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Vous sentez pas obligés de tout vous taper avant la séparation, c'est avant tout une intro pour mon acquisition.

Juchée sur le toit de l'édifice, Melody pinçait une à une les cordes de sa guitare. Si sa passion pour la musique n'avait pas diminué, elle n'avait pas le coeur à s'exercer. Malgré tout, les notes éparses qu'elle réussissait à produire avaient sur elle un effet apaisant. Une chose bien rare en ces temps troublé. Jouer l'avait toujours rassérénée. Quand quelque chose n'allait pas, c'était un peu sa réponse à tout. Qu'elle soit triste ou en colère, quelques accords et il n'y paraissait plus. Mais pas cette fois. Plus depuis quelques temps, à dire vrai. Peut-être parce que les affaires qu'elle traitait étaient trop sérieuses pour être ainsi estompées. Peut-être parce qu'elle en était lasse. Elle avait grand besoin de vacances, c'était un fait. Et son public qui la croyait en année sabbatique...

Grande avait dû être leur surprise – et leur désillusion ? - en la voyant apparaître sur leurs écrans pour de tout autres raisons. Les masques étaient tombés, il n'y avait plus rien à cacher. En un sens, elle en était soulagée. Dans l'autre... Elle savait que ce n'était que le prémisse à d'autres complications. L'humanité, butée dans sa perfection, n'allait pas accepter cela aussi facilement. Voir qu'une de ses plus grandes stars était également dans le cas aiderait peut-être... Mais risquait plutôt de jeter de l'huile sur les braises. De leur faire croire que tout n'avait été que mensonge. Et de cela, elle avait peur, c'est vrai. Elle si téméraire redoutait leur réaction. Pas tant pour elle que pour ceux qui avaient choisi de l'accompagner. Qui menaient cette croisade à ses côtés.

L'humanité toute entière savait ce qu'ils étaient. Et si elle était encore sous le choc, des mesures ne tarderaient pas à être prises. Des mouvements se créeraient, dans un sens ou dans l'autre. C'était déjà hors de contrôle. Il n'y avait plus rien qu'elle puisse faire pour limiter la casse. Manipuler les foules, ce n'était déjà pas son truc à la base, mais à une échelle planétaire ? Pitié. Réticente au changement comme elle l'était, la population risquait de mal prendre qu'on lui ait tant caché – de craindre cette réalité. Les gens sont effrayés par ce qu'ils ne connaissent pas, l'histoire l'avait prouvé. Et s'ils étaient censés avoir appris de leurs erreurs, elle doutait fort que ce soit vraiment le cas. Elle-même n'était-elle pas restée figée sur ses idées parfois ?

Leur but était de retourner l'opinion publique contre les Shinigamis, et ils y avaient réussi. Un objectif que Melody n'aurait pas désavoué il y a encore quelques temps. Seulement, ils les entraînaient dans leur chute. Tous seraient mis dans le même panier à divers degrés, il n'était pas permis d'en douter. N'avaient-ils à ce point rien à perdre pour tout faire basculer ? Étaient-ils prêts à tout sacrifier, à se sacrifier eux-mêmes pour déchaîner la haine ? Il y avait de quoi avoir peur, parce que l'avenir était plus incertain que jamais. Son regard tomba sur sa guitare alors qu'elle continuait d'en effleurer les cordes. Celle-ci s'était usée au fil des batailles. Ça ne se voyait pas, mais elle pouvait le sentir. C'était dans l'air, c'était en elle. Dans son bois, dans ses cordes.

Son pouvoir était censé la protéger... Mais elle avait tant guerroyé. Ses convictions avaient faibli pour mieux se raviver la seconde d'après. Elle s'était battu pour que le monde tourne à sa manière, pour en faire un endroit plus juste. Et elle avait échoué. La Soul Society s'était fait un plaisir de lui rappeler qu'elle n'était rien. Si grande soit sa force, elle ne pouvait rien faire pour changer les choses, maintenant moins que jamais. Une telle puissance, et tout ça pour quoi ? S'il y avait un dieu, un dieu véritable, quel était son plan au moment de le lui donner ? À quoi était-elle censée l'employer ? Maintes fois, elle avait cru avoir la réponse. Maintes fois, ce n'était que pour constater qu'elle s'était trompée. Et que lui restait-il maintenant ?

Si grande soit sa force, ce n'était pas encore assez. Parmi les Shinigamis, elle aurait été une déesse parmi les déesses. En l'état, qu'est-ce que cela faisait d'elle alors ? Malgré tout son pouvoir, elle n'était pas sûr que ça suffise cette fois. Pour ce qui serait peut-être son dernier combat. La nature de son pouvoir, le potentiel enfoui dans cette guitare... Elle ne les comprenait pas assez pour en tirer quoi que ce soit. Pour savoir quoi et comment leur demander. Mais si elle avait eu un voeu à formuler, ç'aurait été qu'on lui donne la force. La force de mettre un terme à tout ça. Si le sang devait couler, que ce soit le sien et plus celui d'aucun autre... Un pâle sourire émergea de ses lèvres asséchées par le vent.

J'aimerais que tu sois là.

Personne ne pouvait l'entendre, pourtant elle était sûre que celle à qui elle destinait ces mots l'entendrait. Pas forcément pour se battre à ses côtés, mais juste pour la réconforter – la conforter dans ses choix. Mais elle ne l'était pas. Et si bien entourée qu'elle soit, Melody se sentait plus seule que jamais. Les voix ne parvenaient plus à l'atteindre : elle s'était trop renfermée. Seule restait sa guitare, première à l'avoir suivie – avec elle jusqu'à ce que c'en soit fini. Et dans ses entrailles dorés battait comme un coeur, au rythme de l'espoir. Du revers de la main, elle sécha ses larmes. Elle avait l'esprit lourd mais le coeur léger – ou peut-être l'inverse, elle ne savait plus tellement. Cela était-il si important ?

Mais on ne peut pas avoir tout ce qu'on veut, pas vrai ?

Ses ailes se déployèrent tandis qu'elle se redressait. La racine du mal avait été localisée. Dans l'heure, ils partiraient pour le laboratoire, le temps que les derniers préparatifs soient terminés. Ceux qui s'y terraient devaient déjà s'y attendre, y être préparés. C'était l'ultime bastion de leur opération, tous les autres ayant été détruits au fil de la guérilla qu'ils s'étaient livrés ces derniers mois. Probablement qu'une armée de Chimères les assaillirait sitôt la porte passée – peut-être pire encore. On lui avait rapporté que les dernières étaient plus rapides, plus fortes, plus évoluées. Qui savait où cela s'arrêterait ? C'était précisément pour cela qu'il fallait tout arrêter. Et elle comptait bien montrer aux Shinigamis qu'ils n'étaient peut-être que trois, mais que ce n'était pas ce qui les empêcherait d'avoir un poids.

Regarde-moi, d'où que tu sois.

Elle prit un temps pour apprécier la caresse du vent sur l'acier, puis décolla.

* * *

Klaus avait choisi de les accompagner. Lui aussi faisait partie de la famille – et sa cousine avec lui. Même s'il n'était pas officiellement l'un des leurs, ce n'était qu'une question de temps, surtout depuis qu'il vivait à l'institut. À ce titre, Melody se demanda pourquoi les Dieux de la Mort ne l'avaient (les avaient) pas comptés. Choix délibéré ou peur qu'ils ne s'associent avec les Quincys ? Cela pouvait se comprendre, compte tenu de leur histoire passée. La guitariste s'était abstenue de leur parler d'Hans. Puisqu'elle n'avait pas eu tout ce qu'elle voulait – pour le moment ! – il n'y avait pas de raison pour que l'échange soit plus complet dans l'autre sens. Elle avait de toute façon été claire : c'était leur combat et c'étaient eux qui le mèneraient.

Elle avait accepté l'aide des Reapers. Mieux valait eux que le Gotei Treize. Même si leur nouveau commandant était plus avenant qu'Asuna, la confiance mettrait un moment à s'installer – si pas des années. Mais elle osait croire qu'à hauteur d'une vie humaine, ils sauraient respecter leur engagement. Qu'était-ce pour eux, sinon que quelques instants ? C'était à contrecoeur, mais ils auraient besoin de soutien pour démanteler toutes les installations. Ils y parviendraient, bien sûr... Mais cela prendrait du temps et de l'énergie. Or, ils avaient mieux à en faire – destituer la personne à la tête de ce projet, par exemple. Son identité restait une énigme pour l'heure, mais lumière serait bientôt faite à ce propos.

Quand elle arriva sur les lieux, elle constata que les faucheurs d'occident étaient déjà en place. Cependant, le vieux moustachu avec qui elle avait discuté cet assaut s'était comme convenu absenté. D'autres importantes affaires à régler – il n'avait pas voulu en dire plus, elle n'avait pas insisté. Que Sima soit concerné n'était pas dur à deviner, à moins qu'un autre destructeur de mondes se soit ENCORE ramené. Vue de l'extérieur, la structure ressemblait à n'importe quel laboratoire, si ce n'est par ses installations de (très) haute sécurité. Pas de chance pour eux, cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus peur de clôtures électrifiées et d'un peu de fil barbelé. Ce qui attendait au-dedans serait autrement plus gênant.

Alice avait fait le voyage avec elle, cramponnée à un pan de sa tenue. Ainsi avait-elle dû réguler sa vitesse, si bien que les autres n'avaient eux non plus pas été distancés. C'était tant mieux : elle ne comptait pas lancer l'assaut sans eux, mais n'était pas sûr que leurs ennemis aient la même courtoisie après l'avoir vue apparaître sur les écrans de surveillance. Dans son dos, la guitare continuait de pulser, de rayonner d'énergie au point qu'elle avait l'impression de transporter un véritable soleil. Était-elle seule à voir, à entendre, à sentir tout ce pouvoir ? Depuis son dos, elle fit pivoter la bandoulière de la guitare pour la placer vers l'avant, de sorte qu'elle puisse en jouer à tout moment. Dans son dos, les forces se massaient, dans l'attente du parfait moment.

Cette fois, c'est la bonne, annonça-t-elle sans se retourner dès qu'elle les sentit assez près. Ce sera peut-être notre dernier combat. Je l'espère, en tout cas. Je sais pas vous, mais moi, j'en ai un peu marre de combattre ces horreurs. Je ne sais pas trop ce qui nous attend là-bas, alors je ne peux pas vous promettre que ça va bien se passer... Mais ce que je peux vous dire, c'est que je suis contente de vous avoir avec moi. Elle leur jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule, s'efforçant de maintenir une aura, un halo positif. Essayez de ne pas mourir, c'est loin et un cadavre c'est lourd à trimballer. Habituée à ses réactions, elle pouvait presque sentir Klaus frémir d'ici. Son sourire s'agrandit. Non, sérieusement, tâchez de rester en vie.

C'est la merde...

C'tte ville part en couilles, c'monde déconne total'ment, et moi j'suis paumé. C'derniers temps, j'ai un peu eu l'impression d'pas total'ment être là. Pas vraiment pigé c'qu'il s'passe dans l'coin. J'veux dire, j'ai tendance à rien percuté en temps normal, mais j'me tiens au courant au moins un minimum. Là, j'me suis contenté d'me torcher l'gueule dans m'piaule d'puis l'retour d'notre causette avec l'shinigamis. J'suis pas en forme et ça m'plaît pas. Y'a d'la gueule d'bois. Y'a d'la fatigue. Y'a surtout un putain d'ras-l'bol et un b'soin d'tout fracasser pour que ça s'arrête. Alors aujourd'hui, quand Blondie est v'nue m'trouver pour m'dire que ça allait chier, j'tais heureux.

D'c'que j'sais, on va casser quelqu'un en deux. Qui ? Aucune foutue idée, personne l'sait. C'est la tête d'l'organisation qui produit c'magnifiques hybrides proches d'zombies. Forc'ment, on y va pas juste entre potes. Il s'trouve que l'dresseurs d'bestioles sont d'la fête, avec un tout autre objectif. Limite, j'suis un peu jaloux parce qu'ça a l'air bien plus fendard. Destruction d'laboratoire, extermination d'chimères, élimination d'la sécurité sur place. Alors qu'nous, on va s'jeter sur l'même os en espérant qu'il soit assez solide pour pas clamser trop vite. M'enfin, 'faut bien qu'toute c'tte conn'rie s'termine un jour, et l'guitariste veut qu'c'soit fait maint'nant.

Sympa ici. Dommage que ça va pas durer ! Giah-ah-ah.

P'tite blague, p'tit rire, p'tite ambiance. J'remarque qu'l'instrument d'la musicienne brille fort. Genre, vraiment très fort. Y'a comme qui dirait un truc pas net là-d'ssus, genre une soudaine et brutale augmentation d'puissance. Parce que non, actuellement, elle cause pas assez d'dommages la gonzesse, 'faut qu'elle cogne encore plus fort et détruise d'encore plus grandes surfaces. Et ça m'donne encore moins envie d'la contredire maint'nant. Autant combattre à s'côtés que bouffer ses assauts dans l'dents. On est d'vant l'lieux,derniers mots avant l'combat. Et contrair'ment à c'qu'en pense Melody, j'espère bien que ce sera pas l'dernier ! J'suis pas c'que j'suis sans m'foutre sur l'tronche.

Pour c'qui est d'crever...

Pouah ! On doit être l'bande d'Foullebringues l'plus coriace d'monnde, y'a pas moyen qu'on clamse ici ! N'est-ce pas mon p'tit Klaus ? ! T'voudrais pas qu'c'soit d'jà terminé hein ?! Giah-ah-ah-ah !

Il est des expériences qui changent du tout au tout une personne. Une vérité que nul n'ignore. Quand bien même, s'en contenter, c'est oublier l'accumulation de ces traumatismes qui acculent l'esprit pour le figer à jamais. Muda a atteint ce stade, à n'en point douter. Si ses émotions n'avaient toujours pas disparues, elles s'étaient profondément diluées. En témoigne la relative indifférence affichée dans des situations que peu auraient pu gérer avec tant de sang-froid. Non pas qu'elle ait fait preuve d'apathie, bien au contraire... Mais cette assimilation de la Mort équivalente à celle que l'on se fait de la douleur en s'exposant au feu... Celle-là même qui permet de regarder les choses pour ce qu'elles sont, et d’interagir avec elles de la plus naturelle des manières. Une aptitude rare, dont peu peuvent se prétendre capables d'en assumer le coût. L'a-t-elle réellement assumée ? Tout au moins – forte des vestiges de son instinct de conservation – elle s'est adaptée, et est prête à appliquer ce qu'on lui demande de faire.

Dans l'état présent, il s'agissait de détruire la tête qui avait engendré ces « chimères ». À vrai dire, Muda voyait en eux le miroir de son passé, en plus dramatique. Car oui, leur champ des possibilités paraissait bien frugale, voire univoque ; là où elle, avait pu s'en sortir. D'où la facilité avec laquelle la prédatrice avait consenti à mettre un terme à leur existence. De toute, Muda ne s'embarrassait que peu de ce type de considérations. En effet, un simple hochement de tête de la bonne personne signifiant « tu peux » suffisait amplement à lui faire réaliser la sale besogne. Seule la promesse faite à cet homme justifiait que désormais, elle renonçait à dévorer des innocents. L'envie, elle, demeurait, et était plus difficile à chasser. Nul doute que cette excursion apaiserait ses pulsions. Ou si, il en était un, et il le suivait comme son ombre.

Un coup d’œil discret derrière. Eimi n'était pas vraiment des plus franches, et ça se comprenait. Elle, n'avait pas assez vécu pour partager sa « résignation ». Et pourtant, elle était bien là, en connaissance de cause, vu qu'elle avait été présente lors de la dernière confrontation avec les macchabées. Son insistance à l'accompagner pour avoir été si longtemps ignorée n'allait de toute façon pas contrarier Muda, justement plus rassurée en sa présence. Après tout, nous craignons moins de perdre ce qui se trouve juste sous nos yeux. Une manière d'être primitive qui, elle, n'avait pas changé.

Arrivés sur place, Melody – dont l'instrument supportait une aura beaucoup plus intense que d'ordinaire – leur adressa des consignes particulières, au point que l'humaine au teint livide fronça les sourcils. Faire attention à ne pas mourir ? Voilà longtemps qu'elle ne serait plus là si elle n'avait pas assimilé ça. Sûrement que par là, leur chef essayait de dire quelque chose. Peu importe, elle n'était pas habilitée à discerner de l'autre autre chose que ses pulsions animales ; ou alors très peu. Visiblement, Ganryu était dans le même état d'esprit. Sûr. Du genre à ne pas se poser de questions contre-productives. Effectivement, pour l'heure, il n'y avait qu'un seul et unique objectif à considérer : cette bâtisse devait être réduite à néant, et elle le serait. Mais avant ça, il lui fallait s'assurer d'une chose.

-Et eux... tous peuvent mourir ?

C'est qu'elle apprend à couvrir ses arrières, la petite.

Tu traînes Misha ! Les paroles exaspérées de sa cousine vinrent effleurer ses oreilles et c'est avec un soupir muet que ce dernier accéléra l'allure pour se rapprocher du groupe mené par la chanteuse particulièrement vive. Elle l'était toujours à vrai dire donc cela n'avait rien d'étonnant, qui plus est, en tant que chef tacite de cette formation atypique, elle se devait de mener la danse. Et leur tâche méritait pareil attention. Pourtant, son esprit se révélait moins concentré qu'il ne le devrait par rapport à ce qu'ils préparaient. Beaucoup de chose s'était déroulé en peu de temps pour lui, comme pour les autres membres de l'institut dans laquelle il avait malgré lui échoué. Et sa cousine en était un, et pas des moindres. Lui qui n'avait eu jusque là aucun contact avec sa famille biologique se retrouvait à présent chapeauté par une adolescente caractérielle qui paraissait pratiquer assidûment un sport inconnu de lui même qui s'avérait être de trouver la moindre critique à lui faire. Appuyer là où ça faisait mal. Non pas qu'il en était très perturbé à vrai dire et il le prenait avec une certaine philosophie. Elle ne lui donnait pas franchement le choix et si il avait demandé à Melody de faire parti de cette expédition punitive – car c'était bien ce qu'ils comptaient faire – Haya avait suivi sans lui demander son avis.

Elle devait le protéger. C'était absurde. Totalement idiot, il était assez grand pour s'occuper de lui même et il n'était pas à son premier combat – malgré lui du moins. Et puis il avait trop conscience de ce que ça signifiait de risquer sa vie à présent qu'il avait survécu à son lot de bataille. Son monde avait changé. Le Monde avait changé et pour pouvoir faire face à ce dernier la tête haute, il fallait régler cette sinistre mascarade. A présent que leurs présences étaient connues du monde entier, ils n'avaient pas d'autre choix que celui d'affronter cette menace avant de s'occuper du reste. Et il y aurait un travail monstrueux à faire pour que les humains comme eux ne soient pas mis au rebuts, conspués et haïs. Au moins tout ce battage médiatique l'avait poussé à se confesser auprès des seules personnes dont l'avis comptait pour lui. Il ne s'était pas étendu et avait simplement rendu les armes, offrant à ses parents adoptifs une vérité sans concession qui l'avait autant soulagé qu'effrayé.

C'était terminé. Tout du moins en ce qui concernait cette perpétuelle fuite en avant. A présent, il se devait d'affronter. C'est la raison pour laquelle il était ici avec eux, près à partir à l'assaut d'une citadelle macabre, fruit de la folie d'hommes incapables d'accepter leurs impuissances. Ils n'avaient fait que trop de dégât, sacrifiés bien trop de vie. Un ami. Un frère. Une mère. Ces gens tordus, transformés en chimères monstrueuses avaient été ça pour quelqu'un. Elles avaient été humaines. Quelque part, il préférait ne pas avoir à s'occuper de ces dernières pour s'attaquer plutôt au responsable de toute cette horreur. Il devait tomber. Pour toutes les atrocités, pour les morts, pour les sacrifiés. Il n'y avait pas d'autre alternative et même si Klaus n'était pas le genre d'homme à recourir bêtement à la violence, le point de non retour avait été franchi depuis trop longtemps. Il avait le choix. Le choix de faire demi-tour et de faire semblant d'oublier mais jamais sa conscience ne lui pardonnerait cette lâcheté. Et puis, peut être qu'après ça, son esprit serait exorcisé d'une partie de ses démons. A vrai dire, il n'en espérait pas tant. Ce n'était qu'un besoin. Simplement. Que sa cousine soit là n'en changeait rien, qu'elle l'accompagne pour soi disant le protéger ne rentrait pas en ligne de compte.

Rester en vie. Klaus n'avait pas l'intention de mourir quand bien même cette perspective ne pouvait pas réellement être oublié en pareil instant. Les paroles de Melody ne ressemblaient pas vraiment à un discours de commandant quand bien même devait il avoir un effet similaire, à peu de chose près. La chanteuse semblait rayonner d'une force plus étincelante qu'auparavant et, accompagnée de sa "fille", elle n'en paraissait que plus radieuse. Un peu comme une Valkyrie se préparant à un assaut imminent, observant le champ de bataille à venir de son regard insondable. Ces pensées dérivaient et ce n'était pas franchement le moment pour. Fort heureusement pour lui, Ganryu, le fameux homme de pierre, fut celui qui remit ses pensées en place. Bien. Il n'avait aucune intention de clamser non plus, comme le signifiait clairement son compagnon d'infortune. Ça me ferait mal de mourir avant de réussir mes examens. Je n'aimerai pas que mes dernières révisions n'aient servi à rien. C'était une réflexion des plus terre à terre, bien loin des grandes idées justicières qu'il avait jusque là. Haya leva les yeux au ciel, marmonnant quelques paroles exaspérées avant qu'elle ne s'avance davantage, clairement plus combative que ne l'était son cousin.

Tout ce qui vis, meurt. Et si ils ne peuvent pas mourir et bien ils regretteront de ne pas le pouvoir. Ils étaient clairement différents tous les deux, autant en apparence qu'en état d'esprit même si une part de lui même donnait raison à la jeune femme. Ils ne savaient pas vraiment ce qui les attendaient là dedans mais il comptait bien faire en sorte que tous ceux qui entraient ici n'en ressorte comme il était entrée. Après tout, Muda, la demoiselle à la chevelure d'encre l'avait sauvé, tout comme c'était le cas pour la blonde. Il ne pouvait guère dire cela avec Ganryu mais malgré tout, sans dire qu'il s'était attaché à lui, il n'espérait pour autant nullement son trépas. L'institut sans eux serait moins... animé.

Moins vivant.

Cela faisait près de deux ans que ce laboratoire était le sien. Elle avait été contactée par le responsable des services secrets japonais, pour une tâche de la plus haute importance, à l'époque. Curieuse, qualité requise pour exercer son métier, elle avait accepté de rencontrer l'homme. L'entrevue paraissait mal engagée, car le responsable n'était clairement pas ravi d'être là - les japonais et leur tendance à vivre en autarcie - mais il avait été séduit par ce qu'avait à offrir Franziska, et avait suivi les conseils de l'un de ses chasseurs de tête les plus fiables. Résultat, la jeune femme était en charge de l'endroit, et ce n'était pas aujourd'hui que ça allait cesser. Les drôles de types accompagnés de bête qui sévissaient dehors ne lui faisaient pas peur : l'extérieur n'était que secondaire.

En revanche, la troupe d'adolescents qui déambulait avec la ferme intention de rentrer dans le laboratoire était autrement plus inquiétante. Enfin, Franziska n'aurait pas été si réputée si elle n'avait pas été capable d'arrêter de jeunes gens qui avaient l'air d'être aussi préparés que pour aller à la plage. Pas question cependant de les laisser rentrer : elle irait au devant d'eux et prendrait les choses à bras le corps. Allumant une cigarette, elle s'engagea d'un pas rapide dans les couloirs du laboratoire, quittant la salle d'observation. Une fois le compte de ces empêcheurs de tourner en rond réglé, elle récupèrerait les données et disparaîtrait avant que les artistes de cirque n'entrent. Et le projet pourrait se poursuivre.

A mesure qu'elle approchait, toutefois, elle commença à ressentir les émanations d'énergie de son quatuor d'adversaires. Et ils n'étaient clairement pas à prendre à la légère. Tant mieux. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas combattu, plus absorbée que de raison par son intellect et sa tâche scientifique. Tirant une bouffée sur son seul vice, elle émergea finalement du laboratoire et fit face aux quatre jeunes gens. Troupe dépenaillée s'il en était. Une adolescente blonde qu'elle était persuadée d'avoir déjà vu quelque part, un colosse roux dans le regard duquel brillait l'intelligence - doux euphémisme -, une femme aux cheveux sombres et à l'air étrange, et... un camarade. Sans parler des trois gamines qui les accompagnaient. Elle aurait espéré mieux, comme assaillants. C'en était presque insultant. D'un japonais parfait, elle prit la parole avec un ton serein :

- Franziska Gesetz, responsable de ce laboratoire. Mais vous devez sans doute le savoir, si vous êtes ici. Je n'aime pas particulièrement tuer des enfants, cela dit, donc je serai clémente si vous faites demi-tour dans l'instant et oublier ce que vous savez.

Pour appuyer ses propos, la femme à l'âge indéterminé libéra sa pression spirituelle, qui fit trembler l'air autour d'eux. Peut-être que ça suffirait à faire comprendre à ces jeunes qu'ils se prenaient à un trop gros poisson. Sans quoi... Intérieurement, elle sourit. Extérieurement, pas une ride ne perturba son faciès alors qu'elle avalait une nouvelle bouffée de tabac.

Spoiler:

Des enfants ? Vous vous êtes regardée ? fit-elle d'un air sceptique.

Mis à part les cheveux blancs, rien n'indiquait qu'elle puisse avoir plus de la trentaine. Et ce n'était pas un repère fiable : ce n'était pas la première curiosité du genre qu'elle croisait depuis qu'elle avait mis les pieds dans tout ça. Il fallait croire que toute logique capillaire s'évadait en même temps que les lois de ce monde pliaient sous le poids de son pendant spirituel. Toujours était-il que ces excès de condescendance l'amusaient plutôt qu'autre chose. Plutôt que de le faire remarquer, elle préféra cependant reprendre son sérieux. Ils n'étaient pas ici pour plaisanter - le temps de l'humour était depuis longtemps terminé. Certes, toute cette histoire était d'un immonde qui confirmait à l'absurde, mais c'eût alors été la (mauvaise) blague la plus lugubre qu'elle ait jamais entendu. Non, pire que ça : elle l'avait vécue.

Ça fait longtemps que nous ne sommes plus des enfants. Et c'est en partie de votre faute.

Ce n'était pas tout à fait vrai, elle avait perdu bien avant ça le peu d'innocence qu'il lui restait. Lors de la catastrophe multidimensionnelle qui avait fait de Karakura un souvenir, par exemple ? Néanmoins, l'incident des Chimères (enfin, les) n'avait fait qu'enfoncer un clou déjà planté bien en profondeur. Sans parler de ceux qui, comme Klaus, n'auraient jamais été embarqués là-dedans si ça ne s'était pas produit. Et si elle était contente de l'avoir à ses côtés aujourd'hui, Melody n'aurait pu que lui souhaiter que ce ne soit jamais arrivé. Car si faire partie de ce monde secret n'avait pas que de mauvais côtés, comment voir les bons quand c'est dans le sang et les larmes qu'on y pénétrait ? D'un pas souple, elle se rapprocha, se démarquant du reste du groupe.

Que vous vouliez prendre votre revanche sur les Shinigamis, ça je peux le comprendre, croyez-moi... Malgré les excuses et les accords, la plaie n'avait pas encore cicatrisé. Mais votre guerre ne regarde que vous, et vous avez impliqué beaucoup trop d'innocents. Et ça, je ne peux pas vous le pardonner. C'est pourquoi ça doit s'arrêter, et ça s'arrête maintenant.

À peine avait-elle prononcé ces mots qu'elle se mettait à scintiller de toutes parts, se nimbant d'une énergie dorée. Plus que jamais, celle-ci lui parut grisante, comme un effet euphorisant à petite dose. Si elle doutait encore de sa capacité à faire face dans l'heure qui avait précédé, ses craintes avaient été balayées. Au tour de Franziska à présent. Avait-elle cru pouvoir les intimider ? Si c'était le cas, c'était raté. De la pression spirituelle, elle en avait à revendre, au moins autant qu'elle – et ceux qui l'avaient suivie dans cette croisade y étaient déjà habitués. La discussion était finie avant d'avoir commencé ; déjà, les tambours de guerre sonnaient. Et elle allait y mettre du sien pour les agrémenter. Sa main frôla la guitare, sans encore en jouer.

Je vais être clémente, parodia-t-elle. Si vous vous poussez et me laissez faire ce pourquoi je suis là, je tâcherai de ne pas vous faire trop mal. Par contre, je ne peux rien promettre à leur place...

D'un geste du pouce, elle désigna ses compagnons par-dessus son épaule. Ceux-ci avaient ses propres raisons d'être en colère contre elle - ou tout simplement de vouloir lui refaire le portrait. Malgré l'intensité de l'aura qui pesait sur les lieux, Alice n'avait pas bronché. Elle avait été spécialement entraînée à y résister, à se mettre au diapason. Pour elle qui voulait tant combattre à ses côtés, cela s'était avéré nécessaire. Une première note résonna, et la suite ne fut pas longue à arriver. Deux profonds sillons se creusèrent dans le sol sans qu'elle n'ait eu à y toucher, arrachant pêle-mêle pierre et graviers, les envoyant voler. Une attaque frontale de puissance mesurée, dont elle profita pour fondre comme foudre d'une nuit d'été. La guitare tournoya dans les airs, toujours forte de cet éclat étranger, pour mieux s'abattre sur cette tête qui devait tomber. Si pour une femme le visage était privilégié, elle avait cessé de l'être, cessé d'être humaine au moment où ces choses sous ses doigts étaient nées...

Spoiler:

Tu nous traites d'mioches sale pouffiasse ?! L'MIOCHE IL T'EMMERDE GROGNASSE ! EN PLUS, J'AI... J'AI... Bordel de. J'SAIS PLUS QUEL AGE J'AI, MAIS J'SUIS UN PUTAIN D'VIEUX MAINT'NANT ! PIGE ?!

C'qu'elle vient d'me foutre en rogne, la pétasse. Un gosse, sans déconner. J'ai un tronche d'gamin ? D'une chose insupportable à qui 'faut torcher l'derche parce qu'il est pas foutu d'le faire lui-même ? D'une abomination qui chiale à longueur d'temps, qui aime pas pioncer et qui respecte rien ? D'un truc qui sait même pas marcher ? Ni causer ? NI BOIRE ?! Oh c'que j'ai la haine d'un coup. Si elle voulait qu'on s'donne à fond pour mieux l'démolir l'tronche, c'est gagné. Bien joué. Un foutu mioche quoi. J'vais t'le faire bouffer mon poing d'enfant, et par l'miches connasse. Et c'pas ta p'tite merde d'reiatsu qui plombe l'zone qui va m'en empêcher hein. J'ai ma p'tite parade à c'truc.

Bon, mine d'rien, j'ramasse quand même. Autant j'peux en contrer l'plus gros en y opposant mon propre reiatsu, ça reste bien chiant à subir, même à p'tite dose. Y'a c'tte sensation bizarre qui m'prend, l'peur. Peur soudaine de la binoclarde qui nous fait face, d'subir s'colère, s'punition. J'le sais, j'le sens, c'pas naturel c'qui m'arrive, n'empêche que ça marche. Et j'suis comme coulé au sol quelques s'condes, d'longues dizaines d'secondes. Mon corps qui tremble, moi qui tente d'réagir, qui lutte. Melody a l'air de s'en battre l'couilles complet d'c'qui arrive. Tant qu'elle avance, tout va bien pour elle. Et j'vais pas attendre qu'l'autre garce tombe au sol pour réagir. J'suis l'Roi d'Rois ou merde ?

GIAH-AH-AH-AH-AH ! CA VA VACH'MENT MIEUX !

'Fin, j'peux bouger au moins. Reste qu'on a l'impression d'se mettre sur l'tronche au milieu d'une boite de nuit à cause d'Blondie, et l'autre avec son effet d'grand œil qui fait chier, mais c'mieux que d'rester planté comme un gland. J'mire l'musicienne s'défouler l'première, avant d'prendre mon tour pour cogner sur Franzika ou j'sais pas quoi. Nom qui sonne très exterminateur d'races inférieurs, que j'dis. C'sera encore meilleur d'lui éclater l'face tiens. Avant, on passe en mode divin. Et pour ça, 'faut enfiler sur l'crâne l'bob d'mon vieux pote Maho. Tiens, si c'pas un preuve qu'j'suis pas un gosse ça, j'ai écrasé un dieu quoi. Facile. Bob sur l'tête, j'me sens direct plus puissant.

OH YEEAAAAAAAH ! AYM BAQUE BICHIZZZ ! GIAH-AH-AH-AH-AH-AH !

Ouais bon, ok, j'suis mauvais dans c'tte langue. La faute à Barbie, il m'a pas appris grand-chose avant d'se barrer l'enfoiré. Du coup, ça reste dégueulasse, mais ça peut s'comprendre, en déchiffrant longtemps. Moi j'ai pigé, ça m'fait plaisir. Sinon, l'retour, c'est en rapport au Maho. Comme y'a une partie d'lui qui reste dans c'bob, elle ressurgit chaque fois que j'le met. Retour quoi. Effets, j'gagne en masse musculaire, j'suis plus grand, plus gaillard. Plus. P'tit effet stylé, mes yeux et mes ch'veux virent au jaune. C'est beau. Mon avis que j'dois coller aux critères d'l'autre Franziska sous c'tte forme. J'peur qu'elle veuille m'violer au lieu d'me crever maint'nant. 'Va falloir surveiller.

Ou j'peux aussi lui casser l'dents.

A mon tour grognasse !

J'suis pas un monstre, j'vais pas lui sauter à l'gueule sans prév'nir merde. Par contre, j'retiens pas m'coups, et frappe pour détruire. Côtes, mâchoires, nez, l'trio que j'affectionne d'voir en miettes.

Spoiler:

Une réponse qui, si elle ne venait pas des lèvres de leur meneuse, convenait tout aussi bien à la prédatrice. Son silence faisait de toute office d'acquiescement. Ce qui vit, meurt ? Une vision comme elle ne pouvait espérer mieux pour l'intégrer son schéma de pensées. Le plus surprenant était qu'elle émanait de la jeune fille accompagnant celui-là même qui semblait le moins rodé au massacre. Les contraires s'attirent bien, apparemment. Parfait. Ils n'en seraient que plus efficaces.

C'est alors qu'apparut leur première antagoniste. Une femme seule dont les particularités physiques n'étaient pas si éloignées de celles de Melody, si on mettait de côté son regard plus froid et circonspect. Encore le genre qu'il lui serait difficile de sonder. Mais qu'importe, puisqu'il s'agissait plus de l'abattre que de la comprendre. Muda n'était de toute façon pas venue trouver des explications quant aux horreurs passées dans les rues de Tokyo. Non pas que le sort de ces créatures la laissait de marbre. Mais elle l'avait accepté comme faisant parti de l'ordre des choses. Voir en ces actions davantage un dommage qu'un tord. Ceci même qui la rapprochait toujours si bien de la bête.

L'écouter s'exprimer. S'étonner que les derniers mots de cette Franziska s'apparentent à un avertissement porté à l'encontre... d'enfants ? Regarder autour. Faisait-elle référence aux trois les accompagnant ? Une étincelle dans son regard. Au moins pouvait-elle espérer que ces derniers ne soient ses cibles prioritaires, ce qui l'arrangeait définitivement. Ce qui la surprenait, en revanche, était la réaction de ses semblables. Pourquoi se sentir visés par ces remarques ? Avait-elle si mal compris les hommes que cela s'étendait aux distinctions qu'elle s'était faite des gens par rapport à leur apparence ? Et surtout, pourquoi s'en offusquer ? De toute évidence, il lui faudrait encore une longue période d'adaptation avant de leur ressembler vraiment.

Mais soit, si ça pouvait les enhardir, il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. Le travail déjà bien mâché, elle n'avait plus qu'à apporter sa contribution certainement décisive. Car oui, si cette femme faisait montre d'une présence hors du commun, Muda n'avait pas à s'en inquiéter, n'ayant qu'à déployer la sienne équivalente. Mais son assurance venait d'ailleurs. En effet, peu importe la puissance de leur adversaire, elle leur paraissait bien vulnérable ainsi exposée à une telle force de frappe. Du temps où elle vivait toujours à Karakura, elle avait rencontré de entités d'une puissance réellement démesurée, et ne pouvait s'imaginer que cette femme là soit capable de mieux que ces monstres qui, en fin de compte, avaient ployé au devant de la force conjointe des différents belligérants. Faisant un pas en avant, c'est là qu'elle ressentit une entrave faible et discrète. Se retourner et voir, interpellée, qu'Eimi la retenait par le poignet.

-Attends ! Tu ne trouves pas ça bizarre ?
-... Quoi ?
-J'étais là l'autre jour, comme toi ! Tu ne te souviens pas de comme ils étaient capable de rivaliser avec plusieurs combattants ? Plus que nous ne le sommes aujourd'hui...

Que ses paupières s'écarquillent un moment, lui faisant regarder le combat s'enclenchant juste sous ses yeux et ce, d'une toute autre manière. En proie au doute. Sa tutrice décontenancée, Eimi put en profiter pour entrer dans le vif du sujet.

-Cette organisation est puissante. C'est contre le pays lui-même que nous combattons ! Ce n'est pas normal, Muda ! C'est forcément un piège !

Qu'elle analyse en même temps de son côté la situation avec plus de recul... Entreprise dont elle était bien incapable sans l'aide de sa protégée. Et là, elle pouvait noter avec le même scepticisme comme leur belligérante faisait montre d'un calme et d'une assurance anormale dans une situation qui se voulait désespérée.

-Et... alors ? Je dois faire quoi ?
-Ces deux là sont parfaitement capables de l'affronter seuls ! En attendant... reste en retrait ! Ces monstres... je sens qu'ils vont venir... et même si ce n'est pas le cas...

À parler de ces macchabées, l'expression et l'attitude d'Eimi se firent soudain plus sombres. Naturellement, elle ne s'était pas encore parfaitement remise de sa dernière expérience, quand bien même elle ait insisté pour venir. Restait que si elle voyait juste, Muda avait tout intérêt à ne pas la laisser derrière. Car si cette femme n'appréciait guère tuer des enfants, la chasseresse savait bien que ces bestioles ne feraient pas la distinction. De fait, il ne lui restait plus qu'à observer, et attendre.

Spoiler:

Le groupe s'avance avant de tomber nez à nez avec ce qui devait probablement être la gardienne des lieux. Une femme à l'allure digne et à la chevelure immaculée qui déclare calmement son rang et son nom dans ce complexe scientifique qui n'aurait pas dépareillé dans un film américain. Il était loin le temps où Klaus songeait que tout ceci ne pouvait pas exister. Ou tout du moins, qu'il n'y serait jamais confronté. Depuis que ces chimères étaient apparues à Tokyo, il avait été forcé d'accepter ce qu'il avait toujours fuit et dû faire face à ce qu'il avait toujours nié. Là, devant lui, se tenait l'une des responsables de ses cauchemars, des douleurs fantômes et des altérations que son corps avaient bien été obligé de subir en silence. Elle, cette femme à le noble allure qui considérait chacun d'entre eux comme des enfants. N'était ce pas idiot de sa part d'ainsi les considérer elle qui, justement, était celle qui, pour son cas en tout cas, avait dû le faire mûrir bien plus vite qu'il ne l'aurait souhaité ? C'était de son fait – entre autre chose – si il était là à présent. Alors faire demi-tour pour lui était évidemment pas dans ses intentions et sa pression spirituelle somme toute impressionnante n'allait pas non plus faire une différence à ce sujet. L'impression qui s'en dégageait pourtant poussait à la fuite mais alors que les aura de Melody – bruyante au possible mais en même temps, grandement rassurante dans ce silence angoissant – ainsi que de Ganryu et de Muda, Klaus se sentait plus à sa place, moins torturé.

Il fit appelle à la sienne propre, s'auréolant de ce qui pourrait s'apparenter à des fines particules de Reishi condensé qui le protégeait en parti au moins, de la pression qu'ils exerçaient tous sur lui. Des présents, il était probablement le moins puissant mais qu'importait. Il remplirait sa part du marché. A ses côtés, le regard dur de sa cousine l'étonna quelque peu et c'est dans la foulée que cette dernière vint récupérer son pendentif rougeoyant dans sa main, appelant sa dague d'argent pour passer à l'attaque. Ce fut un instant plus tard que Klaus fit apparaître son propre arc d'ébène, faisant fi des paroles pleines de fausses clémences de la dame. L'heure des palabres n'étaient plus vraiment et si Melody s'exprima avec sarcasme là où Ganryu le fit de manière plus imagée – et incompréhensible - Klaus préféra demeurer silencieux.

Il avisa le duo atypique de la jeune femme sombre et de cette petite fille qui, au contraire de Haya, paraissait beaucoup trop jeune pour être ici. La seule chose qu'il fallait, c'était de prendre garde à sa survie. Lorsque l'homme de pierre s'élança en avant, beuglant quelque chose qui pourrait s'apparenter de loin à de l'anglais, l'archer récupéra un gintô précieusement conservé, l'ouvrit en laissant s'échapper des particules de Reishi et arma son bras. Il n'avait pas besoin de s'approcher pour attaquer et il profita d'une ouverture offert par le roux pour laisser filer une flèche d'argent dans l'épaule de leur ennemi. Écartez vous. Une seule mise en garde qui s'avérerait suffisante pour la suite de son assaut. La lueur éblouissante des milliers de flèches lancées à la scientifique suffirait à faire baisser les yeux à n'importe qui tenant un tant soi peu à sa vue. Comme des étoiles filantes s'échouant sur terre, ces dernières laisseraient des traces à n'en point douter sur le corps de la dame. Klaus ne se considérait pas comme fort, surtout en se comparant aux présents mais malgré tout, il savait qu'en ce jour, il ne pouvait pas se permettre de tergiverser ou d'attendre. Encore une fois, il devait se battre pour sa vie mais pas que. La colère, la rage, les cauchemars... Il ne pouvait pas oublier seulement affronter.

Un petit reniflement dédaigneux suivit alors que sa cousine fullbringer s'élança en avant, disparaissant en profitant de la traînée d'argent pour venir offrir à la scientifique le tranchant de sa dague auréolée de carmin. Il n'était pas question qu'elle reste sur le côté à attendre et autant utiliser toutes les opportunités dès lors qu'elle en avait. Son cousin était un Quincy faible et parfois idiot mais il avait parfois quelques idées intelligentes ou qui s'avéraient plutôt intéressantes. En l’occurrence, c'était le cas aujourd'hui.

Battle:

C'était seulement par politesse, ou peut-être par acquis de conscience, qu'elle avait proposé à ces envahisseurs de fuir. Elle s'attendait à une réponse négative, et n'aurait de toute façon pas pu les laisser partir. Non seulement ils en savaient beaucoup trop, mais en plus ils ne l'avaient que trop gêné. Elle avait étudié les cadavres de certaines de ses créations, et les signatures énergétiques correspondaient avec celles des humains en face d'elle. La jeune adolescente blonde semblait être la tête du groupe, son Athéna. Elle attaqua la première, projetant d'abord coup sur coup deux ondes de choc vers la responsable du complexe scientifique, qui resta de marbre. Elle croisa ses bras devant son visage, et encaissa sans broncher.

Ce qui lui laissa toute la latitude nécessaire pour se défendre de la manœuvre suivante : extirpant de sa poche un gintô, elle le jeta devant elle et un mur de reishi s'en échappa. Le rempart d'énergie ralentit suffisamment la guitare de la blonde pour que Franziska puisse l'encaisser sans en souffrir. Le colosse chargea lui aussi, avec une stupidité proche du désespoir, et un Hirenkyaku lancé avec une précision d'horloger permit à la scientifique d'esquiver la frappe du dégénéré. La seconde femme du lot d'humains n'attaqua pas. Croyait-elle à la proposition de Franziska ? Cela peinait cette dernière de la décevoir, le cas échéant. Pour une fois qu'elle rencontrait un adversaire raisonnable....

Le Quincy fit lui aussi usage d'un gintô, mais dans une visée plus offensive, d'après les déductions de la Gesetz, et il lança une flèche vers l'épaule de la femme sans âge. Elle opposa son avant-bras à la trajectoire, pour épargner son épaule, et ne grimaça pas lorsque le projectile traversa de part en part son membre. Elle était entraînée à la résistance, pour ne jamais donner d'avantage psychologique à son adversaire. Il projeta par la suite une volée de flèches, et la scientifique s'en défendit ingénieusement, avec une de ses inventions : elle déposa au sol un cube de métal, qui se déploya en un sarcophage d'acier autour d'elle, qui la laissa indemne à l'issue de l'averse mortelle.

La compagne du Quincy se lança la dernière dans la bataille, et frappa deux fois à une vitesse impressionnante, pour son âge tout au moins. La Gesetz avait anticipé le premier coup, mais moins le second, et la dague marqua sa fine silhouette. Mais c'était désormais à son tour de passer à l'assaut. Son plan était clair : s'en prendre à la tête du groupe. Dans toutes les batailles, brandir le crâne du général suffisait à assurer la victoire. En guise de préambule, elle matérialisa elle-aussi son arc, qui était aussi simple que mortel : une forme cristalline, aussi haute qu'un être humain. Bandant son arme, elle commença à pilonner ses adversaires de flèches aussi acérées que des rasoirs et aussi rapides que la foudre. Puis, alors qu'elle venait à peine de conclure son assaut, elle forma une seule flèche, beaucoup plus dense, qu'elle envoya vers la gorge de la Mackenzie avec la précision d'un sniper. Et ce fut tout, pour l'instant.

Spoiler:

Sans surpris, Ganryû fut le premier à se mettre dans l'ambiance. Malgré la complémentarité de leurs pouvoirs, Melody s'écarta pour le laisser passer. Si on la qualifiait de bulldozer, lui était au moins un rouleau compresseur. On pouvait dire ce qu'on voulait à son sujet, mais quand venait le temps de la bagarre, c'était définitivement un allié sur qui l'on pouvait compter. Parfois, il lui arrivait de se demander s'il ne l'avait pas suivie expressément pour avoir des gueules à casser – nonobstant la peur qu'elle lui inspirait. Était-ce toujours le cas d'ailleurs, ou bien s'était-il pris à l'apprécier assez pour rester de son plein gré ? Un jour elle lui demanderait. Oui, un jour, s'ils s'en sortaient.

Reculant promptement, elle réalisa que Muda n'avait pas quitté sa position, apparemment en grande conversation avec sa... Fille adoptive ? Protégée ? Qu'importe. Melody s'en étonna : si elle devenait de plus en plus humaine, Muda avait toujours eu quelque chose d'animal dès qu'il y avait du sang dans l'air. Un peu comme un requin. Y aurait-il un problème ? Au milieu du fracas naissant du combat, la musicienne n'entendait pas ce qu'elles disaient. Elle n'en eut de toute façon guère le temps : la contre-offensive commençait à pleuvoir. Le projectile qu'on lui destinait fut balayé d'un coup de guitare ; le reste s'écrasa sur ses bras levés. Au coeur du bruit et de la poussière, sa voix retentit.

Muda ! On est là pour se battre ! Si quelque chose ne va pas, mettez-vous à l'abri !

Quelle que soit sa gentillesse, la guitariste n'avait jamais trop su comment s'adresser à elle. Calum en était le spécialiste, et ce n'était que quand il s'était absenté qu'elle avait commencé à réaliser ses lacunes en la matière. Elle espérait cependant avoir été assez clair pour s'être fait comprendre : si elle ne se jetait pas dans la mêlée, il ne servait à rien de rester, sinon se mettre en danger. Quant à savoir pourquoi elles seraient venues si elles n'étaient pas prêtes à prendre les armes, elle n'avait pas le temps d'y penser. Enfin, ce fut au tour de Klaus de faire parler l'arc dans un torrent de lumière étincelant. D'où sortait-il tout cet aplomb ?

C'est qu'il prend de l'assurance, on dirait ! glissa-t-elle à Haya tandis qu'elle remontait à l'assaut avec elle. Tu crois qu'il essaie de nous impressionner ?

Sans se connaître depuis longtemps, les deux jeunes femmes partageaient d'instinct une certaine complicité – surtout quand il s'agissait de faire tourner Klaus en bourrique. Avoir une amie d'à peu près son âge lui faisait du bien. Muda n'avait pas vraiment la mentalité d'une jeune fille en fleur ; Alice et Eimi étaient trop jeunes. Mais jamais elle n'avait vu l'archer aussi téméraire que depuis qu'elle avait débarqué. Par ailleurs, si elle avait un instant pensé profiter de sa célérité pour les couvrir, Melody renonça bien vite à l'idée. L'étudiant venait de prouver qu'ils n'avaient pas besoin de son aide – ou plutôt que le meilleur moyen de les aider était de donner sa pleine mesure sans s'en soucier. Ils grandissent si vite ! Et à ce sujet...

Alice ? À toi de jouer.

Elle ressentait toujours une pointe de remords à l'envoyer au combat... Mais l'Arrancar avait elle-même exprimé le désir d'y participer. Elle l'aurait fait même si elle le lui avait refusé, alors autant que ce soit sous sa tutelle. C'était une grande occasion, et l'enfant semblait l'avoir saisi. Aussi ne rechigna-t-elle pas à brandir sa lame pour se mettre en tenue de soirée. Tous purent alors voir un prodigieux reptile étendre son ombre sur le champ de bataille. Une créature dont le mythique léviathan n'aurait pu nier la parenté. Ralentissant la cadence de façon à ce qu'elles puissent se rejoindre, Melody tâcha de la faire voler assez haut pour ne pas entraver ses alliés.

La gueule de la bête s'ouvrit sur un hurlement ; un cercle de foudre jaillit du néant, et Melody s'y engouffra sans hésiter. Elle n'avait pas à avoir peur. L'idée ne l'en avait même pas effleurée. Striée d'éclairs, comme née d'un ciel d'orage, l'instrumentiste se projeta de toute la vitesse de ses ailes de fer sur son adversaire. Elle était le dernier rempart entre eux et la paix. Et fut-elle temporaire, la rockstar comptait bien la lui arracher. Quand un mur est dans le chemin, il faut l'abattre. Rompre son calme olympien serait un bon début ; elle n'avait de divin que la croyance qu'elle pouvait jouer avec la vie. Lui faire perdre ses appuis pour commencer ; son arc aussi, si elle y arrivait.

Et près ça, l'hydre gouvernementale ne mordrait plus jamais.

Apparence(s) d'Alice:

We Will Rock You:

Mais c'qu'elle s'fout d'ma gueule en plus ! Genre, y'a rien d'besoin d'plus que d'bouger s'miches vite dans une autre direction pour éviter mon assaut. Mais j'vais t'briser ma p'tite poulette, j'vais t'laisser sur l'sol, brisée, choquée, ça va t'faire tout drôle. J'ai connu quelques connards comme toi, à pas vouloir m'prêter attention au combat, ils ont regretté. M'enfin, toi au moins t'réagis. L'chose, elle, a pas l'air d'piger qu'on a d'jà commencé à s'foutre sur l'tronche. Elle et sa p'tite copine, elles tapent l'causette. Normal. D'habitude, c'la première à vouloir bouffer l'gens et là, elle s'en cogne. C'quand on l'autorise à s'défouler qu'elle refuse d'le faire, mais c'qu'elle peut être bizarre.

HEY MUDA ! Quand toi et ta p'tite copine vous aurez fini d'vous la toucher, vous ferez signe hein ! Que j'puisse m'ramener vous faire tâter l’attirail d'un bonhomme ! C'différent d'trucs que vous achetez pour compenser, t'vas voir ! Giah-ah-ah-ah !

Y'a quelques temps, j'lui aurais jamais dit ça, j'aurais pas osé. Pas par peur, juste qu'elle m'dégoutait encore. Très sale sur elle. C'est d'puis qu'elle a rejoint la bande d'Blondie qu'elle semble plus propre, qu'elle donne plus envie d'y taper d'dans ! Avant, c'tait juste une épave avec d'cheveux crades et une silhouette vagu'ment féminine, rien d'plus. Reste d'progrès à faire, mais on y est presque. Puis à défaut d'pouvoir attraper l'reste d'gonzesses d'la bande, j'peux bien m'vider l'couilles sur elle hein. J'sais pas c'qu'elles ont l'femmes d'l'institut, elles veulent pas. Mais vraiment pas. Tu touches, elles cognent. Et comme elles ont d'pouvoirs, même l'technique contre celles qui résistent marche pas sur elles.

Peut-être que si j'crève la binoclarde, une récompense spéciale m'attendra dans mon lit c'soir, héhé. 'Parlant d'elle, la v'là qui riposte. Et puisque Francis K c'foutu d'ma poire en évitant m'coups, moi j'vais lui montrer qu'elle vaut que dalle, et encaisser sans broncher. J'croise l'bras, solide sur mes appuis, bronche pas d'vant l'pluie d'flèches qui envahit l'zone, et endure. Avec m'résistance, y'a pas grand-chose qui m'fait vraiment mal, ça y compris. J'en ramasse quelques mauvaises qui parviennent à faire saigner, à s'planter dans l'corps, mais rien d'bien méchant. J'ai connu pire. Mon tour. 'Fin non, son tour. Blondie. Et la p'tite aussi ? Quoi, son épée, c'pas juste un accessoire d'son costume ?! C't'une vraie ?! Ah bah merde.

BORDEL DE.

Non mais sans déconner, c'quoi c'truc ?! La p'tite, elle vient d'se transformer en un putain d'serpent géant avec des ailes ! Normal. Comment un si p'tit truc peut d'venir aussi énorme ?

GIAH-AH-AH-AH-AH-AH ! J'EN CONNAIS UNE QUI VA S'FAIRE ROULER D'SSUS MECHANT ! J’ESPÈRE QUE T'AS UNE DEF SOLIDE ! GIAH-AH-AH-AH-AH !

Et ouais, y'a du dégâts. Entre l'monstre et l'bulldozer avec sa guitare, y'a d'dégâts. J'suis un poil jaloux en observant l'scène, même si ça m'fait bien marrer. J'respecte encore plus maint'nant. J'en aurais presque envie d'claquer maint'nant mon Ganryuzord, mais j'vais l'garder pour plus tard ! En attendant, j'profite d'bordel pour foncer d'un trait d'lumière sur Francis K. J'vais l'fumer. Vitesse, plus bourrinnage, égale gros coup d'boule dans s'gueule. Avec l'sourire. Et puisque j'y suis, j'recouvre m'bras d'une couche rocheuse, pour mieux l'balancer m'deux poings sur l'tronche.

Spoiler:

Quelque chose n'allait pas dans ce qu'il lui était donné de voir de ce combat. Et bien quoi ? Était-ce tout ? Qu'était-il donc advenu de la puissance jadis déployée dans les rues de Tokyo ? Était-elle vraiment seule ? Si non, quel intérêt avait-elle à temporiser davantage ? Au rythme où allaient les choses, cette femme était partie pour se faire massacrer par la bande de l'Institut Ellington. Froncer les sourcils. Ils avaient donc épuisé leurs effectifs ? Qu'elle ait beau se concentrer, elle ne percevait aucune autre énergie spirituelle dans les environs. Et le combat présent était si déséquilibré que son absence n'avait rien changé à l'écrasante victoire se profilant alors. Non pas que sa force soit à prendre à la légère. Elle semblait même plus puissante que leur meneuse. Dans le cas contraire, elle aurait été incapable de trouver l'ouverture qui lui permettait à présent de la viser, malgré sa place de spectatrice. Une attaque qu'elle ne fit pas mine d'esquiver, se plaçant plutôt devant sa protégée pour lui éviter la moindre blessure. Si l'impact lui fit bien reculer d'un pas, sa peau épaisse l'avait malgré tout très largement encaissé, ne laissant à l'épaule qu'une rougeur superficiellement sanguinolente.

Prélever un échantillon de son sang du bout des doigts pour lui jeter un regard médusé. Pourquoi éprouvait-elle si peu l'envie de meurtre, là où il lui en aurait fallu bien moins il y avait peu de temps de cela ? Quand bien même, se tourner vers Eimi, qui semblait aussi comprendre de son côté qu'il n'y aurait pas de piège à craindre. En outre, faisaient-elles bien de demeurer là, ainsi inactives ? Là vinrent les interpeller leurs semblables. La première, Melody, d'une manière mesurée et prévenante. Le second, Ganryu, avec son éternel jargon incompréhensible. De lui, Muda ne pouvait relever qu'il ne lui avait jamais parlé de la sorte auparavant. Cette expression bien particulière étant en temps ordinaire réservée à... la quasi majorité de ses interlocuteurs... ou interlocutrices ? De là à prendre conscience du danger, il y avait encore un pas à faire pour celle qui voyait glisser son caractère primitif vers une naïveté ce qu'il y a de plus banal.

Il n'empêche, le message était clair. Elle devait participer. Après tout, c'était bien pour cette raison qu'elle se tenait présentement sur place. Peu importe que l'adversaire n'ait aucune chance de s'en sortir. De toute, dès le commencement, il ne devait en avoir aucune.

-Eimi... Ne te retiens pas.

S'il était une « émotion » que les deux humaines partageaient, elle se trouvait précisément dans l'absence de pitié les animant. Chaque acte « compatissant » n'était que calcul pour demeurer en vie. Maintenant en position de force, il n'y avait plus de doute à avoir. Que tremble le sol après qu'Eimi ait libéré son fullbring, le reiatsu de Muda fusait à toute vitesse dans ses veines, accélérant par là-même la machine cardiovasculaire. En filigrane, craquelaient ses os au niveau de sa cage thoracique, à une distance que peu pouvaient entendre.

Ses alliés ne donnaient l'ombre d'une respiration à la gardienne des lieux. Mais c'était encore insuffisant. Elles allaient drastiquement accélérer le rythme. Et cela commença par un coup de poing de terre surgissant de sous le revêtement et suivant ceux de Ganryu pour projeter dans les airs sa cible. Et l'orientation prise par le coup n'était en rien innocente ; calculée pour qu'elle finisse sa course sur Muda, elle-même propulsée d'un pas puissant qui devait rendre le prochain mouvement aussi meurtrier qu'imperceptible. Un assassinat, fait au moyen d'un empoignement de la mâchoire qui ne s'arrêta qu'après avoir éclaté le dos du crâne de sa cible contre le sol, ne refermant l'étreinte qu'après, avec une intensité croissante. À aucun moment, se dire que cela suffirait. En rajouter une couche en visant à l'empaler de part en part avec ses côtes devenues de redoutables hallebardes. Après seulement, elle consentit à la relâcher, faisant un bond en arrière. Ce dernier ne devait que permettre à Eimi d'achever sa cible – si elle était encore vivante – d'une cataracte de pierre compacte dont la course et l'impact avaient gravement endommagé le bâtiment. De leur proie, il n'en resterait rien.

Spoiler:

Sa fierté d'homme sans doute. Il ne doit plus supporter de se faire protéger par des femmes, glissa la demoiselle à la chanteuse avec cette moquerie certaine qui semblait toujours de la partie dès lors qu'elle parlait de son estimé cousin. Sa dague bien calé au creux de sa main, la belle se sentait apte à se dépasser lors de cette bataille rangée, que l'ennemi soit si puissant ne l'intimidait guère. Elle était une combattante et ce, malgré son allure frêle et délicate sur lequel il était préférable de ne pas se tromper. Et si elle n'était habituellement pas du genre à se battre en groupe, ce groupe ci avait cette particularité qu'il ne semblait pas vraiment en constituer un, à vrai dire. Chaque personnalité se confrontait à l'autre et si elle devait donner une raison pour ce dernier d'exister, il s'appelait Melody. La chanteuse était l'âme et le cœur de cet amas étrange de personnalité disparate et elle avait dû avouer apprécier la blonde à langue acérée et à la puissance non négligeable. C'était une telle puissance que recherchait – vainement pour l'heure – la jeune Seidai. Elle était une fullbringuer à son image. Elles étaient semblables et différentes mais c'était probablement ce qui les rapprochaient, même si Klaus avait, bien malgré lui, souvent été un sujet de conversation intarissable.

Trop loin pour entendre les paroles des deux femmes, bien loin de s'imaginer que ces dernières le prenaient pour cible – tout en s'en moquant probablement à vrai dire, il n'était pas à un ou deux commentaires désobligeant près – il fit en sorte d'analyser la suite. La contre attaque qui ne tarda guère. La scientifique se protégea totalement de son assaut propre et de nombre d'assaut. Melody se protégea comme elle put mais il était clair qu'elle était la cible principale de la Quincy – comme l'en attestait la flèche qu'elle lui asséna alors qu'ils n'eurent droit seulement qu'à quelques flèches disséminées. Klaus laissa son Blut encaisser cet assaut en grimaçant sous la douleur, ne pouvant empêcher son regard de tomber sur sa cousine qui subissait pareil attaque. Elle demeura stoïque, glissant sa dague d'argent entre les flèches pour en parer le plus gros sans parvenir à s'en protéger tout à fait. Que Haya soit détestable avec lui – ou tout du moins particulièrement piquante – n'empêchait nullement qu'elle faisait partie de sa famille et qu'il préférait éviter de lui faire supporter ça. Évidemment, elle était venue de son plein gré mais cela n'empêchait en rien l'inquiétude.

Comme de coutume, Melody fut première à repasser à l'attaque, ne semblant que peu perturber par l'assaut de la scientifique. Et cette fois ci, elle fut aider par celle qui la considérait comme sa mère. Alice. La fillette délaissa son apparence humaine pour prendre la forme d'un animal légendaire, une créature de foudre qui reléguait son propre assaut bien loin. Il avait bien remarqué que l'enfant n'était pas humaine mais de là à dissimuler pareil apparence ! Il n'y aurait pas cru si il n'en avait pas été témoin. Haya n'en était pas en reste quand bien même demeurait elle moins surprise – elle savait ce qu'était la fillette, tout du moins en théorie. Ganryu rejoignit la partie et nulle doute que Muda le ferait de la même façon... Ce qu'elle fit avec sa protégée.

Et lui demeura à l'écart, l'esprit en proie à la réflexion, le corps tendu et le cœur battant sourdement. Les signaux d'alarmes résonnaient dans tout son corps, ardents, tonitruants mais il se devait de garder l'esprit froid et concentré. Trouver une stratégie. Il était un Quincy. Liz avait été un professeur attentif et appliqué. Elle lui avait mainte fois répété les particularités des Quincy. Vitesse et précision. Ils affrontaient une Quincy à présent qui possédait ces mêmes atouts, comme Hans les possédait auparavant. Il fallait la clouer sur place et attaquer pour l'empêcher de riposter comme elle l'avait fait, pour l'empêcher de se protéger. Trouver une astuce. Une stratégie. Immobiliser. Sa main libre glissa dans sa poche pour y récupérer quelques précieux flacons d'argent liquide façonné. Il n'était pas venu sans préparation. Son assaut allait être éprouvant mais peut être qu'il pourrait faire la différence. Il fallait tenter. Sa main se crispa sur les quelques éclats alors que le regard de sa cousine se fit plus perplexe. Une inspiration avant que son regard ne se fasse acier. Klaus n'était pas le genre d'homme à se mettre en avant ou à se considérer meilleur qu'un autre. Il faisait des efforts qui payaient, il analysait les situations face à lui avec autant de justesse que possible pour en tirer le meilleur parti. Il l'avait appris.

Et là, il allait avoir besoin de Haya. Il était préférable qu'il demeure à l'écart, en tant qu'Archer il se savait plus à l'aise à une distance respectable de son adversaire et les autres présents lui permettait une meilleure couverture. Haya, j'ai besoin de ton aide. Simple et efficace, cela intrigua suffisamment la demoiselle pour qu'elle ne s'approche en contemplant l'assaut de l'homme de roche d'un œil et qui fut bien vite suivit de celui de Muda. Une explication concise. Il n'avait pas le temps de faire plus ou d'expliciter, il fallait faire confiance. Ça a intérêt de marcher. Il ne répondit pas, préparant son arc alors que la demoiselle s'élança après un dernier regard – un rien perplexe – à son cousin. Elle se moquait de lui à longueur de journée, s'agaçait de sa faiblesse et de cette mauvaise habitude qu'il avait de toujours hésiter au combat. Elle l'avait observé plus d'une fois et cette normalité dans laquelle il se drapait avait tendance à l'horripiler, la forçant à l'accabler de reproches supplémentaires. Il l'insupportait. Pourtant, à cet instant, il paraissait sûr de lui. Sûr de ce qu'il faisait – de ce qu'il allait faire – et cela la laissait perplexe. Etait-il aussi fort que sa défunte mère ?

L'heure n'était pas à ce genre de réflexion et la belle fit ce qui était convenue. Avec les assauts qu'elle avait déjà subit, la scientifique ne devait plus faire la fière mais il fallait tout de même y aller jusqu'au bout. C'était son plan. Misha ! Les gintô furent lancés avec force au dessus de leur adversaire – de cette tempête qui sévissait en ces lieux. La pluie de flèches d'argent s’échappèrent de son arc d’obsidienne, bien moins luisante que sa précédente attaque car ce n'était pas là son but. Non, il devait juste activer les gintô que la Seidai avait lancé en usant de son propre reishi – et meurtrir sa cible un peu plus. Dans une lueur écarlate les fioles d'argents s'activèrent brutalement autour de la dame, clouant cette dernière au sol par une augmentation brutale de la gravité – ou quelque chose d'approchant. Qu'importait pour l'heure. Cela lui laissait quelques précieuses secondes pour enchaîner. Il se souvenait. Cette fois là – cette première fois – il avait utilisé une attaque qui l'avait soufflé. Il l'avait compris grâce à Melody. Comme cette fois. Il concentra le reishi ambiant dans sa flèche unique, usant du surplus d'énergie de son gintô pour en augmenter encore la puissance. Une inspiration. L'éclat bleuté qui l'auréolait se fit fit plus disparate à mesure que l’énergie filait dans son projectile.

Haya s'écarta et il était préférable que les autres suivent quand bien même devait il faire en sorte d'en amoindrir l'ampleur. Est ce qu'il le pouvait ? Oui. Il s'en persuada et se décida à lâcher son trait de lumière qui fila jusqu'à sa cible à une vitesse ahurissante, sifflant. Attaquer. Détruire. L'étudiant se mordit la lèvre alors que l'explosion en résultant le fit vaciller sur ses appuis – ça ou bien la dépense folle d'énergie qu'il venait de littéralement envoyer sur leur ennemi.

Il n'était plus l'heure des demi-mesure.

Battle:

Finalement, ces humains semblaient bien plus forts qu'ils ne le paraissaient. Peut-être même trop pour elle ? Elle aurait pu appeler à l'aide des chimères. Mais elle s'y refusa : pas question de sacrifier ses créations pour défendre le laboratoire. Elle le ferait seule, ou mourait en essayant. Était-ce là de la fierté mal placée ? Peut-être qu'elle se laissait emporter, certes. Mais pour l'heure, elle n'était pas encore morte. La première à revenir à la charge fut la Valkyrie, accompagnée par son Arrancar de compagnie. Hybrides intéressants que ces Arrancars. La femme sans âge tenta un Hirenkyaku pour esquiver une partie des assauts, mais elle ne put pas faire grand chose et se retrouva à valdinguer ça et là sous les coups, son corps se marquant de brûlures dues aux assauts du serpent ailé.

Le colosse prit la suite. S'il voulait jouer à qui serait le plus fort, il trouverait à qui parler. Concentrant son Blut Arterie à son paroxysme au niveau de son poing droit, la femme campa fermement sur ses appuis et frappa, heurtant son poing au crâne du Fullbringer. Elle perdit la confrontation de force, et y laissa plusieurs de ses doigts qui adoptèrent des angles improbables, mais elle était parvenue à minimiser les dommages. La femme macabre ne l'épargna pas cette fois-ci, l'assaillant avec sa petite camarade. La responsable du projet Chimères employa un second gintô de défense, mais celui-ci ne lui laissa qu'un répit de court durée, pas assez pour qu'elle ne puisse concevoir un plan. Les choses commençaient à légèrement lui échapper, et sa conscience vacillait dangereusement.

Le Quincy ajouta la dernière note à cette ode à la destruction. Bien qu'écrasée par ses Gintô, clouée au sol par ses flèches, Franziska réussit à libérer un autre dispositif de sa poche, qui explosa une sphère translucide autour d'elle, la protégeant de l'impact de la dernière flèche. Toutefois, sa situation était loin d'être brillante : elle gisait sur le sol froid, son corps marbré de contusions, de brûlures, la main droite brisée, le bras gauche à un angle improbable, des jambes plus du tout capable de la porter. Même un esprit aussi brillant que le sien n'avait aucune porte de sortie de ce cas de figure. Oh, la situation aurait été différente si elle avait eu avec elle des chimères... Mais elle avait encore autre chose sur quoi compter. Elle sourit, mais avec la douleur qui irradiait tout son corps, ce sourire devait paraître bien macabre, et articula d'une voix faible, toussant et crachotant parfois :

- Vous pensez avoir gagné, hein ? La vérité, c'est que vous avez perdu. Quoi qu'il arrive, les gens n'oublieront pas. Et.. Les gens ont peur de ce qu'ils ne comprennent pas. Des créatures et des moyens bien pires que mes chimères seront mis en oeuvre pour vous arrêter. Je ne serais pas là pour voir ça, mais peut-être... que vous non plus.

La femme activa alors la solution de repli qu'elle avait devisée depuis le départ : si elle ne pouvait pas vaincre, elle mourait et chercherait à en entraîner un maximum avec elle. Certes, une partie du laboratoire serait endommagée, mais ce ne serait que la surface : l'intérieur, le cœur, serait préservé. Et il y aurait quelqu'un pour reprendre la succession. D'un doigt brisé, elle pressa un point sur sa poitrine, activant un système greffée à son corps, qu'elle avait chargé depuis des années. Alors son corps explosa, de même que les alentours sur une large distance, effaçant complètement Franziska Gesetz de la surface de la terre. Et peut-être également ces adolescents. In fine, la Quincy avait eu le dernier mot.

Spoiler:

Sûrement ! En attendant, finissons-en !

Elles auraient tout le temps d'en discuter plus tard – et même, pourquoi pas, sous le nez de l'intéressé.

Quand tout ça serait derrière elles. Enseveli sous les sables du temps passé. Les coups continuaient de pleuvoir, de déferler en un flux ininterrompu. Avaient-ils toujours été aussi forts ? Les coups de celle qui aurait dû être leur ennemie jurée n'arrivaient même pas à porter. Elle était submergée, malmenée par un courant dont elle avait tourné la vanne et qu'elle n'était plus en mesure d'arrêter. Tout ce qu'il restait d'elle était un lopin de terre à la merci de la marée. Une vague dont la force n'avait cessé de croître au long des dernières années. Le moment. Le moment et l'endroit n'auraient pu être plus mal choisi, mais Melody se surprit à éprouver une pointe de nostalgie. Tout ce par quoi ils étaient passés pour en arriver là lui revint en mémoire. Cela ne faisait que quatre ans qu'elle était venue s'installer en Asie... Et quelles années bien remplies.

Et encore beaucoup d'autres à venir. Cela ne s'arrêtait pas là. Beaucoup de choses allaient devoir changer... Mais ce n'était pas ce qui les empêcherait de vivre. N'en avait-elle pas fait la promesse ? Ils auraient toujours un endroit où rentrer. Elle s'en portait garante, et ne comptait pas manquer à ses engagements. Si l'institut devait pour un temps devenir un abri, le bastion de la résistance contre l'incompréhension, qu'il en soit ainsi. Ce n'était pas ce pourquoi il était prévu à la base, mais elle avait une promesse à tenir. Son but avait toujours été d'aider avant tout : la garde de Karakura n'en était que la conséquence logique. À quel moment en avait-elle fait une telle obsession ? Son foyer, ce n'était pas ici. C'était la Terre toute entière. C'était la famille qu'elle s'était bâtie. Celle qui, quand les temps sont durs, marchait à ses côtés.

Un grondement sonore d'Alice lui rendit sa lucidité. Il était temps d'en finir, comme elle l'avait elle-même mentionné. La petite Arrancar ne pouvait maintenir cette forme bien longtemps... Autant profiter de tout le soutien qu'elle pouvait lui offrir pour porter un coup décisif. Mais il semblait qu'elle n'en aurait pas l'occasion. À peine le combat avait-il commencé que la Quincy était déjà une épave. Était-ce là tout ? La seule opposition que leur offrirait celle qui était censée être leur ennemie jurée ? Tant de mal causé pour finalement être balayée comme poussière au vent ? À la voir aussi amochée, Melody eut presque pitié. Être capable de causer autant de dégâts, de blesser quelqu'un à ce point... Elle ne s'était jamais vraiment faite à l'idée. Mais ce n'était pas ce qui l'empêcherait de faire ce pourquoi ils s'étaient déplacés.

Mais Franziska ne l'entendait pas de cette oreille - si du moins son ouïe avait survécu à leurs assauts répétés. Elle, en tout cas, ne le ferait pas ; ainsi en avait-elle décidé. Décidé de les emporter tous avec elle, si elle le pouvait. J'ai comme une impression de déjà vu... Une impression que le pensionnaire de leur cave à l'institut ne ferait que corroborer. À croire que ça fait partie du contrats. Pour des personnes se disant mandatées par le gouvernement, ils prenant un malin plaisir à tout faire sauter au moment de s'en aller. Mais pas cette fois. Elle avait suffisamment vu ce genre de choses arriver pour la laisser se reproduire encore une fois. Cette fois c'est marre ! Si elle allait assez vite, peut-être que... Peut-être qu'elle pourrait tout changer.

Oui, je suis vaguement au courant. Vous savez, les médias, j'ai un peu fait le tour du sujet. Mais... Tant pis ! fit-elle en haussant les épaules. Qu'est-ce qu'on peut y faire, hein ? Mais je suis une incorrigible optimiste. J'ai foi en la race humaine. Je veux croire qu'ils finiront par s'y faire. Et même si ce n'est pas le cas... On fera avec, comme on l'a toujours fait. Vous n'êtes pas la première à essayer de nous faire douter de ce que l'on est. Désolé de vous l'apprendre, mais ça fait longtemps qu'on a trouvé la réponse. Nous... Sommes humains. Oh, j'ai conscience que ce combat est loin d'être terminé... Mais, devinez quoi ? C'est pour ça qu'on est là. Rentrez sans moi, fit-elle en se tournant vers ses alliés. J'ai quelque chose à terminer.

Et elle vola comme elle n'avait jamais volé, devint une étoile filante. La foudre tomba par trois fois, comme pour annoncer que le spectacle était encore à venir. Il fallait bien ça pour accomplir un miracle. Ce qu'elle était, tout ce qu'elle avait été fit corps avec le vent, et elle eut soudain l'impression de ne plus exister. Si sa conscience était toujours là, bien en place, son être se résumait à une masse palpitante d'énergie, comme un coeur qui bat au rythme du temps. Le monde avait cessé d'avancer. Tout autour d'elle n'était qu'inertie, mais elle n'avait pas peur. Elle entendait chaque souffle, chaque bruit se décomposer en milles et une note - elle était la seule habitante d'un monde mélodique. Au milieu de ce concert infini, c'est à peine si elle se sentit saisir ce qu'elle voulait emporter. La racine du mal, par ses mains arrachées. Franziska Gesetz ne toucherait plus jamais terre, car c'était ici que son récital s'achevait.

Tant qu'il y aura un bout de terre à protéger et des gens pour la peupler, je serai là pour la défendre. Parce que je suis comme ça... Mais c'est quelque chose que vous ne pouvez pas comprendre. Le pouvoir de ce monde va bien au-delà de vos petites vengeances. Laissez-moi vous le montrer...

Haut dans le ciel, une déflagration sans précédent. Comme si le ciel lui-même venait d'exploser, et ne laissait derrière lui que le néant. Tout jusqu'au nuage avait été balayé, ne laissant dans leur sillage qu'un ciel bleu azur. Qu'une pureté parfaite qui ne durerait pas longtemps. Qu'une paix que trop vite, la fureur de la guerre viendrait tomber à nouveau. Du firmament dégringola un ange d'acier. Ses mèches étaient blondes et ses plumes acérées ; elle tenait entre ses doigts une guitare brisée. Toujours, toujours, elle avait couvé ce monde d'un regard bienveillant - même quand elle avait de la pluie dans le coeur et des nuages noirs dans les pensées. Son coeur avait pour ce monde battu à en éclater ; peut-être était-il temps aussi pour ses ailes de se briser.

Sa chute lui sembla éternelle, mais peut-être était-ce justement parce que tout s'achevait.

Ses paupières tombèrent, et au bleu sans limite succéda l'obscurité.

We Will Rock You: