Bonjour, dis-moi, mon brave, pourriez-vous m’indiquer ou du moins m’accompagner auprès de votre fukutaisho ?

Bien entendu. Suivez-moi, Vice-capitaine Arisu.

Bon, on va dire que le malentendu est autant de ma faute que de la sienne. De la mienne, parce que je porte pas mon badge de Vice-Capitaine, et de la sienne, parce qu'elle aurait quand même dû connaitre la tronche du V-C qu'elle vient voir. Je l'ai bien vite reconnue, on m'en avait parlé une ou deux fois, de cette petite Vice-Capitaine fraîchement promue. "Y a passe-partout qui entre chez les gradés" qu'on m'avait dit une fois. Je comprends mieux la blague, maintenant. Déjà que la plupart des gens m'arrivent à l'épaule, elle, c'est limite à la ceinture. Si j'fous un low-kick, j'lui touche la tête. Une bourge, si j'ai bien compris. Shihôin, c'est les nobles qui s'casent à la deuxième d'habitude, c'est ça ? J'crois bien, ouais. Du genre à pas se prendre pour de la merde, de ce que j'ai entendu dire. Boh, au moins elle, elle risque pas de pouvoir se permettre de prendre les gens de haut vu sa taille (oui je m'acharne). M'enfin, v'la que j'suis pris pour un siège, maintenant. D'un côté, rien ne m'étonne, j'ai la tronche typique du soldat d'la onzième, et c'est loin d'être la première fois qu'on me prend pour ça à la première rencontre.

Je prends les couloirs, monte les escaliers, tout en veillant à ce que la Vice-Capitaine reste prés de moi. C'est pas que j'ai pas confiance mais t'as quand même de sacrés têtes de pioche à la onzième, le genre capable de chercher la merde à une petite sans se rendre compte qu'ils ont affaire à un Vice-cap. Le genre gros con, pour faire simple. Oh, ils sont là nos gros cons à nous, hein, on va pas s'voiler la face. Pas la peine de s'la jouer "wé, c'est des clichés les grosses brutes sans cervelle de la onzième blablabla". Bah non, on en a des brutes sans cervelle, et pas qu'un peu. Autant qu'on a des gars calmes, des solitaires, des "j'me la jouer maître zen adepte du Kung-fu" et compagnie.

Au bout de deux bonnes minutes de marche, on arrive devant mon bureau. J'ouvre la porte : personne. Logique. C'est pas une ode à l'ordre et au rangement, c'te pièce. Des papiers un peu partout sur le bureau, une bouteille de Saké qui les recouvre, quelques effets personnels, un miroir cassé sur le mur de gauche ... Ouais, j'suis bien dans mon p'tit désordre. j'me dirige vers la table en face, ouvre les volets, me pose sur le fauteuil. Je prends l'insigne en bois sur mon bureau, je l'attache à mon épaule. J'fous la paperasse présente sur la surface du bureau dans un tiroir, pose mes pieds sur la table. J'suis chez moi, j'fais encore c'que j'veux, alors les "on s'tient bien en présence d'un invité" et compagnie, j'leur fait un gros doigt.

Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

Maintenant que ma petite supercherie était terminée, et que mon identité était clairement dévoilée, plus la peine de prendre des gants pour lui causer. J'imagine qu'on va se taper l'habituelle rencontre de courtoisie entre Homologues, le petit nouveau qui vient se présenter aux autres gradés en place et tout le train-train habituel. ça ou alors autre chose, mais je vois pas trop.

Qui sait, p'tet qu'elle va me surprendre.

Alors comme ça on balade les nai…

Je suis simplement venu me présenter ‘’Fukutaisho’’ Krow, mais vous sembler déjà me connaître donc inutile que je me présente. Bien sûr, cela n’est pas l’unique but de ma visite.
La raison principale de ma visite concerne la bonne entente entre nos deux divisions, l’objectif étant d’améliorer la collaboration pour de futures missions qui nécessiterait nos deux services.
Pourriez-vous me dire votre vision générale de la neuvième et celle de vos hommes ?

Ah bah, ce sera un peu plus que l'habituelle visite de courtoisie, donc.

Pas pour me déplaire, ce genre de blabla d'usage, qui n'a lieu d'être que pour la forme, juste "pour être courtois" c'est pas mon délire. J'ai été voir quelques Vice-Capitaines à ma promo, pour faire connaissance, et tout l'bordel. Mais c'était vraiment pas mon dada. Du coup, plus que la simple visite de courtoisie, j'cherchais toujours à mieux connaitre la personne en face, savoir de quoi elle est faite. Les Vice-Capitaines sont amenés à combattre côte à côte sur le terrain, et il n'y a rien de plus dangereux que de faire équipe avec un inconnu, de mon point de vue. Mieux tu connais ton partenaire, mieux c'est. Tu sais sur qui compter, à qui faire appel dans tel ou tel situation. L'information, une ressource précieuse, bien plus qu'une majorité ne croit.

Et là, c'que c'te p'tite Vice-Capitaine veut, c'est "améliorer la collaboration pour de futures missions qui nécessiterait nos deux services". Neuvième division. Entre Shinjirô et l'capitaine Yakushiji, c'était pas la fête tous les jours, c'est sûr. Certains membres de la onzième aimaient prendre parti dans ce conflit, moi non. Shinjirô est grand, il sait se défendre tout seul, et plus que la querelle entre deux capitaines, il s'agissait d'une querelle entre deux hommes, ou en tout cas c'est comme ça que je voyais la chose de l'extérieur. Le genre de querelle où t'interfères pas, le genre qui te regarde pas. Perso, j'ai aucun problème avec la neuvième, mais je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde à la onzième. Et j'imagine que c'est tout aussi vrai dans la division de la Shihoin. Puis ce pseudo-conflit n'avait plus lieu d'être, le capitaine d'la neuvième s'était volatilisé, donc bon, pas la peine de se défouler sur sa division.

J'ai pas de vision générale de la neuvième. J'vous espionne pas, hein, et mes interactions avec les membres de ta division sont plutôt rares. On dit qu'vous êtes du genre stricts, un peu coincés sur les bords chez vous. C'que j'en sais après...

Pour ce qui est de la onzième, bah t'as eu un aperçu dans les couloirs, on a nos clichés sur patte, nos grosses brutes sans cervelle et nos p'tites teignes. Mais on a aussi nos bon gars, notre solidarité et notre efficacité. On est les premiers sur le terrain, on est le bras armé du Gotei. Ça, tu vois, c'est la partie qu'on aime oublier, on aime bien résumer la onzième à "les grosses brutes sans cervelle".

Puis on aime fermer sa gueule quand on se fait sauver l'cul sur le terrain par un membre de cette même division de "grosses brutes sans cervelle". Les clichés ont la peau dure, et certains membres de la division ne sont pas sans les renforcer, mais des fois j'en ai juste marre qu'on nous résume à ça. Remarque, on est toujours moins critiqué qu'à une certaine époque.

Et toi alors, même question. Tu penses quoi de ta division, et quoi d'la onzième.

Vu sa tronche et sa reput', j's'rais pas étonné qu'elle soit de ces gens qui nous méprisent, ou du moins, qui ont une mauvaise image de nous. P'tet qu'en ce moment même, en prenant mes aises, en m'adressant à elle comme je le fais, je renforce cette mauvaise image, mais au final, j'en ai très franchement rien foutre. Mon bureau, mes règles. Et si j'ai toujours détesté la réputation qu'on aime nous donner, j'vais certainement pas changer pour faire plaisir à quelques mauvaises langues. Si t'as un problème avec mes manières, tu te barres sans demander ton reste, c'est aussi simple que ça. Elle avait manifestement pas apprécié la p'tite blague à la con, ce qui n'était pas sans renforcer la réputation balaie dans l'fion d'la neuvième. J'ai toujours eu du mal avec les gens trop stricts, trop à cheval sur le protocole. Sauf exception, j'ai rarement pu encadrer c'genre de personnes.

En ce qui concerne ma vision de la neuvième. Je dois admettre que nous ne sommes pas les plus tolérants en ce qui concerne les écarts au protocole. Quand bien même nous sommes aussi pour la plupart rigides sur le règlement en service. La majorité demeure plus flexible une fois en dehors. Bien que certains comme moi gardent des traces de cette inflexibilité, mais en ce qui me concerne cela est plus dû à mon état d’esprit et la façon dont je fus élevé. Mais contrairement à ce que l’on croit, nous sommes également plus ouverts d’esprit, c’est juste qu’extérieurement que l’on paraît plus froid.

Pour ce qui est de ma vision de la onzième. Je dois avouer que je n’y suis pas allé en espérant trouver les plus imminents savants de tout le gotei treize. Cependant, résumer les soldats de cette division à « des grosses brutes sans cervelle » démontrerait une hypocrisie sans nom et un jugement hâtif. Vous venez de le dire vous même. Vous êtes le bras armé du Gotei, les premiers envoyés sur la ligne de front. Comme le prouve votre histoire si vous n’êtes pas doué pour les beaux discours que vous compensai par un franc-parler appréciable, vos actes démontrent que vous possédez une intelligence et savoir-faire non négligeables au combat.

Finalement, les seules barrières peuvent nuire à la bonne entente à condition que personne n’arrive à passer outre sont les stéréotypes que se traînent les deux divisions, détaille mineur en fin de compte. C’est surtout si les hauts gradés ne peuvent s’entendre sans en venir aux mains. Plus les hommes ont confiance en leur leader, plus ils le suivront qu’elle soit la cause ou la raison. Quand bien même il y aura toujours des brebis galeuses dans les rangs qui iraient trop loin, eux ils se feront rappeler à l’ordre par la division concernée.

Que pensez-vous de tout cela ?

Hum... Bonne surprise. J'm'attendais clairement pas à ça. C'est moi le gros con plein de préjugés, cette fois.

J'l'ai vu débarquer du haut de son presque mètre et demie, avec sa prestance de noble, sa réputation, ce qui se sait sur elle de notoriété publique. Dès l'départ, j'me suis fait c't'image de la p'tite bourge insolente, coincée franchement pas maligne bourrée de préjugés. Bah en fait nan. Elle a une vision assez objective de la onzième, c'qui n'est pas sans m'arracher un sourire satisfait. Et sa vision de sa propre division me parait tout aussi objective, de ce que je viens d'entendre. Une bonne chose, quoiqu'il arrive. Moi-même, j'ai beau être très fier d'appartenir à la onzième, j'sais quand même cerner ses défauts et ses qualités sans trop me laisser aveugler par le fait qu'j'y appartiens. J'aime à croire ça, en tout cas.

Et on en revient à ça : stéréotypes et préjugés. Avec le passé commun aux deux divisions, c'est en effet ce qui empêche certainement le plus une bonne entente. Et ouais, les hauts-gradés influencent beaucoup là-dedans aussi. Suffis d'zieuter les embrouilles entre Shinjirô et l'capitaine Yakushiji, mêmes s'ils réglaient ça entre eux, t'avaient toujours des mecs qui pouvaient pas s'empêcher d'sortir ce prétexte pour justifier des conflits moisis avec des gars de la Division d'à côté.

Bon, jusqu'à preuve du contraire, y a plus de capitaines chez la 9, donc risque pas d'y a voir de conflit entre capitaines. Et j'vois pour l'instant aucune raison qui pourrait faire qu'un jour j'en vienne à m'embrouiller avec c'te Vice-Capitaine. Donc de ce côte, on est plutôt bon.

Reste le cas des "brebis galeuses", pour reprendre ses mots. Les brebis galeuses côté onzième, j'en fais mon affaire. Quand une brebis s'éloigne du droit chemin, j'lui casse les pattes pour l'empêcher de progresser dans la mauvaise direction. Aussi simple que ça. C'est triste à dire, mais t'en as qui comprennent que comme ça. La violence, que la violence, encore la violence. Et on va pas s'mentir, j'en fais plus ou moins partie. Les règles, principe, idées ou autres ne jamais mieux enfoncés dans le crâne qu'à coups de poing, selon moi. Bon, reste que c'est pas la méthode la plus plébiscitée par le grand publique, alors j'suis bien obligé d'faire des concessions, puis j'peux pas non plus taper sur quiconque n'est pas d'accord avec moi en braillant "C'EST MOI QU'A RAISON !".

'Fin si, je pourrais, mais voilà.

Ce que j'en pense ? J'en pense que c'est tout à fait vrai. Les idées reçus, le passé commun à nos deux divisions, tous ça n'va pas faciliter la tâche, mais une bonne entente, ou au moins une entente cordiale entre les deux est possible, si on fait des efforts. Et ceux qui n'en font pas, les "brebis galeuses", pour reprendre tes mots, c'est quelque chose que je pense savoir gérer, de mon côté.

Un sourire entendu, pas besoin d'être un génie pour deviner ma méthode pour gérer les brebis galeuses.

Au pire j'ferais p'tet un rassemblement histoire de mettre les choses au clair avec les gars d'la division. J'sais qui sont les éléments permutateurs, et je sais comment les calmer. À partir de là, ça nous fait déjà une partie du taf d'effectuée.

Du moins en théorie.

T'avais d'autres sujets à aborder à côté de ça sinan ?

Je suis certaine que vous saurez parfaitement « corriger » vos fausses notes. Avec cet état esprit, les préjugés ne devraient plus être un frein avec le temps.

Je n’ai pas vraiment d’autre sujet à aborder pour le moment. Hormis ça, j’aimerais savoir comme vous et vos hommes géraient les relations avec les reapers. À titre d’exemple chez nous j’ai installé une pancarte en bois sans clou ou colle, à l’accueil avec écrits en gros reapers et deux boîtes pour eux remplies de dossiers que l’on doit leur déléguer… Pratique, car en théorie cela nous allégerait la charge de travail, sauf quand deux tiers sont bâclés et que finalement on court bien davantage que lorsqu’il ne nous venait pas en aide.

Sinon, mes directives à mes troupes les concernant sont très claires. Vivez dans la mesure du possible comme s’il n’avait jamais était là. Provoqué ou raillé, marchez droit devant comme s’il n’existait pas. Si vous déviez, faites votre possible pour vous renseigner sur leur compétence. En définitive, on interagit avec ces derniers, uniquement si notre devoir nous y oblige ou si cela a un intérêt.

Ah, les squatteurs, fallait bien aborder le sujet à un moment ou à un autre.
Bah oui, parce que sinon, c'est pas marrant. Que dire de ces tanches. Si ce n'est que ce sont de grosses tanches. Et de gros enculés. Et de gros parasites. En résumé, que dire si ce n'est en dire du mal. Pas grand chose. C'est cette maxime qui règne à la onzième. Personne ici n'est avare en mots doux pour ces cow-boys en mousse. Pour autant, la consigne est claire : pas chercher la merde, ne pas faire en sorte que le conflit vienne de nous. Officiellement, si un Reaper venait à chercher la merde, on la boucle et on baisse les yeux. Officieusement, le premier qui nous donne ne serait-ce que la moindre petite raison de le démolir se fait déchiqueter en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. C'est en tout cas le cas pour moi.

Et bien entendu, l'intensification des entrainements depuis quelques mois n'était pas innocente. Ici, on se préparait au conflit. Conflit qui aux yeux de beaucoup, et y compris aux miens, semble inévitable. C'est dans cette optique que tout le monde se dépasse ces derniers temps. Et j'y veille, à c'que tout le monde se surpasse. J'vais pas réitérer pour c'qui est d'ma manière de gérer les brebis galeuses, z'avez capté l'idée.

Ils nous font pas chier, on le fait pas chier. La v'la l'idée. Jusque-là, ils ont été bien inspirés de pas trop nous casser les couilles, et de rester éloignés de nos quartiers. Qu'ils changent ça, et les choses quant à notre "entente cordiale" vont elles aussi changer. Pour c'qui est d'l'administration, on a pas de comptes à leur rendre de notre côté, donc pas de problèmes de c'côté-ci. En gros, on mène la politique du "chacun dans son coin, c'est mieux comme ça". Et quand on connait l'tempérament des bonshommes d'ici, j'le confirme mille fois : c'est mieux comme ça.

Les bonshommes d'ici, tiens. Me fait penser que j'ai un entrainement à encadrer moi. Bon bah, j'vais pas la virer mais un peu quand même, quoi.

Si t'as pas plus de questions, j'vais y aller, j'ai un entrainement à gérer et une énergie à évacuer.

Non, pas d’autres questions. J’ai part ailleurs moi aussi des dossiers à gérer. Je vous souhaite une bonne journée et un bon entrainement.