Vous vous rappelez ce dont j’vous ai parlé, juste avant ma rencontre avec Yoruichi ? Non ? Bande de moules ! Donc, j’vous rafraichi vos mémoires de merlans frits. J’avais débarqué sur l’continent africain, plus précisément au Kenya, et plus exactement dans une savane. J’savais pas c’que j’foutais là, mais ça sentait l’emmerde à plein nez. Ah, et j’étais à poil. Détail important.

Après mûre réflexion, Carter avait trouvé que cela était plus qu’une mauvaise idée d’hurler de la sorte dans un tel paysage. S’il devait se rappeler des documentaires animaliers qu’il avait regardé pour connaître, analyser & dresser les animaux du cirque Lunaire – Bien qu’il n’en avait strictement rien à foutre, il était quasiment certains que des créatures telles que les Lions, les Panthères, les Guépards & autres saloperies carnivores trainaient dans le coin et avaient, comment dire, l’ouïe fine. Commençant à avoir la trouille, l’illusionniste s’était à courir dans tous les sens, hurlant de plus belle & s’enfonçant encore plus dans les ennuis et, accessoirement, dans la stupidité. Finalement, à force de déambuler comme un abruti un peu partout, sans savoir quelle direction prendre, il finit par trébucher, sa chute étant causée par un petit objet suffisamment haut pour faire basculer son corps et le laisser s’écraser sur la steppe. Il pensa première que ce rappel au sol avait été causé par un caillou, machiavélique création de la Terre, mais il n’en était rien : en vérité, c’était un paquet de cinquante-quatre cartes, dont le dos était blanc et gravé d’un dessin de rubis en son milieu, qui en était le responsable. Ou, plus précisément, la source de son pouvoir, son objet fétiche qui lui servait à catalyser son pouvoir.

Un sourire apparut sur le visage du Fullbringer, qui s’empressa de ramasser l’objet. Il avait perdu sa ville, ses habits et plus que tout, son ivrogne de service mais au moins, il a toujours avec lui son paquet de cartes favori. Satisfait de la situation, l’illusionniste s’empressa de se relever et de ramasser l’objet de son pouvoir avant de le tendre vers les cieux.

« AHA ! Je t’ai retrouvé, mon Pouvoir A-DO-RÉ ! Grâce à toi, j’vais pouvoir rent… »

Tout ce dont se souvint Carter, c’était qu’un sifflement se fit brusquement entendre avant qu’un « toc ! » violent apparut de nulle part, causé par le choc entre les pierres, attachés à des cordes, et la tête du River. La bouche imitant le bec d’un canard, l’humain s’écroula à nouveau, telle une sombre limace, mais cette fois, il chuta dans l’inconscience.

Ça m’a fait très mal !

Quand il se réveilla enfin, il faisait nuit. Il y avait des gens. Des gens d’une couleur atypique pour le continent sur lequel il se trouvait. Cela ne le dérangeait pas, après tout, il avait vécu en Grande-Bretagne et était habitué à en voir. Non par contre, ce qui le perturbait, c’était l’espèce de cure-dent géant planté dans leur nez, le fait qu’il ait une sorte de feuille de bananier pourrie pour cacher leurs sexes et de la peinture sur la gueule, le fait que lui était toujours à poil, et aussi le fait d’être ligoté. Pour une raison inconnue d’ailleurs.

« Hey, les gars, la forme ? Dites, vous pouvez me détacher là, j’commence à avoir des démangeaisons dans l’dos ! »

Les africains se tournèrent alors vers lui et lui lancèrent un regard interrogateur. Carter se mit à rigoler mais de manière timide. Un vieil africain sauvage s’avança alors, regarda le River tout en se grattant le menton, puis se tourna vers sa tribu.

« Tuna kula tumbili nyeupe ! »
« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! » s’écria la populace.
« Tunahitaji kupika! Nadra, kati nadra au kuteketezwa ? » questionna le vieillard à son peuple.
« Hein ? Coûte tes quêtes d’oie ? Ah, j’ai saisi ! C’est sans doute un rituel sacré pour m’dire que j’suis leur sauveur, un Élu qui accomplira leur prophétie ! Ahahaha ! »
« KATI NADRA !!! » s’écria la foule.
« Kati Nadra ? Une star de votre coin ça, non ? Non parce que moi, j’connais que Katy Perry… J’aime bien ses chansons. Et puis, j’l’aime bien, surtout son corps. Aaaaah, Katy… » Commença à rêvasser le gardien du Byakko.

Mais Carter était totalement à côté de la plaque. Alors qu’il se lança dans un medley des hits de la chanteuse américaine, quatre hommes du peuple saisirent le poteau de bois sur lequel le River était ligoté et le déplacèrent jusqu’à le placer en plein milieu de brasier, le tout sans que le Bringer le remarque. Il faut dire aussi qu’une fois qu’il est parti dans son délire, le Māra est difficile à arrêter. Mais cette fois…

« YOUUUUUUUU MAKE MEEEE, FEEEEEEEEL LIKE I’M LIVIIIIING A… Hmm ? Tiens, ça sent le cramé. Ils font sans doute à bouffer. Ouais, cool, j’ai faim ! Et soif aussi ! Et, j’ai vachement chaud aussi… »

Carter renifla l’air et là, pour lui, quelque chose était anormal. Ça ne sentait en rien l’odeur de la nourriture. Intrigué, il tourna sa tête vers le brasier et constata qu’effectivement, ce n’était pas un animal qui était en train d’être cuisiné. C’était lui.

« PUTAIN, JE BRÛLE ! »
« MEZAAAAAAAAAA ! » cria la foule, tout en dégainant des lances et en regardant Carter d’un air satisfait.
« PUTAIN, DES CANNIBALES ! » comprit enfin l’illusionniste.