs, à une hauteur que je n'aurais jamais cru atteindre un jour. J'avais déjà pu voir que le Bringer Light pouvait m'emmener loin, mais je ne savais pas qu'il pouvait m'emmener haut. Pas si haut, en tout cas. Je n'avais pourtant rien fait pour ça. Je n'avais pas été frappée. Je m'étais contentée de m'élancer. Et puis, sur le temps d'une respiration, je me retrouvais à convoler avec les nuages. Allez comprendre. Sentant quelque chose dans mon dos – un poids indéfinissable -, je tournais la tête pour y découvrir deux excroissances.

Une paire d'ailes d'acier. Une noire, une blanche. Original. Bah, au moins, ce serait assorti à une bonne moitié de ma garde-robe. Ce n'étaient cependant pas elles qui me faisaient voler, tout au plus m'aidaient-elles à accélérer. Et si je n'aurais pas pu justifier leur provenance, je les sentais liées à moi, et mon pouvoir palpitait à travers elles. C'est bien simple, elles en étaient emplies à ras bord, saturées, ne demandant qu'à le laisser parler et à tout faire pour l'y aider. C'est nouveau, ça. Mais d'où que ça vienne, je savais déjà que je pouvais compter sur elle pour constituer un soutien de poids. Entre mes mains, ma guitare luisait faiblement dans la noirceur de la nuit, s'animant des palpitations que la vie. Comme un deuxième coeur qui battrait à l'unisson, hein ?

J'aurais du le savoir.

Mais ce n'était pas le moment de me laisser distraire. Ça ne m'avait pas franchement réussi la première fois. Je ne savais pas depuis quand durait ma petite acrobatie aérienne, mais si violent et tempétueux que soit mon reiatsu à présent, je n'étais pas sûre qu'il opère à cette distance. Je devais redescendre. À peine cette pensée m'avait-elle traversé l'esprit que ma lévitation prit fin et que je tombais comme une pierre. Moins vite ! MOINS VITE ! Je me stabilisais à nouveau à mi-parcours, reprenant péniblement la respiration que j'avais retenu. D'accord, c'est comme ça que ça marche. Noté. En voyant mes deux adversaires se figer sur place, je compris immédiatement que mon aura était de nouveau à l'oeuvre. Mais ça ne les retiendrait pas longtemps, ils allaient finir par s'y faire. Je levais la main pour frapper...

Nouvelle stupéfaction : avant même que j'aie pu toucher à mon instrument, une série d'images défila devant mes yeux comme dans un flash. Je sursautais. Quoi, j'allais me taper des visions en plus, maintenant ? J'éloignais mes doigts de mon « arme » et tout cessa sur le champ mais à peine l'en rapprochais-je à nouveau que ça recommençait – me filant un sacré mal de crâne par la même occasion. Je serrais les dents pour ne pas me laisser troubler. J'avais au moins pu comprendre que ce que je voyais n'avait rien d'une divination, c'était tout simplement un petit aperçu de la portée de mes attaques - celle que présentait le « schéma » n'étant autre que celle que je m'apprêtais à porter. Pratique. Surtout dans le cas présent.

Coïncidence, ou est-ce que ces innovations étaient apparues en répondant à mes attentes ? J'avais un doute, surtout vu les ailes. Déjà que j'avais rien d'un ange, j'aurais aussi préféré quelque chose de moins kitsch... Même si j'allais pas cracher dessus non plus. Je devais avoir écopé de lentille, ou quelque chose comme ça – mes mains tremblaient encore, aussi je pense qu'on m'excusera de ne pas avoir été vérifié. Mon intuition me disait qu'elles devaient être jaunes, si j'avais raison au moins en partie sur mon raisonnement précédent. Je me mettais à jouer en essayant de m'accommoder de ce nouvel ajout, calculant aussi vite que je le pouvais le meilleur angle avant de libérer une déferlante de vibrations. Je limiterais la casse autant que je le pouvais, je me l'étais juré.

Attention, j'arrive.

Je plongeais vers la terre ferme comme  une valkyrie vengeresse, avec ma guitare pour toute épée de justice. Quand on vous dit que les photographes sont jamais là quand il faut... Une tension dans mon dos que j'aurais dite « électrique » à tout hasard ne tarda pas à me faire comprendre l'exacte utilité de l'accessoire que je portais désormais. Putain, ce sont des amplis ! m'exclamais-je en mon for intérieur, mi-surprise mi-contrite. Relayée par mes ailes les ondes que je venais de projeter prirent une nouvelle dimension avant d'être relâchées à pleine puissance à travers le peu d'espace qui nous séparait encore. Mes deux cibles furent... Soufflées, je ne voyais pas d'autre mot. Traversés par mes secousses, ils avaient été réduits à néant avant d'avoir pu bouger. Je reposais finalement les pieds sur terre et, ayant oublié que mes jambes étaient peu stables, manquais de me gameler. La surprise me tint en haleine.

J'avais rien pété. Je veux dire, vraiment rien. Je venais de réussir à les atomiser sur place... Et rien ne manquait au paysage, en dehors de ce qu'ils avaient eux-même saccagé. Je n'y étais pour rien. Pas directement, en tout cas. Vraiment fiable, ce machin. Je ne savais toujours pas comment j'avais fait ça, mais je l'avais fait, et je pouvais être fière de moi. Est-ce que ça allait rester ? Trop tôt pour le dire. En tout cas, tout l'attirail disparut dès que je pris un moment pour souffler et me coupa les jambes, me projetant à nouveau face contre terre non sans un juron de ma part. L'excitation du combat passée, je pouvais presque entendre mon corps annoncer « batterie faible » à la façon d'un portable sur le point de se décharger.

Je veux bien croire, faut dire : même le combat que j'avais mené lors du sinistre de Karakura paraissait être une bagatelle, à côté. Je me surprenais même à apprécier la fraîcheur du sol, maintenant que tout était terminé. Et personne n'avait été réveillé. Si c'est pas beau. Même si les voisins, je m'en foutais. Celle qui m'inquiétait plus, c'est...

Melody !

Ouf.

T'en fais pas, je pète la forme. Le simple fait de relever le pouce suscita une douleur musculaire abominable. Ouais, non, peut-être pas tant que ça, en fait.Et toi, ça va ? Ils t'ont pas fait de mal ?
Non, ça va, mais... Regarde-toi ! Tu es dans un de ces états...


Je souris.

T'en fais pas, j'ai l'habitude.

En fait non. Mais bon, on va faire comme si. Enfin, si je réussis un jour à me remettre... Mes plaies s'étaient apparemment cautérisées en majeure partie quand j'avais obtenu ce nouveau pouvoir. Était-ce ma révélation sur ses racines qui lui avait donné cette nouvelle apparence ? Je me plaisais à croire qu'il devait s'agir d'une forme complète dont ce dont je n'avais auparavant qu'un embryon, une ébauche abstraite, mais je n'étais sûre de rien. J'en parlerais à Koshiro à mon retour, mais j'étais pas sûre qu'il sache quoi que ce soit – et si c'était le cas, il aurait pu me filer le tuyau, l'enfoiré.

C'est toujours comme ça ? s'enquit-elle, anxieuse.
Pire, parfois. mentis-je tout en me massant la nuque.

Autant qu'elle croie que je savais un tant soit peu ce que je faisais. Ou pas. Laborieusement, je réussis à m'asseoir et repoussais du revers de la main le chaos de ma chevelure, épongeant par la même occasion toute la sueur qui perlait sur mon front. Une semaine sans sommeil ne m'aurait pas davantage ravagée. Mais j'étais contente. Animée d'un sentiment de félicité. Je savais un peu plus qui j'étais. Un peu plus qu'hier, un peu moins que demain. Et j'étais sûre d'une chose à présent. Cette force devait me servir à protéger ce qui comptait, ne pas être employée à la légère. C'était sa raison d'être. Je saurais m'en satisfaire.

Combattre toute la nuit, c'est pas la première fois que ça m'arrive. Mais l'aube continue de se lever pour moi. ajoutais-je en contemplant celle qui commençait à poindre à l'horizon, tournant le bleu de la nuit en mauve érubescent.

Et plus brillante à chaque fois.
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