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 La dernière des nuits [Maîtrise]

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Kuragari Asuna
La dernière des nuits [Maîtrise] Shi-shi
Kuragari Asuna
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MessageSujet: La dernière des nuits [Maîtrise]   La dernière des nuits [Maîtrise] Icon_minitimeLun 28 Avr - 2:19



La dernière des nuits [Maîtrise] 224535ME1


Je devine derrière mes paupières closes un empire de lumière couchante, qui s’effondre en elle-même, et par delà les nuages vers lesquels elle reflue, il y a le crépuscule, avec la nuit qui le suit peu après. C’est un cycle. Un cycle duquel je ne peux pas me détacher. C’est quand meurt la lumière du jour que je me réveille.

Je suis allongée dans ma couche, le cœur d’une horreur retrouvée chaque soir, et dont j’émerge chaque matin, après avoir tout donné pour lui échapper. Mes draps sont ma peau, et ma peau est sale de sueur, de chancre et de peur. Elle se plaque contre mon corps nu, me tient saisie par les muscles, et mes pauvres os, oh mes pauvres os claquent de voir s’éteindre le crépuscule et venir les ombres, et les silhouettes, et ceux qui m’habitent.
Je voudrais dormir. Je voudrais tellement dormir.
Car le monde cesse, les autres cessent, les souvenirs cessent et les cauchemars aussi. Il n’y a que moi. Et le silence. Un silence dans lequel je me perds, et je voudrais le faire toujours. On ne m’atteint pas en ces heures de néant où je ne suis rien, où je me défausse de la vue du monde, et de la mienne aussi, où je nie ce que je suis pour être autre, et l’autre que j’envie est celui qui n’est pas. C’est un rêve que je voudrais faire longuement, sans arrêt, sans fin, qui se prolongerait au-delà de l’aube et du crépuscule suivant, et ceux ensuite, et pour une éternité figée, sans lendemain, où mon vide présent serait tout ce qui importe.
Mais c’est idiot de le vouloir. C’est le silence d’un instant. Je ne peux pas rester endormie. On m’en empêche. Le bruit finit toujours par revenir. Il gronde pour m’éveiller, il claque à mon oreille, la dévore si je ne lui obéis pas, la joue et le crâne si je tente de lui résister. Vient avec le bruit le Carmin sans repos.

Les dernières lueurs s’éteignent sans un cri ; elles sont étouffées par le vacarme qui s’élève dans la nuit. Il est un appel.
Je sens quelque chose qui gondole dans mon ventre. Un gros ver de chair rouge sanguin, moite, un intestin qui se fraie un chemin au milieu des entrailles, qui serpente jusqu’à mes poumons puis les perce, s’y aventure et remonte ma gorge jusqu’à s’extraire par ma bouche pour s’abattre sur mon visage en un fouet qui claque et me scie la chair, et me crève les yeux, et me broie les dents.
Il reste là juché durant de longues heures à s’agiter comme si je n’étais qu’un tas de viande sans conscience. Je pense. Je pense toujours alors qu’il s’extrait et s’agglutine sur moi en une masse poisseuse et infecte, quand il s’aplatit sur mon nez, et partage avec moi son odeur qui vient du dedans, qui n’est autre que la mienne. Il l’a digère pour me la faire partager, et m’étouffe. M’étouffe pour me tuer. Il y réussit chaque soir. Il est le passeur qui m’emmène, dont la pitié est étrangère, dont la volonté ne cède que face à celle de sa dame. Moi, je ne suis rien. Un pantin avec lequel il s’amuse un temps avant de me jeter dans sa barque et m’emmener là où je ne veux pas aller.

Du sang se gorge dans mes poumons, un sang épais, un sang qui vient d’ailleurs, qui ne m’appartient pas. Et pourtant il est là. Il est là ! Que je voudrais bouger pour pouvoir creuser dans ma poitrine et l’en déloger, et le jeter au loin. Que je voudrais saisir cette chose pour la déchirer, la mettre en pièces, et l’avaler pour la forcer à rejoindre la place qu’elle n’aurait pas dû quitter ! Je ne peux pas. Mon corps s’épuise de trop lutter, et c’est une lutte que je perds constamment, sans jamais en arracher la moindre victoire.
Le pourpre me sort des yeux, du nez et de la bouche. Brutalement. Je deviens fontaine, torrent, lac, océan, et je flotte à la surface de l’infinité rouge que je vomis.

Je ne peux plus respirer !
La lumière s’est tue, c’est aux ombres de rire, de rire de moi, et de mes efforts pour leur résister. Les ombres s’emparent de mon corps. Elles en disposent comme elles l’entendent. Je nie. Je nie de toutes mes forces pour ne plus sentir leurs mains gelées qui me pétrissent la chair. Je nie pour m’échapper de leur haleine avide qu’elles soufflent sur ma ruine de visage. Je nie leurs morsures. Surtout leurs morsures, portées sur les lieux où il ne devrait y avoir que du plaisir.
Quand elles ont fini, leurs poignes s’écrasent sur l’arrière de mon crâne et me force à ployer l’échine, à m’immerger le visage dans l’océan pourpre.
Je me noie ! Je me noie ! Et elles insistent encore pour me déposséder de toute l’air qu’il me reste.
Je deviens lourde. Oh, si lourde.
Je me noie. Je me noie. Je me noie en moi-même, encore !, encore ! Je m’agrippe à l’air que mes doigts touchent, ils ne la saisissent pas, les ombres me les brisent pour me les rendre en morceaux. J’ai beau me cabrer, j’ai beau lutter, je meurs. Je meurs chaque nuit pour ne jamais ressusciter. Je meurs pour sombrer. Je meurs pour m’enfoncer toujours un peu plus bas. Loin de la surface.
Je meurs comme la lumière du jour meurt quand vient la nuit rouge.



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MessageSujet: Re: La dernière des nuits [Maîtrise]   La dernière des nuits [Maîtrise] Icon_minitimeMar 29 Avr - 20:18



La dernière des nuits [Maîtrise] 142955ME2


Mes pieds trempent dans une fange rougie par la vomissure d’une carcasse, une carcasse gigantesque sur laquelle je marche, dont je n’ignore pas la nature, seulement le nom.
Les nuages grondent au-dessus de moi. Ils flottent dans les airs comme des têtes grotesques, séparés du corps, et dans leur masse cotonneuse et sanglante, j’y vois quelques visages dont la grimace m’arrache un frisson. Ils sont là-haut, dans un ciel toujours vide de lumière, moi je suis en bas, à marcher sur le sentier putride qu’on a tracé pour moi. Un chemin boueux chauffé par la fièvre d’une terre en putréfaction ; à sa surface, il y des caillots, ceux d’artères énormes et bouchées, et qui roulent lentement, en silence, comme s’ils étaient vivants, et avancent vers moi quand je leur tourne le dos, pour me saisir par surprise quand je suis au plus bas de ma vigilance.
Je cours parce qu’il n’y a que cela à faire. Mais faire, ici, est inutile. Le seul terme vrai est subir.

Combien de temps ? Combien de temps à errer ? Est-ce que ça compte ? Je crois que le temps a été dévoré avec le reste.
Je suis à un endroit que je ne reconnais pas. Un lieu caché, que je n’ai jamais vu avant au cours de mes marches seule ou ensemble. Ce que je sais, c’est qu’il est important. Incisif. Des crocs enfoncés dans mon crâne, à besogner ma mémoire, à me forcer à me souvenir de quelque chose. Quelque chose qui m’importait vraiment.
Des rues autour de moi, d’une de ces villes sur Terre ; des immeubles qui s’élèvent jusqu’à l’obscurité pour y disparaître, en devenir ses piliers et le prolongement ; leurs fenêtres sont difformes, derrière les vitres sales, je perçois des choses qui se meuvent, qui se meuvent et m’attendent ; le bitume qui me blesse les pieds, il est gangréné d’une croûte grisâtre, de la nécrose rigide aux allures de pierre. C’est une épave tout ça. C’est un lieu qui vient du dehors, qui a été charrié ici par les mers du Monde Rouge, qui réside sur le flanc ; le cadavre d’une bête traînée par des bouchers sauvages avec dans leurs mains, sa peau arrachée. Je me tiens perdue au cœur de cette carcasse ; je m’égare dans les avenues longues et tortueuses, aucune n’est droite, tout est sinueux ; sur mon chemin, je trouve des voitures mangées de rouille et de sang, il y a des bagages dans certaines d’entre elles, des valises verrouillées et qui le demeurent malgré mes efforts pour les ouvrir ; des magasins, des centres commerciaux, des parcs, des écoles, déformés mais reconnaissables, marqués par l’empreinte de la Dame. J’y croise des gens aussi. Non. Moins que des gens, des statues. Enfoncés dans le sol, dans les murs, leur visage est serein, leurs yeux crient d’une douleur infinie qui me distord l’estomac à la contempler. Je les connais, eux, sans savoir d’où ni pourquoi.
C’est tout comme un reflet. Un reflet de quelque chose d’ancien, d’oublié, qui a été mis là, au coin de mon esprit, que j’ai ignoré, ou qu’on m’a forcée à ignorer. C’était là depuis toujours et je ne l’ai jamais vu.

L’odeur. L’odeur a des relents de pollution ; elle m’imprègne les cheveux pour les ternir ; je sens ma tête déborder d’un goudron épais, si chaud, si brûlant, si noir ; il s’accroche à mon crâne pour ne plus s’en déloger, pour ne plus jamais en partir. Cet effluve, il me ronge la gorge, il me remonte jusqu’au cerveau pour fendre la coquille de mon esprit.
Les odeurs sont ce qu’on oublie en premier ? Oh, non, non, je ne crois pas.
Pas celle-ci.
Un parfum d’antan. Qui vient d’avant.

Un immeuble s’effondre au loin. Il s’élève de ses décombres une tempête de débris et de cris auxquels je ne veux pas prêter attention. Je fuis encore, je fuis loin ; à nouveau les allées, à nouveau les rues escarpées, je me déchire les orteils sur ce sol, je continue de courir, de partir, de vouloir nier, de souhaiter ne plus être là, ne plus être nulle part.
- J’ai la bouche pleine de terre.
- Je cours sans me retourner, je me détourne de ce qui veut s’imposer. Je n’écoute pas. Je n’écoute pas. Je n’écoute pas alors ça insiste, ça me crève les tympans, ça s’infiltre au-dedans, et ça se loge derrière les yeux pour me forcer à voir.
- J’ai la bouche pleine de terre.
- Ma langue s’assèche ; elle tombe en miettes ; j’ai du sable entre les dents, du sable qui coule sur le menton pour s’évader.
- J’ai la bouche pleine de toi.
- Mon corps m’échappe, il se désarticule. Une poupée, encore, une poupée. Des fils fichés dans mes vertèbres qui me maintiennent debout, mes bras se balancent seuls, sans m’obéir, mes jambes se plient, je m’écroule. Je n’écoute pas, je n’écoute pas.
- Mes lèvres sur tes lèvres, qu’elles écrasent.
- Je mâche des vers et des insectes, ma gorge se noue, mon palais se perce. Ma bouche se creuse, mon nez éclate, mes yeux se vident.
- La moelle de tes os devient lumière, ton sang devient feu. Je te nourris de l’amour, enfant. Debout.
- Je me froisse, je me raidis, je deviens légère, si légère. Je me lève. Je marche vers toi. Je cours, je cours vers toi.
- Des souvenirs qui reviennent. Tu es belle. Tu n'es belle qu'ainsi, ma petite fille. Quand tu as le besoin de moi.



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MessageSujet: Re: La dernière des nuits [Maîtrise]   La dernière des nuits [Maîtrise] Icon_minitimeMer 30 Avr - 0:37



La dernière des nuits [Maîtrise] 250737ME3


D’abord une vibration qui secoue l’air. Le sol tremble et la voûte du ciel aussi. Elle pleure. Une onde fait se gondoler la route, elle me pénètre, elle me secoue. Ensuite, j’entends chanter. Des paroles sourdes qui rebondissent de bâtiments en bâtiments, toujours plus fortes, toujours plus belles. Je ne comprends pas le sens ; mon cœur, oui, il les comprend, et il vibre à leur mélopée.
- Ton esprit est mon église, enfant. Tu y trouves mes orgues, mes rituels, mes autels, et mes chœurs. Toi tu es ma prêtresse. Ma chère prêtresse. La mienne, à mon nom, et rien ne saurait être assez fort pour t’arracher à moi.
- Alors je m’avance, et je ne vois plus les rues et les avenues, je ne vois que toi. Je me penche vers ton giron, je ne le trouve pas. Où es-tu ? Tu m’appelles alors que tu te caches.
- Plus loin, plus loin. Marche à travers la ville, elle te connaît, et toi aussi tu la connais, même si tu ne t’en souviens pas. Laisse-toi guider, entends mes échos ; ils sont une berceuse, ils endorment ta crainte, ils éveillent ton désir, et tu me veux près de toi, car je te suis fidèle, à tes cotés depuis toujours. Tu dois aller vers là où tout a commencé. Là où tout s’est passé. Un endroit que je n’ai jamais quitté. Dans lequel je dors encore.
Mon tombeau, ma fille, c’est mon tombeau qu’il te faut voir. Il touche la nuit, il est haut, au sommet d’une de ces tours. Tu penses me connaître, tu penses avoir mon nom, tu me nommes Dame alors que je suis plus. Viens. Viens car les réponses aux questions sont là maintenant. À portée. Elles t’attendent. Et je t’attends aussi, comme je le fais depuis bien longtemps. Tu es ce que j’ai de plus précieux, et tu n’as que moi.
- Je me sens proche d’une vérité sue autrefois.
- Je la tiens au fond de ma gorge.
- Il me faut te trouver avant que tu t’enfuis. Tu as tes mots au bord des lèvres, et tu veux les recracher car ils te démangent. Si ce monde meurt, c’est qu’ils te consument. Je sais maintenant, c’est pour cela la violence. Sous elle, il y a la douleur. Tu souffres ?
- Un deuil qui n’a jamais fini. Qui me tient au fond d’une couche, faible, inerte, et mes intestins sont comme des fleurs sur mon ventre. Je m’épanche de mon sang en toute heure, je m’épanche de ma vie car je suis morte. Pourquoi tout est rouge dans cet univers ? Car je saigne en abondance, je donne, je suis généreuse, je remplis ce qui est vide, et je le fais de mon essence. C’est ce que je sais faire, enfant. Je sais offrir y compris dans la douleur.

Je suis là où tu m’attends, au pied de ta forteresse. Il y a des voitures entassées les unes sur les autres, déchiquetées, leur métal fracassé vers le haut, leur intérieur vomi à l’extérieur.
- Ma rage.
- Je me souviens que nous avions la nôtre. Nous étions ensemble, avant ? Nous remontions le long de ce parking, comme je le fais, et là, l’entrée. Il y avait un homme qui m’attendait toujours, son regard, celui des porcs, posé sur moi, pour me dévorer ou espérer le faire.
- Il fut notre premier festin. De lui, nous n’avons laissé dans sa loge que de vieux os que nous nous plaisons à ronger parfois, en souvenir de ce plaisir tendre-amer de ses hurlements pétrifiés.
- Ne les écoute pas, enfant. Monte les étages, l’ascension est longue.
- Un orage gronde quand je pose mon pied sur la première marche. L’escalier s’étend au-delà de ma vue, dans un plafond dont je ne vois pas la teinte. Une noirceur liquide, la même que sur mon crâne enveloppé, elle coule sur les murs, elle m’éclabousse quand je l’effleure. Je grimpe et je n’ai plus peur. Je sens pour la première fois une excitation.
- Tu es morte toi-aussi. Mais tu es morte avant moi.
- J’ignore de quoi elle parle. Ses bruissements m’englobent, me forcent à marcher. Elle a des promesses, tant de promesses qu’il me faut saisir.
- La porte face à toi. Tu la reconnais ? Entre. Notre demeure, avance dans la chambrée du fond.
- Des scènes de vie me reviennent. Rose. Un parfum plus chatoyant, dans mes narines. C’est celui de la rose. Il y a une cuisine, un salon, qui ont changé, qui sont souillés comme le reste, pourtant, j’hume la rose au milieu de tout ceci.
- Plus loin, la chambre du fond.
- Un lit, et dessus un cadavre. Le cadavre séché d’une femme sur lequel danse des nuées d’insectes et de mouches. Dans ses orbites nagent des marées de larves. Sa bouche est ouverte, elle semble crier, je n’entends rien. Où es-tu ?
- Là où tu regardes sans voir. Ce que tu as fait longtemps, ce qui t’a tué. Maintenant, vois.
- Non !
- Vois !
- Nous rampons à sa surface ; sa peau si raidie par le temps, nous lui mangeons l’intérieur du crâne, nous pondons en elle, nous sinuons en elle, la poussière de ses organes sont notre festin. Elle accepte cela car tu l’as laissée. Elle accepte car tu l’as oubliée. Nous naissons d’elle, nous sommes de sa chair nous-aussi, nous sommes tes frères et tes sœurs.
- Non ! Non, non, non !
- Ne crie pas. Laisse cette porte. Elle est close. Tu ne fuiras pas. Tu ne fuiras plus. Tu l’as assez fait. Les Nuées sont mes enfants. Tu es le premier d’entre eux, Rosie. Tu m’appelles Dame. Mère est le vrai mot. C’est ça la vérité coincée dans ma gorge. C’est ça la réponse aux questions. Et c’est celle qui te faut avaler à ton tour jusqu'à t'étouffer avec.



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MessageSujet: Re: La dernière des nuits [Maîtrise]   La dernière des nuits [Maîtrise] Icon_minitimeMer 30 Avr - 2:49



La dernière des nuits [Maîtrise] 417279ME4


Pourquoi pleurer, Rose ? Pourquoi te tenir dans ce coin, à t’écarter de moi, quand nous nous retrouvons ? Tu fais semblant. Tu fais si bien semblant que tu te convaincs toi-même de ta propre terreur. Je sais ce que tu es, Rosie. Tu es une coquille creuse. Plus creuse que moi après que les Nuées m’aient évidée de leur avidité. Tu ne m’abuses pas. Tu ne les abuses pas elles.
- Nous flairons le mensonge dans tes attitudes, nous sentons ta détresse, car la vérité te fait flancher, car la lumière t’aveugle encore.
- Je pensais t’avoir donnée le jour alors que je t’ai donnée à l’ombre. Je veux te l’apporter cette lumière, ce que je n’ai pas pu faire auparavant. Viens vers moi. Embrasse-moi. Laisse moi t’étreindre, te donner ce que je n’ai pu t’offrir.
- Elle est si vide, la Rosie, si vide.
- Laisse cette porte je t’ai dit. Laisse cette porte, elle ne cèdera pas.
- Nous grandissons par la peur, nous grandissons quand tout est grand, car nous sommes fruits d’ivresse.
- Mon ivresse. Mon désir de vie dans la mort. Je n’ai jamais cessé de vouloir exister alors que toi, ma fille, tu voulais disparaître quand tu pouvais être. Une injustice qui m’a fendue la gorge en deux pour s’y enfoncer, ne plus en sortir jusqu’à ce que tu viennes. La rage, c’est ça la rage grondante dans ma poitrine, te savoir gaspiller ce que tu avais quand je n’avais rien. Tu fixes le monde de tes yeux évidés de tout quand les miens, qui ne peuvent plus voir, veulent contempler ces merveilles. Tu t’acharnes à ne rien sentir. Tu t’acharnes à ne connaître que ton apathie. Oh, Rosie, mon sang bouillonne chaque fois en de grosses glaires éblouies de colère, à te sentir là-haut, si peu attachée à ce qui t’entoure.
- Nos mains s’agrippent à la chair de la Mère, et nos corps se forment ; elle nous nourrit de sa fureur ; nos contours émergent, nos silhouettes se distinguent. Rosie, la petite Rosie, nous sommes là.
- Ne pars pas. Ne pars pas !
- Et elle s’enfuit après avoir brisé le battant de bois. Nous courons. Nous courons après elle, et nous voulons la rattraper. La rattraper pour la manger, comme le reste, comme les autres, comme la Mère. Elle est jeune, elle est tendre, et sa peur a un tel goût.
- Cours, mon enfant, cours si tu penses pouvoir fuir. Cours, descends cet escalier, va, brise-toi sur sa rampe, que ton dos éclate, meurs y, mais elles te rattraperont même dans la mort.
- Elle galope de ses jambes si frêles, déjà loin, pense-t-elle. Elle s’engouffre dans le hall, elle sort, mais pour aller où ? Nous sommes partout sur le corps de la Mère, qui n’est pas qu’une pauvre chose putréfiée dans un lit, qui est un univers entier sur lequel nous vivons, et sur lequel elle fuit, sa petite fille. Elle crie à s’en arracher la voix.

Derrière moi, leur souffle dans mon dos, je fuis comme je n’ai jamais fui. Elles crient, ces horreurs crient et pleurent, et elles rient et elles parlent, et elles font tout et le contraire. Mes pieds sont écorchés jusqu’à l’os, mais je ne m’arrête pas ; s’arrêter, c’est pire que mourir.
- Je te donne mon essence. Tu es vide. Je te veux pleine, pleine de moi.
- Un orage gronde, des larmes de sang s’abattent des nuages, recouvrant tout d’une chape humide et rouge. Des éclairs éclatent quand tout devient ruine autour de moi. Les Nuées sont partout. Les immeubles vomissent leur corps qui s’écrase sur le sol et se relève. Il pleut des cadavres, toujours plus, ils se tendent et me pourchassent ; leurs mains aux ongles cassés qui déchirent l’air pour m’agripper. J’ai beau nié ce qu’elles sont, elles sont là, à me talonner, à me poursuivre en une masse indistincte.
- Je t’ai donné la vue pour voir. Alors vois. Et accepte.
- C’est tout un monde dans mon sillage. Tout un monde qui me veut éparpillée au vent, qui veut me faire disparaître. Je ne veux pas ! Je ne veux plus ! Il y a des choses au dehors, des choses que je veux toucher, des choses que je veux connaître. Il y a des vies que je n’ai pas vécues qui m’attendent, il y a tout ceci que je veux faire maintenant. Il y a le cœur de personnes que je veux explorer. J’ai ressenti des choses avant de sombrer. Je les ai goûtées, du bout de la langue, j’ai aimé leur saveur, je la veux de nouveau ressentir. Les couleurs, j’ai compris le sens des couleurs, j’ai compris les sentiments. Je titube, je zigzague, je n’ai pas la science, j’ai l’envie ; je n’ai pas le savoir, j’ai la volonté. Je connais mes trésors.
Je comprends tout ça maintenant. Que ça s’arrête ce cauchemar. Il a duré trop longtemps. Rends-moi ma vie ! Que ça s’arrête enfin !
- Il est trop tard. Il est trop tard. J’ai mangé le temps, mangé le jour.
- Tout s’effondre. Les immeubles se brisent en rugissant dans un tonnerre de pierres brisées. Cela ne les arrête pas ! Il en vient toujours, des sols, des murs, du ciel.

Nous l’attrapons enfin. Nous la saisissons, elle tombe, nous la suivons dans sa chute. Nous lui arrachons les cheveux, nous lui griffons le visage, nous lui mordons le nez. Elle hurle. Elle hurle mais elle fait toujours semblant d’avoir mal. Nos doigts creusent ses yeux, nos mains son visage. Nous plongeons dans sa viande pour en retirer le gras et le cartilage, la fibre et la moelle. De la rouille sur ses tripes, de la glace dans sa poitrine ; nous prenons tout et nous dansons avec ; ce qui est à elle est notre trésor.
Elle cesse de bouger, ne se tortille plus, affaiblie. Nous lui volons plus que son corps, nous lui volons ce creux au-dedans d’elle. Elle meurt.
Sans un cri. Sans un mot. Sans un souffle.
C’est ce qu’elle exprime.
L’ode au silence, le silence d’une fin.
Rose.
Tu meurs vraiment.

Dehors, j’entends le son de l’aube. Et tout s’arrête.



Dernière édition par Kuragari Asuna le Mar 9 Sep - 14:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La dernière des nuits [Maîtrise]   La dernière des nuits [Maîtrise] Icon_minitimeJeu 1 Mai - 0:55



La dernière des nuits [Maîtrise] 578655ME5


De gros grains de poussière flânent au gré des vagues de l’air épais d’une chambre. Ils sont ainsi, à voguer sur les flots d’une mer invisible, paresseusement, jusqu’à ce que leur navire de grisaille s’illumine en captant l’aube, et qu’eux se tournent en hérauts du matin.
Les premiers rayons d’un jour nouveau s’écoulent de la fenêtre en rivières de lumière, apaisées et dociles. Leurs eaux d’un éther chatoyant glissent contre le mur, inondent le sol, recouvrent de leur chaleur ce qui en a été dépossédé, et écartent en silence, avec douceur, l’emprise obscure de la longue nuit. Une note spectrale tinte sous la voûte du plafond, elle se suspend, se prolonge, elle vibre telle une prière puis s’éteint enfin.
Dans un coin de la pièce, une chose vient d’au-delà du dedans et s’élève, naît, grandit, et respire après avoir passé des années à ne plus savoir le faire.
C’est un corps, un peu plus loin, écrasé sous le temple des draps noueux de sa couche. Un trône marbré de noir et rouge au sein duquel s’éveille une reine.

Sa peau est blafarde, immaculée de toute envie de vitalité ; son teint est de lait, d’évanescence et de nacre, miroitant d’éclats d’étrangeté, débarrassé de la nécessité de paraître de ce monde. Son visage se dresse vers le haut, il est ferme dans le calme qu’il dégage, s’auréole d’une paix venue d’ailleurs.
Ses paupières sont encore closes, pourtant derrière leurs volets de chair, les yeux s’agitent en tout sens : ils rêvent encore.
Une épaisse chevelure lui cercle les tempes, tombe en cascades fuligineuses jusqu’au bas du dos, tout en engloutissant sa poitrine opaline, son ventre blanc ; une crinière d’un gris profond et cendrée qui n’a plus de lieux communs avec sa blondeur pâle de naguère, disparue, dévorée.
Cet être-là frissonne à mesure que sa conscience s’établit ici-bas, qu’il fait sien ce qui l’entoure et en acquiert la compréhension.
Un sourire fleurit sur ses lèvres sanguines, un sourire d’enfant face à des merveilles. Celle qui était autrefois femme soupire, de joie seulement ; une joie si vive qui s’agite derrière ses dents, qui menace de tout éclater pour surgir et s’exprimer, qui doit être maintenue derrière la porte close des lèvres pour pouvoir être pleinement appréciée.
Ses cils battent, ses orbites s’ouvrent grand, et elle voit alors.
Deux iris rubescents miroitent au milieu de ce masque d’albâtre ; leur regard rouge s’étire vers la lumière du jour pour l’affronter sans la moindre peur, sans la moindre gêne. Ces deux perles garances ont connu l’illumination : les ombres ne sont plus leur seul domaine. Une vérité qui perce du vernis vermeil de ces yeux-là, pour ne plus les quitter jamais.

Celle qui était humaine se redresse ; elle s’écarte du confort croûteux de son lit en rampant, avant de se redresser sur ses jambes ; elle vacille à la façon d’une nouvelle-née, ce qu’elle est en partie ; elle fait quelques pas maladroits, puis de plus en plus assurés, s’avance vers un miroir, se contemple. De ses doigts fins, elle se tâtonne le visage pour en saisir la réalité, pour s’assurer d’être bien présente, dans cette pièce, cerclée par une aura cinabre.
Elle se sait ici.
Elle le veut pour toujours.
Le Monde Rouge et Asuna rient comme un seul être.

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