Les lâches de la Onzième [Kyûbantai]

De plus en plus, Tenzen souhaitait pouvoir se permettre de déléguer son rôle d'enquête. Mais bien entendu, il ne pouvait pas se permettre d'agir en cela à la légère, sans avoir vu au préalable le potentiel de ses subordonnés sur le terrain. En effet, la plupart du temps, il dirigeait, et ne faisait qu'envoyer des troupes lorsqu'il s'agissait juste d'intervention. Mais il ne serait pas éternel, et il convenait donc petit à petit de penser au passage de flambeau. Cela ne se ferait certes pas en quelques mois. Il fallait des années pour acquérir les qualités spirituelles permettant d'appliquer les peines comme il se devait. Être capable de respecter les consignes de la Chambre des 46 tout en causant le moins de dégâts possible. Apprendre à enquêter afin de retrouver au plus vite les fuyards – la plupart des cas qui lui revenaient concernaient des désertions ou des malfaiteurs en planque – étudier alors le terrain et les différentes possibilités afin de choisir les plus efficaces. Tout cela s'apprenait...

Le début du boulot avait en fait déjà été fait. Le cas d'aujourd'hui concernait une demi-douzaine de couards de la Onzième Division. Ceux-ci s'étaient fait rabrouer sévèrement par le Kenpachi ainsi que son Vice-Capitaine. Comble du déshonneur : après avoir été battus à plate couture par Noboru, les deux plus hauts sièges de la Division de l'Achillée avaient cru bon de permettre à un petit quatrième siège d'une tierce Division de leur infliger une correction à son tour. Chose facile face à des Shinigamis même plus capables de se tenir debout... Environ la moitié de ces novices avaient donc décrété que c'en était trop pour eux, et étaient partis se réfugier au Rukongaï, où ils avaient pu causer quelques troubles déjà. Tout cela, il ne le dirait pas aux siens qu'il allait tester aujourd'hui. Ce serait à eux de remonter la piste, juste sur les bases que Tenzen communiquerait...

Ainsi, il attendait sa Fukutaishô et son troisième siège devant les quartiers de la Neuvième Division. Dès lors qu'ils se présenteraient tous deux à lui, il pourrait leur donner le briefing, et ensuite voir comment ils se débrouilleraient. Il pourrait encadrer cette enquête et les aider à percevoir la meilleure manière de procéder. Comment utiliser son esprit afin d'assembler les éléments pouvant conduire à une piste, et de là agir au mieux...

Les temps changeaient à la Soul Society. Aono était penché sur une tonne de paperasse, cosignant certains, établissant quelques rapports pour d'autres. Du simple boulot administratif mais prenant un temps fou. Il fallait préciser que Ryuzoji ne se privait pas pour lui refiler les siens. Dans d'autres divisions, avec d'autres personnes, on aurait plutôt vu le capitaine puis le lieutenant délégué cette tâche ingrate à leurs subordonnés mais le sens du devoir de la Fukutaisho lui imposait de s'en occuper. Si ce n'était pour soulager son capitaine, au moins cela servirait à la bonne marche du Seretei.

Dans tous les cas, ce n'était pas cette masse de papier qui la dérangeait. Les rides qui s'imposaient sur son front ne venaient principalement que d'une chose : la onzième division. Des années auparavant, les frictions entre eux et la quatrième division étaient connus de tous, leurs situations entre amoureux des combats et soigneurs en faisaient des antagonistes parfaits. Seulement, depuis, le capitaine Unohana était partie et son remplacent était bien loin des idées reçues. Plus de simple mouton ne servant que de larbin pour les douze autres divisions, plus de soins apportés à l'ennemi. Une attitude plus fière et avec moins de pitié. Une attitude que cautionnait totalement Aono.

Contrairement à celle de la Ju-Ichi blantai. La jeune femme fronça encore plus les sourcils à cette simple pensée. L'animosité entre les deux corps armés grandissait presque chaque jour. La faute à leurs deux capitaines ! Enfin, c'est ce qu'aurait aimé se dire la lieutenante pour se dédouaner. Malheureusement, elle ne savait que trop bien les soucis de sociabilité que les deux divisions possédaient. Elle-même en était venu à souffler quelques menaces à l'encontre de son collègue, le lieutenant Kyuusei. Si elle l'estimait bien auparavant, s'en était fini depuis plusieurs jours, semaines même. Il n'était qu'un porc grossier et tout aussi stupide que le babouin qui lui servait de capitaine. Pas étonnant dans ces conditions que ses bourrins sans esprit ne puissent comprendre la stature du capitaine Yakushiji ni l'excellence que possédait la neuvième division. Ici, régnait le bien absolu. Ici régnait la justice.

Un subordonné, Kirya Onibo sortit la lieutenante de ses pensées ombragées. Avec lui venait une convocation de la part de son capitaine. La jeune femme remercia le shinigami puis rangea rapidement ses papiers avant de sortir. Le lieu de rencontre était particulièrement étonnant. Elle s'était attendue à trouver son supérieur dans ses baraquements, probablement à méditer mais non, on lui avait demandé de se présenter devant les quartiers de la Kyuubantai. Choix surprenant qui laissait Aono totalement dans le flou quant au motif de cette entrevue. À peine fut-elle près de son capitaine quelques minutes plus tard, qu'elle mit un genou au sol en guise de respect.

-Yakushiji-Taisho. En quoi puis-je vous servir ?

Tête baissé vers les pavés du Sereitei, la jeune femme attendrait que son supérieur lui permette de se relever pour le faire. Parfois, certains se moquaient de cet excès de zèle dans le respect des convenances, Ryuzoji pour ne pas le nommer mais ainsi étaient telle.

Qu'est-ce que peut bien foutre un shinigami de mon grade en journée ? Mise à part espérer une nouvelle mission de purification de Hollow en compagnie de son supérieur, pas grand-chose. Il y a bien l'entraînement, mais ces derniers temps j'manque de motivation. Et comme la neuvième avait à disposition une secrétaire hors-paire pour traiter le boulot le plus chiant ici, c'est que j'étais un troisième siège assez heureux ! 'Fin pour aujourd'hui, j'pouvais repasser pour la tranquillité, un gars de chez nous vint me trouver pour me délivrer un message du Taishô. Il souhaitait que je le retrouve devant les quartiers de notre division, forcément cela annonçait quelque chose d'intéressant ! Sans perdre une minute, j'enfile ma veste, me saisit d'mon sabre avant de l'accrocher à ma ceinture puis filer au point de rendez-vous.

Pas moyen que j'arrive en retard quand il s'agit du Kyûbantai Taishô, c'mauvais de le mettre en rogne. J'arrive rapidement sur les lieux, constatant rapidement la présence d'une autre personne en plus du Capitaine Yakushiji. Aono hein, forcément qu'il fallait qu'elle arrive avant moi celle-là ! Me rapprochant lentement, j'posais à mon tour un genou au sol, m'inclinant en signe de respect. J'imagine déjà la tête que doit faire Aono en m'observant faire, c'pas avec elle que j'irais aussi loin, c'est clair. 'Faut dire que j'me sens pas vraiment de m'agenouiller devant elle. Un coup d’œil au Capitaine, l'a toujours l'air aussi... sérieux. J'me demande vraiment s'il ne doit pas avoir la migraine à force de garder les sourcils froncés d'la sorte. Ce que cela doit être chiant...

- Yakushiji-Taishô, vous m'avez fait demander...

Relevez-vous !

À une faible intervalle de temps, sa Fukutaishô et son troisième siège s'étaient présentés devant lui. Tous deux avaient fait montre d'un grand signe de respect en fléchissant le genou. Chose qui n'était pas indispensable même s'il savait reconnaître ce geste à sa juste valeur. Un simple salut en le nommant par son grade était pour lui autant le minimum requis que pleinement suffisant. C'est ainsi que cela devait être dans une structure militaire, voilà tout. Soit. Il attendit qu'ils se plient à son ordre avant de poursuivre, allant droit au but.

Le sujet qui nous intéresse aujourd'hui concerne certains membres de la Onzième Division. Suite à leur disparition, la Chambre des quarante-six nous a demandé d'enquêter. Je veux pouvoir constater de votre efficacité dans ce genre de tâche. C'est donc vous qui guiderez notre marche à suivre, je ne serai là que pour observer, juger, évaluer. Ainsi que vous recadrer si nécessaire... Je pense que ceci est clair.

Alors Tenzen leur tourna le dos et commença à marcher vers les quartiers de la Onzième Division. Il n'avait pas tout dit, et ne dirait pas tout. Le Yakushiji savait que ces gars étaient partis pour le Rukongaï. Qu'ils y avaient fait parler d'eux... Cela, ce serait à eux de le découvrir !

De source sûre, je sais que Kenpachi-Taishô et Kyûsei-Fukutaishô ne sont pas présents en leurs quartiers pour l'heure. Profitons-en pour pouvoir questionner certains de leurs membres qui devraient pouvoir nous renseigner... Tout comme vous cependant, ils connaissent l'inimitié que leur Capitaine et moi nous portons, ce ne sera donc peut-être pas aisé...

Une dizaine de membres de la Onzième Division avaient été sévèrement punis par leur Taishô. Une bonne moitié d'entre eux avait déserté. Ceux qui restaient donc seraient les mieux placés pour les renseigner, pour leur en dire plus.

Je n'ai plus rien à ajouter. La suite dépend de vous...

Voilà sa manière de les mettre dans le bain. Pas de conseil, pas de ligne directrice... S'il voulait voir de quoi ils étaient réellement capable, mieux valait de simplement les laisser faire, c'est ainsi qu'il pourrait mieux voir leurs lacunes lorsqu'il ne les prenait pas par la main...

Aono écouta avec application son capitaine, le suivant comme son ombre, notant précieusement chaque parole dans son esprit. Elle fut soulagée d'apprendre que pour leur visite à la onzième division, leurs deux gradés étaient absents. Non pas par peur mais car elle redoutait que sa vision biaisée de cette dernière n'entrave son travail. Elle avait déjà plus ou moins réglé d'un lieu pour mettre les choses au clair avec Noboru mais pour autant, est-ce qu'elle arriverait à rester de marbre face à ce dernier ? Rien n'était moins sûr. Elle fut la première à prendre la parole après son capitaine.

-Que sait-on d'eux Yakushiji-Taisho ? Noms et gardes, je suppose mais savons-nous quelles sont leurs fréquentations ou les rapports de leurs supérieurs à leurs encontre .

Les rapports seraient particulièrement intéressants concernant leurs motivations et implication au travail. De plus, il devrait être signalé dans quel peloton ils étaient attribués. Cela laisserait envisager leurs fonctions au sein de la onzième division, de quelles façons ils s’intégraient avec leurs pairs. De nombreux éléments officiels qui donneraient un bon éclairage sur leurs activités jusqu'à maintenant. Cela poserait la base de leurs historiques permettant alors de mieux comprendre leurs psychés.

Connaître leurs proches permettrait d'un autre côté d’intégrer l'intime. Savoir comment ils se sentaient dernièrement. Paranoïaque ? Fatigué ? Rebelle ? À l'inverse, s'ils étaient enjoués ou volontaire, cela pourrait laisser à supposer que leurs disparitions n'étaient pas de leur fait. Ceux-ci amèneraient à d'autres questions plus inquiétantes. Qui leur voudraient du mal ? Pourquoi ? Les rapports de leurs supérieurs donneraient alors l’emploi du temps des disparus permettant d'établir une ligne temporelle.

-Si je peux me permettre, Yoshihiro me paraît le mieux adapter pour aller interroger les camarades des disparus. Il est le plus social de nous deux et je connais son horreur de la paperasse. Le gain de temps serait appréciable si nous nous séparions. Je commencerais par les archives concernant les rapports et emplois du temps sur nos victimes. Il ne devrait pas être difficile de récupérer deux papillons de l'enfer au siège de la onzième pour nous permettre d'échanger des messages.

Ce faisant, le trio se rapprochait de plus en plus du quartier des bourrins. Mentalement, Aono effectuait un tri des informations à récupérer le plus rapidement pour se baser dessus et continuer d'avancer.

-Le plus important est de mettre au clair la ligne temporelle de nos victimes. Sans ça, nous naviguons dans le brouillard. Il vaut mieux que l'on reste ensemble le temps de savoir l’emploi du temps de ces soldats ainsi que les hommes qui devaient les accompagner. À partir de là, nous pourrons alors nous séparer. Yoshihiro irait confirmer nos informations auprès de leurs camarades de travail tandis que je fouillerais dans les archives pour les différents rapports. Ainsi, plus j'en découvrirais, plus je pourrais vous orienter, si vous l'accompagnez Taisho, dans vos entretiens. Une fois que nous aurons une fenêtre de disparitions certifiées, nous pourrons alors passer à la psychologie de nos victimes quant à connaître si la situation tend vers l'enlèvement, le meurtre, ... ou une désertion.

Aono, qui était toujours derrière son capitaine, avait évoqué ses pensées, les soumettant à l'avis de son supérieur quoiqu'il ait déclaré leur laisser le champ libre. La force de l'habitude. Tandis qu'ils étaient quasiment à la onzième division, elle se retourna vers son subordonné.

-As-tu d'autres propositions Yoshihiro ?

J'me relève lentement tandis que le Capitaine entame déjà de nous informer de la mission qui nous attend aujourd'hui. Les trois meilleurs éléments de la Division du Lotus sur un même objectif, c'pas tous les jours que nous avions eu l'occasion de le faire. Le Yakushiji et Aono étant deux personnes que j'appréciais, il n'y avait aucune raison qu'être à leurs côtés en ce moment m'ennuie. Je ressentais même une certaine impatience à l'idée de montrer à la Fukutaishô mon niveau actuel, histoire de lui montrer que je n'ai pas abandonné l'idée de prendre sa place. Pas l'éjecter en complotant, j'ferai cela à la loyale, j'suis pas connard. 'Fin bref, là pour le moment j'devais écouter pour ensuite mieux bosser. La disparition d'un certain nombre de membres de la Onzième. La Onzième hein... les bourrins accrocs aux combats, des types qui me ressemblent un p'tit peu quand même.

Si nos deux Capitaines ne peuvent pas se blairer, j'ai encore rien eu à reprocher à ces gars, donc j'suis plutôt neutre sur le sujet. J'me fais pas trop d'soucis là-dessus, les connaissant, ils ne vont pas forcément apprécier la venue du Taishô dans leurs quartiers et vont commencer des trucs qui vont me gonfler. Et bien malgré moi, j'vais me retrouver mélanger au bordel, changeant d'opinion sur ces types. Cela peut également bien se passer, mais j'en doute... La mission était donc de mettre la main sur les disparus, avec pour informations, que dalle... Rien ne les concernant. Juste qu'ils sont de la onzième. Pas de noms, de descriptions physiques des individus, le dernier endroit où ils auraient été aperçu, ni-même un bref résumé sur la psychologie de ces types. On part de zéro là, rien de plus difficile pour mener l'enquête. J'grimace rien qu'en imaginant la difficulté de la tâche...

En faire la remarque au Capitaine, pourquoi pas ? Peut-être attendait-il d'être questionné qui sait. Aono s'en chargea, prenant les devants comme à son habitude, ce qui m'arrangeait bien. Se contenter d'écouter et d'exécuter les ordres, c'quand même mieux que d'se casser la tête à élaborer la meilleure façon d'agir. Et puis la secrétaire y parvenait tellement plus facilement que moi. J'écoutais d'une oreille distraite, retenant des morceaux de phrases, les mots me concernant ou m'intéressant. Le reste, jugé inutile, était immédiatement oublié. J'en souriais lorsqu'elle souligna mon dégoût pour ce qui touche à la paperasse et proposa de s'en occuper personnellement, me laissant le soin d'aller interroger les camarades des disparus. Tellement prévisible ! Si y'a des tonnes de documents inutiles à lire, forcément qu'elle s'en occupe, elle semble tellement apprécier d'perdre son temps !

J'irais donc causer aux dieux de la mort de la Juichibantai, l'idée me plaisait bien, mais promettait également de ne pas être de tout repos. Bien qu'étant un mec social comme le disait Aono, ces types on ne sait jamais comment ils réagissent, la présence du Capitaine risquait d'échauffer les esprits. Pas pour m'en déplaire, il ne faut pas cependant que cela dégénère trop, au risque de perdre toutes traces des disparus. Selon moi, ils ne pouvaient pas avoir fuis, la Onzième n'a jamais été réputée pour être remplie de lâches. Amoureux du sang et des combats, j'imagine mal qu'ils soient capables de prendre la fuite. Un seul m’étonnerait, alors tout un groupe... M'enfin, ce n'est que mon avis personnel.

- Rien à ajouter ! Tu as très bien résumé ce que nous avions à faire, je ne peux qu'approuver et m'exécuter.

Aono ne semblait pas avoir compris l'une des directives principales. Il avait dit tout ce qu'il avait à dire et n'y rajouterait rien. Pas la peine de poser la moindre question donc, comme elle venait de le faire. Enfin, il pouvait au moins donner les noms, certes. Mais il ne ferait pas mention aux autres informations qu'il a en sa possession... L'enquête n'aurait aucun but sinon, puisque le Shirohasu savait déjà parfaitement où ils se trouvaient. De manière laconique il déballa les six noms, rappelant au passage qu'ils n'avaient pas d'autres informations précises en dehors de cela et qu'il faudrait donc en conséquence tout dénicher sur le tas. Un petit rappel qui ne devrait en principe pas faire de mal. Après tout, c'était généralement ainsi que les rapports lui arrivaient. Quelques noms, une Division, à lui de faire le reste du boulot. Quelques fois un complément d'information plus dense, mais ce n'était pas rare du tout que ce soit aussi lacunaire que ce qu'il leur présentait. Tout est à faire donc !

Le reste du discours d'Aono tournait autour de la manière dont elle escomptait procéder pour obtenir tout renseignement supplémentaire. Elle se coltinerait les archives tandis que Yoshihiro poserait les bonnes questions sur le terrain. Ce dernier paraissait tout sauf emballé d'ailleurs, et c'était sans doute une chance que Tenzen reste à ses côtés. En effet, très peu loquace, il manifesta son accord au plan de sa Fukutaishô sans chercher réellement à commenter ou à apporter sa pierre au raisonnement. Pour le moment donc, c'était bel et bien la hiérarchie qui était respectée, avec la Mitsuko en supérieure donnant une marche à suivre que son subordonné devrait suivre sans broncher. Il avait certes espéré un peu mieux mais bon, il n'est pas l'heure de juger encore, ce sont ses actes et ses paroles au sein de la Onzième Division qui pourront avoir leur intérêt. À moins qu'il ne se laisse entièrement guidé par Aono ? Fort possible.

Et bien si tout le monde est d'accord, nous procéderons donc ainsi. Nous arrivons, tâchez de ne pas créer de remous dispensables avec les forces de la Onzième, ils ont tendance à partir au quart de tour...

Quel genre d'informations ils devraient dénicher ? Et bien, les faits tout d'abord. Ces gars, accompagnés d'autres de la Onzième, avaient causé des soucis et un début de bagarre à des membres de la Quatrième Division. Pour les punir, le Kenpachi y avait été d'une sanction physique. Ensuite, Noboru avait demandé au quatrième siège de la Cinquième Division de les achever alors qu'ils n'étaient plus capables de tenir leurs armes ni même de tenir debout. Humiliation totale, donc... De là, la moitié d'entre eux avaient décidé qu'ils ne feraient dorénavant plus partie du Seireitei. Désertion et départ pour le Rukongaï... Voilà en somme ce qu'il y avait à apprendre...

- Bordel ! Toi aussi t'as décidé de faire chier ou t'attends seulement que le Capitaine m'ordonne de t'arranger les dents pour enfin causer ? T'es au courant qu'on mène une enquête hein ? C'pas juste pour notre plaisir personnel, mais pour le Gotei 13, alors tu devrais coopérer... Tu souhaites réellement perdre ta place pour ces minables ?

J'perds patience, c'est mauvais pour la malheureux que j'viens de plaquer contre l'un des murs de la onzième division. Conformément à la méthode d'opérer établies par Aono, nous avons attendu qu'elle farfouille toute une pile de documents pour ensuite nous refiler ce qu'elle avait découvert. Elle voulait découvrir le motif de cette disparition. Fuite, enlèvement, meurtre, savoir ce qu'il s'est réellement passé. Les rapports pencheraient plus sur une désertion qu'elle a dit, mais c'que des morceaux de papiers, le genre qu'on falsifie assez facilement. Le moment où j'interviens, suivi par le Yakushiji, afin de confirmer ce qu'a découvert la Fukutaisho. Elle a parlé d'une sorte d'embrouille avec une autre division, j'ai pas vraiment écouté le message transmis par papillon de l'enfer. Un début de piste, y'avait plus qu'à confirmer et dénicher quelques informations supplémentaires. Sauf que... ces putains d'abrutis de la onzième ne rendent pas les choses faciles ! Nous en avons interrogé deux avant celui-ci.

Le premier nous a quasiment envoyé chier, répondant à nos questions d'une façon bien particulière, soit complètement à côté. Genre le gars qui n'a rien vu, rien entendu. Il est pas sorti de chez lui depuis ce mystérieux incident. Cela m'a gonflé, mais j'ai laissé faire, le Capitaine ayant demandé à ce que je me tienne correctement pour éviter de causer des ennuis. J'suis du genre à démarrer au quart de tour, mais j'ai fait un effort. Nous avons donc interpellé un autre siège, avec une gueule nous assurant plus qu'il se montre coopératif et nous renseigne de mieux que possible. Que dalle ! Cet idiot s'est contenté de répondre par oui par non, même lorsque je lui ai demandé avec quelle division les fuyards ont eu des ennuis. Une furieuse envie de lui coller mon poing dans gueule s'est emparé de moi, j'ai donc préféré passer à autre chose. Agacé de perdre mon temps, j'en ai stoppé un autre, enchaînant les mêmes questions que pour les autres. Lui aussi a tenté de se foutre de moi, j'ai pas résisté et je l'ai chopé par le cou.

Bras tendu, ma main se resserrant suffisamment sur son cou pour qu'il commence à s'étouffer, j'me suis montré plus direct. Quelques mots balancé sur un ton menaçant semblèrent amplement plus efficace que quelques questions posées avec trop de délicatesse. 'Faut dire qu'ils comprennent qu'avec les actes, ces guignols. Il a compris qu'on rigolait pas, il a décidé de causer. Et effectivement, ce qu'à déniché Aono se confirmait avec ses déclarations. De ce qu'il savait, une dizaine de gars de la onzième aurait fait les cons, avant de sévèrement être corrigé par leurs supérieurs. Une sacrée branlée. Enfin le pire n'est pas là, ils auraient également étaient tabassé par un siège de la quatrième division, une fois qu'ils tenaient plus debout. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'ils ont fait comme connerie ? Ils cherchaient des noises à des membres de la quatrième, y'aurait même eu une agression physique. Comment ce gars-là savait tout cela ? Les nouvelles vont vite, plus vite qu'on l'imagine.

L'affaire aurait fait pas mal de bruit au sein de la Juichibantai, cela a servi d'exemple pour tous ceux qui auraient la stupide envie de faire comme ces déserteurs. Car c'est définitivement bien ce qu'ils semblent être devenu. C'est moche, mais on n'y peut rien. Ils ont préféré quitter le Seireitei que de continuer à servir le Capitaine Commandant. Donc nos gars ont joué aux cons et se sont fait prendre. Une sévère correction plus tard, ils comprennent qu'ils ne sont pas fait pour faire partie d'une armée. Et comme il n'y a pas un millier d'endroits où s'barrer, ils font direction vers le Rukongai, la piste s'arrêtant là. Bah ouai, personne ne s'est amusé à les suivre pour savoir ce qu'ils allaient faire ensuite.

- Bien, ton aide nous a été très utile, tu peux te barrer. Capitaine, nous savons désormais où nous rendre. Direction le Rukongai !

La ville des âmes errantes... Nous prenions soin d'envoyer un autre papillon de l'enfer à Aono afin de lui faire part de nos déplacements. Elle continuerait d'éplucher les dossiers sur nos déserteurs afin de nous en apprendre plus sur eux. Des fois qu'il y aurait quelque chose d'important à savoir...

Les choses se passaient bien. Bon, pas selon le modèle qu'il se fixait lorsqu'il intervenait lui-même, mais il fallait dire que Yoshihiro et lui n'avaient pas les mêmes armes. Là où le Haori et le regard pesant de Tenzen lui donnaient des attributs pour faire parler, son troisième siège lui opta pour les muscles. Pas sa méthode, c'est sûr. Et c'était le genre d'attitude à éviter de reproduire. Mais pour l'instant, tant que cela portait ses fruits... Cependant, il se devait tout de même de faire un commentaire, après tout il était là pour cela aussi, les guider pour de futurs enquêtes.

Coller un homme contre un mur fonctionne parfois. Et parfois cela peut également attirer des ennuis dispensables... Les mots par contre parviennent toujours à leurs fins. De plus, vous n'ignorez pas je pense que le Rukongaï est vaste, et qu'il nous est donc impossible pour l'instant de nous diriger vers une quelconque destination.

C'est alors qu'il offre le coup de pouce supplémentaire afin de leur montrer la marche à suivre. L'ordre est donné à Aono d'éplucher les dossiers des déserteurs afin de voir de quel district ils viennent à l'origine. Recouper cela avec de possibles informations sur des troubles particuliers observés dans ces districts tout récemment. Souvent, quand un Shinigami par seul, il y a deux possibilités. Soit il se terre pour ne pas qu'on le retrouve, soit il fait usage de ses pouvoirs pour obtenir une position respectable dans la jungle qu'est le Rukongaï. Mais lorsqu'ils partaient en petit groupe, ça finissait toujours mal, y en avait toujours bien un ou deux pour faire rapidement parler d'eux. Surtout avec des Dieux de la Mort aussi peu fins que ceux décrits...

Le travail d'équipe porta ses fruits lorsqu'Aono fit effectivement état d'une concordance sur le soixante-quatorzième District Nord dont deux d'entre eux venaient, et qui semblait connaître un regain de violence dernièrement. Chose pas forcément étonnante concernant un district si éloigné, mais la piste est bonne, il le sait pour l'avoir déjà suivie. Le Yakushiji sait déjà donc parfaitement que ces Shinigamis se sont déjà organisés pour régner en bande sur ce District dont ils avaient fait leur fief, pensant que d'aussi loin on les laisserait tranquilles. Erreur... Ils se rendaient donc tous deux sur les lieux actuellement, où il resterait à évaluer le niveau de leurs forces et d'opter pour la meilleure stratégie afin de les écrouer...

Là, il marque un point le Capitaine. Il en marque même plusieurs au final. User d'une manière violente pour faire cracher le morceau à ces abrutis était certes efficace, mais l'on aurait pu se retrouver dans un drôle de merdier si l'un d'eux s'était rebellé. Enfin, cela ne risquait pas d'arriver avec un aussi haut gradé à mes côtés, qui voudrait se battre contre lui ? Là où il a une fois de plus raison, c'est au sujet de la localisation de nos traîtres. Savoir qu'ils sont au Rukongai c'est bien, ce n'est pour autant pas suffisant. Le Rukongai, c'est un immense terrain, impossible d'y aller et de chercher au hasard et espérer trouver ces mecs. J'tire la tronche, j'ai été plutôt con sur ce coup-là, j'aurais dû essayer d'en apprendre plus. J'note cela dans un coin d'ma tête et écoute le Yakushiji nous guider subtilement vers la bonne direction. Confiant la tâche à la Fukutaishô, nous demandant de patienter le temps qu'elle y travaille, les informations ne tardèrent pas à débouler. C'fou c'qu'elle peut savoir s'y retrouver au beau milieu de tout un tas de papiers ennuyeux...

- Soixante-quatorzième district Nord hein... j'ai comme l'impression qu'il va y avoir un peu d'action !

Je retrouve le sourire rien qu'en imaginant la pagaille qui doit régner dans le district. Ils ne vont pas apprécier recevoir la visite de deux gars du Gotei 13, j'doute qu'avec eux les mots soient d'une quelconque efficacité. On s'y rend sans perdre plus de temps, estimant qu'à nous deux, nous suffisions pour remettre l'ordre là-bas sans que cela ne tourne mal. Rapidement, le Seireitei fut derrière nous et nous arrivions dans la ville des âmes errantes. Les premiers district du Nord ne furent pas bien dangereux, quoiqu'à certains moments, des regards méfiants ou hostiles nous furent adressés. J'étais comme eux avant, pas franchement reconnaissant du travail des dieux de la mort. Pour la plupart, cela leur passera avec le temps, à moins qu'ils aient de bonnes raisons autre que la jalousie de nous en vouloir. M'enfin, nous nous rapprochions du district en question et déjà, l'atmosphère changeait. Une main sur la garde de mon zanpakutô, j'avançais prudemment, un œil attentif aux présences nous entourant.

Au moindre mouvement hostile, je découpe. La démonstration calmera avec un peu de chance, les ardeurs des autres pourris. Heureusement, rien de bien méchant avant l'heure. Aucun ne semble assez stupide pour tenter de se frotter à nous. Y'en a bien quelques-uns qui se rapprochent dangereusement, mais ils ne dépassent pas une certaine limite que j'ai fixé. Ce qui nous amène lentement, mais sûrement au soixante-quatorzième. Avant que l'on y pénètre, y'a un vieux crasseux qui s'est fendu la poire en devinant nos motivations, comme s'il se doutait que la tâche ne serait pas simple. Et quand t'observes l'état des lieux, tu commences à te demander dans quel merdier tu t'es fourré. Pour ce qui reste inchangé dans ces zones aussi éloignées, les habitations en piteux états, du genre prêt à s'effondrer à la moindre secousse. Une forte odeur nauséabonde, de quoi j'sais pas exactement, mais c'est très clair que ça pue par ici ! Tout cela n'est rien comparé au spectacle qui s'déroule sous nos yeux.

- Capitaine... est-ce que quelques belles paroles valent le coup avec des cas désespéré de ce genre-là ?

Les plus vielles maisons semblent abandonnées, ou alors personne ne daigne éclairer l'intérieur avec des bougies. Celles qui rassemblent le plus de monde sont les plus grosses. En reconstruction, une dizaine de types travaillant dessus pour les améliorer et les rendre plus esthétiques. Des gars que je qualifierais d'esclaves, puisqu'ils sont sous les commandes d'autres plus balèzes, plus effrayants et surtout, armés. Pas des shinigamis pour autant. Bosseraient-ils pour nos fuyards de la onzième ? C'fort possible. J'remarque trois hommes armés patientant à quelques trentaines de l'entrée du district, comme pour surveiller les entrées et sorties. En patientant un instant, l'on remarque qu'ils font payer le droit d'aller et venir dans le district, une sorte de péage pour passer d'une zone à l'autre du soixante-quatorzième. Sérieusement ? On observant plus attentivement, l'on découvre que le même cinéma se trame à l'entrée de chaque bâtiment. Tu paies pas, tu te fais casser la gueule et traîner dans la poussière.

Pour couronner le tout, une espèce de police ou quelque chose du genre patrouille sans arrêt, passant à tabac le moindre rebelle qui causerait du soucis. J'suis assez abasourdi. Comment des mecs bossant autrefois pour la justice en sont arrivés instaurer une terreur pareille en aussi peu de temps ? C'pourtant pas des mauviettes dans l'coin, ils ont dû y aller avec tout ce qu'ils possédaient pour mes faire plier. Du moins quand ils ne les achetaient pas pour rejoindre leur groupe de pourritures. Je suppose que les principaux meneurs de tout ce merdier sont confortablement installés sur des sièges, à boire et bouffer comme des porcs la nourriture et la boisson de ceux qui vivaient ici. Déjà qu'ils n'avaient pas grand-chose...

- Yakushiji-Taishô, si l'on met la main sur les meneurs de ce mouvement, y'a des chances que le reste des larbins se rendent eux aussi, non ? C'est que dans le cas contraire, cela risque de prendre un peu de temps de tout nettoyer...

Et ce même si tout mon corps souhaiterait que je fonce dans le tas pour aller cogner sur tous ces minables, les uns après les autres.

L'enquête suivait son cours. Alors que de coutume il convenait de se déplacer à base de Shunpôs via les toits afin de se faire le moins remarquer possible, là ils s'étaient parfois permis d'emprunter les rues, pouvant donc se permettre de ressentir une animosité croissante liée à la réputation des Shinigamis tout comme ils s'éloignaient du Seireitei. Rien de bien nouveau, ni de très effrayant. Ils n'en ont peut-être pas encore vu un, mais tous doivent savoir ce que veut dire ce manteau blanc porté par l'un de ces deux Dieux de la Mort. Il n'était en effet pas totalement rare qu'un Capitaine doive intervenir dans le Rukongaï. Parfois pour des déserteurs comme ici, d'autres fois encore pour l'apparition soudaine d'un Hollow ou tout simplement un soulèvement civil. Heureusement, ce dernier cas reste tout de même plutôt rare. Tout du moins pas suffisamment pour que l'élite doive intervenir, car des contestations du pouvoir restaient tout de même fréquentes, surtout dans les derniers districts.

Sur place cependant, ils purent assister au petit manège peut discret de la « petite entreprise » mise sur pied par les membres démissionnaires de la Onzième Division. Rapidement, le Quartier Général est localisé, aussi facilement que lors de l'enquête préalable que le Yakushiji avait mené. Un cas facile, au final, qu'il avait déjà pu tracer du début à la fin. La seule chose qu'il n'avait pas encore fait était de passer à l'arrestation. Précisément ce qu'ils allaient faire dès à présent.

Discuter sert parfois. Il arrive qu'ils se rendent en comprenant qu'ils n'ont pas d'autres choix. Quoi qu'il en soit, cela vaut toujours la peine d'essayer, même s'il est inutile de s'obstiner face à une sourde oreille. Cependant, n'oubliez pas qu'il nous a été demandé de les rapporter vivants afin qu'ils soient jugés par la Chambre des Quarante-Six. Tâchons de ne pas les décevoir en ne leur laissant pas que des dépouilles pour faire leur travail.

Sur ces dernières précisions, ils s'approchèrent calmement du Quartier Général, le Shirohasu gardant son éternel air sévère et imperturbable. Là, il parla haut et clair, souhaitant se faire entendre à la ronde.

Je suis le Capitaine Yakushiji de la Neuvième Division du Gotei 13. J'ai reçu ordres d'arrêter et de ramener au sein du Seireitei les Shinigamis suivants : ...

Le Shirohasu cita alors le nom des six Shinigamis recherchés avant de reprendre là où il s'était arrêté.

Il est donc préférable qu'ils restent vivants, mais je n'ai par contre pas pour consigne de préserver la vie de quiconque tentera de s'interposer. S'ils acceptent de se rendre, il ne leur sera donc fait aucun mal et nous repartirons aussitôt. Sachez cependant que dans le cas contraire, je sais à quel point un accident peut très vite survenir...

Les menaces sont à peine voilées, mais ses intentions ne peuvent qu'apparaître clairement. La seule chose qu'il ne mentionnait pas était qu'il préférait réellement ne faire aucun mort ici, et que la mission soit parfaitement remplie, mais il ne fallait jurer de rien... Tout restait possible malgré tout. L'espoir en reste qu'ils se présentent et déposent les armes, mais il n'en fut rien. Pour la seconde partie du moins... Car les six déserteurs se présentèrent bien, aux allures plus riches qu'ils ne le devraient – les affaires devaient bien fonctionner – mais aussi des airs provocateurs. Son flair lui disait que les choses n'allaient pas parfaitement se dérouler...

Juste toi et ton pote ? J'sais pas si tu sais compter, mais là j'ai cinq types avec moi. Et aucun a vraiment envie d'coopérer, tu vois le genre ? C'est qu'on l'aime bien notre nouvelle vie...

Toujours une grande gueule pour se prendre la part du leader. Toujours plaisant qu'il se signale aussi vite de lui-même en portant la parole de ses camarades. Un grand chauve à la large moustache sombre. Le gars à faire tomber en premier lieu, et il voulait que Yoshihiro en ait bien conscience.

Vous semblez être le porte-parole de cette nouvelle organisation naissante. Puisque vous êtes le meneur, c'est avec vous que je discuterai. Permettez-moi de commencer par la présentation de la situation dans sa globalité. J'ai ici avec moi mon troisième siège, spécialisé dans les interrogatoires musclés. Aono-Fukutaishô est quant à elle sans doute en train de terminer d'assigner leur position au contingent des Forces Spéciales afin d'encercler la zone. Estimez-vous chanceux que le Kenpachi n'ait pas pu être disponible et qu'il vous est donc laissé le loisir de vous rendre. Vous pouvez toujours éviter des souffrances inutiles...
Mon cul ! Qu'elles se montrent tes troupes et je te croirai peut-être. En attendant, on n'a pas peur de toi et d'ton troufion !

Et comme pour en témoigner, six katanas sortirent de leur fourreau.

Je vois. Le cas vient de changer drastiquement. Vous venez de sortir votre épée face à un Capitaine du Gotei 13. Ceci est un acte de Haute-Trahison et peut être jugé par la mort. Il arrive que les Capitaines décident d'appliquer la sanction eux-mêmes, sur-le-champ...

Ô Souverains, Ô masques de chair et d'os, Ô univers entier, Ô battement d'ailes. Pétales en ma paume, lames en mon coeur. Et que s'apaisent enfin les tourments de nos âmes... Mairuzu hasu no hanabira !

Son sort fétiche, sa signature. Il en a proclamé l'incantation afin de la pousser au maximum de sa puissance. Dans sa main viennent naître plusieurs centaines de pétales d'énergie qui partirent vers le groupe et leur apprendre ce qu'il en coûtait de désobéir dans ce genre de situation. Réparties entre les six criminels, les blessures ne seraient pas mortelles, mais avait déjà de quoi sérieusement les calmer. Une entame musclée qui leur montre bien que la rébellion est une très mauvaise idée.

Toujours commencer par discuter, tenter d'arranger les choses calmement, avant d'user de la force si les coupables ne veulent rien entendre. J'retiens la moindre parole qui sort de la bouche du Capitaine, c'est toujours utile pour un bourrin dans mon genre. Moi qui aurait foncé droit dans le tas sans vraiment réfléchir, un peu de diplomatie ne me ferait pas de mal. Bien que pour ce cas, j'reste convaincu que cela ne sert à rien de perdre de sa salive, évident qu'ils ne vont pas sagement se rendre. Pas après ce qu'ils ont ramassé de leur supérieur. La chambre des Quarante-Six veut les traîtres vivants, soit. J’essaierai de ne pas trop les abîmer en leur cognant sur le coin de la gueule. Pour le moment, j'me contente d’emboîter le pas du Taishô, l'suivant jusqu'à une bâtisse devant abriter nos petits fuyards. J'le laisse user de la manière la moins douloureuse pour ramener à la raison les gars anciennement à la onzième.

- Ah... j'pensais pas qu'ils débarqueraient aussi rapidement... c'est un bon début ?

L'un d'eux se chargea bien rapidement de m'assurer du contraire. Non mais sérieusement... ces types sont juste trop cons ! Ils se sont fait ramasser par le Kenpachi, ce dernier détenant le même rang que le Yakushiji, ils s'imaginent réellement avoir une chance ? Avoir un excès de confiance simplement parce qu'ils sont en surnombre... bande de tocards ! Uniquement moi du haut de mon troisième siège suffirait à vous éclater, alors un Capitaine, celui de la neuvième qui plus est... J'me retiens d'exploser de rire. L'enfoiré de chauve qui prenait la parole pour les cinq autres muets s'annonçait comme le leader de ce mouvement de révolte. Car se retourner contre le Gotei 13, c'est bien un acte de rébellion, non ? Ils me foutent en rogne avec leur air trop serein. Je m'échauffe rapidement le temps que Tenzen s’entretient avec le meneur de cette bande de rats. Attendant patiemment qu'il m'ordonne d'mettre fin à ces conneries.

Le Capitaine continue d'insister, mon cul qu'elle lui répond l'autre foutue boule de billard. Il regrettera ses mots dans très peu de temps. J'finis d'faire craquer mes phalanges, 'devrait plus tard maintenant. Le dirigeant de la division du Lotus entame une incantation... j'tilte pas rapidement ce qu'il est en train de faire. C'est quand j'observe la technique frapper nos six individus que j'me retiens d'gueuler.

- Eh mais qu'est-ce que... mes adver... ouch... j'ai mal pour eux !

De mon côté, la scène était assez impressionnante à observer. Toutes ces pétales blanches qui s'envolent et fondent sur les ennemis sans leur laisser la moindre chance de riposte, c'est classe. Maintenant, si l'on se met à la place des victimes de cette technique, clair qu'ils doivent le sentir passer. Ils ne referont plus l'erreur de sous-estimer la puissance d'un Capitaine de division. Un fin sourire m'prend en constatant que l'un d'eux n'a pas tenu le coup face à la puissance du Kidô. A terre, le corps entaillé de partout, il gît dans son sang, sa vie n'étant toutefois pas en jeu. Un autre a genou à terre, un bras déchiqueté, prenant appuis sur la pointe de son zanpakutô pour ne pas tomber également. Pouah, faible qu'il est, il sera rapide à neutraliser. D'un shunpo, j'me retrouve face à lui, mon genou venant immédiatement lui exploser le nez, mettant instantanément l'homme hors d'état de nuire, son corps chutant en arrière.

- Dix secondes que l'on a commencé et déjà deux minables à terre, c'est triste... Le chauve ! Tu pensais réellement faire la loi dans ce district avec ces guignols ?
- Putain de troufion de shinigami ! J'vais te crever !
- Amène-toi connard !

Les lames de nos katanas s'entrechoquent, le rapport de force pour autant joue en ma faveur et de loin. J'lui décoche un coup de boule histoire d'le faire reculer, avant d'lui coller une balayette visant à lui faire perdre ses appuis. L'enchaînement passe et le moustachu mord la poussière, mais l'un de ses potes intervient tout juste à temps pour lui éviter le K.O. Il va même jusqu'à m'en coller une dans la mâchoire, assez puissant pour me faire perdre mon avantage sur le leader. Un rapide échange de sabre s'installe entre le troufion jouant les sauveurs et moi-même, avant qu'il ne finisse à terre, la chair entaillé au niveau du torse à deux reprises. Pas suffisant pour tuer, assez pour neutraliser et le faire déguster le temps qu'on le soigne, si soin il y aura. Le dégarni se la joue sans honneur et exécute un coup bas. Dans mon dos, coup de latte entre les jambes, puis étranglement. Il cherche à m'faire lâcher mon arme en m'endormant, l'enfoiré. Il est tombé sur le mauvais gars, j'suis plus résistant que cela.

Mettant de côté le mal qui me torture l'entrejambe, j'lui claque mes coudes dans les côtes une première fois, puis une seconde. Il relâche son emprise, j'le fais basculer par-dessus moi pour l'étaler salement au sol. Pas le temps qu'il s'remette sur pattes qu'il ramasse ma semelle dans la tronche, puis mon poing. Je jette un coup d’œil autour de moi, l'reste de la troupe est également sous contrôle, le Capitaine s'en est chargé personnellement. Serrant les dents à cause du sale coup du dégarni, j'rejoins mon supérieur afin de prendre connaissance de la suite de l'opération.

- J'suppose qu'on doit à présent attendre les renforts envoyés par Aono, pour qu'ils embarquent ces traîtres, à moins que ce n'était qu'un coup de bluff ?

Le Yakushiji se frotta les mains l'une sur l'autre comme pour ponctuer la fin d'un travail bien fait. Et c'était le cas. Les Shinigamis réfractaires avaient rapidement été maîtrisés comme il se le devait. Là, à présent, ils avaient tous été rassemblés avant que Tenzen utilise sur eux un Tsuriboshi en guise cette fois de filet qui permettrait de les déplacer avec plus de commodité. Bien entendu, pendant qu'ils avaient entassé les déserteurs, le Shirohasu avait confirmé à son troisième siège que son allusion à des troupes présentes n'était que du pur bluff. Il n'avait passé aucun ordre en ce sens, ce qui aurait dû informer Yoshihiro, mais bon, cette question n'était peut-être là que pour la forme, en simple confirmation de ce qu'il savait déjà.

En parlant de la Vice-Capitaine, celle-ci fut d'ailleurs prévenue de l'arrestation qui venait d'avoir lieu. Qu'ils étaient ficelés et qu'il ne restait à Aono que de faire le nécessaire pour que les cellules du Gotei soient prêtes à accueillir de nouveaux usagers. Après quoi ne restait plus donc qu'à rentrer...

Je vous laisse l'honneur de les traîner pour le retour. Peut-être un peu lourd mais ils ne risquent pas de remuer beaucoup...

Et voilà comment il se débarrassait de la tâche ingrate que de porter le gibier jusqu'au bercail. Mais il fallait bien que quelqu'un le fasse, et quitte à ce que ce soit à l'un d'entre eux, il préférait que ce soit au plus jeune et « physique » de s'y coller. Cela lui apprendra peut-être une dernière chose bien utile : toujours prévoir quelqu'un pour s'occuper de cette partie du boulot, comme Tenzen venait de le faire lui-même... Mais bien sûr il espérait aussi que ce ne serait pas la seule chose qu'il retiendrait, car il y avait eu énormément de choses à noter. Plutôt qu'enseigner par l'explication, il procédait par l'action, c'est même ainsi qu'il a toujours pensé ses cours de Jinzen. Et bien entendu sa Vice-Capitaine y aurait droit au retour également, lorsqu'il lui ferait rédiger le rapport...

Sujet: Re: Les lâches de la Onzième [Kyûbantai]

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