Mon droit d'aînesse pour une douche ! [PV Senji]

Elle s'adossa au mur, essuya d'une main tremblante son front moite. Ses cheveux, humides et collants, envahissaient son champ de vision, sans qu'elle trouve la force de les chasser. Les grains de poussières s'agglutinaient sur ses pommettes dégoulinant de sueur. Sa bouche, muette comme un poisson, s'arrondissait à la recherche d'air frais. Mais l'oxygène comme du sable roulait dans sa gorge et brûlait sa trachée, impitoyable.

La salle est close, elle fût faite par les Dieux Morts, et la chaleur la garde. La salle est close.

Les jambes molles, le Lieutenant Satō s'affaissa contre le mur. Son lourd uniforme lui collait la peau, atrocement, délivrant des bruits humides et écœurants à chaque fois que sa peau s'en décollait. Elle avait le sentiment de peser une tonne, d'être plongée dans un bassin d'huile, d'être arrosée de beurre mou à moitié fondu.

« Cha... Chaleur. »

Elle s'arrêta, déglutit. Son cœur battait la chamade, comme celui d'une lycéenne vivant ses premiers émois. Ses paupières papillonnèrent, quémandant un peu d'eau pour humecter ses yeux troubles. Autour d'elle, plus morts que vifs, s'étalaient trois... Quatre membres de sa division. Ils se liquéfiaient sur place. Ils avaient été plus proche de l'épicentre de l'explosion, mais ce n'était pas la cause de leur chute. Non. Comme elle, ils avaient été terrassé par la terrible chaleur qui régnait désormais dans la minuscule pièce, close et poussiéreuse. Elle essaya de rassembler les mots qui voletaient, gras et épais, fuyant comme du savon dans son esprit. C'était comme s'enfoncer dans une grosse masse de beurre mou.

« Pourquoi... Bombe à chaleur... Dans tiroir... »

Ce disant, elle pointa un doigt vers la fenêtre et relâcha son reiatsu brut, sans prendre la peine d'un sort. Elle n'en aurait pas eu l'intelligence de toute façon. Les vitres volèrent en éclat et une rafale de vent frais s'engouffra dans la pièce étroite. Les effets pervers du piège se dissipèrent presque aussi rapidement et la jeune femme put se relever, les entrailles moins trépidantes. Elle se tint quelques instants courbée comme une vieille, tandis que des mains prévenantes et affairées entraient en foule dans la pièce leur porter secours. Visiblement, l'une et l'autre des explosions avaient attiré leur attention. Ils lui tendirent une gourde d'eau, mais évitèrent de la toucher. Elle leur en fut vaguement reconnaissante. Ils avaient mis du temps à comprendre, tudieu...

Elle sentit plus qu'elle ne vit les quatre subalternes qui l'avaient accompagné être évacués dans les jardins.
Fumiko soupira. Vraiment, la chaleur, c'était pas son truc... Surtout quand elle provenait d'un sortilège d'énergie mal dosé contenu dans une vieille bombe artisanale enfermée depuis sûrement des siècles dans un des innombrables tiroirs d'une des salles attenantes au bureau du Taishō . Oui, une de ces nombreuses salles que personne n'utilisait, de par la fonction même de la IV: l'administratif, on le savait, était une des dernières préoccupations de la IV. On aimait soigner, on préférait larver, et les quartiers privés de l'ancienne Capitaine avaient longtemps tenu le rôle de « Centre » dans le QG. Mais voilà: ces derniers avaient été rasé lors des guerres, et puis utiliser ces restes étaient trop douloureux.
Satō avait préféré revenir aux classiques. La division s'était activée, dès sa nomination, à remettre en état le QG officiel. D'où une intense semaine de nettoyage et d'archéologie pour remettre les dossiers à jour, savoir qui fait quoi, qui est où, quand, comment. Un travail immense mais nécessaire pour gérer la division estimée à 235 âmes, d'autant plus important que toutes les forces de la IV étaient particulièrement sollicitées en ces temps de deuil et de mort. Il leur fallait être rapide, efficace et appliqué. Nul droit à l'erreur: chaque perte pouvait conduire à la fin du Sereitei et on l'avait fait lourdement comprendre à la jeune femme fraîchement gradée.
A ces tâches de soin, d'administration, et de réappropriation d'un ancien territoire s'ajoutaient évidemment les corvées « mondaines » que représentaient la rencontre des différents membres des autres sections. L'avantage de la guerre se fit là ressentir: ils étaient pour le moment et pour la plupart entassés dans la section « Soins intensifs ». Plus facile ainsi de mettre des têtes sur des noms... Et des points faibles sur des combattants formidables.

La petite pièce fourmillait maintenant de démineurs. Fumiko était sortie, après leur avoir demandé d'essayer de garder intact tout autre objet entassé dans la pièce. Ils avaient perdu à cause de l'inexpérience d'une gamine du temps et un objet précieux, et on ne savait quels autres bidules aux finalités aussi dangereuses que mystérieuses pouvaient avoir été oublié ici.

On lui avait amené une petite vasque et une serviette, grâce à laquelle elle avait évacué le voile de transpiration qui perlait sur son front, mais elle se sentait sale. La chaleur tout d'abord, qui l'avait amené à transpirer abondamment, mais aussi le nuage de poussière soulevé par la faible onde de choc qui l'avait joyeusement recouvert. Elle n'était guère propre, la Vice-Capichef, et avait la bouche bien pâteuse. Des petites infirmières affolées lui tournaient autour, la conjurant de boire plus. Après un litre et demi dûment avalé, elle les chassa. Elles avaient des urgences en la matière de leurs patients, et Fumiko ne rêvait plus que d'une douche et d'un uniforme propre. Rêve vers lequel elle se déplaçait avec vélocité, tout en observant du coin de l'œil, en passant, où en étaient ses petits Dieux préférés.

Bonne idée, tiens, que d'avoir déplacé ses quartiers personnels au centre du QG. (Vie privée ? De quoi qu'on parle ?)

T’es sérieux ?!

On ne peut plus Senji-san ! Une explosion au beau milieu de la Quatrième Division !

Bordel ! Bon ba on y va !

Sérieusement... Moi qui avait tout fait pour éviter cette division depuis ma sortie, je prenais même des détours pour ne pas y passer ou j’envoyais carrément quelqu’un d’autre y aller à ma place pour ne pas devoir m’y rendre. Mais semblerait-il que cette fois-ci j’ai pas le choix... Je me retrouvais comme un blaireau à devoir courir à travers tous les Seireitei pour me rendre dans l’endroit où je voulais le moins être au monde. J’étais ressorti au plus vite de cette Division lorsque j’avais du y aller pour me faire soigner. Certes j’étais resté quelques jours dans les vapes, mais des mon réveils j’avais fait mon possible pour la quitter au plus vite, ces gars là ne faisait que leur boulot mais j’avais réellement vécu la chose comme une prise d’otage ! Convaincu qu’il essayait de me garder là-bas contre mon grès. Probablement avais-je un peu trop psychoté à cause des médicaments mais tout de même, je ne désirais surtout pas y retourner ! JAMAIS !

Mais cette fois-ci j’étais obligé d’y aller. L’explosion avait été telle que l’on nous avait directement appelé. Etant donné que l’on est en quelque sorte les hommes à tout faire du Seireitei. Il arrivait même que certaines division nous prenne pour leur plombier, électricien et j’en passe. Tout ça parce que notre division était le repaire technologique ne voulait pas dire pour autant que nous n’étions là que pour ça. J’arrivais malgré tout à convenir que cette fois-ci nous soyons obligé de nous y rendre, pour voire s’il n’y a aucun risque d’explosion futur, surtout étant donné que la moitié des puissances du Seireitei se trouve encore là-bas en rétablissement. Il serait dommage qu’une explosion nous privent de nos plus puissant élément ! Oui ça serait vraiment con !

Bon qu’est ce qu’il s’est passé ici ?!

Je venais d’arriver sur place. Déjà des hommes de la Quatrième était dans la pièce, avec quelques hommes de la Douzième qui s’était trouvé plus prêt de la quatrième que moi, voire qui était peut être même en rétablissement ici. Il faisait une chaleur alarmante dans la pièce, celle-ci était passablement détruit et l’on voyait des traces d’une voire même deux explosions, je n’aurais su le dire exactement sans plus d’information... Chacun bougeait dans tous les sens, évacuant les blessés, s’assurant que tout allait bien, une vraie quincophonie et surtout personne capable de me répondre... J’observais le bordel, pris une grosse respiration pour me calmer aussi bien que possible avant de finalement gueuler...

OH ! Que tout ceux qui n’ont rien à faire ici sorte ! Si vous avez tous les blessés barrez vous ! C’est dangereux ici ! Et que bordel quelqu’un m’explique ce qu’il s’est passé ici !

Enfin un homme apparut en face de moi et sembla capable de me dire ce qu’il se passait. La Vice-Capitaine de la division était dans cette pièce, et elle semblait surtout avoir fait je ne sais trop quel expérience, du moins c’est ce que suspectait l’homme de la Quatrième qui me parlait. Il m’expliqua qu’une certitude était que quelque chose en explosant avait créé une réaction en chaîne avec une bombe à chaleur se trouvant dans les environs. Ce qui expliquait déjà la chaleur dans la pièce, et qui m’offrait un peu de réponse. Mais c’était surtout parfaitement incroyable ! Comment avait-elle pu être aussi peu soucieuse ?! J’avais entendu dire qu’elle était une génie et du genre à réaliser plein d’expérience ici. Mais peut importe la raison qui l’avait poussé à ça, c’étai la goutte d’eau qui faisait déborder le vase !!

Imaru-san, t’es en charge ici ! Occupe toi de sécuriser la pièce et de me trouver s’il reste d’autre bombe prêt à exploser ici ! Je vais m’occuper de parler à la Vice-Capitaine !

Je confiais la tâche à celui qui m’avait suivi depuis la division et qui m’avait premièrement avertis. Après un hochement de tête il rentra dans la pièce et lança les investigations ! J’avais confiance en mes hommes et même si je n’étais pas aussi gradé que la demoiselle en question, j’allais malgré tout partir lui mettre un savon peut importe ce qui arriverait ! Je ne pouvais supporter une telle situation ! L’on m’indiquait l’endroit où elle était partie sans réellement m’indiquer ce qu’elle allait faire là bas ! Je trouvais la porte et d’un mouvement brusque l’ouvrait sans la moindre hésitation !

Fumiko-Fukutaishô ! Il faut qu’on parle ! Ce que vous venez de faire et tout simplement inadm...

Mon regard c’était posé sur l’endroit, comprenant trop tard où je venais de débarquer...

Les cris se multipliaient dans le dos de la jeune femme. Des ordres fusaient, des insultes parfois. L'explosion, quoique ridicule en terme d'onde de choc, avait néanmoins attiré nombre de Shinigami, de la IV ou pas. Ce n'était pas très étonnant, puisque les lieux étaient parmi les plus visités depuis le retour peu glorieux des gradés.
Elle avait, en partant, laissé ses ordres. Nettoyer et ranger. Le même mot d'ordre qu'auparavant, en somme, si ce n'était de prêter désormais plus attention aux fouillis qui encombraient les pièces désertées. Une fois suffisait.
Elle sentit les barrières se lever en même temps que les recherches reprendre. Elle sourit. Bien. Ils utilisaient le Kidô, maintenant. La réinstallation serait plus lente et coûteuse en énergie mais on ne risquait plus de faire péter la baraque à chaque tiroir ouvert. Sa Division était peut-être tire-au-flanc et pas très combattive, mais elle était maligne, obéissante et débrouillarde. La jeune femme n'en demandait pas plus.

Fumiko porta la main à son front et grogna avec force conviction. Et le mal de tête qui montait, montait... Elle n'aimait vraiment pas la chaleur. Un bonne poche de glace, voilà ce qui lui fallait. Elle formula sa demande à une des petites infirmières qui avait persisté à la suivre; celle-ci s'empressa d'aller remplir le souhait de sa Lieutenante.

La Déesse atteignit enfin son bureau, attenant à sa chambre et au jardin et n'attendit pas d'être en lieu privé pour commencer à enlever ses gênants vêtements. Elle ôta son insigne, la posa sur son bureau, et commençait à défaire sa ceinture, quand un individu hirsute pénétra quelques instants à peine après elle en... hurlant. Sympathique entrée en matière.
Il eut cependant le bon goût de s'arrêter quand il s'aperçut qu'il n'était guère le bienvenu en cet instant précis. Mais cela ne suffit pas à le racheter aux yeux de la jeune femme. Elle savait de qui il s'agissait, bien sûr. Elle avait intégré a minima les dossiers de chacun des vingt premiers sièges de chaque division, autant qu'elle avait pu -la Seconde Division résistait encore à ses demandes d'infos- et reconnaître Tatsugami Senji, troisième siège de la Douzième Division ne fut guère difficile. Douzième Division, uh... Ceux-là même qui passaient leur temps à lui piquer ses financements. Et ce type osait débouler dans son bureau, l'appeler par son prénom tout en lui faisant des remontrances. Dont elle ignorait encore la contenance.

Elle ne répondit pas tout de suite, prenant le temps de renouer sa ceinture. Elle se retourna enfin, l'observa d'un regard calme, comme le jaugeant -ce qu'elle ne faisait pas. On ne jauge pas les imbéciles- et passant la main dans ses cheveux humides et crasseux.

« Bonsoir... »

Mais une deuxième intrusion vint violer le sanctuaire sacré qu'était son bureau.

« Fu-Fukutaisho ! Vous pourriez expliquer à la XII de s'occuper de ses fesses, s'il vous plaît ? Ils font rien qu'à donner des ordres à tout le monde alors qu'on se débrouille très bien tout seuls ! »

La jeune Shinigami rougit avant même de finir sa phrase. Entrer sans frapper dans le bureau de sa supérieure, elle s'en souvenait maintenant, n'était pas nécessairement une bonne idée. Elle bredouilla quelques excuses, recula sur le pas de la porte, mais y resta. A voir la tête de sa chef, elle se doutait que l'homme inconnu n'était pas là pour lui faire des bisous. Ça allait voler.
Fumiko darda simplement ses yeux noirs dans ceux de son indélicat interlocuteur. Histoire de bien lui faire sentir tout son mépris, là, maintenant.

« Je constate que vous prenez très à cœur toutes les menaces potentielles qui pourraient peser sur notre bon Sereitei, Shinigami Tatsugami, et c'est tout à votre honneur. Mais je vois mal comment cela pourrait vous conduire à débarquer dans mon bureau sans toquer ni prévenir -ne parlons même pas de demander la permission-, pour m'apostropher ainsi. »

Elle s'interrompit un instant, sans laisser pour autant le temps à son vis-à-vis de lui répondre. Le temps de chercher une cigarette dans sa manche et de l'allumer.

« Je tiens également à vous rappeler que nous n'avons pas gardé les porcs ensemble. Ce sera Satô-Fukutaisho pour vous, et rien d'autre. »

Elle hésita un instant à lui demander de sortir et toquer, pour de vrai cette fois, mais elle savait que, si remettre un homme à la place était chose importante, l'humilier s'avérait souvent dangereux. Les bêtes blessées sont les plus dangereuses.
Elle alla prendre deux verres, y versa de l'eau, en prit un.

« Maintenant, je vous prierais d'exposer ce qui vous amène ici, et calmement s'il vous plaît. »

L’on pouvait facilement affirmer que j’avais agis précipitamment. J’étais la plus part du temps calme et réfléchi comme la plus part des membres de la Douzième, mais depuis mon retour de Karakura, voire même encore plus depuis mon retour du Yermo, je n’étais plus exactement le même, et j’avais réellement tendance à m’emporter pour un rien. Voilà qu’en plus de débarquer sans même prendre la peine de frapper ni d’avertir, je venais d’insulter cette femme en intervertissant son nom avec son prénom. Une erreur que je ne commettais pourtant jamais et qui évidemment pas loupé par cette Capitaine qui semblait avoir tout ce qu’il fallait de répondant ! J’étais enfin tombé sur un adversaire à ma hauteur, intellectuellement parlant. Fini de devoir ré expliquer quarante fois la même chose, ici chaque mot, chaque intonation conterait, nous nous lancions dans un duel verbal ou le premier à se planter se ferait largement réprimander, tout comme je venais de me faire avoir. Satô-Fukutaishô 1 - 0 Senji. Je pris une grande respiration qui cette fois-ci eut l’effet désiré, me calmer !

Premièrement, veuillez m’excuser Satô-Fukutaishô, je ne comptais en aucun cas vous insulter de la sorte en intervertissant votre nom et prénom... Cela ne se reproduira plus.

Notons donc bien que ne m’excuse que pour le nom. Le reste je l’assumais parfaitement. J’avais beau agir précipitamment je ne regrettais en rien mon geste. Ce qu’elle avait fait été toujours autant inadmissible, qu’elle le veuille ou non ! Et je ne serais donc pas prêt de m’excuser de l’avoir apostrophé ainsi pour reprendre ces termes. Je la regardais, me rendant l’espace d’un instant compte qu’elle était plutôt jolie ainsi vêtu de ces habits qui lui collait à la peau sous la faute de l’humidité qui avait été dégagé suite à la bombe à chaleur, mais je pensais venir de griller toutes les chances que j’aurais pu avoir en rentrant ainsi dans son bureau, continuons donc !

Evidemment que je prend très à coeur les menaces du Seireitei surtout quand l’on découvre qu’une explosion à lieu juste à côté de l’endroit où son actuellement une bonne partie des puissances du Gotei 13 ! C’est tout simplement inadmissible ! Comment expliquer vous qu’en «nettoyant» une pièce censé être un ancien bureau vous réussissez à faire sauter une bombe à chaleur...

Je remettais très clairement en doute ces capacités le tout sur une voix parfaitement calme, exactement comme elle me l’avait demandé. Après tout n’était-elle pas censé être une génie ?! N’allait pas me dire qu’elle à ouvert un tiroir et boum la bombe à sauté ? Ce qui impliquerait qu’un mec à piégé un tiroir avec une bombe à chaleur. Je ne vous parlerez même pas de l’évidente stupidité d’utiliser une bombe à chaleur qui n’est de loin pas une bombe mortel à la place d’une simple dose d’explosif, et encore moins du fait que ce ne soit en aucun cas un bureau important ou du des dossiers important sont censés être rangés... Et quand bien même cela aurait été le cas, elle aurait justement du y aller avec prudence ! Dans aucun cas je ne pouvais donc tolérer qu’elle mette en danger tout une Division du Seireitei, peut importait que je sois un troisième siège et elle une gradée, je répondrais de toutes les accusations que vous voudrez mais jamais je ne m’excuserais de ma conduite en cet instant !

Oh et quand à vous... Ne venez pas me dire que vous vous en sortez très bien alors qu’une bombe viens d’exploser dans un bureau où vous étiez en train de nettoyer ! Et de toute façon l’équipe de déminage vient de notre division, nous allons donc nous charger de cette pièce...

Venais-je de dire à la jeune Shinigami qui se trouvait maintenant légèrement derrière moi d’une voix tout ce qu’il y a de plus calme pour ne pas désobéir à la demande de la Vice-Capitaine, tout en faisant parfaitement passer le fond de ma pensée. Je savais que l’assaut suivant ne viendrait pas de celle qui était derrière moi. J’avais compris en entrant que ça volerait, mais avec celle qui était en face de moi. Celle là même qui m’avait lancé un regard noir plein de mépris. Un sourire presque arrogant sur le visage, pour ne pas dire totalement arrogant était peint sur mon visage. Oh oui je venais de me mettre à dos un adversaire de taille !

Mais qu’est ce que j’aimais ça !

Fumiko salua l’excuse d’un coup de tête. Elle n’avait de toute façon pas l’intention d’en faire tout un flan, et avait perçu immédiatement la tension affolée dans la voix de Troisième Siège, qui l’avait amené à l’erreur. Erreur qui restait minime, songeait-elle en écoutant le reste du discours de son interlocuteur toujours aussi remonté, et qui était tout excusable. En effet son grade était encore récent, et il y a peu encore elle partageait le même rang que son interlocuteur, qu'elle avait eu l'occasion de croiser auparavant. Mais les choses avaient changé.
Son agressivité ne passait plus désormais dans la force de son ton mais dans l’attitude de son corps, à la tenue très heurtée, et dans le choix des termes. Il se planquait derrière ses lunettes. Un manque de virilité à planquer comme on pouvait ? La jeune femme en avait vu, des hommes, passer par ce subterfuge pour camoufler une timidité agressive. Très agressive. « Inadmissible »… Il se répétait. Et ce regard arrogant, plein de morgue, dédaigneux... Môssieur n'avait pas une grande opinion de la IV. Môssieur n’approuvait pas la direction donnée à la IV. Môssieur s’estimait apte à venir faire la leçon à la IV.
Un petit complexe de persécution mal digéré vis-à-vis de ces salauds de scientifiques ? Non, pas du tout, je ne vois pas quoi vous vous voulez parler.
Fumiko se retint de lui écraser sa cigarette dans l’œil après lui avoir enfoncé les verres brisés de ses lunettes dans les fesses. Non mais ça va un moment, c’était pas parce que c’était le souk à la IV qu’il pouvait pour autant venir péter plus haut que son cul ! Ils étaient débordés, expatriés, accablés d'un officier nouveau -elle !- dont ils ne connaissaient pas encore les pratiques; et Tatsugami Senji voulait lui faire la leçon ? Ça suffisait un moment. Fumiko n'était peut-être pas une grande sentimentale, mais elle savait prendre à cœur les responsabilités qu'on lui donnait. C'était ses gars, maintenant, et le temps où les autres divisions pouvaient fourrer leur nez dans leurs affaires était révolu. Elle avait trop subi ce système pervers durant ces six derniers mois, en tant que Troisième Siège. Maintenant, et puisqu'on lui en avait donné les pouvoirs, c'était fini. Et s'il fallait faire un exemple pour marquer le coup, tant mieux, l'idée d'écrabouiller ce cafard répugnant lui plaisait de plus en plus.

« Je dois avouer… »

Que je me retiens très fort de ne pas t’exploser la gueule à coup de Kido, connard. Elle était sale, elle était fatiguée, elle avait grave la dalle et sa poche de glace n’arrivait pas. What else ? Ah oui, un scribouillard de la XII lui tenait la jambe en chialant parce que, t’es trop conne madame quand même. Elle choisit avec soin chacun de ses mots, les pensant tous avant d'évoquer l'idée de les énoncer. Ne pas provoquer un esclandre, ne pas provoquer un esclandre, ne pas provo-

Hein ? Une équipe de déminage ? Pardon ? Et ma main dans ta gueule, pour voir si on rigole ? Et ce sourire ! Elle posa son verre d'eau, sans brusquerie. De sa rage intérieure, rien ne ressortait, pas même un frémissement. Elle aurait pu tout laisser couler, jusqu'ici. Mais c'était là la goutte d'eau qui faisait déborder le vase; il suffisait.

« Vous n'allez vous charger de rien du tout. » La voix de Fumiko résonna, forte et autoritaire. « J'en ai assez entendu, Shinigami Tatsugami ! J'exige que vous sortiez de mon bureau et que vous et votre équipe regagnez vos quartiers. La Quatrième Division n'a nul besoin de vos services, et si jamais c'était le cas j'irais d'abord en faire part à votre Capitaine. Et assez de votre virulence, je n'ai aucun compte à vous rendre, ni moi, ni aucun membre de MA division ! »

Fumiko tapa du plat de la main sur la table, faisant trembler l'eau de son verre, les sourcils froncés. Elle n'avait pas l'air de grand chose comme ça, mais il n'était jamais agréable de la mettre en colère. Cependant, si son ton marquait clairement la juste colère qui l'avait saisi, son visage restait calme et ferme.

« Je vous laisse une dernière chance de vous rattraper pour votre comportement insolent, à la condition express que vous me fassiez des excuses. Maintenant. Sinon, je vous fais déposer pour manquement grave à la discipline et insubordination, et sachez que votre Capitaine en aura vent ! »

Bien sûr, elle n'avait pas le pouvoir réel de faire ça. Mais elle serait en droit, alors qu’importait. Le Sotaisho n’était pas vraiment du genre à encourager les troisièmes sièges neuneu à aller engueuler les Lieutenants des autres. Surtout pour quelque chose d’aussi con qu’une gamine qui ouvre un tiroir un peu brutalement.

Elle devait probablement avouer que j’avais parfaitement raisons ? Qu’elle s’était trompé et que tout simplement nous laisser nous charger de cette histoire était la meilleur solution, c’était après tout la solution la plus évidente, mais pourtant la moins probable d’entre tous. Au vue de son regard, de la teinte légèrement carmin que prenais sa peau, de la dilatation de ses pupilles il y avait une chose évidente, j’allais me faire démonter verbalement. Je n’étais pas du genre à scier pour si peu pourtant j’étais presque impatient de découvrir comment elle allait s’y prendre. Elle était la gradée et je n’étais que le pauvre Troisième siège en pleine insubordination. Et pourtant, qu’est ce que j’aimais ça !

Et voilà c’était parti ! Ma première réelle engueulade en plus de 190 ans au sein du Seireitei. Moi qui avait toujours été tellement à cheval sur les principes, sur le respect des supérieurs voilà que je me retrouvais dans une telle situation. Comme si tous ce que j’avais fait mon possible pour cacher en moi, toute ma haine envers les Shinigamis ressortaient et ce depuis mon retour de Karakura. Je n’étais plus exactement le même. Je changeais d’humeur comme de chemise et était passé par un peu près tous les états possible depuis quelques temps. Quand je repensais que j’avais été même un mec sympa avec Akihiko pendant notre soirée au bar, faisant le mec intéressé dans ce qu’il me disait, n’exposant pas trop mon égo et ne le cassant pas avec des propos habituellement trop arrogant à chaque fois qu’il pouvait dire quelque chose que je n’aimais pas. Voilà donc qu’aujourd’hui je me retrouvais en tant que celui qui se faisait engueuler pour insubordination, et ça n’allait probablement pas s’arranger.

Je ne bougeais pas un cil, ne disant pas un mot, écoutant sans sourciller ce qu’elle me disait. Elle me parlait de virulence alors que c’était elle qui était en train de me gueuler dessus, d’élever la voix et de taper son poing sur la table. Si j’avais été du genre à sourire j’imagine que cela aurait été le moment parfait. Pourtant mon expression ne changea pas d’un poil, un visage de marbre comme d’habitude. Mais le meilleur resté à venir. La cerise sur le gâteau ! Oh oui, je n’aurais pas pensé qu’elle oserait aller jusque là. Si elle avait été un mec j’aurais même dit qu’en elle en avait une sacrée paire, mais non ce n’était pas le cas, du moins pas en théorie... Je la regardais, mon regard caché par mes lunettes comme d’habitude. Je ne les enlevais que rarement et elle n’en valait clairement pas la peine. Je n’avais pas besoin comme elle de lui lancer un regard noir, mes actes suffiraient !

Et bien qu’il en soit ainsi Fukutaisho. Je vais partir, et mes hommes avec moi et vous souhaite bonne chance pour vos «nettoyages» !

Je me retournais, avançant de quelques pas jusqu’au seuil de la porte. M’arrêtant au moment de le franchir, me rappelant que je venais d’oublier le plus important !

Oh et oui le plus important ! Vous pouvez me menacer tant que vous voulez, je ne m’excuserais pas de prendre au sérieux la sécurité du Seireitei ! Sur ce bonne douche Satô-Fukutaishô.

Lâchais-je finalement d’un ton calme. Je tournais ensuite la tête et partais, sortant de l’embrasure de la porte pour me diriger vers la pièce d’où j’allais récupérer mes hommes. Dans mon fort intérieur j’espérais de tout coeur qu’une bombe de plus leur explose à la gueule, voire pire. Qu’il y ait des blessés et qu’elle en assume toute la faute. Je n’avais vraiment que faire de la situation, ce serait ces membres qui se ferait blesser et après tout ils ne l’auraient que bien cherché ! Et puis il fallait avouer qu’après ce qu’il venait de se passer je savais bien que quelque chose me retomberait sur la gueule, probablement une remontrance de Tsunemi-Taishô. Cela n’avait qu’à arriver, je ne me souciais pas le moins du monde de ça, sachant que je serais plus que capable de lui faire comprendre ma vision des choses et qu’au final je sortirais de cette histoire sans une seule écorchure !

Oui c’est ce que j’imaginais, malheureusement le destin semblait contre moi sur ce coup là... Un beau coup de pute qu’il me préparait on peut le dire ! Je me dirigeais vers la salle où se trouvait mes hommes, bien décidé à les rappeler, et à quitter cette division de malheur que je n’avais que trop vue. Pourtant les choses ne se passèrent pas comme ça... Au moment où je passais le seuil de la porte de la salle, j'aperçut un des hommes de la Douzième, ouvrir un tiroir d’une manière un peu trop sèche... Il regarda le tiroir puis leva la tête, un visage blême, des yeux écarquillés par la terreur... J’eus beau comprendre mon corps ne bougea pourtant pas.

BOUM !

A l'instant même où l'irritant Troisième Siège sortit de la pièce rageusement, la jeune femme s'effondra dans son fauteuil. Sa petite Déesse portative, qui avait attendu tout ce temps sur le pas de la porte, l'avait fermé alors que Tatsugami quittait le bureau. Se retrouver dans un espace clôt et serein, celui-là même qu'elle cherchait originellement quand elle y entra, lui fit un bien fou.
Elle reprit son verre d'eau, le vida goulûment, saisit celui qu'elle avait eu la bonté de servir à son invité indésirable et l'assécha de même. Portant une main à son front brûlant sous lequel une tempête faisait rage, elle soupira. L'altercation l'avait vidé et, même si elle n'avait pas obtenu les excuses désirées, elle estimait avoir justement posée son autorité. Elle n'en demandait pas plus à vrai dire, cela faisait une division de moins qui ne viendrait fourrer son nez dans les affaires de la IV.
Fumiko massait sa tempe lentement, savourant à sa juste valeur le silence enfin retrouvé. Plus que sa poche de glace, sa douche et enfin tout serait par-

BOUM.

La jeune femme sursauta, manquant tomber de sa chaise. Elle sauta sur ses pieds, ouvrit la porte avec force et courut en direction de l'explosion. Comment se faisait-il... ? Elle savait que la méthode de son équipe sur place était parfaite, alors pourquoi, ô Dieux pourquoi fallait-il que la mésaventure tourne au cauchemar ? En plus l'autre imbécile de la XII devait encore se trouver sur les lieux, et évidemment il allait ramener ses fesses, et de lui refaire la leçon tout en jetant un regard méprisants, et de...

Fumiko éclata de rire. Elle était arrivée, après sa folle course, sur les lieux du crime. La scène était cocasse, il fallait l'avouer. Un sous-fifre de la Douze, la poignée du tiroir encore dans la main et le visage couvert de suie, se tenait face à lui le contenu du tiroir. En l'occurrence, la marionnette noircie d'un clown monté sur ressort, qui arborait à la ronde un sourire grotesque. Et tout autour de l'intelligent personnage qui avait ouvert le tiroir, des Shinigamis de la Douze et la IV, dont l'exceptionnel Tatsugami. Si les premiers commençaient à suivre l'exemple de leur Lieutenante, après quelques instants de silence du au choc, les seconds étaient sur le cul. Littéralement, parfois. Mais le meilleur était encore le Troisième Siège, au visage crispé et qui avait complètement oublié de respirer.

Elle se remit à rire, encore plus fort, encore plus joyeusement, encore plus franchement.

« Et bien, le propriétaire de ce bureau ne manquait pas d'humour ! »

Impossible ! Improbable même ! Comment une telle chose avait donc bien pu se produire ?! Pourquoi avait-il fait ça ?! POURQUOI ! Bordel non... Je voulais mourir, oui en cet instant tout ce que je désirais c’était d’avoir péris lors de cet explosion. Une explosion plus grosse, une réaction en chaine que sais-je. Simplement une explosion suffisante pour mettre fin à mes jours sur le moment. Une mort peut digne peut être mais tellement moins honteuse que ce moment que j’allais devoir me taper. La déflagration n’avait pas été si puissante, juste assez pour me souffler légèrement en arrière, toujours sur mes pieds le visages pleins de suits. Si l’on avait pu voir mes yeux en cet instant ils étaient emplis de rage, en direction de l’imbécile qui venait d’ouvrir le tiroir. Ce mec de notre division, de la Douzième qui venait de nous offrir la honte de notre vie. Nous serions la risée dans la Quatrième et ce pour de longue année c’était maintenant sûr et certains... BORDEL !

Je l’entendais derrière moi. Elle était déjà là... Elle, ils se foutaient de notre gueule. Moi qui l’avait trop ouverte me rendait compte que je venais de tout foutre en l’air. Ce sentiment m’envahis pleinement à cet instant. Je n’étais pas un grand fan de cette division mais je compris à cet instant que j’avais plutôt intérêt à ne pas y revenir souvent, car à partir d’aujourd’hui et pour les mois à venir j’aurais la gueule du boulet qui venait ouvrir sa gueule et finissait par s’en prendre plein la gueule... Oui j’avais vraiment géré sur ce coup là aussi excité que je l’avais été par une simple explosion. A ce moment là la connerie de mes actes me revint en pleine gueule comme une sorte de punition divine envers ma connerie monumental. Moi qui me pensait tellement plus intelligent que les autres voilà que je venais de démontrer aujourd’hui devant les yeux de toutes une division que j’étais surtout le roi des cons...

Les gars on y va...

Je n’avais pas le moins du monde le besoin d’en dire plus. Chacun saisissait que l’instant était grave. On avait voulu fanfaronné, le groupe de déminage... Oui il avait belle gueule la division scientifique du Gotei 13. Une bande de scientifique qui tentaient des trucs dans leurs labos et qui tentaient tant bien que mal d’obtenir quelque chose de concret. Mais là, dans la pratique nous n’étions pas plus efficace que n’importe qui d’autre. Honte à moi, honte à nous ! Oui en cet instant je n’étais réellement pas fier de moi, et c’était bien assez rare pour être noté. Elle allait probablement s’en donner à coeur joie et ne louperait pas de nous enfoncer un peu plus une fois encore, de m’enfoncer un peu plus... Une belle leçon que j’aurais tout le temps de méditer à la division...

J’vous laisse le mot de la fin Vice-Capitaine !

Autant tendre le bâton pour se faire taper plutôt que de la laisser me frapper sans que je n’ai rien dit. Je n’étais pas prêt à me lancer dans un débat verbal, j’avais compris ma défaite, et lui offrais la victoire, elle n’avait plus qu’à achever le perdant comme le voulait l’honneur populaire. Je quittais la pièce, sans même écouter ce qu’elle avait pu ou ne pas dire, peut m’importait, j’avais perdu cette bataille, mais abandonnais déjà pour la guerre à venir. J’apprendrais de mes erreurs et reviendrais un jour peut être !

Qui sait !

L'humiliation était suffisante pour la journée, le mois, l'année, le siècle. Fumiko se sentait une grandeur d'âme lui pousser entre deux côtes, et la mine dépitée du scientifique fut pour elle la meilleure des excuses. De toute façon, avec tout ceci la XII serait la risée de tout le Gotei pour longtemps encore, et la IV ne pourrait qu'en sortir grandie, ou au moins ne serait pas embêtée. Ce genre de plaisanterie avait le talent pour mettre tout ceux qui pouvaient en rire d'accord: la Division y verrait un nouveau signe de ralliement. Et ne plus être, pour un temps du moins, la cible des quolibets qui tournaient avec rage ne pouvait que leur faire du bien.

Fumiko recula, s'adossant au mur porteur derrière elle pour laisser passer le groupe honteux, à peine remis de ses surprises. Elle affichait un léger sourire moqueur et amusé, sans pour autant commenter le départ, la queue entre les jambes, de la Douzième Division. Déjà les premiers murmures se faisaient entendre entre les infirmières qui avaient été rameuté par le bruit: la jeune Lieutenante leur fit signe de retourner à leur ouvrage, ce qu'elles firent sans cesser leurs discussions.

Une fois que les piteux dépités eurent disparu de son champ de vision, Fumiko réitéra ses ordres précédents, à savoir nettoyer la pièce le plus précautionneusement possible. La prochaine découverte pouvait ne pas être aussi inoffensive que le pantin explosif, et il serait dommage que la situation se retourne au désavantage de la Quatre. On lui emmena entre temps -enfin !- sa précieuse poche de glace, qu'elle colla à sa tempe avec un soupir de soulagement.
Sitôt que la marche à suivre fut confirmée, elle s'enfuit à nouveau vers son bureau, où elle se claquemura pour prendre sa douche, décidément trop bien méritée. Bonheur que celui de l'eau chaude chassant les déboires d'une journée trop longue.

Citation :

Merci à toi aussi, ce fut un plaisir ! On recommence quand tu veux :3

» Droit au but ! [Pv Shinjirô]
» Under the moonlight [PV Senji]
» Question de corps [PV - Tatsugami Senji]
» La plume et l'encre [PV: Senji]
» Fanfares et cotillons [PV Tatsugami Senji]

Mon droit d'aînesse pour une douche ! [PV Senji]

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