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Plusieurs mois passés dans ces contrées. De ne s'être encore habitué à cette position qui était désormais la sienne en ces terres. Non une opposition directe du fait de l'anomalie qu'il incarnait dans ce bain à hollows, quoiqu'il lui arrivait de tomber de temps à autres sur des téméraires, mais une attitude particulière à son égard. De lui adresser du respect, où qu'il passe dans les ruelles de Nacimiento. Un froid respect, que l'Usagi ne tenait que de son rang dans l'armée de sa seigneurie Pastor. Des regards fuyants. Un comportement qui force à la prise de distance. Une froideur à l'éprouver. Non qu'il ne comprenait d'eux cette manière de se comporter. Un étranger. Qui plus est, un ennemi naturel. Dans l'esprit de chacun, très certainement, d'innombrables exemples de shinigamis pourfendant les leurs. Une méfiance, voire un mépris, pleinement justifié.

De façon tout aussi naturelle, l'effort devrait venir de lui. En effet, c'était bien à lui de faire ses preuves, non l'inverse. Et ce, pour espérer rentrer dans l'intimité de quelques-unes de ces personnalités qui ne manquaient pas d'attiser sa curiosité. Pour se faire, de promettre sa protection à nombre d'entre eux, en échange de services. Des services qui ne soient forcément rendus à lui-même, mais qui animent la cité. Amorce d'ordre et de civilisation dans ce carrefour singulier de l'Hueco Mundo. Plus qu'une ambition, un désir. Quelques ébauches de succès. Malgré tout, de sentir encore lointaine cette vision de doux rêveur. Pour l'heure, tenir le bon bout, et s'en contenter.

Un plus par rapport à son ancienne faction. Celui de sa liberté d'action. Une autorité somme toute discrète de la part de son Rey. L'impression d'être son propre patron. D'avoir droit à l'initiative, pour modeler l'environnement qui le bordait de la manière qui lui plaisait, du moment que ça n'entrait pas en contradiction avec les desseins de son seigneur. D'aussi disposer du choix de travailler quand il lui plaisait. D'user, en ce sens, de son pouvoir pour ne faire que se promener, l'esprit léger, dans les rues de la cité. Mémorise-t-il chaque jour un détail de plus de ces allées chaque jour côtoyées qu'un visage familier vint se mettre sur son chemin. Un homme qu'il ne connaissait là que de vue. Un homme à son hauteur, élite de Las Noches. L'Octava Espada, arrivé il y a peu. Cesser sa marche, en même temps que lui, pour mieux le sonder.

L'initiative prise par son vis-à-vis. D'écarquiller subrepticement ses yeux de surprise. La première, de trouver un regard franc se planter dans le sien. Aucune appréhension, aucun dédain, aucune peur. Rien qui ne trahisse autre chose que l'idée de découvrir son prochain. La seconde, cet excès de manières à son encontre. D'être rappelé à l'expérience de commandement, avec laquelle il s'était bien familiarisé du temps où il était encore vice-capitaine de la septième division. N'étaient-ils égaux ? Un temps statique, avant de laisser s'échapper un rire. Non de moquerie, mais d'amusement. Amusé par la situation, autant que par l'individu.

-Inutile d'être aussi convenu Vacio ! Votre rang fait que vous n'avez aucune raison de rougir face à moi ! Et même au-delà de ça, je n'en suis pas à m'enfermer dans ces conventions. Plus que des étiquettes, ne sommes nous pas des êtres originaux ? Si possible, j'aimerais que nous nous considérions chacun comme tel. Seulement si ça vous convient, bien sûr. Alors ?

De soudain prendre compte d'un manquement de sa part, pour animer sur son expression un vent de gêne. Gêne qui se retrouve dans un rire forcé, ainsi que dans le grattement de son arcade sourcilière.

-Haha... Et moi, je manque à toutes mes politesses... Je m'appelle Kazuhide. Comme vous, je suis un Espada. Soyons amis, Vacio !

Tendre sa main vers lui, l'air amical, afin de donner acte à ses bonnes intentions.

Joie et allégresse que de jouir d'une première poignée de main sincère avec un habitant du monde creux. Allégresse, car il peinait grandement à masquer l'euphorie d'un vrai contact. Euphorie, car sa nature n'était pas pour faire de lui un potentiel ami à ces mangeurs d'âmes. Un événement rare, que l'Usagi ne laisserait sûrement pas filer. D'ailleurs, ne s'était-il pas trop emballé ? Tout de suite, s'imaginer que cet homme savait qu'il n'était pas un congénère. Pouvait-il l'ignorer ? Élite des armées du représentant du Sima dans le désert. Et pourtant... S'exprime son interlocuteur et tombe progressivement son sourire, jusqu'à emprunter une mine incrédule. Une crainte qui remonte. Que s'adjoigne à celle-ci une consœur, l'intimant de retarder l'échéance. Gagner du temps... Par un scepticisme de forme.

-Ne me remercie surtout pas ! C'est tout à fait naturel ! C'est que nous ne sommes pas des machines ! Et peu importe le bord duquel nous appartenions... Haha... Ho... Pardon !

Ne relâcher que maintenant la main de l'arrancar. Dévoré par ses questionnements. Son malaise se voyait-il ? Très certainement. Mine embarrassée. Bien frivole qu'il devait apparaître, aux yeux de son vis-à-vis. Préparer le terrain... Déjà à conceptualiser la manière dont il tournerait la chose. S'y jeter, à l'instant.

-Et votre mémoire... Faire défaut... Vous souffrez d'amnésie ? J'espère que ce n'est pas trop sévère... Reste que j'ai du mal à saisir... Oui, je ne comprends pas bien quel rôle la mémoire peut jouer sur le présent... Avez vous un nom à honorer ? Je suis peut-être indiscret, excusez moi...

Détourner le sujet qu'il appréhendait tant ? Une énième esquive. Et comment pourrait-il espérer se rendre sympathique à cet homme s'il se permettait de détourner une requête directe ? Si déplaisante soit-elle, au vu de l'idée qu'il se faisait de sa réaction à la découverte du pot aux roses... d'y céder, finalement. Regarder à côté, se grattant le menton, un sourire bêta sur les lèvres ; pour enfin adopter une attitude plus sérieuse, le fixant droit dans les yeux.

-À vrai dire, je suis un vizard, Vacio.

N'en dire plus. Leur conversation pouvait très bien prendre fin en cet instant, après tout.

Emprunter la même trombine de stupéfaction que son interlocuteur. Peinait-il, quelques instants plus tôt, à comprendre l'expression de son vis-à-vis que cela sautait désormais aux yeux. Se moquait-il de lui ? De ne rien voir dans son attitude qui puisse étayer cette vague suspicion. Une ignorance sincère ? Il aurait été difficile pour l'Usagi de deviner que les plus grandes figures du monde creux puissent souffrir d'une telle carence d'information sur leurs ennemis. Silencieux, tandis que Vacio justifiait ce manque par un trop long renfermement sur lui-même. D'alors saisir le malaise de ce monde. Monde de solitude. Solitude induite par l'instinct de survie. Une existence à évoluer au détriment d'autrui. Évoluer, dans la crainte de se faire un jour dévorer par prédateur plus puissant que soit. Une soif de puissance légitime, dont le cheminement logique menait à un état d'esprit où la confiance ne revenait qu'à soi-même. Ne croire qu'en ses propres capacités.

Un savoir sur l'évolution des hollows qu'il ne découvrait pas. D'avoir bénéficié à l'académie d'un topo complet sur l'ennemi héréditaire à combattre et ce, dans l'unique dessein que de sonder leurs points faibles ; de quoi donner sens à leur domination millénaire. Un enseignement tactique, issu d'un environnement différent. Ce qui expliqua l'incompréhension première du vizard. Saisir en cet instant l'invisible. Parvenir à lire entre les lignes, pour mieux cerner ceux qu'il avait rejoint. Pour mieux cerner son prochain d'alors.

L'écouter avec attention et respect, en même temps qu'il enjoignait sa réflexion à attiser son empathie pour ce personnage. Un personnage apparemment tout aussi soucieux de partir sur de bonnes bases. Sourire à cette observation. L'entendre répondre à sa question. Un passé qui semblait le hanter, qu'il paraissait souhaiter oublier ; pour ne plus se focaliser que sur l'instant. L'intuition qu'il trouverait ce sentiment chez maints arrancars de cette cité. Vie d'anarchie, pour trouver refuge dans ce havre de paix, malgré que Nacimiento soit encore loin de l'utopie, à bien des égards. Demeurait ce progrès net, porteur d'espoirs.

-Oui, c'est ce que j'ai dit, et j'aime à penser que ce ne sont pas des paroles en l'air.

Balayer du regard l'environnement alentours. Y constater un calme des plus plaisants. Néanmoins, ne pas s'en contenter. Une volonté. Faire que l'ensemble de la cité baigne dans cette atmosphère. Une mission qu'il s'était arrogé lui-même.

-Vous savez ? Je ne me lasse jamais d'observer cette cité se métamorphoser chaque jour un peu plus. Que diriez-vous si nous marchions un peu, voir si tout se passe bien ? Oui... J'apprécie de joindre l'utile à l'agréable, pas vous ?

Un moment de flottement, pour enfin entamer ce qu'il espérait demeurer comme une simple balade. Repenser alors à ce qui avait été dit avant, empruntant un air plus sérieux, mais pas moins empreint de bonnes intentions.

-S'il y a malaise du fait que je sois vizard, c'est qu'ici, les gens ont tendance, à raison, de se méfier des personnes comme moi. Un vizard est plus proche du shinigami que de l'arrancar. Une seule différence, c'est cette entité tapie dans notre conscience. Un hollow qui nous confère de sa puissance quand vient le moment de combattre. Je ne dis pas que c'est une force innée, car il faut la dompter... sous peine de se faire dévorer. Et parce que ce n'est pas inné, nous demeurons... enfin... je demeure un shinigami avant toute chose. Un ennemi naturel, si je puis dire... Je l'ai été, c'est vrai. Pour autant, maintenant, ma lame appartient au seigneur de cette terre.

Se savoir des plus étrangers des arrancars. Toutefois, d'éprouver depuis l'âme endormie dans son subconscient un appel. Un appel provenant de quelque chose d'ineffable. Un appel ici associé au Sima. Similitude qui le rapproche plus qu'il ne l'espérait des habitants de ces contrées. Curiosité momentanée. Le besoin de connaître le sentiment d'un autochtone sur cette croyance.

-Arrêtez moi si je suis indiscret, mais que pensez vous du Sima ?

Un sourire qui se dessine sur sa trombine à la remarque de son interlocuteur. Constater la facilité avec laquelle leurs pensées convergeaient était bonne à favoriser l'exercice du partage, de l'ouverture à l'autre. Ni d'un parti, ni de l'autre, une menace perçue. Deux êtres que tout oppose dans leur nature, mais que tout attire dans leur esprit. Curiosité réciproque, tendant à lui faire oublier l'environnement proche, prétexte initial à leur balade dans la cité. Une preuve. Preuve du bien-fondé de sa décision l'ayant porté jusque dans ces contrées. Qu'on puisse l'accepter, même sporadiquement, suffisait à justifier son choix. Une entrée en matière difficile dans ce monde, qui toutefois allait pour s'adoucir, dans l'optique de l'installer durablement au sein de la citadelle.

Un temps de flottement, avant que ne s'exprime Vacio sur une question somme toute innocente d'arrières pensées. De prime abord du moins. En effet, une interrogation moins facile que d'apparence, appelant à une remise en question d'une foi qui, en temps normal, n'appelait pas à la raison. En conséquence, s'attendre à un discours de passion. Se surprendre à trouver l'inverse de la part de son vis-à-vis. Un être faisant montre du plus grand pragmatisme. Un être capable du plus grand recul par rapport à une croyance de l'ordre de l'émotion, de l'abstrait, de l'invérifiable. Un être allant jusqu'à remettre en cause la dite croyance, de par sa prise de conscience de ce recul assimilé quant à cette dernière.

Un changement d'attitude. Un monologue qui l'avait renvoyé à son monde intérieur. Se rendre compte soudain de son détachement avec la situation dans lequel il baignait. Une gêne. Des bribes de malaise. S'en excuser. Pour autant, n'avoir gêné le moins du monde le vizard ; au fond bien d'accord avec ce que venait d'avancer son partenaire. Ce qu'il en pensait ? Lui ? N'être pris au dépourvu. Interroger l'autre sur un aspect particulier sou-tendait qu'il finisse pareillement par être interpellé dessus. D'avoir lui-même déjà réfléchit à ce concept, de Sima.

-Vous avez raison, cette foi n'est pas neutre de la cohésion qui règne ici-bas. Je vous demande de m'excuser... mais j'en suis d'autant plus sensible qu'autrefois, je ne percevais autrement les hollows que tel des boules d'instincts ne répondant à d'autre loi que celle du plus fort.

Reporter son attention sur ce qui se profilait à son regard. Les bâtisses. Les rassemblements d'individus à divers endroits. Des rassemblements dont l'objet différait de l'instinct d'évolution, amenant à s’entre-dévorer et ce, dans l'idée simple d'augmenter ses chances de survie.

-Vous parlez de fascination. J'observe avec la même fascination cette singularité dans l'ordre des choses. Et plus fascinant encore, c'est cette possibilité... que ce beau monde ne soit pas le fruit des machinations d'un individu. Qu'il réponde à un Tout, infiniment plus complexe que ce qui nous est donné de percevoir, à notre échelle. Pour cette raison, jusqu'à preuve du contraire, je veux bien admettre la potentielle véridicité du Sima.

Marquer une légère pause. Le regard droit devant. Lucide.

-Si cette preuve devait un jour tomber... Notre responsabilité sera de ne pas l'ébruiter dans la cité. Cette foi, c'est l'intérêt général. Il nous faut la préserver, à tout prix.

Anticiper toutes les possibilités. Du moins, au plus loin. Restait à déterminer s'il faisait là une erreur de partager son souci de ne pas être pris au dépourvu. D'un coup, se demander si le recul de cet homme s'avérerait suffisant pour entendre ces pensées.

"Je ne suis pas complètement de votre avis. Je considère que chacun mérite de savoir la vérité, aussi dure soit elle. Dit-il avant de marquer une pause, pause durant laquelle il regarda par terre, comme s'il avait soudainement prit conscience de quelque chose et que cela lui pesait. Après… il est possible que je me fourvoie, aveuglé par ma quête personnelle. Mon désir de retrouver la mémoire, quel qu'en soit le prix, peut me conduire à penser que tout le monde désire la vérité comme moi."

"Pourtant je comprends votre point de vue. Pour maintenir cette cohésion, il faut garder le peuple dans le même état d'esprit, ce qui ne peut être possible qu'en dissimulant l'existence de Sima. J'ai entendu autrefois quelqu'un utiliser l'expression suivante: l'espoir fait vivre. Pour faire vivre cette cité, il lui faut de l'espoir. Mais je considère tout de même que celui qui travaille pour obtenir quelque chose, mérite de l'obtenir."

"Pour parler en de termes moins élogieux, il faut aussi prendre en compte le fait que les Hollows risquent de se fatiguer d'exister dans l'attente de quelque chose qui ne vient pas. Ils risquent d'en avoir marre, de délaisser cette croyance et cette union pour revenir dans un système où la loi du plus fort s'applique. À la limite pouvons-nous les contenir en distillant des miracles de temps en temps, mais jamais nous ne pourrons les garder éternellement sous l'emprise d'une illusion. Sima devra leur être montré. Et à ce moment-là, notre Rey devra trouver quelque chose de nouveau pour maintenir cette cohésion. En supposant que le pouvoir de Sima ne suffise pas."

Écouter le plus pieusement du monde son interlocuteur, sans esquisser la moindre fracture dans son expression. Un sourire solide, une écoute attentive. Un regard tantôt porté vers son vis-à-vis, tantôt face à lui ; introverti. Dans le discours de Vacio, de la matière pourtant à faire vaciller son expression. Des développements qui collaient difficilement avec ce qu'il avait pu avancer quelques instants plus tôt. Se demander alors s'il l'avait bien compris. Potentiel vraisemblable que certaines allusions aient trouvé une interprétation autre que celle impulsée. Désaccord ? Au fond, l'étaient-ils vraiment ?

Restait à déterminer s'il y avait un intérêt à révéler ses pensées. Simplement, pour l'heure, le laisser aller au bout de ses idées. Ne prendre le risque d'insuffler un quelconque blocage, même anodin. Ne le connaître assez pour se le permettre. Derrière ce faux-semblant a priori condamnable, le souhait implicite de ne pas brusquer une relation si bien engagée. Une invitation. Accepter le contact visuel dans un dernier élan argumentatif. Une position somme toute vraisemblable, assez pour acquiescer de manière sincère.

-Vous avez raison. S'il s'avère que l'existence du Sima est avérée, les habitants de la cité auront toute légitimité à être informés.

Un homme qui reconnaissait douter. Et pourtant, n'avoir envisagé le scénario d'une divinité inexistante. Révélateur en soi ? Rien qui ne lui permette de l'affirmer. File le temps. Arriver aux périphéries de Nacimiento. Les pupilles dilatées.

-Cette voie est la plus simple. Je souhaite qu'on puisse l'emprunter sans artifice.

Dernière construction de la cité avant l'immensité relativement homogène du Yermo. S'arrêter en cet endroit. Se tourner vers son partenaire de conversation, la trombine amicale, mais modérée.

-J'ai pris plaisir à vous connaître, Vacio... Vous savez, j'aime à penser que les échanges les plus authentiques sont les plus courts.

Signifier d'un regard particulier ses intentions. Continuer seul son chemin vers les plaines désertiques. Prendre le temps d'assimiler de nouvelles réflexions. Méditer.

-Vous n'aurez pas à regretter cette amitié.

Laisser entendre là qu'il pourrait compter sur lui, avant de hocher la tête, en signe d'au revoir. D'alors reprendre sa route. Profiter d'un calme, d'une quiétude qui pourrait bien ne plus durer très longtemps.





[Fin du RP pour moi. Ce fut un plaisir o/. (Et je suis à jour !!!! *_______*)]