Tout ca pour un simple rapport. [Asuna Kuragari]

La quatrième division était bien calme aujourd'hui. Tout allait pour le mieux donc. Alors pourquoi ce sentiment de non satisfaction ? Une simple remise de rapport. D'habitude, il faisait toujours son possible pour le rendre en avance et le poser sur le bureau de son capitaine, sur la pile. Pour l'heure, il n'avait toujours pas commencé son rapport. Fallait donc se hâter. Mais pas tout de suite. Déjà, ranger son bureau. Entre les flacons vide, la paperasse, les bouteilles vides et autres qui trainaient, on y voyait plus grand chose. Fini donc les soirées au bar, le travail avant tout cher ami.

A force de retarder, tu vas finir par t'attirer des problèmes mon chou.

La revoila. Celle qui donne son avis alors qu'un jour avant elle lui disait de prendre du repos. Elle avait bien calculé son coup la sorcière. Shin se contenta de déposer son zanpakuto à côté, jetant un coup d'oeil sur les bouteilles. Combien en avait il fini hier ? Parce que pour en avoir une telle quantité... Faire profil bas, et tout ranger. Non pas par crainte de se faire réprimander, non, simplement car pour bien bosser il faut avoir l'esprit en paix. La simple vue de son bureau mal rangé le faisait vomir. Allez, hop tout dans un sac et direction poubelles. Une fois ceci fait, Shin retourna dans son bureau pour entammer son rapport. Il prit son stylo et entamma la rédaction de son rapport.

Alors, nom prénom ca c'est fait, type de soins utilisés on va mettre ca, verdict du soignant hummm quelques jours de repos. On signe et hop, on a plus qu'a emmener au bureau du capitaine. Ca allait être la première fois qu'il allait evoir entrer dans le bureau de son capitaine. Les autres fois, il chargeait un de ses collègues de la division, un moins gradé bien sur. La, c'était différent. Aucun n'était disponible étant donné le nombre croissant de blessés et de rapports à rendre. Donc tout pour sa tronche.
Le zanpakuto à sa ceinture, le jeune infirmier prit les quelques rapports sous son bras et se dirigea vers la sortie.
Pendant le trajet qui le reliait jusqu'au bureau du capitaine, Shin se remit à penser à ses premières années dans cette division, à son intégration et sa mise en situation. Son premier blessé, ca n'avait pas été le top du top. Shin était tellement en panique qu'il avait renversé tout les outils sur la table. Normal pour un futur diplomé vous me direz. Oui, mais lorsqu'on y est depuis plus de deux ans non. Bon ok, il ne s'était jamais occupé de blessés depuis son entrée, esquivant toujours la répartition.

Une fois devant le bureau, il frappe. Une fois, deux fois, trois fois. Pas de réponses. Un shinigami vient lui dire que la capitaine est sortie. Ok bon bah changement de plan. Trouver la cap'taine, mission acceptée. Il aurait pu simplement lui laisser a l'entrée de son bureau, mais non. Celui la, il tenait à lui remettre en main propre. Il parcourut tout le Seireitei mais aucune trace d'elle. Et si elle était au Rukongai ? Cela restait possible. Et puis Shin avait envie d'un petit bol d'air frais, en dehors de la ville. Allez hop, direction Rukongai !
Une fois à destination, il avait encore à chercher, parce que c'pas grand mais ya pas mal de trucs la bas tout de même ! Il chercha un peu, beaucoup, puis il en eut marre. Sur un banc il finit par s'assoir, soupirant par son manque de lucidité. Enfin bon, un capitaine du Gôtei, ca ne s'évaporait pas comme ca quand même ! Il se résigna à repartir, maudissant le fait de n'avoir pas choisi la première solution. Sur le chemin, il était tellement sur les nerfs qu'il bouscula une jeune femme, éparpillant dans le même temps tout ses rapports. Il maugréa un bon coup, ramassant ses papiers, avant de s'excuser en jetant un bref coup d'oeil à la personne devant lui. Son visage blémit aussitôt.

Ca...Capitaine !
Alors la, tu vas morfler mon coco ! Bwahahaha !

L’absence faite femme porta lentement son regard vers le garçon paniqué. Sa mine n’exprimait pas la contrariété ou l’offense d’avoir été bousculée, davantage une morne surprise, à peine rehaussée d’un vague intérêt, comme si la Capitaine découvrait sur sa route un obstacle aussi inattendu que dérisoire. Elle le dévisagea lui, puis les dossiers froissés, et lui de nouveau, tentant de mettre un nom sur ces traits ne lui étant pas totalement inconnus. Au bout du compte, une étincelle de compréhension illumina les prunelles de la jeune femme, ses iris se réduisirent à une mer gelée.

« Des rapports pour moi, siège Hayako ?, déclara-t-elle d’une voix sans inflexion. »

Elle le reconnaissait à présent en tant que septième siège de sa division, un élément somme tout assez commun, quoique son jeune âge au regard de son statut sous-entendait un certain potentiel. Néanmoins, le dossier qu’elle avait lu à son propos il y a peu ne faisait pas état de qualités particulières : il avait obtenu difficilement son entrée au Seireitei et ne s’était pas révélé plus (ou moins) compétent qu’escompté. Or, la jeune femme comptait hisser la Quatrième division au rang d’élite, et pour ce faire, il lui faudrait éliminer le médiocre de ses rangs.

« Je comptais vous voir d’ici peu. Nous allons faire cela maintenant. Prenez vos papiers et suivez-moi. »

La Capitaine fit volte-face sans attendre de retour, sûre de son autorité. Elle marcha vite à travers les allées et regagna rapidement les quartiers de la Quatre, où après avoir parcouru le dédale de couloirs, elle parvint jusqu’à son bureau. Elle ouvrit la porte après en avoir fait jaillir la clé de l’une de ses longues manches d’Haori, et pénétra dans la pièce :

« Fermez derrière vous. Mettez vos documents sur la chaise, là-bas. »

Elle désigna mollement le meuble concerné dans un coin. Elle gagna son propre fauteuil, derrière le bureau, et croisa les mains devant elle, son attention portée toute entière vers son subordonné.

« Asseyez-vous. »

Asuna attendit qu’il prît place avant de poursuivre :

« Commençons. Actuellement, je soumets la Quatrième Division à quelques remaniements pour la rendre plus efficace. Pour cela, il me faut connaître ceux sous mes ordres, et voir là où leurs compétences sont les plus utiles. Hayako Shin, ma question est simple. Pourquoi êtes-vous septième siège ? »

Ses doigts se nouèrent devant son visage, et ses paupières s’alourdirent, cachant de moitié ses yeux rivés vers l’homme, ne le lâchant un seul instant, tels ceux d’un fauve à l’affût, prêt à bondir.

Elle lui avait répondu sans intonation particulière dans sa voix. Cela compromettait les dires de son zanpakuto, pensant qu'il allait prendre cher pour cet affront. D'un coup, comme une lumière sembla se réveiller en la jeune femme, qui lui demanda si c'était bien des rapport à son égards ou non.

Oui, oui. Ne vous trouvant pas à vos quartiers et ne voulant pas vous les laisser devant votre porte, j'ai pensé qu'il serait bon de vous les remettre en mains propres.

Pendant qu'il parlait, il se demandait ce qu'il allait advenir de lui. Si elle le laisserait partir ou bien lui faire payer cet affront en lui donnant bien plus de travail. Il ne fut donc aucunement surpris quand elle lui déclara qu'elle comptais le voir. Maintenant, reste à savoir pourquoi elle voulait le voir. Rassemblant ses papiers, il la suivit, prenant machinalement ses distances avec elle. Oui, il faut dire que même si c'était son capitaine, elle lui inspirait une certaine crainte. Cette attitude qu'elle avait, il la connaissait plutôt. Enfin c'est ce qu'il pensait, vu qu'il adoptait la même lorsqu'un quelconque problème pointait le bout de son nez. Nonchalence, voila ce qu'il pensait en observant son capitaine. Le jeune shinigami regarda autour de lui, pour se changer un peu les idées, et observa qu'ils revenaient aux quartiers de sa division. Il allait donc passer soit un entretien, soit elle avat totalement oublié qu'il la suivait. Arrivé devant son bureau, elle sortit une clé de son haori, puis dévérouilla la pièce. Désignant du doigt un meuble dans un coin de son bureau, elle lui dit de poser les rapports dessus, ce qu'il fit sans se faire prier.
Elle lui demanda aussitôt de s'assoir, ce qui mit une pression supplémentaire à Shin.

Et ben vieux, t'es pas dans la mouise !

Il s'efforca de ne pas rire. Parce que lorsqu'il est en stress, acculé par la pression et autres choses diverses et variées, Shin se met à rire. Tic nerveux, cela va de soit. Tout ce manège n'était pas la juste pour le remercier non. C'aurait été trop facile. Autant le faire hors de son bureau, un petit merci et hop basta. Il se résolut à prendre place, se rendant compte que sn capitaine était juste en face de lui, attentive à chacun de ses gestes. Le moment tant redouté arriva. Elle lui fit un bref topo de la situation sur la Quatrième division, lui narrant qu'elle comptait la rendre plus efficace et qu'elle était actuellement en phase de remaniement. Oula... Shin sentait la question arrivée, celle que tout employé craint de la part d'un patron. Celle qui montre que le règne animal est toujours présent. Ca y est, la question est posée. Le capitaine se montre bien plus attentif qu'avant, comme si elle allait le dévorer si il ne choisissait pas bien les mots. Bien sur, une intervention de son zanpakuto la maintenant, ce fut l'élément déclencheur en quelques sorte.

Vas-y mon grand, épates moi. Montre lui que t'as des couilles !

Shin manqua de tomber de sa chaise, tellement la phrase était grossière. Se ressaisissant, un sourire en coin, il pensa très fort qu'il allait faire payer cette blague de mauvais gout...plus tard parce que la il était occupé.
Il croisa les bras, se mit à se balancer sur sa chaise et regarda son interlocuteur.

Pourquoi je suis Septième siège hein ? Et si je vous demandais pourquoi vous êtes Capitaine de la Quatrième, vous me répondriez quoi hein ? Plus sérieusement.
Je sais déja que je ne suis pas du tout fait pour le combat, mon zanpakuto je le considère plus comme une aide qu'autre chose. Comme vous avez pu lire dans les rapports de l'académie me concernant, je suis pas fait pour le terrain, les guerres et tout ca. Je suis comme une tortue en fait. Je suis assez fragile, mais mon zanpakuto me sert de carapace. Je sais pas trop si vous voyez ce que je veux dire en fait, héhé....

Tu oses me comparer à une carapace de tortue ? Pfeuh, il y a vraiment des jours j'me demande ce que je fous avec toi...

Cesse de parler Shin, tu t'enfonces...Prions pour qu'elle ne le prenne pas pour un abruti... Déja, il ne serait pas devenu Septième siège s'il avait tenu ce discours. Alors la non. Refusé d'office. Recalé même.

Je peux comprendre que vous fassiez un tri parmi l'effectif, pour redorer la Quatrième et je suis tout a fait d'accord. J'ai du faire mes preuves déja à l'Académie, dans une branche où j'avais, et j'ai toujours, beaucoup de mal. Je n'ai rien pour vous persuader, pas de démonstration de bakudo, ni de sorts en nécromancie. J'veux pas vous forcer la main, vous faites ce que voulez. Après tout, c'est votre Division. Je ne suis qu'un pion dans votre échiquier...

Il ferma les yeux et souffla un bon coup. Il avait tout dit, tout ce qui lui passait par la tête concernant la question que lui avait posé le capitaine. Kimagurenai ne se manifesta pas, elle préféra rester silencieuse. Elle savait qu'elle n'avait rien à dire. Qu'allait elle dire encore comme bétises après que le capitaine ait annoncé son verdict ?

« Ah… » fut à peu près la seule syllabe que parvint à formuler Asuna suite à l’interminable discours du Septième siège. Elle avait posé une question simple et ne s’était attendue à devoir essuyer tout un plaidoyer aussi invraisemblable qu’obscur, teinté parfois d’une note flagrante d’irrespect. Et comme depuis quelques mois, la jeune femme prenait goût à l’autorité, il y avait certains propos qu’elle ne pouvait plus laisser passer comme auparavant, et dont la priorité l'emportait sur le reste.

« Je vous répondrai que je suis devenue Capitaine après avoir tué Kotetsu Isane devant la Division entière. »

Sa voix cassante, son ton glacial, et ses yeux rivés dans ceux de l’homme, la haute-gradée donnait tout l’air de n’avoir goûté à la plaisanterie. Elle s’en moquait, en réalité, mais puisqu’elle devait gérer tous ces hommes et ces femmes, les bousculer de temps à autre ne lui semblait pas une si mauvaise idée pour se faire obéir.
Asuna saisit un dossier sur son bureau et l’ouvrit ; tout à sa lecture, elle le leva négligemment afin de laisser apparaître le nom du propriétaire, qui n’était autre qu’Hayako, bien entendu. Elle haussa les sourcils à certains moments, soupira à d’autres, et laissa peser sur son subordonné tout le poids de son silence désapprobateur. Brutalement, elle referma le dossier avant de le reposer devant ses mains pâles.

« Je sais ce qu’est une tortue. Et je sais ce que vous valez. Moins qu’une tortue, me semble-t-il. Cependant, je n’attends pas de vous des qualités de combattant, ni de quiconque ici. La Quatrième Division souffre de son extrême spécialisation, que je ne peux pas changer. Et que je ne compte pas changer. »

La Capitaine jaugea les expressions de son vis-à-vis depuis le fond de son trône, et ne manifesta pas une once de chaleur à son égard. Elle était d’éclats et de mots tranchés, coupant la fierté comme toute envie de la contester.

« Ce qu’il me faut savoir, c’est si vous êtes capable de vous donner entièrement aux tâches qui vous incombent. Les rapports, les patients, les opérations. Je veux les meilleurs représentants de cette dévotion pour remplir les plus hauts-grades. Pas les moyens ou les bons. Les meilleurs. Vous devrez me prouver que vous êtes de ceux-ci à chaque heure du jour et de la nuit. Suis-je claire ? »

Et elle organisait son petit monde, où l’ambition écraserait la paresse, où l’audace briserait le faible, une jungle dont elle escomptait bien être le prédateur dominant.

La réponse fut cinglante. Apparament, il n'aurait pas du tenter le coup de la provocation avec elle. La capitaine avait toujours son air calme, mais montait en autorité, allat jusqu'à être glaciale avec lui. Après tout, elle en avait tout les droits, vu qu'elle commandait cette division. Et l'évocation du combat avec l'ancienne capitaine de la Quatrième fit parcourir une multitude de frissons dans le corps de Shin. La tension dans la salle se faisait de plus en plus lourde, la faute a qui aussi ? Qui qui vient provoquer son supérieur dans son bureau alors qu'il devait répondre à une simple question ?

Je suis désolé si je vous ai offensé, si c'est le cas vous m'en voyez navré. A vrai dire, je suis assez nerveux, d'être içi avec vous. Vous possédez quelque chose d'assez... Intimidant.
C'est la moindre des choses de s'excuser. J'dois avouer qu'elle a quelque chose qui me fascine chez elle., mais en même temps qui me rend nerveuse...

C'était exactemement ce que ressentait le septième siège en ce moment. Il sursauta lorsqu'il entendit son capitaine fermer un dossier. Elle clarifia les choses en lui disant qu'elle n'attendait de lui aucune compétences partculière, juste qu'il s'implique davantage dans son travail. Cela voulait donc dire plus de tire au flanc, ni de soirées au bar. Il devait s'investir, quitte à y laisser sa vie. Du moins c'est ce qu'il comprit quand elle s'addressa à lui. Toujours avec une froideur aussi machiavélique et sombre. Elle ne rigolait pas, et tenait absolument à se débarrasser de lui s'il faisait un seul faux pas, quelle que soit la manière employée,.
La Quatrième division était bien plus hostile que ce dont il avait entendu à l'Académie. Lui ce qu'il pensait en la rejoingant, c'était un capitaine gentil qui fasse bien son travail, s'amusant de temps en temps. Une division où il ferait bon y vivre, avec de la bonne humeur et tout. LA, c'était limite ambiance d'asile psychiatrique, où chaque personne était un cas unique en son genre et désespéré. La capitaine y faisait pas exception, elle était même tout les membres réunis. Shin faisait il partie de cet univers ? Avait il vraiment sa place parmi cet asile de fous ? Tout ce qu'il pensait avoir en commun avec eux, c'était.... Quoi déja ? Rien. Il n'avait rien. Peut être les capacités de soins et d'endurance, m'enfin tout le monde pouvait les avoir ces qualités. Il s'addressa alors à son capitaine, prenant un air sérieux.

Je respecte tout à fait votre choix concernant cette Division. Après tout, c'est vous le chef.

Il n'était plus stressé maintenant et semblait s'être habitué à la pression qu'elle dégageait. Il ne se sentait plus oppressé, mais à l'aise. Ce climat la, de tension avec une pointe d'animosité, c'était assez plaisant comme sensation. Il avait trouvé son point commun avec cette division, qui, même si elle avait changé de capitaine et de point de vue, avait gardé cette même faculté : l'adaptabilité. Cette atmosphère si particulière montrait que seule la capitaine était le dominant, et ceux étant dans cette sphère se devaient de lui obéir. Il se leva de sa chaise, déposa son zanpakuto sur le sol et s'agenouilla devant elle, toujours assise sur son trône, seulement le bureau les séparait.

Moi, Hayako Shin, Septième siège de la Quatrième Division, m'engage à laisser ma vie au compte de la Quatrième Division et à son capitaine, Kuragari Asuna.

Prenant son zanpakuto, il dégaina et se trancha la dos de la main droite, laissant bien le temps à la lame de déchirer la chair, lécha les gouttes de sangs qui perlaient sur sa main et rengaina. Il garda la tête baissée, attendant la réponse et réaction de son capitaine.

Mmmh, j'avais oublié à quel point te voir saigner m'excitait grave...

Asuna écarta d’un revers les excuses de son subordonné, en y accordant autant d’intérêt qu’à un insecte insistant venu bourdonner autour de son visage. Et c’est à ça que lui faisait penser Hayako. À un insecte. Elle ne pensait pas être la seule responsable : il manifestait une docilité démesurée, une soumission exacerbée, à tel point qu’Asuna crût bon de penser que la nature du garçon transparaissait à travers de telles attitudes.
Un mouton. Rien de plus qu’un mouton. Un de ces êtres sans puissance personnelle qui se rangeait derrière plus forts qu'eux, sans honneur, sans fierté, dont le seul intérêt qu’ils retiraient de leur asservissement était la survie, et prolonger un peu plus leur existence sans éclat.
Et cela plaisait à la jeune femme. Elle ne retirait pas de plaisir égocentrique à être ainsi idolâtrée, en revanche, elle décelait tout l’intérêt d’une pareille révérence. Hayako, à défaut d’être un bon soldat, se dévoilerait peut-être comme un bon outil. L’homme était lucide : il n’était qu’un pion. Et Asuna se devait de déterminer jusqu’où il pourrait survivre en tant que tel.

« Soignez cette plaie. Je ne veux pas de sang dans mon bureau. »

Une voix toujours dépourvue de gentillesse mais bien moins polaire que quelques secondes auparavant. Asuna posait sur le Septième siège un regard neuf et attentif.

« Votre vie. Vraiment ? Actuellement, je n’en ai pas besoin. »

Elle se frotta la tempe du bout de l’index, pour faciliter sa pensée, et ne quitta pas un instant des yeux son interlocuteur.

« Je peux vous confier une tâche, cependant. Qui ne nécessite que votre discrétion. Et que vous sachiez tenir votre langue. »

La Capitaine appuya l’inflexibilité de ses traits pour mieux communiquer son message : Hayako aurait beaucoup à perdre à la décevoir.

« Il me faut des yeux et des oreilles au sein de la Division. Je veux savoir ce qu’il s’y passe et en permanence. Rapportez-moi les propos de vos confrères qui sont dignes d’intérêt. Qui aime ou déteste qui, pour quelle raison et depuis quand. Mesurer le degré d’investissement de chacun, mais aussi de la conviction dans ce que nous faisons. Si vous êtes efficace, vous obtiendrez mon appréciation. Et elle vaut chère. Alors, souhaitez-vous encore vous consacrer entièrement à ma cause, Hayako Shin ? »

Shin releva la tête en silence. Il arracha un bout de son uniforme pour panser sa plaie, puis observa son interlocutrice. Son regard était toujours froid et sa façon de parler aussi, mais son intonation paraissait moins froide. Elle ajouta qu'elle ne désirait pas sa vie, du moins pour le moment. Elle avait donc en quelque sorte accepté le septième siège dans ses plans, restait à savoir si c'était à long terme ou non.
Puis elle lui parla d'une tâche à faire. Avec ca, il fallait faire preuve de discrétion et il fallait tenir sa langue. Une mission venant de son capitaine...Intéressant. Tout comme les détails. Il fallait qu'elle sache ce qu'il se passait au sein de la division. Une sorte de taupe. Pourquoi pas. S'il parvenait à être excellent dans cette tache, elle lui offrirait l'appréciation de son supérieur. Et apparemment, elle valait chère...

Si tu tiens à te faire une place dans cette division, n'hésites pas une seconde.

Pour une fois, elle n'avait pas tort. Comme quoi elle ne disait pas que des choses inutiles. Shin alla se rasseoir sur le siège en face de sa supérieure, puis l'observa quelques instants avant de prendre la parole, un sourire radieux sur le visage.

Je serais honoré de vous rendre ce service. Et je m'en sens encore plus concerné par votre projet.

Son attitude avait changé, il était maintenant plus sérieux. Il se frotta les mains, adoptant un air assez vicieux, sourire aux lèvres. Une allure de croquemort. Oui voila. Passionné par son travail. Du moins c'est l'apparence que donnait le shinigami. Oui, la il était ravi. C'était le genre de choses qu'il aimait bien faire. Observer, écouter, se taire. Il allait pouvoir mettre tout son art de personne inintéressante en pratique. Avec professionnalisme toutefois. Maintenant qu'il s'était mutilé en donnant sa vie pour son supérieure et sa division, ses tendances masochistes étaient donc plus un secret.

J'aimerais que ce que vous venez de voir reste entre nous. Je tiens pas à ce que l'on découvre qui je suis réellement, si vous voyez ce que je veux dire.

Il avait dit ca en se tenant sa main, encore endolorie par sa blessure. Le bout de tissu était entaché de sang, il fallait refaire ses bandages. Il passa sa plaie au niveau de sa bouche où il aspira le sang, allant jusqu'à lécher le liquide pourpre qui restait. Tout cela en regardant son capitaine bien sur. Pourquoi la priver d'un tel spectacle après tout ? Il restait encore quelques gouttes encore visibles au coin de la bouche lorsqu'il décida de se lever de son siège, et d'ouvrir encore une fois le dialogue.

Je ne sais pas pourquoi, mais depuis mon entrée dans votre bureau, je me sens...utilisé comme un pion à sacrifié... Et j'aime ca...

Mmmmh... C'est vraiment le pied... C'est ton héroïsme virginal à la noix.... Encore....

En tout cas, mon zanpakuto à l'air de vous apprécier énormément. Elle "prend son pied" même. Bravo Capitaine ! dit il en riant.

À un moment, elle se demandait s’il n'était pas approprié de créer un test d’évaluation mentale pour l’entrée à la Quatrième Division. Manifestement, cette dernière attirait un nombre conséquent de dérangés et ceux-ci, plutôt que de finir patients, devenaient des gradés. Elle avait eu à subir les dérives de Midorima, son sixième siège ne s’annonçait pas des plus stables non plus, et voilà qu’elle héritait à présent d’une espèce de vampire délirant qui se mangeait lui-même.

« Le mien n’a rien à dire à votre égard, dit-elle en le regardant faire d’un œil étreint. Et moi non plus. »

Il avait des manières que bon nombre aurait considérées comme dérangeantes. Pour Asuna, il se résumait à n’être qu’un petit rien amusé de voir couler son propre sang.

« Bien, vous me ferez un rapport à chaque fin de semaine. Ouvrez les yeux, soyez attentif à tout ce qui se dit. Je veux connaître les tensions entre chacun des membres de ma Division. Les affections et les amitiés aussi. Vous pouvez aussi me rapporter ceux ayant des rapports coïtaux entre eux. On en apprend souvent beaucoup. »

Elle quitta son siège et imposa sans le formuler à son subordonné d’en faire autant.

« Discrétion est maître mot. Soyez vigilant mais jamais trop entreprenant. Ne parlez de tout ceci à personne. Vous m’avez donnée le loisir de disposer de votre vie après tout. Vous pouvez disposer Hayako Shin. Nous nous reverrons d’ici quelques jours. »

Elle le salua de la tête avant de lui désigner la porte. Elle espérait qu'il ressortirait de ceci un immense sentiment de satisfaction.

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