L’écho de ses pas se répercutait de mur en mur traversant pièce et long couloir toujours de plus en plus loin de ses nouveaux quartiers. Las Noches était si grand, mais si morne et terne à l'image du désert qui l'entourait. C'était beaucoup trop calme, beaucoup trop vide. Lui qui s'était amusé dans cette grosse fourmilière qu'était le monde humain durant des années il pouvait dire que Las Noches était vide de toute vie. C'était légèrement déprimant tout ce blanc ou ce gris. D'ailleurs, il ne devait pas oublier de faire un peu de déco dans ce qui lui servait de logement pour enlever toute cette froideur qui imprégnait les lieux. Bref, il revint à la réalité et se demanda où il était. Il s'était perdu comme un idiot à force d'être perdu dans ses pensées et a comparé cet endroit-ci au monde humain.

La distraction, certainement l'un de ses plus grands défauts et un grand fléau pour chaque petite chose se retrouvant dans ses mains. Combien de fois avait-il égaré ses clés la dernière fois qu'il avait fait partie de l'espada ? Il ne les rangeait pas, mais les lâchait sans regarder où et sur quoi. Des fois, il les tirait d'un mouvement du poignet sans s'en apercevoir. Après, il passait des heures à les rechercher dans ses quartiers... Cela était valable pour toute petite chose, même les grandes! Il avait même déjà égaré son zapakuto ! Pourtant celui-ci n'était pas petit. Il mesurait bien un mètre vingt de long...

Orochi soupira en ralentissant le rythme. Peu importe, il finirait bien par trouver quelqu'un pour lui indiquer le chemin à prendre ou il trouverait une sortie. Dire qu'il était sorti de ses quartiers pour faire des rencontres comme ce que lui avait conseillé le Rey. Rencontrer les autres espadas, peut-être même se faire des fractions. Malheureusement, la situation actuelle n'était pas due à la dernière option. Orochi aimait faire le sale boulot, si celui-ci pouvait se révéler amusant ou prometteur en combat. Alors, pourquoi engagerait-il des larbins à son service? Il était donc évident qu'il tentait de trouver un compère dans ce gigantesque lieu! Un autre monstre qui avait certainement dû tellement bouffer de hollow qu'il en avait fait des indigestions! Ouais, pour Orochi le hollow goûtais mauvais et il ne pouvait pas imaginer que quelqu'un puisse apprécier cela. Enfin, après d'innombrables pas et des minutes ou des heures perdues en réflexions inutiles, il put constater que tout cela ne l'amenait nulle part! Las Noche était un labyrinthe en soi et selon certains il existait un panneau de contrôle permettant d'arranger la disposition des couloirs. Peut-être que quelqu'un s'amusait à le faire tourner en rond en ce moment même. Un être puéril et enfantin certainement. Il fallait s'attendre à tout chez les membres de l'espada. Il était possible d'y retrouver n'importe quoi: un enfant excentrique en passant par un psychopathe égocentrique et en n'oubliant pas l'hautain de service. Rien ne liait le décima Espada aux autres et vice-versa. Cette organisation n'existait que pour apporter un peu de cohésion et d'ordre dans ce monde chaotique pour pouvoir opposer une certaine force "unie"à l'organisation des shinigamis.

Alors, quand il trouva une porte semblable à la sienne il s'y arrêta et préféra miser sur la prudence. S'il y avait quelqu'un, mieux vaudrait en ce moment prévenir sa présence que d'entrer discrètement au risque de surprendre le propriétaire des lieux. De plus, en y repensant il y avait de fortes chances que l'individu ne reconnaisse pas son statut. Effectivement, son numéro était tatoué dans son dos. Il frappa donc à la porte, puis la poussa lentement introduisant sa tête à l'intérieur de la pièce.

-Salut, il y a quelqu'un? Demanda-t-il sur un ton assez fort tout en ne sachant quoi faire. Il était là, hésitant et attendant une quelconque réponse avec un pied à l'intérieur du bâtiment tandis que l'autre était toujours sous le porche. Après tout ce qu'il avait pensé sur l'Espada, ouvrir une porte, puis jeter un œil dans une pièce inconnue appartenant à un pur inconnu qui ne l'avait pas entendu ou ne lui avait tout simplement pas encore donné la permission d'entrer et le tout à l'intérieur même de Las Noche était une attitude prudente à ses yeux...

Oh oui, il y avait quelqu'un. Une âme silencieuse, entièrement vêtue de blanc, qui attendait debout au fond de la pièce, moitié couvert par la pénombre de la salle. Borick avait perçu la présence de cet Arrancar avant même qu'il ne frappe à sa porte, avant même qu'il l'ouvre pour s'assurer de la présence de son propriétaire. On n’approchait pas de lui sans qu'il repère quoi que ce soit. Sauf si la personne était véritablement très doué pour masquer sa présence. L'inconnu n'avait rien dissimulé, n'avait rien couvert. Cherchait-il quelqu'un en particulier ou tout simplement une quelconque présence susceptible de l'aider à recouvrer son chemin ? Il n'en avait aucune idée. Mais allait l'apprendre bien assez tôt.

- Entre donc, étranger.

Toujours à moitié couvert par l'ombre, il attendit que l'homme pénètre en sa demeure. Le refuge de Borick ne ressemblait en rien à ce qu'il appréciait réellement. Peu décoré, pièce immense et froide, pas d'effets personnels. Comme si cette chambre n'était en réalité qu'un simple abri temporaire, lui permettant de se reposer quand il en avait besoin mais sans plus. Et dans les faits, c'était exactement ça. Las Noches n'était pas sa demeure. Seulement un moyen d'obtenir ce qu'il voulait sans s'exposer. Un calcul dangereux mais l'audace payait toujours.

Décidant qu'il était enfin temps de se dévoiler entièrement, Borick fit plusieurs pas pour sortir des ténèbres. La cascade de cheveux blonds descendait jusqu'à ses épaules, laissant certaines mèches visibles sur son visage. Une partie de celles-ci couvraient le demi-masque de Hollow qui se trouvait sur son visage, au dessus de sa tempe. Et le numéro "6" juste en dessous, tout deux invisible tant que les cheveux jouaient le rôle de rempart. Borick n'appréciait pas être tatoué de la sorte. Un vulgaire animal, voilà ce que représentait ce chiffre. Mais patience... Car il avait l'espoir un peu fou de ne plus porter de marque sous peu.

Un grand sourire accueillit l'inconnu. Selon ses observations, il n'avait pas face à lui un quelconque Arrancar de Las Noches. Aucun d'eux n'aurait osé pénétrer en sa demeure ainsi. Nouvel Espada ? Ou Exequias ? L'un ou l'autre, cela signifiait qu'il appartenait à l'une des castes les plus importantes de la Citadelle, recruté pour la protection de la Panthère. Ou pour ses projets, le Roi n'ayant pas besoin d'une garde personnelle tant sa puissance était reconnue. Remettant en place le col de sa veste, il abaissa très légèrement la tête face à cet homme, en guise de salutation.

- Tu te trouves dans mes quartiers. Je suis Borick "El Emperador". Tu sembles rechercher quelque chose...

Il ne présentait que rarement son titre au sein de l'armée de Grimmjow. A ses yeux, le simple titre d'Empereur suffisait, caractérisant véritablement ce qu'il était, ce qu'il représentait. Combien de fois avait-il entendu que ce titre honorifique ne représentait rien ? Pompeux, il l'était. Mais quoi qu'en pensent les autres, ce titre représentait bien quelque chose pour le blondinet. N'était-ce pas précisément le véritable nom de son Zanpakutô, après tout ? Empereur, il l'était jusqu'au bout des ongles. Et quiconque remettait ce fait en doute s'exposait à de terribles représailles. Il ne décomptait plus le nombre d'âmes malheureuses qui avaient disparues suite à des propos déplacés à son égard. Borick entendait qu'on le respecte comme véritable empereur. Rien de moins.

Le respect, voilà un concept qui faisait bien parler! Il y avait aux yeux d'Orochi deux camps bien opposés. Le premier était celui que chacun devait respecter autrui tant que celui-ci n'avait pas agi de la sorte à perdre le respect qui lui était dû. L'autre camp, celui d'Orochi, était de ceux qui pensaient que le respect devait se mériter. Aux yeux du décima il était impossible de respecter un inconnu de par une quelconques noblesse, sang ou titre. El Emperador était d'ailleurs un titre bien pompeux surtout au sein du hueco mundo. Pour se présenter ainsi, l'individu de la pièce devait être assez puissant. Effectivement, plusieurs "êtres" au hueco pouvaient mal réagir et défier les gens qui s'affublent de titres de la sorte. Il ne vint jamais à l'esprit que cela avait un quelconque lien avec la ressurection du sexta expada.

Néanmoins, après cette petite réflexion qui prit 3 petites secondes, le tout nouveau espada entra dans la pièce et se dévoila entièrement à la vue de son "hôte". Puis, il examina d'un bref regard l'endroit. Il n'y avait presque rien et c’était dommage. Il lui serait donc impossible d'en apprendre plus sur son invité grâce à ses goûts. Puis, seulement après tout cela, son regard se porta sur le « locataire ». La première chose qui lui fit forte impression fût les habits de l'arrancar. Cela faisait « noble » tout comme son titre. Puis, il remarqua la façon dont ses mèches étaient disposées sur une partie de son visage cachant ainsi quelque chose. Un bout de masque peut-être? Était-il comme Orochi et trouvait-il laid ce dernier ou il y avait plus ? Son titre et ses habits, se prenait-il pour un noble, mais dans le hueco il n'y avait pas de noblesses. C’était quelque chose de très shinigami ou humain. Cachait-il son masque parce qu'il préférait ressembler à ces derniers? En tout cas, Orochi n'aimait pas l'idée d'introduire ces concepts étrangers au hueco mundo dans ce monde.

-Un empereur, mais de quoi et de qui? Dois-je m'incliner dans votre demeure comme il est de coutume dans les lieux où ce titre est en vigueur?

L'Arrancar avait posé ses questions sur un ton neutre, mais avec un léger sourire aux lèvres. Il était impossible de deviner s'il était sérieux ou que ses propos avaient pour but de se moquer. C'était sans doute un peu des deux, mais il attendait néanmoins une réponse à ses interrogations. Après tout, l'autre n'allait pas en faire un drame, c'était des questions tout à fait logiques à poser à quelqu'un qui possédais un tel titre. D'ailleurs, Orochi en posait bien souvent des questions... il aimait tout savoir, dès qu'un sujet l'intéressait il pouvait devenir un moulin à question. Si Borick dramatisait sur ces petites questions, alors il le mettrait dans la case des « susceptibles de l'égo ». Le genre de mec avec qui il devait toujours penser à ce qu'il disait avant de lui parler. Devoir prendre des pincettes ou aborder les choses de façons moins crues était quelques choses qu'il détestait. Enfin, il serait vite cerné.


-Je suis simplement le décima espada. Grimmjow m'a nommé hier à ce poste. D'ailleurs, il n'a pas du tout le genre ou style que je m'imaginais du roi du hueco mundo. Il n'a presque pas changé comparé à avant. Sinon, il n'y avait presque personne d'autre à ce moment-là, pas étonnant que tu ne saches pas qui je suis. Puis, il m'a conseillé de me faire une fraction, mais je ne suis pas fameux à l'idée. Il m'a aussi conseillé de trouver les autres espadas pour faire plus ample connaissance. Donc ce que je cherchais en quelque sorte je l'ai trouvé, c'est vous... en partie

Il était presque impossible d'avoir une explication courte d'Orochi lorsqu'il était de bonne humeur. C'était une habitude, il détaillait trop ses explications ce qui pouvait en exacerber plus d'un. Là c'était court aux yeux du tout nouveau Espada. Parler à un inconnu le mettait légèrement mal à l'aise et il se retenait dans ses paroles.

-Par contre, je dois avouer que je suis arrivé ici par pur hasard, je me suis perdu en chemin.

Il avait prononcé cette dernière phrase tout en se grattant l'arrière de la tête avec sa main droite et qu'il s’efforçait d'afficher un sourire pour dissimuler sa honte et adoucir l’atmosphère de la pièce. Puis, il se rappela que sa bouche était cachée... encore une distraction. Il aurait dû se taire et ne rien dire sur ce petit détail. Borick n'était pas obligé de connaître cela. Au final, que pouvait bien penser le sixta espada d'Orochi? Un pauvre type, un individu peu futé ou rusé et un peu « innocent » sur les bords? Bien, ceux qui penseraient cela auraient raison! Orochi était peu doué dans les relations avec autrui et pour les choses du quotidien. En général, il parlait peu ce qui expliquait pourquoi lorsqu'il s’efforçait de faire la conversation, il arrivait à de tels résultats... Il ne jouait pas la comédie, mais il n'était pas idiot pour autant. On pouvait clairement être un 2 de pic en relation sociale et être un « premier de classe ».

Il s'amusait de la situation. Il faut dire que les questions d'Orochi ne changeaient pas de celles que les autres lui avaient déjà posées par le passé. Il était donc habitué à faire face au scepticisme de ceux de sa race. Empereur de qui ? Et bien de toutes les formes de vie, pardi. Mais cette réponse ne serait pas donnée aujourd'hui, le Decima Espada n'étant pas encore prêt à entendre l'histoire du blondinet. Et puis il était toujours dangereux de se montrer trop gourmand lorsque l'on se trouvait à Las Noches : ici, il n'était que le Sexta. Et si son titre était connu, il n'était pas pour autant valorisé à sa juste valeur. Comme si ces sauvages étaient capables d'en comprendre le sens véritable, de toute façon. Grimmjow était une brute, un Roi qui avait conquis son trône par la force. Il était à l'image de l'Espada actuelle : incapable de comprendre ce qui se dressait face à lui. Et le jour venu, il regretterait cela. C'est pourquoi il restait énigmatique dans ses réponses. C'était toujours plus amusant, après tout.

- Il ne sera pas nécessaire d'en arriver à ces extrémités. S'incliner sans en comprendre la raison est idiot, Espada. Tu fais partie de l'élite du Hueco Mundo après tout. Ton seul référent doit être ton roi, personne d'autre. Je ne demande qu'une chose en ma demeure, que le respect soit de mise. Rien de plus, rien de moins.

Borick s'avançait de nouveau, continuant sa petite analyse personnelle sur cet homme. Récemment promu, il chercherait très certainement à s'imposer auprès des autres. Pas forcément pour montrer qu'il méritait sa place - Grimmjow était seul maître à bord à ce sujet et ses décisions n'étaient jamais décriées en public - mais plutôt pour que les autres puissent savoir qui il était. Lorsque l'on appartenait à l'élite des Dix, il était préférable de se connaitre. Les nouvelles têtes suivaient donc tous les mêmes cheminements : rencontre des frères d'arme pour les présentations d'usage. La structure du Hueco Mundo était trop anarchique et chacun agissait comme il l'entendait. C'était une faiblesse et une force, en réalité. Au moins le Sexta avait toute latitude pour agir à sa guise.

D'un signe de la main, Borick laissa apparaître la zone où se trouvait son masque ainsi que le chiffre "6" inscrit à proximité. Une fois assuré que l'autre l’avait vu, il laissa de nouveau ses mèches recouvrir cette immondice. Si cet homme n'avait pas su face à qui il se trouvait réellement, voilà le trot réparé. D'un geste de la main, il invita Orochio à s'approcher. N'était-il pas invité, après tout ?

- La Citadelle est un véritable labyrinthe. Tu apprendras à t'y retrouver bien assez tôt, rassure-toi. Je suis moi-même parfois un peu étonné de voir l'immensité de ce palais. Peu courant, surtout pour ceux qui n'ont jamais eu l'habitude de vivre en pareille demeure. Tu rencontreras bien assez tôt les autres Espada, Orochi. Tu apprendras rapidement que la notion de "groupe" est purement illusoire. La plupart vaquent à leurs occupations sans se soucier des autres. Je crois même que notre cher Roi encourage cette pratique.

Diviser pour régner. Une notion aussi ancienne que le monde, que la Panthère appliquait comme l'avaient fait ses prédécesseurs. Ainsi, aucun groupe ne s'organiserait contre lui. Et même si c'était le cas, Grimmjow était suffisamment puissant pour détruire tout opposant. C'était la raison pour laquelle Borick restait pour le moment à Las Noches. Il était trop dangereux de précipiter ses propres projets.

- Que l'Espada se remplisse est une nouvelle réconfortante. Je te souhaite officiellement la bienvenue en ce monde, Espada.

Orochi était bien heureux de ne pas avoir à s'incliner. Pour être honnête, il aurait trouvé la situation ridicule. Par contre, il avait bien compris qu'en quelques sortes la réponse de Borick n'en était pas une. Il avait simplement évité de répondre précisément à sa première interrogation, mais il ne chercherait pas à en comprendre plus aujourd'hui. Il se contenta donc de quelques simples mots.

-OK, je vois.

Suite à cela, Borick lui désigna son numéro. Le chiffre 6, c'était très bien. Orochi redoutait sa rencontre avec l'élite, les premiers numéros, ceux qu'on interdisait de faire tels ou tel truc dans Las Noche sous prétexte que ces derniers étaient trop puissants. Ceux-là pouvaient poser problème, mais le 6... s'il avait pris la grosse tête, ce ne serait pas à cause de son numéro! S'il ne l'avait pas alors, ce dernier devait savoir qu'étant loin des premiers espada mieux valait avoir des « copains » que d'essayer de tout faire en solo tel Rambo. Le décima espada s'avança sans réellement se mettre à l'aise. Les pièces du Las noche n'avaient pas été faites pour être confortables... Dans les mêmes instants, son « hôte » continua d'alimenter la conversation.

Se voulait-il amical? Tentait-il seulement d'en apprendre plus sur Orochi ou mieux... ce dernier avait réussi à entamer une « relation », de la bonne façon pour une de ses premières fois? Bref, au moins ce Borick n’était pas du genre à faire grimper l'ambiance de par un caractère hostile. Ce genre de situation le mettait mal à l'aise et hormis par la violence il ne savait pas comment y répondre. Alors, pour une première rencontre c'était très bien. Aujourd'hui, il n'y aurait pas de bagarres. Plus détendu, il put répondre au sexta espada sans réellement réfléchir à celle-ci

-Avant quand j'y restais, je m'y perdais des fois et pourtant je connaissais bien l'endroit. C'est la distraction, quand je suis seul j'ai tendance à me perdre dans mes pensées et parfois j'en oublie quel chemin j'ai parcouru pour arriver là où j’atterris.

Ainsi, il était déjà venu ici, voilà ce que disaient ses mots. Information utile ou peut-être inutile? Qu'importait son passé à ses yeux. Il l'avait dit tout bonnement parce qu'il n'y accordait aucune importance, mais peut-être que l'information pouvait intéresser un peu Borick.

-Puis la notion de groupe, je dirais plus que nous sommes un regroupement. L'ennemi de mon ennemi est mon ami, tu vois? Bien ici c'est pareil et c’est très bien d'évolué seul. Je ne me vois pas chasser le shinigami en groupes ni évoluer en groupe. Ce n’est pas ce que le hueco a enseigné à la plupart d'entre nous. Ici, nous évoluons seul, grandissons et devenons fort de façon individuelle si nous commencions à former un vrai groupe, nous risquerions de devenir interdépendant. Que nous formions une ou des alliances, que nous nous regroupions pour des événements de circonstance je ne suis pas contre, mais franchement évoluer seul ne me dérange pas.

Puis, alors qu'il allait remercier Borick pour ses mots de bienvenue, il remarqua enfin son zanpakuto. Avant il avait été trop loin pour bien le voir et par après il ne s'était pas attardé dessus. Par contre ,maintenant il dévisageait sa garde et sa couleur blanche. Orochi revint à son interlocuteur en espérant que celui-ci n'avait rien remarqué.

-Bien merci, il reste encore plusieurs places libres dans l'espada et t'aurais des noms à me donner pour les autres ainsi que leur caractère? J'aimerais éviter de me mettre à dos un des premiers espada parce qu'il a la grosse tête ou est trop susceptible, tu vois.

Borick, fidèle à lui-même, écoutait avec attention l’homme qui se dressait face à lui. Sait-on jamais si une information de premier ordre venait à jaillir. D’expérience, il savait que les discussions les plus anodines pouvaient parfois comporter quelques pépites. Et en un sens, l’Empereur était un chercheur d’or, toujours prêt à ratisser large pour compléter ce qu’il disait être sa collection. Qui n’avait pas son petit secret, après tout ? Le plus compliqué étant de collecter l’information essentielle sans pour autant donner l’impression de presser ses interlocuteurs. Personne n’était infaillible, pas même lui.

A mesure que le Decima s’exprimait, Borick cernait son caractère. Du moins ce que l’autre voulait bien lui laisser voir. Il y avait une différence entre « être » et « paraître ». Ne pas se fier aveuglément à ce qu’il entendait étant une règle d’or chez lui et il ne se bornerait donc pas à croire sur parole les dires d’un inconnu. Encore moins lorsque cet inconnu avait réussi le petit exploit d’intégrer l’élite de Grimmjow. Combien d’Arrancar parcourait le monde, après tout ? Seule une poignée était capable de servir les intérêts de la panthère. L’ennemi de mon ennemi hein… Cette façon de voir les choses plaisait à El Emperador, bien qu’elle sous-entende que l’Espada n’était en réalité qu’un panier de crabes. Une réalité évidemment mais exprimée d’une manière habile.

Orochi était donc un loup solitaire. Comme beaucoup. La plupart des Espada se méprenaient sur cette notion de solitude. Ils pensaient tous que cela garantissait une chose : la force. Mais ce n’était en réalité qu’une erreur grossière, un boniment de plus pour contrôler la masse. Le Sexta ne partageait pas cette opinion, bien que lui-aussi soit considéré comme solitaire. Pas pour les mêmes raisons, toutefois. Rester dans l’ombre lui garantissait la sécurité et une vision plus claire de ses propres projets. Pourquoi s’exposer s’il pouvait faire prendre ce risque à d’autres que lui ? Le Decima s’en rendait sans doute compte : intégrer l’Espada, cela revenait à prendre plus de risque encore que lorsqu’il parcourait le Yermo à l’époque. Car ici, les véritables ennemis étaient dix fois plus dangereux que les pauvres Hollows qui pullulaient au-delà de cette citadelle. Et en ces murs, la force brute n’était pas toujours l’arme la plus efficace qui soit. Il en était la preuve vivante.

- Je peux en effet te parler de certains. Je ne fais pas grand cas des places véritables de cette élite. Pour moi, cela ne reflète que peu de choses, aucun de ces grands pontes n’ayant eu à se battre les uns contre les autres. Je considère que vous êtes tous sur la même marche.

Il s’excluait de lui-même de ce groupe. Pas parce qu’il se pensait plus fort – cela aurait été une erreur et Borick se savait certainement moins puissants que certains autres – mais parce que le statut qu’il s’imposait, celui d’Empereur, ne pouvait être associé à celle de simple épée-lige. Il servait ses intérêts avant toute chose et sa place parmi l’élite de Grimmjow n’était en réalité qu’une erreur de parcours. La Panthère ne lui avait pas véritablement laissé le choix. Dark l’avait prévenu… Quelle idée que d’avoir exécuté ce Capitaine. Parfois, il le regrettait. Sa position de Fraccion lui avait été plus profitable que d’évoluer à la lumière.

- Dark Ezeckiel n’est autre que le Primera Espada. Impulsif, emporté, il n’a pas pour habitude de laisser les autres lui dicter ce qu’il a à faire. Si j’ai un conseil à te donner, c’est de te méfier de lui. Le mettre en colère ne t’apporterait qu’une chose : une mise à mort lente et douloureuse. Lorsque tu le verras, tu le reconnaîtras… Il est mon jumeau.

Une réalité. En dehors de quelques détails sommaires, Dark et Borick se ressemblaient comme deux gouttes d’eau. Une similitude qui poussait ces deux-là à tenter d’en découvrir plus sur leur passé. Recherche qui n’avait toujours pas porté ses fruits, bien entendu.

- Daestra, Tercera Espada, est sans conteste la créature la plus sauvage appartenant à l’unité. C’est une prédatrice et une fois en chasse, qu’importe ton appartenance : tu finiras dans son estomac. En dehors de ses penchants pour la mise à mort, elle reste une femme pleine d’esprit. Je la trouve captivante pour ma part… Une véritable arme humaine, d’une efficacité redoutable. Voilà les deux seuls que je juge digne d’intérêts parmi l’élite. Il y a bien le Segunda, Ace, ainsi que Lili, Cinquième Lame mais ils ne m’ont pas marqués outre mesure. Puissants, ils le sont sans le moindre doute néanmoins. Mais je te l’ai dit : je ne juge que les êtres, pas les chiffres qu’ils portent.

Des informations éparses, que cet homme pouvait obtenir auprès de n’importe qui. Daestra et Dark étaient réputés, après tout. Lili se faisait aussi une place importante, celle-ci se montrant cruelle et manipulatrice. Mais sa récente confrontation avec El Emperador avait permis à l’homme de mieux jauger son adversaire potentiel. Et il n’y avait vu aucune menace susceptible de l’inquiéter. Ace restait plus énigmatique, se cachant derrière des mimiques d’enfants. Sans doute une facade qui cachait un monstre cruel. Mais la cruauté faisait partie intégrante de ce monde et il en fallait plus pour intriguer le blondinet. Les autres, Borick ne les connaissait pas ou ne les jugeait véritablement pas digne d’intérêts. Alors inutile d’en parler, n’est-ce pas ?

- Mais tu verras ça de tes yeux bien assez tôt. L'Espada n'est pas une unité discrète.

Il était à sec. Pour une première rencontre, ça s’était plutôt bien déroulé, mais là il ne savait plus quoi dire. Alors que Borick cherchait à cerner l'individu pour comprendre qui il était et certainement savoir ce qu'il pouvait en « obtenir » s'il devait se méfier, etc. Pour Orochi, cette discussion avait pour but premier de bien faire les choses et il sentait avoir réussi. Bien entendu, il en profitait pour essayer de comprendre un peu plus ce Borick et ce même si le Décima espada n'avait posé aucune question le concernant directement.

Il prenait bien note des noms des autres Espada ainsi que de leur caractère. Cela pouvait lui être très utile. À la mention de la similitude physique entre Dark et Borick, il se demanda si cela allait plus loin. Étaient-ils similaires aussi dans leur ressurection ou alors d'un point de vue de « puissances? Ce qui amènerait le fait que Borick était plus dangereux que ce que son chiffre laissait imaginer. Enfin, il mémorisa le reste des noms de l'espada et fut un peu étonné... c'était tout? Il pouvait bien comprendre Borcik à lui souhaiter la bienvenue, il en manquait encore un paquet d'Espadas. C'était bien peu pour affronter les forces des shinigamis. À moins bien entendu qu'il ne connaissait pas personnellement les autres.

-Et bien, merci de ces informations. Je prendrai donc garde avec le primera et la tercera. J'ai été... chanceux d'avoir affaire à toi pour une première rencontre avec un espada. Bon et bien, je vais continuer ma route. C'est étrange que je me perde ici et qu'en 10 ans sur terre je ne me sois jamais égaré, je suppose que les espaces clos me déboussolent. Bref, vous m'indiquez le chemin à suivre ou vous préférez me le montrer?

Ouais, la discussion semblait terminée pour Orochi, à moins que l'Espada ait encore des choses à dire ou décide de l'accompagner vers la "sortie" de ce foutu labyrinthe. Après tout, ce n'était qu'une première rencontre et ils n'allaient pas faire copain copain la première fois, peut-être même jamais. De plus, ses jambes le démangeaient à rester debout à ne rien faire, il avait besoin de bouger pour se les dégourdir.

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