C'est très affaibli et avec deux de nos sièges qui me soulèvent que je traverse une partie du Seireitei jusqu'à la 4ème division, qui, par chance n'est pas très loin de la notre. Toutefois il est tout de même le matin, c'est une heure où beaucoup de Shinigamis vont s'entrainer et nous en croisons quelques uns sur le chemin. Je suis très gêné de me montrer dans cet état d'affaiblissement et ordonne au 3ème et 6ème siège qui me portent d'accélérer le rythme. J'avais trop exagéré pendant l'entrainement avec Noboru et j'étais blessé physiquement mais pas seulement. Je n'avais pas prévu l'apparition de mon Bankai à ce moment là et celui-ci avait totalement épuisé mes réserves qui avaient déjà été très amoindries par mon déferlement de techniques de haut niveau. Au final le résultat n'avait pas été très concluant, le capitaine m'avait vraiment mis une raclée, il était beaucoup trop fort et trop rapide pour moi et il m'a baladé comme une poupée. En même temps je ne m'étais pas mesuré à n'importe qui, il était probablement un des hommes les plus forts du Seireitei, tous capitaines confondus, c'était déjà un exploit que j'ai pu le toucher étant donné mon niveau actuel.

De plus, cela m'avait permis de développer mes compétences et désormais j'allais pouvoir développer des nouvelles techniques encore plus puissantes, me rapprochant légèrement de son niveau. Mais pour l'heure des soins étaient seraient plus que les bienvenus, j'avais probablement quelques côtes cassées, je ne pouvais plus ouvrir mon oeil droit car du sang avait giclé à l'intérieur, j'avais une joue déchirée et probablement de nombreux hématomes sur les bras. Les deux sièges qui m'accompagnaient n'étaient pas tout neufs non plus, ils avaient du encaisser une de mes attaques sonores et avaient reçu la première technique du capitaine. Ils n'étaient pas dans un état aussi pitoyable que le mien cependant.

Aussitôt arrivés aux portes de la 4ème, leurs shinigamis vinrent me porter à leur tour et s'apprêtaient à congédier mes deux sièges quand je leur expliquais la situation. C'est ainsi que nous avons été conduits dans une petite salle où je n'eus guère à attendre bien longtemps avant que quelqu'un entre. C'était une vieille connaissance et je me serais bien passé de la voir à ce moment-là, de crainte qu'elle me martyrise encore.


- Akucho-senpaaaaaaaaiiiiii !!!



- Kana-san... je suis heureux de te voir.


Mais la jeune infirmière s'était montrée beaucoup plus raisonnable que la dernière fois et n'usa pas de sa légendaire délicatesse envers ses patients. Elle m'examina et vit immédiatement que mes blessures étaient au delà de ses compétences. Elle fit donc passer un message pour que quelqu'un de plus expérimenté qu'elle prenne la relève. En revanche l'état de mes deux camarades étaient dans ses cordes. Elle s'empressa donc de s'occuper de leurs blessures en attendant que quelqu'un vienne s'occuper de moi. J'étais allongé sur un lit, tout était blanc ici et très calme. Cela était bien agréable.

Les journées se suivaient et avaient le même visage. La paperasse, le soin aux patients, la paperasse, le soin aux patients, se reposer, et le lendemain était identique à ce qu’était hier. Asuna ne se plaignait pas de la répétitivité des tâches, après tout passer le balai des heures entières n’était guère plus passionnant ; en revanche, cela était bien moins exigeant. Qu’il était usant de signer toutes ces feuilles, la jeune femme n’avait jamais eu aussi mal à la main, ou de soigner toutes ces plaies, et déverser sa propre énergie dans le corps d’autrui pour lui permettre de retourner se blesser à nouveau.
À choisir, Asuna aurait largement préféré garder égoïstement sa vitalité, sans avoir à la partager avec d’autres. Hélas, elle était la Troisième Siège de la Quatrième Division, où l’abnégation était l’une des qualités les plus défendues. Elle avait songé à demander un transfert, mais l’idée avait été écartée rapidement. Cela impliquerait trop d’efforts pour un résultat à peine plus satisfaisant que sa situation actuelle.

Asuna se rendait de jour en jour plus nécessaire à la Quatrième, mais par crainte de perdre son siège, non par envie. De nouvelles tâches l’attendaient, auxquelles elle n’avait d’autres alternatives que de s’y consacrer pleinement. Ce matin-là, on l’avait mandée auprès d’une nouvelle arrivée de blessés, venus tout droit de la Seconde Division. Pour ce qu’elle en avait compris, un entraînement particulièrement violent les avait amochés. Une raison tout ce qu’il y avait de plus absurde.
De mauvaise grâce, elle se rendit jusque dans la pièce où on l’attendait. La porte s’ouvrit sur elle, la découvrant, les mains pleines de dossiers, le visage toujours aussi avare d’expressions. Elle traîna sa langueur jusqu’à une table où elle posa sa paperasse dans un bruit sourd. Elle se tourna ensuite vers les blessés, dont deux avaient déjà été pris en charge par une infirmière. Asuna dévisagea son patient qui n’était rien de moins que le Lieutenant. Elle s’inclina légèrement pour le saluer.

« Lieutenant. »

Sans plus rien ajouter, elle se rapprocha et commença son auscultation. Ses fins doigts se mirent à courir sur le corps de l’homme, ses gestes bien que précis ne furent pas dépourvus d’une certaine délicatesse. Au contact, Asuna ressentit les plaies ouvertes ainsi que celles cachées sous la surface, d’autant plus préoccupantes.

« Certains de vos os ont été cassés. Quelques uns de vos organes ont été broyés. Je dois faire vite, ou vous allez mourir, dit-elle franchement sans s’épuiser à mentir. Elle saisit sur sa droite le regard interloqué de l’infirmière. Si vous survivez, vous êtes prié de ne plus affronter celui qui vous a mis dans cet état. »

Ses mains s’illuminèrent d’une aura bleutée tirant sur le verdoyant. Elle appliqua ses paumes sur les membres brisés de l’homme qui lentement commencèrent à se restaurer. La journée promettait d’être particulièrement longue.

J'avais commencé à m'endormir, Kana-san avait ouvert la fenêtre et il rentrait dans la pièce, une petite brise bien agréable ma foi. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas été aussi paisible. Si bien que je n'entendais plus les bruits qui m'entouraient, l'infirmière était pourtant en train de soigner mes deux camarades à quelques mètres. Mais petit à petit je sombrais dans un sommeil profond. Lorsque la porte s'ouvrit, laissant ainsi entrer la 3ème siège, je la vis à peine. Ne remarquant même pas qu'elle m'avait salué. Je sentis tout de même ses mains sur mon torse qui émettaient une douce chaleur à son contact avec ma peau. Cela ajouté au calme ambiant était fort agréable mais trop court à mon goût. Lorsque ses gestes finirent, la frustration ressentie me fit reprendre partiellement mes esprits. Je l'entendis ensuite dire son verdict qui me réveilla pour de bon. Elle avait autant de tact que Kana, c'est à dire qu'un caillou était surement plus doux et délicat.

Heureusement elle semblait réellement compétente dans son domaine, étrangement d'ailleurs pour une 3ème siège. En me penchant de plus près sur son Reiatsu, son niveau spirituel me semblait d'ailleurs bien au-dessus d'un tel grade. Que faisait-elle en tant que siège avec un potentiel pareil? Inconcevable. Peut-être était-ce la même chose avec la vice-capitaine, si c'était le cas, son niveau devait être équivalent à celui de Kyuusei-taishô. J'avais entendu dire que l'ex-capitaine Unohana était d'ailleurs incroyablement puissante, bien plus que ce monstre de Zaraki Kenpachi. Cette division dissimulait la qualité de ses membres de façon remarquable, sans doute car celle-ci était considérée comme étant la division médicale. Ceci ayant une consonance inoffensive dans l'esprit des gens. Nous avions incontestablement de la chance de les compter parmi nos rangs.

Petit à petit je sentais les soins faire leur effet. C'était lent et ça grattait atrocement de l'intérieur, une impression bizarre comme si ça se recousait. Les mains de la jeune femme émettaient une lueur verte semblable à certaines techniques de Kidô. Apprendre de telles techniques ne me servirait à rien mais les voir à l'action était très agréable. Il faudrait cependant encore plusieurs minutes et sans doute beaucoup de repos afin que mon corps soit totalement guéri. Je profitais donc de cet instant pour discuter un peu avec ma sauveuse. Le Seireitei étant davantage composé d'hommes, discuter avec des femmes était plus rare pour moi. J'avais déjà rencontré le capitaine Tsunemi et Takamichi, l'infirmière Kana ici présente ainsi qu'une siège de la 11ème division mais cela se limitait à ces quatre personnes là, ce que je déplorais d'ailleurs car les femmes ont souvent plus d'esprit que les hommes. Elles sont plus mures, réfléchies et sensibles. Afin d'avoir une discussion un minimum intéressante, je décidais de revenir sur ma constatation précédente.


- Je suis Akucho Uragami, fukutaishô de la seconde division. Je ne sais pas qui vous êtes mais je vous dois la vie, si ce que vous m'avez dit plus tôt est vrai. Et je ne vous en remercierais jamais assez.


A ces mots elle toucha un organe qui émit une vive douleur à l'intérieur de mon corps. C'était peut-être un avertissement comme quoi elle n'était pas sensible à ce genre de déclaration? Ou peut-être était-ce une simple coïncidence? Je lâchais un léger cri de douleur quasi imperceptible sauf pour elle puis je repris ma tirade.


- Pardonnez ma curiosité mais que fait une personne comme vous avec un tel potentiel au simple grade de 3ème siège? Je peux ressentir votre Reiatsu et je peux vous dire qu'il est autant, si ce n'est même supérieur à celui d'un vice-capitaine.


"Supérieur même au mien" me dis-je douloureusement, mais c'était un fait. Cependant, j'avais trouvé une paix intérieure grâce à ma récente acquisition et désormais je ne rougissais plus de mon niveau actuel. Aussi, je me détendis à nouveau et tentai de me concentrer sur une branche d'arbre que je voyais bouger au vent à l'extérieur afin de ne pas penser aux terribles démangeaisons que me provoquaient les soins.

Le silence fut sa seule réponse. Elle ausculta le lieutenant sans dire un mot, entièrement concentrée sur son travail. Elle palpait les membres minutieusement, ressoudant les os, soignant les muscles et apaisant la chair avec une douceur qu’on put difficilement croire venue d’elle. Précautionneuse, elle s’appliquait à sa tâche, écartant tout désir d’entretenir la moindre conversation avec son patient. Les questions de l’homme lui déplaisaient. Un peu.

Son potentiel spirituel, elle ne le cachait plus, du moins, plus autant qu’avant. Parfois elle se laissait aller à une paresse certaine, et ceux suffisamment sensibles aux énergies des âmes pouvaient constater avec surprise sa puissance réelle. Elle n’avait plus rien à dissimuler de ce coté là, les rumeurs allaient bon train sur cette ex-Vingtième Siège ayant tenu face à deux Espadas quand un Capitaine était déjà tombé. Asuna eut une pensée amusée en se remémorant la piètre prestation d’Himesaki, puis la chassa ensuite. Le nom du gradé guidait que par trop d’aspects les actes d’Asuna, il était inutile de lui donner plus d’importance qu’il en avait déjà.

Elle posa ses mains sur la poitrine du Lieutenant pour guérir les organes. Au toucher, ceux-ci semblaient être mal en point mais rien qu’elle ne pouvait soigner avec ses capacités. L’énergie azure se diffusa dans la poitrine d’Akucho, et restaura ses plaies par le biais d’une chaleur pourtant glaciale. Lorsque tout fut de nouveau en ordre, Asuna s’écarta, non sans dévisager le trop curieux Lieutenant. Il était temps pour elle de prendre la parole, ou le gradé risquerait de lui tenir rigueur de son mutisme.

« C’est mon travail, Lieutenant.

Elle rejoignit l’infirmière et ses deux autres patients, analysant si le travail était correctement accompli. Asuna passa son doigt sur la vilaine estafilade sur le front de l’un d’entre eux, qui se referma progressivement.

- Vous aurez besoin d’un peu de repos, leur dit-elle à tous, vous resterez en observation aujourd’hui, et retournerez dans votre division demain matin.

L’infirmière à ses cotés comprit rapidement ce qui était attendu. Elle se dirigea vers l’un des placards, qu’elle ouvrit, au-dedans duquel il y avait les différents formulaires d’entrées et de sorties. Elle revint vers le groupe et tendit à Asuna les papiers ainsi qu’un stylo. La Troisième Siège s’en saisit, et gratta le papier en silence. Les formulaires remplis, elle en donna un à chacun des deux hommes face à elle, les sommant de signer. Une fois que ceux-ci se furent exécutés, elle revint vers le Lieutenant. Comme pour ses deux comparses, elle lui mit sous le nez la feuille et le stylo :

- Signez ici, s’il vous plaît. Quant à votre dernière question, je crains de ne pas avoir de formulaire pour ce genre de sujet, conclut-elle sans jamais changer de ton. »

Les démangeaisons continuèrent ainsi encore quelques minutes. C'était pire que si c'était en surface, car sur la peau j'aurais pu me gratter mais à l'intérieur même de mon corps c'était plus compliqué et fortement désagréable. Je n'avais pas vraiment le choix que de subir jusqu'à ce que les soins soient terminés. Quelques longues minutes s'écoulèrent encore lentement et la jeune femme cessa enfin sa torture. Un soulagement incommensurable se fit ressentir, d'autant plus que toutes mes blessures semblaient être guéries. La 3ème siège avait un sacré talent, c'était indéniable, beaucoup plus que son grade et son attitude détachée ne le laissaient soupçonner. J'ignorais son nom mais j'avais pas pour habitude de laisser ce genre de mystère irrésolu indéfiniment. Tôt ou tard je comprendrai pourquoi cette femme restait à ce stade et ne cherchait pas davantage.

Cependant elle semblait avoir ignoré totalement ma question, je pourrais tout à fait l'obliger à parler en tant que vice-capitaine et elle simple siège, faire marcher la hiérarchie militaire en somme en invoquant une attitude ambigüe et suspecte, souhaitant vérifier qu'elle n'était pas une espionne ennemi afin de pouvoir l'interroger officiellement. Mais cela ne relèverait ni plus ni moins que de la menace si elle refusait de me répondre volontairement ici et je ne voulais pas en arriver là. De toutes façons, je ne pensais pas qu'elle était du genre à parler dans ces conditions. Bref, elle me tendait un formulaire qu'elle avait également remis à mes deux camarades. Je crus même distinguer qu'elle avait tenté une pointe d'humour mais cela me fit froid dans le dos plus qu'autre chose. Il se dégageait quelque chose d'elle qui aurait pu se dégager d'un croque-mort. Dans un premier temps, obtenir son nom ferait déjà avancer un peu l'investigation.


- Vous êtes siège si j'ai bien compris n'est ce pas? Je me suis présenté mais vous n'en avez pas fait de même, puis-je me permettre de vous demander votre nom?


Le respect de la hiérarchie elle semblait y être totalement étrangère. N'importe quel autre siège ne se serait pas permis de ne pas répondre lorsqu'un lieutenant se présente et en plus de ne répondre à une de ses questions que par une tentative d'humour douteuse. Je décidais de réitérer cette dernière en espérant qu'elle me répondrait cette fois-ci tout en faisant semblant de ne l'écouter qu'à moitié et en lisant son formulaire. Faire croire que c'était une question banale et qui était là juste dans le flux de la discussion l'aiderait peut être à se dévoiler davantage. J'ajoutais en plus de cela une petite touche d'humour qui ne pourrait qu'aider dans le cas présent.


- Effectivement, je ne vois la réponse à ma question nulle part sur votre formulaire, dis-je en feuilletant celui-ci. Je me permets donc de vous reposer la question, je fais simplement mon travail, ne le prenez pas personnellement. Pourquoi quelqu'un avec un tel potentiel n'est que siège? Ce n'est qu'une question banale vous savez, vous pouvez vous détendre, souriais-je.


Puis je me levais doucement de mon lit et fis simplement quelques mouvements de hanche et de bras, tout semblait être revenu dans l'ordre mais ils ne me laisseraient surement pas partir aujourd'hui alors je me rassis tranquillement en attendant sa réponse.

À mesure que l’échange s’éternisait, Asuna jugeait le Lieutenant de plus en plus collant, si ce n’était grossier. Elle ne s’en formalisa pas, ayant vécue bien pire, mais n’apprécia guère l’insistance avec laquelle l’homme poursuivait un interrogatoire qui n’avait lieu d’être. À un moment, la Troisième Siège regretta même qu’il ne fût pas mort de ses blessures. Ainsi trépassé, il n’aurait été aussi bavard.

« Kuragari Asuna, finit-elle par lâcher. »

Que lui importait son nom ? Il n’était pas utile à sa guérison, ni même à l’entretien. Le Lieutenant était probablement de ces hommes dont le protocole faisait figure de loi absolue. De plus, il continua de s’acharner quant à la question du potentiel d’Asuna, et l'inadéquation d'avec son grade. Question à laquelle la jeune femme n’avait nulle réponse à donner.

« Je ne suis pas tendue, Lieutenant. Mais je ne peux pas vous répondre. Vous n’aurez qu’à poser votre question au Capitaine Commandant, lui seul est décisionnaire de ce genre de choses, répondit-elle, coupant court à la discussion. »

Elle se tourna vers l’infirmière embarrassée et lui demanda d’aller bien vouloir chercher les sièges. La femme s’exécuta, ressortit de la pièce en hâte, pour réapparaître deux minutes plus tard accompagnée de consœurs, chacune poussant un siège de bois monté sur roues. Les trois femmes se positionnèrent devant les patients, et Asuna leur ordonna aimablement de s’y installer. Après s’être assurée de leur obéissance, la Troisième Siège se tourna vers le Lieutenant.

« Vos hommes et vous resterez en observation jusqu’à demain matin. Mais vous n’avez toujours pas signé. »

Une nouvelle fois, elle lui tendit le formulaire et le stylo, sans se départir de son inexpressivité. D’autres patients l’attendaient ailleurs, tout comme d’autres lourdes tâches que Satô ne manquerait pas de lui attribuer.

La jeune femme s'obstinait à ne pas vouloir répondre à une simple question. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un d'aussi têtue jusqu'à maintenant. Son Reiatsu étant stable et n'émettant aucune variation suspecte, elle semblait être simplement très bornée. Un individu coupable de quelque chose n'aurait pas pu garder un calme comme celui-ci face à mon insistance. Je n'avais donc que trop abusé de cette siège qui m'avait sauvé la vie après tout et décidais de la laisser tranquille avec mes questions. De toutes façons, cela ne relevait pas de mes fonctions après tout c'était le travail de la neuvième pas le mien.


- Et bien, Kuragari Asuna, cela n'aura pas été facile de vous arracher votre nom. Je suis cependant désolé de m'être montré si insistant. Quant à votre grade, selon moi vous méritez d'être au moins lieutenant, si ce n'est capitaine. D'où mon obstination. Seriez-vous intéressée pour évoluer ou ce grade-ci vous convient-il?


Je lui posais cette question car je ne pouvais pas m'adresser directement au capitaine-commandant, surtout pour lui poser ce genre de question qui ne me regardait pas. Je pouvais cependant en parler à Kyuusei-taishô afin qu'il examine son cas et demande à ce qu'elle puisse être promue ou du moins, que son cas soit réexaminé. Je me rendais compte au fil des jours, en fait, depuis que j'avais un capitaine au dessus de la tête, que le rôle d'un lieutenant reste vraiment très limité. Nous ne pouvons rien faire de très important ni prendre d'initiative quelconque et cela me frustrait. Cela était d'autant plus vrai que plus je lisais nos rapports d'espionnage, plus j'étais frustré de ne rien pouvoir faire de moi-même. Bref, la jeune femme insista pour me faire signer son formulaire, elle était vraiment bornée celle-ci, aucun doute ce n'était pas une attitude d'un troisième siège. Je saisis de nouveau le stylo et m'affranchit de ma tâche et lui tendit le formulaire.


- Voila, c'est fait.


Je ne pus retenir une petite moue agacée mais malgré tout je l'aimais bien, ce qui n'était surement pas réciproque et je la comprenais. Plus tard je lui ferais porter un mot d'excuses pour m'être comporté ainsi.

Elle ressentit une pointe de satisfaction quand l’insistant lieutenant signa enfin. Elle lui reprit le document des mains, ainsi que le stylo, qu’elle posa sur une table, où quelqu’un viendrait les récupérer pour classer définitivement l’affaire. Asuna considérait avoir perdu bien assez de temps avec ces patients, dont un s’était révélé particulièrement loquace ; elle avait encore fort à faire ailleurs, sans que l’on vint l’importuner sur ses opinions.

« Non, répondit-elle à l’unique question. »

Si, pensa-t-elle. Elle, qui toute sa vie avait été la subordonnée invisible, celle que l’on n’estimait pas, mais dont on exigeait rien, s’était retrouvée ainsi, projetée en troisième place d’une division, à mi chemin entre la gloire et le rien. Une tiédeur qui la forçait à subir le despotisme d’une lieutenante tyrannique, et la niaiserie d’une capitaine nouvelle venue. Asuna n’avait guère l’ambition du pouvoir, mais la situation lui était trop inconfortable pour qu’elle continuât de la tolérer.
Mais elle garda secrète cette pensée, et ne la partagea pas, ni au lieutenant, ni à quiconque, jamais. On l’avait forcée à se hisser en pleine lumière, Asuna émergerait donc des ombres, éblouissante. Et qu’importe si le sang devait couler, tant qu’il ne s’agissait du sien.

Elle revint vers le lieutenant, et l’aida à s’asseoir dans le fauteuil sans prendre compte des potentielles contestations. Une fois qu’il fut assis, elle ordonna aux infirmières de la suivre. Elle quitta la pièce, et marcha le long des couloirs, sa petite escorte d’aides soignantes et de blessés en fauteuil derrière elle. Elle s’immobilisa face à une porte marquée du numéro 12-D, chambre consacrée à l’observation des patients.

« C’est ici que je vais vous laisser, messieurs, annonça Asuna en se tournant vers les intéressés. Vous avez interdiction de quitter la chambre sans qu’un membre du corps médical n’en ait été informé. Le repos est le maître mot.
Shinigamis, Lieutenant, elle s’inclina légèrement face à ce dernier, passez une bonne nuit. »

L’éternel discours qu’elle répétait sans cesse d’un ton poli mais froid. Elle fit volte face, ses dossiers sous les bras, et ne se retourna pas. D’autres pleurnichards attendaient ailleurs.