Apprendre des plus grands. [Pv : Borick.]

- Alors on ne m'avait pas menti... vous êtes bien là.

Sexta Espada, Borick. Celui qui se faisait appeler l'Empereur se tenait en ce moment même à une dizaine de mètres de moi. Cette rencontre avait été provoquée, bien évidemment, par ma personne. Ce n'était en rien un hasard si nos chemins se croisaient aujourd'hui. Lui, membre de la prestigieuse Espada. Moi, simple Números ambitieux. Je l'avais cherché un long moment, l'immensité de l'édifice n'aidant pas à mettre facilement la main sur la personne que l'on recherche, d'autant plus lorsque cette personne est en constant mouvement. On m'avait averti qu'il patrouillait beaucoup, arpentant régulièrement les couloirs du Palais, je suis en mesure de le confirmer. A présent qu'il me faisait face, je ne regrettais pas ce temps passé à vouloir lui mettre la main dessus.

- Je me présente, Soejima Gesshin, ravi de vous rencontrer.

Un genou fut posé à terre en signe de respect, le temps de décliner mon identité. Si je portais peu d'estime à tous ceux moins évolués que moi, le contraire était évident envers ceux qui l'étaient plus. Plus encore envers cet homme, dont on raconte qu'il n'était qu'un Fraccion autrefois. Du Primera Espada certes, mais Fraccion tout de même. Rang que je ne considérais comme guère plus intéressant que celui de Números, un Fraccion n'étant pas naturellement plus puissant qu'un Números. Du moins, c'est ainsi que j'aimais penser. Ma jalousie envers les membres de l'Espada était suffisamment forte pour ne pas avoir à en rajouter davantage. Chacun d'eux frôlait le perfectionnisme, eux les Vasto Lorde. Pourtant, il y en avait capable de les atteindre, de se mélanger à eux, en démarrant plus bas.

- J'ai longuement entendu parler de vous. L'on raconte des choses assez impressionnantes à votre sujet, notamment votre ascension au sein de l'armée du Roi. De Fraccion du Primera, vous auriez rejoint l'Espada après avoir abattu un Capitaine du Gotei 13. Est-ce vrai ?

Si l'histoire s'avérait être exacte, alors il était la bonne personne. Voilà maintenant plusieurs années que je stagnais, ne parvenant pas à engendrer assez de puissance pour faire évoluer ce chiffre tatoué sur mon coup. Cela me rendait fou par moment, de ne pouvoir prétendre au rang d'Espada. La stagnation est une mauvaise chose pour un Arrancar, d'autant plus lorsque ce dernier n'a de cesse d'envier tous ceux qui lui sont supérieurs. Le désirs d'avoir ce que l'on ne peut avoir rend malade. D'autant qu'à présent, avec le nouvel ennemi del Rey, ce dernier aura plus besoin que jamais de notre pleine puissance. Faillir à ma tâche comme autrefois aurait raison de moi, je le sens. Voilà pourquoi Borick était la personne vers qui je me tournais, sans vraiment savoir s'il était disposé à me venir en aide.

- J'aimerais connaître votre histoire, Sexta. Si vous avez du temps à perdre en paroles, bien évidemment. J'aimerais savoir comment éviter de stagner à mon niveau actuel. Qu'importe ce qu'il faudra faire en retour pour obtenir quelques conseils.

Accueillant les premières paroles avec un sourire, Borick détaillait l’inconnu avec attention. Cet homme l’avait cherché et l’avait trouvé. Restait à en connaître les raisons véritables. D’expérience, l’Empereur savait que ce n’était jamais sans raison lorsqu’un Arrancar se mettait en quête de le trouver. Il était un des plus anciens résidents de Las Noches, seconde du nom, et y avait fait sa place. Selon ce qu’il comprenait, il s’était renseigné sur lui, sans doute pour savoir où le trouver. Rien d’étonnant alors à ce que le blondinet reste sur ses gardes, malgré son apparente tranquillité.

Les salutations d’usage débutaient bien. La créature posait genou à terre, énonçant son nom, laissant alors entrevoir un trait de caractère qu’appréciait particulièrement Borick. Le respect était une chose importante à ses yeux, car c’est ce qui démarquait l’animal de l’homme. Sans doute était-ce une vision étriquée de la chose mais c’est celle qu’il privilégiait. D’un signe de la main, il l’invitait à se redresser, débutant alors le jeu habituel des questions-réponses. S’il n’y avait rien d’étonnant à ce procédé, le Sexta Espada trouvait toutefois les questions particulièrement ciblées. En rapport direct à lui et à ce qu’il avait entreprit. Sans doute que Soejima Gesshin souhaitait profiter de son expérience pour quelques obscures raisons, même s’il y en avait une plus évidente que les autres.

Son propre parcours n’étant pas un secret, tout du moins dans les grandes lignes, le blondinet ne trouvait pas utile de lui cacher ce qu’il lui réclamait. Par ailleurs, cet homme s’était d’emblée mit dans de bonnes dispositions en se montrant si respectueux et si poli. De fait, cela facilitait la discussion. Il était malin, ce qui plaisait à l’Empereur.

- Je suis ravi de voir qu’il existe encore des Arrancars susceptibles de se montrer courtois, Soejima Gesshin. Ce qui se dit sur moi est en effet exact, je dois bien l’admettre. J’ai bel et bien intégré l’Espada après avoir abattu un Capitaine Shinigami. Il n’était toutefois que le premier d’une liste un peu plus longue désormais.

Il avait en effet exécuté un capitaine du Gotei, alors même qu’il avait croisé sa route par erreur. Mais aujourd’hui, il en était à trois. Trois capitaines vaincus, bien que le dernier n’ait pas été aidé par les circonstances. Quoi qu’il en soit, ce premier fait d’arme avait intéressé la Panthère qui y avait alors vu une occasion de recruter un nouvel Espada. A l’époque, son unité d’élite ne possédait pas autant de membres qu’aujourd’hui. Les forts manquaient à l’appel et l’exploit de l’Empereur avait ainsi été récompensé. Borick n’avait pas vraiment regretté d’avoir rapporté le Haori de ce Capitaine. Cela avait accéléré son ascension, ce qu’il avait toujours cherché à éviter pour dire vrai, au grand dam de Dark.

Ce qui semblait désormais évident, c’est que Gesshin était ambitieux. La raison de ses questions venait d’être énoncée clairement : il souhaitait évoluer. Il souhaitait utiliser l’expérience d’un homme qui était visiblement passé par le même parcours que lui pour obtenir la même chance. L’ambition était un trait de caractère commun parmi les Arrancars. Borick n’était pas une exception, bien au contraire. C’était certainement ce qui poussait un homme à agir.

- Je peux tout à fait dispenser quelques conseils. Comme je l’ai dit, il est bien trop rare de voir un Arrancar se comporter ainsi, surtout au cœur de Las Noches. Tu sembles ambitieux… Puis-je savoir ce qui se cache derrière cette volonté ? Est-ce de servir notre Roi qui te pousse à vouloir évoluer ainsi ou une raison autre ? Avoir connaissance de ce fait pourrait m’aider à te guider, vois-tu ? Nous avons tous nos objectifs après tout.

Ce n’était en rien une manigance de Borick, pas totalement en tout cas. Cet Arrancar pouvait évidemment lui mentir sur ses raisons réelles, il ne se faisait pas d’illusion, mais toute information était bonne à prendre. Et savoir ce qui le motivait l’aiderait à comprendre le personnage. Et lui fournirait, pourquoi pas, quelques éléments pour voir jusqu’où il irait.

Courtoisie. Il est vrai qu'aujourd'hui, ce mot ne voulait plus dire grand-chose pour une majorité d'Arrancars qui peuplaient ces terres. A croire que c'était dans notre nature, à nous Hollows, de se conduire comme de vulgaires bêtes sauvages. Politesse, respect, tout cela ne vaut rien désormais, tous s'imaginant supérieur aux autres. Il existe néanmoins de rares exceptions, telles que moi-même, qui ne sait que trop bien la place qu'il occupe. Ou encore cet homme, Sexta Espada, et pourtant, je ne ressentais aucune attitude condescendante transpirer de sa personne. Etait-il ainsi ou était-ce un comportement qu'il s'efforçait d'afficher, qui s'en souciait ? Je pouvais parler librement, dans la mesure où mes paroles ne l'offensaient pas et c'était tout ce qui m'importait. Je ne cherchais pas à me faire un ami en venant le trouver, mais à repartir avec des réponses à mes questions.

- Alors ce n'était pas un, mais plusieurs d'entre eux qui ont cédé sous la puissance de vos coups... je ne peux qu'être admiratif et vous en féliciter. C'est toujours une joie d'entendre la défaite des Shinigamis.

Je m'étais relevé peu avant de prononcer ces mots, un fin sourire étirant mes lèvres, heureux d'être ici. Si cet homme pouvait vaincre autant d'aussi grands adversaires, alors je n'aurais pu espérer mieux. D'autant qu'il n'était pas contre pour faire profiter de son expérience, parfait. Peut-être, en posant les bonnes questions, les réponses fournies me permettraient de découvrir comment me rapprocher du niveau de l'Espada. S'entraîner bêtement dans l'immensité du Yermo ne suffisait plus, l'on ne trouvait plus de proies assez expérimentés pour vous faire progresser. Ambitieux ? Je ne pouvais nier l'être, c'était évident. Aucun homme ne pouvait nier éprouver de l'ambition. Dans mon cas pour autant, c'était plus de la jalousie qu'autre chose. Ou plus exactement, un mélange entre ambition et jalousie. Un homme puissant est un homme de pouvoir, Las Noches en est la preuve évidente.

- Pour parler franchement, ce n'est pas ma dévotion pour le Roi qui me pousse à chercher la progression. Il est le Roi car il n'y a pas un être sur ces terres à pouvoir prétendre au trône qu'il occupe, que je sois plus fort ou non ne changera pas ce fait.

Grimmjow Jaggerjack, avec sa Segunda Etapa, m'apparaissait tout bonnement comme invincible, inégalable. C'est tout naturellement que je le reconnaissais comme mon Roi. A vrai dire, un Arrancar de mon niveau ne changeait rien à la sécurité de ce palais. Je pourrais disparaître du jour au lendemain que cela n'affecterait pas l'efficacité des troupes. Non, nul besoin de chercher à s'améliorer pour garantir la sécurité d'un homme qui n'en avait pas le besoin.

- Si je cherche à m'améliorer, c'est avant tout pour moi. J'en ressens le besoin, tous les jours. C'est bien trop fort pour pouvoir y résister. Un homme qui se sent faible ne vaut pas grand-chose. Comme tous les autres avant moi, dès lors de ma transformation en Hollow, j'ai cherché à évoluer. Si pour beaucoup d'entre eux, la faim l'emporte sur tout le reste, ce n'est pas mon cas. Je ressens plus le besoin de me sentir plus fort que de rassasier ce qui ne peut l'être. Voilà pourquoi je viens vers vous aujourd'hui... J'aimerais savoir quoi faire.

Cela fait bien trop longtemps que je n'ai pas eu d'amélioration au niveau de mon numéro. Sans m'en apercevoir, ma main droite, celle recouvert du fragment de mon masque de Hollow, venait de s'apposer à l'emplacement du tatouage, le chiffre quinze. Situé à la gauche de mon cou, de manière bien visible à l’œil nue, il devrait être ma fierté, il ne l'est pas. S'il indiquait le chiffre dix, ou inférieur à celui-ci, je ne dis pas, mais là...

- Je ne demande pas une solution miracle pour combler le gouffre me séparant de vous autres, Espadas, seulement quelques conseils à suivre pour avoir une chance de le franchir un jour.

Il accueillit les compliments de Soejima en inclinant légèrement la tête vers le sol. Il était toujours agréable d’être félicité pour ce genre d’exploits et il ne crachait donc pas dessus. Sa réflexion sur le Roi du Hueco Mundo était par ailleurs très juste. Cet homme venait de le surprendre en parlant avec tant de franchise. S’il n’y avait rien d’anormal à admettre le fait que Grimmjow n’avait aucun challenger, cette vérité était toutefois rarement exprimée à intelligible voix. Il ne régnait pas parce qu’il était plus intelligent que les autres, ni parce qu’il était capable de rassembler les forces du Hueco Mundo sous une seule bannière, il régnait seulement car personne ne pouvait lui contester ce droit. La différence était ténue mais extrêmement importante aux yeux de Borick. Son vis-à-vis avait parfaitement compris la situation.

Mais de là à admettre qu’il ne lui portait aucune dévotion ? La tournure de la discussion devenait intéressante et Borick n’en perdait pas une miette. Ce que sous entendait cet homme était limpide : le Roi n’aurait rien à craindre tant que personne n’arriverait à son niveau. Mais si des créatures évoluaient de la même manière, alors son règne s’achèverait. L’ambition dévorait le regard de l’Arrancar. Il savait ce qu’il voulait et semblait même prêt à faire les sacrifices nécessaires pour y parvenir.

Il existait toutefois une différence entre eux. Car s’il admettait vouloir devenir plus fort, l’Empereur n’agissait pas pour les mêmes raisons que son interlocuteur. La simple puissance convenait aux brutes et aux animaux. Lui préférait élever sa conscience au dessus des bêtes pour réellement les dominer.

- Pour entrer à l’Espada, il te faut prouver la force qui est la tienne. Les Lames de Las Noches ne sont pas liés par l’honneur ou la volonté de servir un intérêt supérieur, au contraire de nos ennemis. Elles ne sont unies que pour détruire et éradiquer ceux qui osent se mettre en travers de leur route. Entre eux, ils ne s’entendent pas. Chaque fibre de leur être ne demande qu’à se hisser au dessus des autres. Une meute plus qu’une armée. Mais une meute capable de semer la mort sans la moindre hésitation. Grimmjow n’attend rien d’autres de ses soldats.

Ce qui expliquait pourquoi lui-même ne se sentait pas à sa place parmi ces soldats du roi. Son propre frère de cœur, Dark, était réputé pour ses colères et sa violence. Les morts qu’il laissait derrière lui étaient généralement suffisants pour comprendre qu’il ne reculait devant rien pour obtenir ce qu’il désirait. Une force de destruction infernale dont la Panthère se servait sans hésitation. Borick était à part. Car la seule force ne lui paraissait pas comme suffisante.

- Il faut te faire connaître des autres. Il te faut devenir incontournable. Et alors tu pourras prétendre à devenir l’une des Epées de Las Noches. Les Arrancars sont nombreux à prétendre à ces rares places. Qu’est-ce qui te hisse au dessus du lot, dis-moi ? Pour ma part, c’est avant tout mon contrôle sur les autres qui m’a permis d’obtenir ce statut.

Et ensuite venait la force. Mais Borick se savait plus faibles que certains Espada. Pour autant, il se battait avec les armes que lui avait fournies la nature. Et savait parfaitement s’adapter à ce qui se dresser devant lui pour avancer. Sexta Espada n’était pas une fin en soi. Seulement une nouvelle étape avant la prochaine.

- Détruire et éradiquer ? Connaissant mes capacités qui ne font pas dans la subtilité, j'ai bien peur de ne pas être différent d'eux.

Et si Grimmjow Jaggerjack n'attendait rien d'autre de ses Lames, alors ce ne serait pas bien compliqué de servir cet homme une fois l'Espada rejoint. Si cela devait arriver un jour, bien entendu. De toute manière, même à mon niveau actuel, en tant que Números, rien ne m'interdisait de m'habituer à ce que serait mes journées au sein de l'élite de Las Noches. Détruite et éliminer tout ennemi du Roi, un quotidien peu différent de ma vie passée en solitaire, de ma transformation en Hollow, à mon Arrancarisation. En faisant cela dès maintenant, je remplissais une autre des conditions soulevées par le Sexta, prouver qu'en terme de puissance, je mérite une évolution. Ce qui n'est clairement pas le cas à l'heure actuelle et chose à laquelle il va falloir remédier. Trouver de quoi gagner en puissance ne devrait pas être bien compliqué au Hueco Mundo.

J'écoutais attentivement les paroles de Borick, gravant au fur et à mesure ses mots à l'intérieur de mon crâne, afin de ne jamais les oublier. Une opportunité comme celle-là ne se représentera certainement pas avant bien longtemps, il ne fallait rien laisser de côté. Me faire connaître des autres. Rares étaient les personnes à connaître mon existence, l'on pourrait sans doute les compter sur les doigts d'une main. En réalité, de cette nouvelle Espada, Borick était le premier à qui je m'adressais. Une autre chose sur laquelle il faudrait se pencher, si tôt notre conversation achevée. Enfin vint la question qui me laissa sans réponse. Ce qui me hissait au-dessus du lot ? Qu'est-ce qui me différenciait des autres Arrancars prétendant à rejoindre l'élite ? Là, sur l'instant, je n'avais rien à répondre. Enfin si, mais cela allait certainement décevoir mon interlocuteur.

- En quoi suis-je différent d'eux ? Je mentirais Sexta, si j'affirmais le savoir. Ils sont en quête d'évolution en permanence, moi aussi. Ils obéissent à une loi simple, qui est celle du plus fort, moi aussi. Ils ne connaissent que la violence et ne comptent que sur leur puissance pour se faire entendre, je n'en suis pas différent, en quelque sorte. Oh si, maintenant que j'en parle une chose me vient à l'esprit. La courtoisie.

Mes lèvres s’étirèrent en un léger sourire, il était rare de me voir plaisanter, d'autant plus en me moquant de mes semblables. Les dernières paroles du Sexta me revinrent à l'esprit, son contrôle sur les autres ? Manipulait-il les gens pour parvenir à ses fins ? User de son esprit plutôt que de sa force brute pour s'élever au milieu d'une armée de brutes ? Intelligent. Si toutefois il s'agissait bien de cela...

- Cela doit être rassurant de pouvoir compter sur les autres pour mener à bien vos projets. Tirer les ficelles dans l'ombre, manipuler les gens, comment est-ce ? Ne ressent-on pas un sentiment de supériorité à bouger ses pions de la sorte, sans que personne ne vous soupçonne ?

C'est effectivement ce que je ressentirai, si j'en venais à opérer de la sorte. Chose qui n'arriverait jamais, étant trop soucieux d'être reconnu pour mes actes, que pour laisser un individu quelconque s'en attirait la gloire.

Il n’y avait rien d’étonnant à voir que cet homme partageait des points communs avec les Espada actuellement en poste. La soumission par la force était instinctive pour les Arrancars, car c’est ce qui leur avait permis à tous d’évoluer à ce rang si particulier. Seules quelques rares exceptions préféraient se hisser encore au dessus du lot. Borick faisait parti de ce groupe restreint. Et la violence n’était en rien un frein pour qui souhaitait accéder au prestige. Bien au contraire même.

Lui aussi se mit à sourire en entendant le mot « courtoisie » sortir de la bouche de son vis-à-vis. Il est vrai que c’était une chance pour lui mais en rien un moyen de se hisser au dessus du lot. Surtout pas avec Grimmjow comme Roi, lui qui ne possédait aucune des qualités qu’appréciait Borick. Pour autant qu’il puisse en juger, cet homme était aussi intelligent. Là se trouvait sans le moindre doute sa plus grande force. S’il savait l’utiliser à bon escient, alors il sortirait quoi qu’il arrive du lot.

- La force ne fait pas tout mais je suis sûr que tu sais déjà cela. Quoi qu’il en soit, de ce que je peux voir de toi, tu te hisseras sans le moindre doute dans les plus hautes sphères de Las Noches. La Panthère a besoin d’une armée puissante. Et l’Espada a subie de nombreuses défections. Il te faut seulement de la patience. Et de la puissance…

Morts et disparitions étaient légion dans l’élite de la Panthère. Y remédier était effectivement une mission de premier ordre pour Grimmjow. Mais il lui appartenait de gérer ce point là, lui qui était le maître absolu de cette armée décomposée. Fort heureusement pour le monde creux, les individualités qui composaient l’élite étaient toutes suffisamment puissantes pour résister à leur ennemi de toujours. Là où l’organisation était pratiquement absente, là où l’entre-aide n’était qu’une chimère, ils pouvaient toujours compter sur la force brute de ses membres. Et ce n’était pas rien.

Réajustant les pans de sa veste alors que Soejima lui posait une question, Borick attendit quelques petits instants avant de répondre. La manipulation n’était pas une chose aisée, et encore moins à la portée du premier venu. Et à ce petit jeu, l’Empereur était un véritable expert. Mais un bon marionnettiste devait rester dans l’ombre et ne jamais être soupçonné. Ici, il allait devoir faire comprendre à Gesshin que c’était plus compliqué que ce qu’il pensait. Ce qui était une vérité. Mais quelque peu édulcorée.

- Ce n’est pas vraiment de la manipulation, vois-tu. Disons que j’obtiens ce que je désire en échange de quelques services. Chaque être souhaite avoir quelque chose, il s’agit seulement de découvrir quoi et de faire en sorte de satisfaire ce besoin. Un échange de bon procédé en quelque sorte. Je suis un homme qui apporte une importance inconsidérée à la notion de « parole ». Ainsi, une fois que je me suis engagé, je respecte ma promesse. Et je n’en attends pas moins de ceux avec qui je traite.

Un point important car elle était une des bases de son comportement, de sa façon d’être. Ne pas respecter sa parole, c’était redevenir un animal. Et encourir la colère de l’Empereur n’était pas une chose à prendre à la légère. Car il disait vrai en parlant d’échange. Et ceux avec qui il traitait étaient nombreux. Ainsi, rien n’échappait à sa surveillance. A son contrôle. Et c’était là sa principale force.

- Mais en effet, il est assez grisant de ne pas avoir à toujours se salir les mains. Je n’aime pas la violence et je préfère que les choses se règlent sans y avoir recours. Sauf absolue nécessité… J’ai la faiblesse de croire que les mots peuvent régler toutes les situations ou presque. Là est ma vraie nature. Et c’est sans doute cela qui m’a fait atteindre la place que j’occupe actuellement. Chacun se bat avec les armes fournies par Mère nature, après tout.

Ca et la mise à mort d’un capitaine. Mais n’était-ce pas lié ?

Je souriais aux paroles du Sexta, comment pouvait-il en être autrement ? Il n'avait aucun doute sur ma réussite à rejoindre l'élite de Las Noches. Cela ne serait pas pour tout de suite, comme il pouvait me le confirmer, mais avec de la patience et des efforts, ce ne serait pas impossible. Tout cela était largement pour m'arracher un sourire satisfait. Cette discussion ne faisait pas que m'éclairer sur mon avenir, elle me faisait gagner en assurance. Je n'étais pas plus mauvais qu'un autre Arrancar de mon rang, il me fallait seulement prouver en quoi je leur étais supérieur.

- Je vous remercie Sexta, de croire en mes capacités. J'espère avoir l'honneur un jour, de faire partie de l'Espada tout comme vous. Qui sait, d'ici là, si votre six n'aura pas encore changé en un nombre inférieur.

Chose sur laquelle il ne pouvait y avoir de doute, cet homme n'avait pas terminé de faire parler de lui, tout comme moi. Je n'avais aucune idée des réelles ambitions du Sexta, mais il m'apparaissait évident qu'il s'en sortirait bien mieux que moi. Il savait quoi faire et de quelle façon le faire, à ma différence, qui était forcé de demander conseil. Enfin, le sujet de la discussion ne me concernait plus désormais, il venait tout juste de dévier sur les compétences à se servir des autres, de Borick. Non pas vraiment de la manipulation, comme il s'empressait de rectifier.

- Un service en échange d'un autre ? Je suppose que c'est une très bonne manière de faire, étant donné votre rang. Et si je ne doute pas de son efficacité, je ne crois pas malheureusement que cette manière de faire me convienne. Je ne veux rien devoir à personne, je n'aime pas ça.

Et je suis persuadé d'avoir raison sur ce point. En ce monde, avoir une dette envers une personne est préjudiciable. D'autant plus entre Arrancar. Accepter de rendre service à l'un d'eux en échange d'un autre pourrait être intéressant si notre race n'était pas aussi mauvaise. Du genre à vous planter au beau milieu de l'action, ou ne tout simplement pas tenir parole. Simplement profiter de vous. Et surtout pas vous venir en aide si les choses tournaient mal. Non vraiment, je n'accordais aucune confiance en mes semblables. Borick était-il différent des autres, ou simplement un beau menteur ?

- Je n'irais pas jusqu'à dire que je règle tout par quelques belles paroles, mais j'évite également d'user de la force si ce n'est pas nécessaire. Je n'ai évidemment pas les mêmes facilités que vous à me faire comprendre, ce qui amène souvent à des situations délicates... Enfin, vous savez ce que c'est, que de tenter de raisonner un Arrancar en colère !

On obtiendrait plus de résultats avec un maudit Shinigami, c'est dire...

Chacun avait sa vision des choses et une fois encore cette vérité éclatait au grand jour grâce à cette discussion. Si pour Gesshin l'Espada ressemblait à un rêve, il en était tout autre pour lui. Borick croyait réellement que cet Arrancar saurait briller parmi l'élite. Et sans doute n'aurait-il pas à attendre bien longtemps s'il gardait cette motivation et cette envie. Pour sa part, plutôt il sortirait de ce cycle, mieux il s'en porterait. Si la présence de la Panthère n'était pas un problème, celle de ces mouches qui lui tournaient autour était déjà autrement plus dérangeante. Et s'en incommoder était un entraînement quotidien pour qui souhaitait ne pas attirer l'attention.

Borick effectua quelques pas, pensif. Mains dans les poches, il appréciait cette discussion impromptue. De telles âmes ne courraient pas les rues à Las Noches et c'était justement le problème. Bien sûr, comme tout à chacun, la mentalité du Soejima n'était pas parfaite. L'Empereur comprenait sa vision des choses même s'il ne la partageait pas. A ses yeux, ce procédé était le plus efficace qui soit, même si cela mettait effectivement en avant une potentielle dette. Mais pour le blondinet, c'était plus que cela. Un échange plus qu'une dette. Une manière d'atteindre ses objectifs sans se mouiller lui-même, ne portant ainsi pas les risques en totalité sur ses épaules.

Mais contrairement à ce que pensait Gesshin, ce n'était pas facile de tirer les ficelles dans l'ombre. Si la parole amenait souvent plus de solutions que la simple force, elle possédait une faiblesse difficile à combler : l'assurance. Sans elle, inutile de tenter d'amadouer qui que ce soit. Et cette assurance, couplée à la réputation d'un homme, était capable de soulever des montagnes. Encore fallait-il pouvoir assumer ce statut. Si la diplomatie était si peu usitée au sein du Hueco Mundo, c'est seulement parce que les Hollows n'étaient pas capables de savoir quand il fallait s'arrêter et écouter. Pour eux, la seule force suffisait. A tort. Ce pourquoi il répondit au propos de son interlocuteur avec un simple sourire, sortant une de ses mains de sa poche pour déplacer légèrement une de ses mèches blondes.

- Oh oui ! Je sais ce que c'est. Et je sais qu'il s'agit là d'une des plus grandes faiblesses de notre peuple. La précipitation et la colère sont autant de choses qui poussent les meilleurs d'entre nous à faire des erreurs. Et si dans le quotidien, cela n'est rien, il en est évidemment tout autre lorsque la guerre est à nos portes.

L'Espada était ainsi. Et même son propre frère, qu'il respectait plus que quiconque, n'échappait pas à cette règle. Dark se laissait aller à des accès de colères parfois terrible et il était réputé pour la violence de ses actes dans ces moments-là. Tenter de le raisonner n'était bien sûr pas évident.

- Pour autant, ma façon de faire n'est pas unique et d'autres agissent comme moi, même au sein de l'Espada. Ainsi j'ai bon espoir qu'un jour, nous cessions de nous comporter comme de vulgaires animaux. Nous aurions tout à y gagner.

Borick venait de s’arrêter, tournant son regard vers son vis-à-vis. Il ne lui proposerait pas son aide, pas après l'avoir entendu critiquer cette façon de faire. Il synthétisait bien sûr mais les faits étaient toutefois proches de cette conclusion. Pour autant, il était déterminé à le voir évoluer. Histoire de voir ce qu'il donnerait une fois un numéro imposé sur son corps.

- Tu m’intrigues Soejima Gesshin. J'aimerai que tu viennes me voir le jour où notre Roi aura décelé ton potentiel. L'Espada actuelle est si faible que c'en est désolant. Je reste persuadé que tu seras une pierre sur laquelle les autres pourront se reposer en cas de besoin. N'en déplaise à certain. Je ne m'avance que rarement sur les gens. Mais j'ai foi en tes capacités. Vraiment. Mais Las Noches est une fosse à crocodile et ils préfèrent se manger les uns les autres plutôt que d'accorder de l'importance à la cohésion. Saurais-tu au moins m'accorder la primeur de la nouvelle si cela arrive un jour ?

[Encore désolé pour cette attente indigne]

Précipitation et colère, deux choses qui liées l'une à l'autre, conduisait inévitablement à la faute, comme le soulevait Borick. Précipitation et colère étaient ce qui me poussa à l'erreur en imaginant qu'il était possible de faire face à l'envahisseur lorsque ce dernier déferla dans le Hueco Mundo, il y a quelques années de cela. Si je n'avais rien ressenti, que mon esprit était resté calme, je n'aurais pas perdu le contrôle et encore moins aurait encaissé une défaite aussi douloureuse. La Sexta avait raison, on ne pouvait pas se permettre de laisser nos actes être guidés par notre rage dans les situations les plus délicates. Moi qui en avait fait l'expérience, je ne pouvais qu'en être d'accord. Et si pour bon nombre d'Arrancars, cela relevait de l'impossible, ceux qui y parvenaient y gagnait un avantage conséquent sur ses semblables. Borick en était la preuve.

Enfin, même ce dernier semblait garder espoir en notre race, alors pourquoi ne pas croire que nous pouvions réellement évoluer ? Mettre fin à cette image de prédateurs violents et sans pitié, d'êtres dévorés par la faim et débordant d'agressivité, incapables de combattre côte à côte. Car c'est bien là le principal problème avec notre espèce. Rares sont ceux s'imaginant avoir besoin de soutien au combat, trop peu pensent que ce n'est pas une marque de faiblesse que d'accepter l'appui d'un allié. Beaucoup préfèrent foncer seul dans le tas, misant tout sur une force destructrice qu'ils pensent au-dessus de tous. Maintenant, si la Sixième Lame était témoin des progrès de certains dans ce domaine, je ne pouvais que m'en satisfaire. Aussi maigre celle-ci pouvait ben paraître, c'était déjà cela.

- Si tel est bien le cas, alors continuons d'y croire, c'est bien la seule chose que nous pouvons faire. Du moins, tant que le Roi reste le même.

Car il ne fallait pas se mentir, être dirigé par Grimmjow Jaggerjack ne favorisait pas l'évolution de l'espèce. S'il débordait de puissance, il incarnait tout ce que je détestais chez un Arrancar. Un homme violent misant tout sur la force et laissant la stratégie aux autres, pas étonnant que nous autres étions peu à agir différemment avec un leader de ce type. Il m'arrive de regretter le temps où il n'était qu'un membre de l'Espada... Laissant s'échapper un soupir d'entre mes lèvres, j'écoutais ce qui s'annonçait comme la fin de notre conversation avec attention. Et le moins que l'on puisse dire sur les mots de la Sexta, c'est qu'ils étaient encourageants. Voir plus pour un autre homme que moi. Cela dit, être reconnu comme avoir du potentiel par un membre de l'élite de Las Noches faisait s'emballer le cœur.

Retenant un sourire, je posais un genou à terre, baissant la tête, comme lors de mon arrivée en ces lieux. Conscient de ce que cela voulait dire, le remercier était la moindre des choses à faire. Et s'assurer de ne pas le faire mentir sur mon compte serait la prochaine de mes occupations une fois cette entrevue terminée.

- Sexta, si ce jour devait arriver, alors je vous prie d'être certain que c'est vers vous que je me tournerai pour annoncer la nouvelle. D'une part, parce que c'est à vous que je le devrais, vos conseils ne manqueront pas de m'aider. D'autre part... eh bien... c'est tout simplement que j'ai beau réfléchir, je ne vois pas avec qui il serait intéressant et sans danger d'en discuter !

Quel Arrancar daignerait accordait de l'importance à une nouvelle ne le concernant pas ? Une fois la réponse donnée, je me relevais tranquillement et faisait mes adieux à l'Empereur. Il était temps pour moi de quitter ce palais.

Citation :

Fin du rp pour moi ! Désolé du temps de réponse pour conclure, au passage... Et merci pour le rp !

Sujet: Re: Apprendre des plus grands. [Pv : Borick.]

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Apprendre des plus grands. [Pv : Borick.]

Apprendre des plus grands. [Pv : Borick.]

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