De retour, j’étais enfin de retour après plus de deux cents ans. Cela faisait maintenant six jours, et pourtant j’avais toujours du mal à m’en remettre. Cette sensation d’être à la maison, un sentiment que je n’avais plus ressenti depuis des années, malgré tous mes efforts pour le remplacer, cet endroit que j’avais chéri ne m’avait jamais quitté. Et il semblerait que ce ne soit pas prêt de changer. Pourtant, malgré tout ce qu’il pouvait y avoir à faire je n’avais qu’une seule envie, celle d’aller voir un ami, que je n’avais qu’entre-aperçu il y a quelque jours, alors même que le Shotaishô nous expliquait que nous ne serions pas exécuté comme l’aurait voulu certaines règles ancestrale mais bel et bien intégré au rang du Gotei 13. Semblerait-il que notre défense active de Karakura ait pesé quelque chose dans la balance, ou alors cette loi, désuète et outrepassé depuis bien des années avait tout simplement cessé d’être écouté.

Toujours est-il que j’avais été introduit en tant que Jû Ban Tai Taisho par le Kenpachi hier seulement et que déjà le boulot de la division me submergeait. Les habitudes avaient la peau dure et je devais avouer avoir l’impression l’espace d’un instant d’être redevenu celui que j’étais il y a plus de deux cents ans. Le Jû Ban Tai FukuTaisho. Pourtant il n’était plus là. Et ne le serais plus jamais. Je n’arrivais pas encore à totalement faire disparaître son image, et ne le désirais en aucun cas. Je m’étais juré que je le remplacerais, que je reprendrais sa place et lui ferait honneur. N’ayant pas connu ces successeur je ne saurais dire l’impact qu’ils avaient pu avoir sur cette Division, que se soit en bien ou en mal peut m’importé, je faisais cela pour lui, pour mon mentor.

Malgré tout je me sentais obligé de laisser de côté mon travaille et d’aller le voir. Je voulais savoir comment il se portait, et si ce retour au Seireitei lui semblait aussi étrange qu’à moi. Il retrouvait son mentor, et je savais que leur relations était plus forte que celle que j’avais pu avoir avec lui au Kanshu, je l’avais bien compris lors de la rencontre avec son mentor il y a de cela quelques mois...

Je traversais donc le chemin qui nous séparais de la Neuvième Division, quelques murs c’étaient tout. Et rapidement je fus de l’autre côté. Moi ce nouveau qui débarquait. Je voyais les membres de la Division chuchoté à mon passage, j’étais après tous le nouveau, l’ancien déserteur. Celui qui était revenu au Gotei 13 suite au dernier incident, et je les comprenais bien. Tentant simplement de garder une allure digne de celle d’un Capitaine, c’était à moi maintenant d’en imposer, de prouver que j’étais son digne successeur, même si plusieurs hommes étaient passé entre deux.

Je le trouvais enfin, là où on me l’avait indiqué. Dans une petite cours de la Division. Un endroit où régnait une harmonie parfaite. Une petite rivière, un petit pont, quelques petits arbres. Un de ces jardins si parfaitement préparé qui existait encore à quelques endroits à travers le Seireitei n’ayant pas encore été transformé en une place d’entrainement. Et voilà enfin que je mettais un pied à côté de lui. Sachant pertinemment qu’il était au courant de ma venue depuis le moment où j’avais posé mon premier pied dans les quartiers de la Division. Je souriais, heureux de revoir la seule personne que j'estimais réellement dans ces murs.

Vous m’attendiez j’imagine... N’est ce pas Kamui ? Ou devrais-je dire Kagura-Fukutaishô?

Cet endroit était paisible à souhait, semblable à ce qu’il avait connu quelques siècles auparavant, alors qu’il officiait déjà dans cette division, en tant que Lieutenant de Tenzen. Quelques petites touches avaient été apportées évidemment, comme cette statue qui semblait veiller sur ce jardin. Elle avait quelque chose d’étrange, de fantastique, comme si elle était en réalité vivante. Une sensation confirmée par des traces infimes de Reiatsu que Kamui avait détecté en usant de son art particulier. Des traces qui s’effaceraient avec le temps, il en était persuadé. Le temps… Rien ne résistait à cette chose intraitable. Pas même le passé.

Car si Kamui se trouvait là, c’était précisément pour faire le point sur sa situation. On l'avait retrouvé et ramené ici. On l'avait soigné alors même que la mort commençait à l’emporter. Et plus surprenant encore, on l'avait réintégré dans les rangs du Gotei suite à sa rémission partielle, Shunsui lui offrant même un grade élevé alors même qu'il avait été par le passé considéré comme renégat. Il savait le Yakushiji impliqué dans l’affaire, ce dernier trouvant sans doute une occasion unique de le ramener près de lui. Ils avaient peu parlés depuis leur retrouvaille mais cela avait suffit à Kamui. Comme par le passé, il était dévoué à son mentor. Et servir à ses côtés était une opportunité qu’il ne pouvait laisser échapper. Bien sûr, il avait été Capitaine. Bien sûr, un autre que lui aurait sans doute demandé à réintégrer ses fonctions passées. Mais Kamui n’était pas ainsi. Redevenir le Fukutaishô de la division de la Justice le satisfaisait amplement. Jamais il n’aurait espéré pareille faveur il y a encore quelques semaines.

Les Mahô Tsukai avaient frappés durement. Morgana… Son corps se souvenait encore de l’attaque terrible qu’il avait reçue. Il était véritablement passé proche de la mort. La lance lui ayant perforé le corps, certains organes importants avaient été touchés. Mais les compétences de la Quatrième Division lui avaient sauvé l’existence. Eux et Shu aussi… L’ancien Général l’avait attrapé avant que son dernier souffle ne soit expiré pour le tirer hors du champ d’action de la démone. Lui aussi avait été rudement secoué. Et lui aussi avait eu une chance de réintégrer ses anciennes fonctions, au sein de sa division. Une chance, très certainement. Avant même que l’homme n’arrive à lui, le Kagura l’avait perçu. Ses capacités revenaient lentement à cause de ses blessures mais sa perception restait intacte. Mais un large pansement était visible en dessous de sa veste.

Pour une fois, son sabre n’était pas tenu dans sa main mais bel et bien accroché à son Kimono. Son habitude reviendra si tôt qu’il serait redevenu maître de ses mouvements, il le savait. Mais ici, il n’éprouvait plus le besoin de porter en permanence son Zanpakutô. Il attendit que Shu prenne la parole avant de tourner le regard dans sa direction.

- En effet, Igarashi-Taishô. Vous avez tardé à venir à ma rencontre...

Kamui avait toujours été un homme respectueux des grades et des convenances. Sans doute une manie que lui avait inculquée Tenzen, lui aussi assez à cheval sur le titre de capitaine et de ses implications. Il avait beau connaître Shu, il le voyait désormais comme un véritable Capitaine du Gotei. Un titre amplement plus respectable que celui de Général qu’il portait sur terre. Du moins selon les critères du Kagura. Il inclina légèrement la tête pour le saluer, signe amical qui n'avait généralement pas cours chez l'ancien Taishô de la Troisième Division.

- Les événements ont prit une tournure bien curieuse. Je n’aurai jamais pensé pouvoir porter de nouveau les couleurs d’une des treize divisions. Encore moins celle de la Justice d’ailleurs. Etrange coup du sort.

Un supposé traître portant l’habit traditionnel de la Neuvième division. Beaucoup aurait à y redire. Mais il ne laisserait évidemment pas faire. Kamui ne souriait pas. Il souriait rarement, d’ailleurs, gardant généralement cette impassibilité sur son visage afin de masquer ses sentiments. Un masque généralement imperturbable. Pourtant, il devait admettre être heureux de voir Shu face à lui aujourd’hui, visiblement remit de ses blessures.

- Je n’ai pas eu le temps de vous remercier pour ce qui c’est passé avec Morgana. Sans doute serais-je encore sous les décombres de Karakura si vous n’étiez pas intervenu. Je ne connais pas l’opinion des autres à ce sujet, mais je suis persuadé que vous méritez de porter ce Haori, Shu.

Par réflexe, sa main s’était posée sur le pansement qui recouvrait sa blessure. Elle était bien présente, l’handicapant fortement. Bien que le respect soit de mise de par la différence de grade entre les deux hommes, Kamui avait glissé le prénom de son compère plutôt que son grade formel afin de lui montrer que cela ne changeait rien à ce qu’ils avaient traversés. Ils avaient combattus à de nombreuses reprises l’un avec l’autre et cela créait des liens. Même si évidemment, Kamui n’était pas quelqu’un de très expansif. Le titre de Taishô reprendrait son cours aussitôt qu’ils seraient en compagnie d’autres Shinigami. Et à ce sujet, ils ne resteraient pas seuls bien longtemps. A l’orée de sa conscience, il perçut l’aura caractéristique de son mentor. Ce dernier se dirigeait vers eux, avec calme. Voilà un triangle particulier… Car les trois hommes se connaissaient. Et chacun portait une opinion sur les autres.

Une nouvelle journée passée à l'Académie, enseignant la bonne pratique et tenue du Jinzen à de nombreux Shinigamis qui viendraient un jour remplir les rangs des treize armées au service du Roi des Âmes et gardiens de l'équilibre de la balance. Était-il devenu de plus en plus exigeant, ou bien c'était simplement le niveau global qui tendait naturellement à baisser, encore et encore ? Sa foi en l'avenir se ternissait parfois quand il considérait ce à quoi il faisait face. Des faibles, qui mettraient sans doute quelques siècles à trouver une réelle valeur. Et ce seulement s'ils ne périssaient pas entre temps...

Bien longtemps qu'il n'avait plus croisé la route d'un prodige, il faut l'avouer. Et encore, lorsque l'on voit ce que les prodiges deviennent... Le dernier en date venait de trouver la mort face au Roi du Hueco Mundo. Si cet adversaire était certes d'un palier supérieur, que vaut donc le statut de prodige si cela n'est que pour mourir sans jamais avoir eu aucune gloire ? Considération usurpée selon le Shirohasu, qui n'avait jamais vu Hitsugaya comme un grand Capitaine, et ce sans nullement tenir compte de sa taille bien entendu. Certes, il restait la plus jeune âme à jamais avoir atteint le grade suprême de Capitaine, mais sa progression ensuite n'en était pas venue à pouvoir impressionner le Taishô de la Neuvième Division. Bien peu de respect entre ces deux hommes, une chose connue depuis longtemps...

Et c'est donc sur ces pensées négatives qu'il rejoignait les quartiers de sa propre Division. Autant dire que cela ne le laissait pas dans les dispositions à même de le voir être de bonne humeur. Le Reiatsu qu'il ressentait alors qu'il s'approchait ne l'aidait pas non plus à se mettre dans un bon état d'esprit. En effet, sa première rencontre avec Shu n'avait pas aidé à ce que ces deux hommes puissent s'entendre. L'on pourrait sans doute en déduire que Tenzen était de ceux qui n'aiment jamais personne, mais est-ce réellement de sa faute si tous s'acharnaient à montrer une bien mauvaise image d'eux-mêmes ? Comment offrir autre chose que du mépris quand tous se donnaient tant de mal à montrer et prouver à quel point ils étaient mauvais ? Bien entendu, ce brusque changement de situation allait inévitablement ressortir dans le discours venimeux du Yakushiji.

Et bien et bien... Mais quel retournement de veste, dites-moi ! Vous qui il y a peu encore étiez prêt à vous opposer à un Capitaine du Gotei 13 dans le simple but d'asseoir votre hégémonie sur Karakura-Town, à vous et à groupuscule... Voilà qu'à présent vous arborez fièrement le Haori vous-même !
Comment se porte donc votre amour-propre, dites-moi ?

Il ne l'avait pas appelé ni par son nom, ni par son grade, n'installant donc pas lui même le protocole sans toutefois s'y soustraire, lui qui y était tant attaché... Une bonne manière de voir comment Shu allait y répondre, ce qui en pourrait en dire beaucoup sur ce personnage. Sans parler de la dernière question placée, tombant juste après une remarque très désobligeante. Une nouvelle fois, la réponse pourrait lui apprendre beaucoup sur lui. Sa stratégie habituelle : passer par la provocation pour que les personnalités ressortent et s'expriment en se masquant le moins possible.

À Kamui, il n'adresse qu'un coup d’œil jusque là. Il sait que son désormais Fukutaishô avait nourri une certaine affection pour le nouveau Capitaine de la Dixième Division, et qu'il n'apprécierait donc pas particulièrement de se retrouver au centre d'un conflit entre ces deux Taishôs. Mais il connaissait également suffisamment le Lotus Blanc que pour savoir qu'il n'aurait de toute façon pas pu s'en empêcher et que cette discussion se serait forcément tenue un jour ou l'autre. Et à ce titre, mieux valait tôt que tard. Cela évitait que cette mise à plat se déroule en plein cœur d'une réunion importante, ou le mépris de Tenzen aurait alors pu s'afficher aux yeux et au su de tous.

Oui j’aurais du venir plus tôt...

Igarashi-Taishô. Je n’arrivais décidément toujours pas à m’y faire, et encore moins lorsque c’était lui qui me le disait. Cet homme était la seul véritable personne faisant partie de l’une des Treize division que je pouvais considérer comme un ami, du moins comme ce qui s’en rapproche le plus. Il me faisait confiance tout autant que je le lui faisais. Et n’avait pas hésité à mettre ma vie entre ses mains comme il l’avait fait pour moi. J’avais essayé de venir le voir au plus vite, mais les choses étant ce qu’elles sont ici, je n’avais pu gérer mon temps exactement comme je l’avais désiré... Mais j’étais enfin là, et j’étais heureux de le revoir ici, en forme. Car même si je l’avais revu en un seul morceau lors de notre audience avec le Capitaine de la première division, il n’était pas encore à ce moment là au meilleurs de sa forme, pas plus que je ne l’avait été d’ailleurs...

Oui le destin semble s’être beaucoup préoccupé de notre sort...

Je ne pouvais qu’être d’accord avec lui, après tout j’étais maintenant un Capitaine alors que j’avais été un mort pour le Seireitei depuis plus de 200 ans, et lui qui avait été un traître, ayant échafaudé un plan visant à renverser le ShoTaishô se retrouvait Vice-Capitaine sous les ordres de celui qui fut l’investigateur du plan et son ancien Mentor. Tout comme il y a quelques jours je n’aurais pu imaginer le Kirin mort et le QG détruit, les événements prenaient une tournure bien étrange en ce moment même...

Ne me remerciez pas, vous auriez fait la même chose pour moi si les rôles avaient été inversé... Et merci de la confiance que vous me portez !

Je lui disais cela avec un mince sourire. Il avait beau n’être considéré actuellement que comme un «Vice-Capitaine» je le considérais comme mon égal depuis bien longtemps. Il avait été un Capitaine ici et rien à mes yeux ne ferait retomber cet état de fait. J’étais donc réellement content qu’il pense quelque chose d’aussi bien que moi, cela m’aidait à avaler la pilule de me dire que je n’avais pas été à la hauteur de mon rang au Kanshu. Peut importe ce que les onze autre pouvaient pensé de moi, peut importe ce que je devrais faire face, je me montrerais à la hauteur de mon rang et assumerait ma place sans avoir à rougir de quoi que se soit.

Du moins c’est ce que je pensais... Je l’entendis arrivé quelques secondes avant qu’il ne prenne la parole, arrivant derrière son Vice-Capitaine qui je le savais l’avait senti arrivé de loin. Je n’en étais pas capable, mais peut importe en ce moment, car la confrontation serait inévitable. Des images de notre première rencontre remonté à la surface. Un homme aussi froid qu’il y paraissait voilà ce que j’en avais surtout retenu, et probablement qu’il ne devait pas m’avoir en haute estime au vue de la façon dont il m’avait alors parlé... Dénigrant complètement le Kanshu que je représentais.
Et le clash ne fut qu’inévitable. Il me rentra immédiatement dans le tas, tel un enfant qui désire enfoncé sa supériorité face à un enfant d’une classe inférieur. Il ne semblait même pas me considérer assez pour me respecter en tant que Capitaine. Cet homme m'exécrait tout simplement, et ce qui m’énervait encore plus était qu’il allait s’immiscer entre Kamui et moi, lui qui était mon seul allié dans ce lieu, je ne pourrais pas le forcer à choisir entre l’un ou l’autre, sachant malheureusement vers qui sa réelle loyauté se tournerait...

Mon amour-propre se porte à merveille Yakushiji-Taishô. Le Kanshu ayant disparu et la ville de Karakura étant repassé sous le contrôle du Seireitei, du moins en théorie, je suis venu là où l’on avait besoin de moi. Que vous le vouliez ou non je n’ai jamais cessé d’être un Shinigami, je le faisais seulement de façon différente.

J’étais resté d’un calme olympien alors que je lui parlais. N’ayant aucune raison de marcher à ses basses provocations. Je ne viendrais même pas sur le fait que je n’ai jamais eu dans l’idée d’être une quelconque menace pour ce Capitaine alors qu’il était sur terre. Je ne désirais que m’assurer qu’il n’était en aucun là pour faire quoi que se soit de mal à Kamui. Et si cela avait été le cas, oui je l’aurais attaqué, sans la moindre hésitation. Je ne parlais pas non plus du fait qu’il soit lui aussi un ancien déserteur qui était revenu comme une fleur après des siècle de disparition et une trahison qui aurait du l'amener à la peine de mort. Ma propre fuite semblait être une simple erreur de parcours par rapport à l’ampleur de la leur... Je savais pertinemment qu’il ne me pensait pas digne du poste auquel j’avais été placé, et c’était bien la raison pour laquelle je l’avais souligné dans ce que je disais ! Je n’avais d’ailleurs pas voulu rentrer de force Kamui dans cette conversation de peur de le forcer à devoir prendre un camp ou le mettre dans une situation qu’il n’apprécierait pas en utilisant un nous à ce que je disais... Il prendrait ses propres décisions !

Vous avez beau n’avoir aucune estime dans ce pourquoi nous nous battions, ni même dans le Kanshu en général, j’ai fait ce que j’avais à faire ce jour là et je ne regrette en rien mes actes.

La rencontre s’annonçait désormais plus tendue que jamais. Bien que Kamui s’y soit évidemment attendue, connaissant l’historique qui existait entre les deux hommes. Fidèle à ses habitudes, il se recula d’un pas afin de bien signifier qu’il n’était plus l’interlocuteur principal de Shu. Lors de ses déplacements avec son mentor, le Kagura avait toujours tendance à se retrouver quelques pas derrière lui, démontrant ainsi le respect qu’il lui portait, ainsi que son dévouement.

Quoi qu’il en soit, cette rencontre allait aussi permettre à Kamui de voir comment réagissait son allié face à une telle situation. D’expérience, il savait l’effet que procurait la présence de Tenzen sur les gens. Plutôt intimidant, son mentor avait tendance à refroidir les ardeurs de ceux avec qui il discutait. Son apparente froideur et ses facultés d’observation en perturbaient plus d’un. Et c’est avec une certaine surprise qu’il entendit les réponses de Shu. Loin de se démonter, l’ancien Général se justifiait sans pour autant manquer de respect à celui qui se dressait face à lui. Certaines de ses remarques sonnaient justes et il avait au moins le mérite de croire en ce qu’il avait fait par le passé. Peut-être à tort mais il était difficile de s’avouer que l’on avait échoué.

Pour autant, Kamui savait que la présence du Kanshu avait amoindris le mal à Karakura, sans en annihiler la source. Une police en quelque sorte, qui avait essentiellement été dépassé par les événements à cause de son manque d’organisation. Pour y avoir travaillé quelques temps, il connaissait le laxisme de certains. Sans discipline, sans force, les jeunes recrues avaient été balayées. Sur l’ensemble des soldats appartenant à l’organisation, seule une poignée avait été utile. Et cela, même Shu devait l’admettre. La bataille qui les avait opposée à Morgana en était la preuve la plus évidente : cinq guerriers avaient combattus et dès les premiers échanges, deux étaient tombés. On ne pouvait tenir une ville avec un tel rapport de force. C’est pourquoi il se permit de répondre à l’une des affirmations de son allié.

- Si je puis me permettre, Karakura n’a jamais échappé au contrôle du Seireitei. Je pense seulement que les dirigeants du Gotei ont placés leur confiance en des êtres sans se préoccuper de ce qu’il adviendrait de la ville en cas de véritable menace. Cette base est un haut lieu stratégique et je reste persuadé qu’il ne fallait pas donner autant de liberté à Urahara ou à Yoruichi. Le premier a été piégé trop rapidement par notre ennemie, quant à la seconde, elle avait sans doute encore disparue. Malheureusement, ce qui est fait ne peut être défait… Il nous appartient désormais de ne plus faire la même erreur.

Dans l’affaire qui opposait ces deux-là, le Kagura s’estimait comme neutre. Cela ne l’empêchait pas d’avoir son propre avis sur l’utilité réelle du Kanshu. Pour en avoir été membre, il savait de quoi il parlait. Le manque de professionnalisme des recrues avait été l’un des facteurs principaux de leur défaite. On n’envoyait pas des enfants combattre et c’est ce qu’avait fait le Kanshu.

- Ainsi, il est préférable que le Gotei reprenne la main.

Pour le reste, Kamui ne souhaitait pas intervenir dans la dispute qui opposait les deux Taishô. Il gardait donc pour lui ses pensées, ne se justifiant que sur ce qu’il trouvait cohérent.

Évidemment, il est bien difficile de porter atteinte à ce qui est inexistant. Au temps pour moi, j'aurais dû le savoir et donc me priver de poser cette question inutile...

Pour lui, l'affaire était déjà toute vue. Il s'agissait là ni plus ni moins que d'un retournement de veste. S'il avait tant cru en ses idéaux, en la défense de Karakura, pourquoi accepter de rejoindre le Gotei à présent ? Enfin, en dehors du fait de se parer d'un joli manteau qu'il ne méritait pas, bien entendu. Par le passé, il avait clairement placé son allégeance vers le Kanshu, quitte à s'opposer au Gotei 13 si cela devait être nécessaire. Et dès lors que le Kirin disparaissait, toutes ces belles idées disparaissaient ? D'autres avaient décidé de rester sur Terre et de poursuivre leur lutte, de continuer à protéger Karakura, et ce même s'ils avaient échoué jusque là. Yoruichi ou Ishin en étaient les exemples. Un nouveau Kanshu aurait pu se relever. Sans peut-être recevoir l'aval du Seireitei, mais qui avait de toute manière mieux à faire que d'affronter de nouveaux ennemis. Shunsui aurait alors sans doute laissé faire, sans s'en tracasser. Mais au lieu de poursuivre sa lutte, revenir dans le giron d'une réelle puissance militaire est certainement bien plus confortable, surtout à un tel poste.

Kamui en tout cas vient lui prémâcher le boulot, en témoignant du fait que jamais le Gotei n'avait totalement tourné le dos à Karakura. La surveillance de la Terre et plus particulièrement de cette cité clé n'avait jamais cessé. La seule chose qui s'est produite et qui a évolué, c'est que les membres du Kanshu ont voulu se croire de plus en plus indépendants, alors qu'ils n'avaient pas les épaules pour protéger seuls cette ville. La Treizième Division n'a jamais cessé sa surveillance, et il n'a pas fallu longtemps pour que le Sotaishô envoie des renforts lorsque les Maho Tsukaïs ont attaqué Karakura. Des preuves qu'au final le Seireitei n'avait jamais cessé de jeter un œil vers les actions de ce groupuscule sans envergure. Une bonne chose au final...

Cela dit, je vais tout de même me permettre de corriger votre idiotie une nouvelle fois. Il est parfaitement ridicule de croire que je puisse m'opposer à la protection de Karakura, de penser que je n'ai pas d'estime pour cette lutte. Ce n'est pas cela que je méprise, non. Mais juste vous.
Nous ne manquions pas d'écervelés et j'avoue être attristé d'en compter un de plus dans nos rangs, qui plus est à une aussi haute responsabilité, voilà tout. Vous avez échoué en tant que Général d'une organisation aussi faible que peut l'être un nouveau né. Et vous voilà récompensé par un manteau bien trop lourd pour vos épaules. Si je puis vous glisser un conseil, restez discret. Lorsque l'on vous voit, l'on peut penser que vous êtes stupide. Mais dès lors que vous ouvrez la bouche, l'on ne peut plus se permettre d'en douter...

Cette capacité à déballer des horreurs tout en préservant un calme sans pareil et garder un ton tout à fait banal, voilà une des grandes caractéristiques du Yakushiji. Et tout en disant cela, il s'en allait tout simplement... Pour lui, la discussion était close et rester le temps d'entendre cet énergumène formuler une réponse ne serait que perte de temps. D'ailleurs, il ne lui adressa plus un mot de plus, ses paroles suivantes partant à l'attention de Kamui alors qu'il s'éloignait toujours.

Termine vite tes « heureuses retrouvailles » avec ton « cher ami ». Ensuite, nous aurons du travail. Il faut bien que les rares êtres compétents s'activent sur ce navire afin qu'il ne coule pas...

Et voilà que tout était dit... Tenzen allait rejoindre son bureau, d'où il attendrait que son second daigne venir le retrouver. Il était temps que les affaires reprennent !

Karakura qui n’a jamais échappé au Contrôle du Seireitei... J’ai du m’absenter aux exactes moments de leurs apparitions alors... Je n’avais vu personne de la Soul Society, jamais ! Un seul membre il y a de cela très longtemps. Un homme de la Treizième en pleine analyse pour sa Division, et le Capitaine même qui se est en face de moi, ou du moins était en face de moi il y a quelque instant. Je n’avais pas pris la peine de répondre, comprenant parfaitement que peu importe ce que je pourrais dire cet Homme ne m’écouterait tout simplement pas, et surtout ne me considérais de toute façon jamais. Je resterais un éternel boulet à ses yeux pour avoir osé le défié alors qu’il était sur terre. C’est là tout ce que je voyais, un homme tellement Imbu de sa personne qu’il ne pouvait comprendre que l’on lui fasse obstacle. Il avait beau être le deuxième homme le plus puissant des forces du Seireitei, je ne m’étais pas une seule seconde affaissé devant lui. Je n’avais pas quitté son regard des yeux. Je le défiais du regard ne perdant pas une miette des méchancetés qu’il pouvait avoir à me dire. J’eus un instant le sentiment que pour lui je n’étais qu’une merde et qu’encore c’était un doux euphémisme pour dire qu’à ses yeux je représentais moins que le plus médiocre des Hollows du Hueco Mundo qu’il aurait pu croiser.

Il est parti pour ne pas me considérer pour le millénaire qui vient, hein ?!

Lâchais-je à Kamui alors que le bourreau venait de partir. Ramassant ce que je trouvais encore de ma Dignité je regardais celui qui était encore là. Je ne tenais pas à le mettre dans une situation embêtante et n’allait pas revenir sur ce qu’il venait de se passer. Lui comme moi devions savoir que nous n’y pouvions après tout rien. Nous ne ferions pas l’un plus que l’autre changer son Opinion sur moi, du moins pas avec des paroles. J’étais un éternel optimiste, et qui sait peut être qu’un jour mes actes lui prouveront-ils ma parole ?! J’avais beau être très optimiste je me demandais l’espace d’un instant si cela ne relevait pas plus de l’utopie...

Tu penses toujours que je mérite ce Haori après ça ?!

J’avais beau jouer au grand dur et faire que ça ne m’affectais pas maintenant qu’il était parti je ne pouvais pas feindre d’avoir été un tant soit peu blessé par ses paroles, blessantes à souhait. Je n’avais rien voulu montrer devant cet Homme, il ne le méritait pas, je ne voulais pas qu’il ait la moindre sensation d’avoir réussi à m’atteindre d’une façon ou d’une autre. En aucun cas ! Mais nous n’étions plus que nous deux, et je devais avouer avoir malgré tout quelques doutes qui affluaient dans mon cerveau. Ne comprenant pas comment, alors qu’il avait été son élève, il ne pouvait pas avoir la même pensé que son Mentor en ce qui me concerne...


J’avais beau savoir qu’il ne me portait pas dans son coeur, je ne m’étais vraiment pas attendu à ce que cela atteigne un seuil pareil...

Kamui fut surpris d'entendre la question de Shu. S'il est vrai que Tenzen pouvait se montrer relativement dur dans ses jugements, il ne s'était pas attendu à ce que la détermination du nouveau capitaine de la Dixième division puisse disparaître aussi rapidement. De toute évidence, les choses ne se régleraient pas si facilement et il y avait même de fortes chances que jamais la situation entre ces deux-là puissent évoluer un jour. Le Yakushiji n'était pas homme à changer facilement d'avis et même le Kagura ne parvenait pas à savoir ce qui pourrait arranger les choses. Leur première rencontre, sur terre, avait en quelque sorte scellé leur relation. Il n'en serait peut-être jamais autrement.

- Je comprends qu'il soit difficile d'accepter les paroles de Yakushiji-sama... Son jugement est généralement sans appel et je ne l'ai que rarement vu changer d'avis sur quelqu'un. Toutefois, vous remettre autant en cause pour un simple différent ne vous ressemble pas. Vous êtes Capitaine désormais. Si vous ne vous sentez pas capable de subir son regard, alors peut-être serait-il mieux que vous déposiez ce Haori, en effet.

Kamui se voulait dur volontairement. Car s'il comprenait l'animosité et la déception qui habitaient ces deux hommes, ils ne devaient pas oublier quel était leur poste. Un Capitaine avait à sa charge la responsabilité de sa division et des Shinigamis qui la composaient. Concernant Tenzen, il n'avait aucun doute du sérieux avec lequel il prenait ce rôle. Son mentor était né pour diriger et conduire des hommes. Mais la réflexion de Shu n'avait pas sa place pour un Taishô. Encore moins pour un homme qui venait d'avoir une chance unique de réintégrer l'élite qu'il avait déserté par le passé. Le doute ne pouvait avoir sa place dans son esprit. Sans quoi, ce n'est pas seulement sa vie qu'il mettait en jeu. Celle de ses hommes également.

Harassé, le Kagura essuya son front d'un revers du bras, épongeant au passage la sueur qui commençait à perler. La fatigue gagnait ses membres et la douleur revenait peu à peu. N'ayant pas ses médicaments sur lui, il savait qu'il n'allait plus devoir tarder. Il n'oubliait pas qu'il était toujours en convalescence et les recommandations des médecins avaient été claires. Il fit quelques pas dans la direction de Shu. Là, il fit un geste extrêmement rare pour lui. Un geste de compassion auquel il n'était pas habitué, lui qui suivait sans relâche le chemin que lui ouvrait son mentor. Il posa sa main sur l'épaule du Vizard.

- L'apitoiement est la pire des réactions possible à avoir. Et ce n'est pas ainsi que vous ferez changer d'avis mon maître. Reprenez-vous et montrez-vous digne de l'honneur qui vous a été fait. Notre Sotaishô a fait preuve d'une clémence peu commune pour ceux qui sont considérés comme des traîtres. Vous êtes Capitaine. Rien de moins.

Sa main quitta l'épaule de Shu aussi rapidement qu'elle s'y était posé. Il n'était décidément pas habitué à ce genre de marques. S'il y a bien une chose qui était vraie, c'était que cette seconde chance ne devait pas être gâchée. Et contrairement à lui, Shu n'avait pas à subir les regards hostiles d'une majorité des Shinigamis du Seireitei. Le passé du Kagura le rattrapait. Cela ne lui causait aucun tourment pour autant. Sa conscience était tranquille et il assumait chaque décision qu'il avait prises par le passé. Mais on ne pouvait pas effacer une ardoise aussi facilement. Encore mois lorsque l'on suivait délibérément les traces d'un homme aussi illustre que l'était le Lotus Blanc.

Ne vous méprenez pas Kamui-san. Même s’il y avait un peu d'apitoiement dans ces paroles c’était surtout une question mal formulé. Comment est-il possible qu’alors que vous, qui êtes son élève, vous me pensiez digne de porter ce Haori alors qu’il en est incapable ?

Cet homme m’avait été décrit de tous comme un meneur, et un homme sage. Alors comment était-il possible qu’il ne voit en moi rien d’autre que celui qu’il avait décrit il y a un instant ? Alors que son propre élève était lui capable de voir l’homme que je pouvais devenir. Que j’étais encore loin d’être devenu, mais celui qui un jour pourrait faire partie des bon capitaine du Gotei 13 ! Je ne pouvais comprendre un tel raisonnement. Car n’était-il pas le devoir d’un bon leader de faire abstraction de ces propres ressentis pour ne juger que les éléments, à savoir que même si je lui avait tenu tête je n’avais pas été si inutile jusqu’à maintenant et il devait pertinemment le savoir. J’étais sûr que Kamui lui avait tout raconté ! J’avais fait des prestations mitigé mais n’était pas tombé facilement dans aucun de mes combats, et j’avais même survécu à l’affrontement avec les Maho Tsukai...

Je comprenais parfaitement où voulais en venir Kamui. Je savais que je ne devais pas m’apitoyer et ne le ferais pas. Ou du moins essayerais de le faire le moins possible. J’avais très bien compris que ma place ici n’était en aucun cas de me laisser descendre à cause de ce genre de remarque ! J’allais devoir prouver que j’étais capable de tenir ma Division et que Kamui n’avait pas tord de croire en mon potentiel !

Mais malgré tout, ne vous inquiétez pas, j’ai réellement l’intention de prouver ma valeur en tant que Capitaine et qui sait peut être un jour réussirais-je à lui prouver ma valeur !

Je n’avais pas beaucoup d’espoir là dessus mais ce n’était pas où je voulais en venir après tout. J’avais quelque chose à lui présenter. Il serait la première personne à qui j’en parlerais et peut être serait-il capable de me donner un avis constructif sur la situation. Je comptais bien faire de ma Division une Division essentiel au Seireitei et surtout capable de botter le cul de la Onzième, comme je l’avais clairement annoncé à l’Argenté ! Et je n’étais pas homme à me défiler !

A vrai dire j’ai une idée pour ma Division qui ne semble pas avoir été approché et vous êtes le premier à qui j’en parle. Je sais que vous me donnerez une réponse honnête comparé à bien des gens ici... Evidemment cela doit rester entre nous pour l’instant.

Simple mesure de sécurité. Je savais pertinemment qu’il n’en parlerait pas et puis que cela ne lui apporterait de toute façon rien. C’était simplement que je comptais être prêt lorsque je déciderais à l’annoncer clairement. Je ne voulais pas foirer les choses dès mon arrivée !

Je compte spécialiser ma Division dans le combat à distance. J’utiliserais tous les plus puissants en kidô offensif et ceux qui possède des Zanpakutô de type Kidô comme archer, tandis que les autres auront pour bute de défendre les groupes de tireur. Rien de bien méchant à vrai dire, mais cela permettrait des offensives bien plus élaboré. Et je suis l’homme parfait pour m’occuper de ce genre d’équipe au vue de mes propres Capacités...

Il me répondrait honnêtement, et si une seule chose que j’ai pu dire lui déplaisait il me le ferait savoir sans la moindre hésitation. J’appréciais ce franc parler à tout épreuve qui le caractérisait et peut importe ce qu’il avait pu faire par le passé je savais que c’était pour le bien du plus grand nombre. Peut importe ce que je pouvais penser de son Mentor ces deux hommes oeuvraient seulement pour le bien de la Soul Society !