Cette missive de la part de Shu m’avait agréablement surpris. A peine avions nous fait connaissance dans un bar, qu’il me voulait comme partenaire de combat. Un honneur, je puis vous l’assurer ! J’eus un sourire, là où Hilda, mon bras droit actuel affichait une mine plutôt inquiète. Il est vrai que je trainais encore quelques petites séquelles de notre précédente mission sur le Hueco Mundo, mais ce n’était pas cela qui m’empêcherait de répondre à une invitation pareille. De plus, c’était un peu l’occasion pour moi de tester sa force, qui devait être assurément titanesque. Après tout, j’avais moi-même coutume de dire que n’était pas capitaine qui veut. Des ragots colportés sur Shu, j’avais surtout entendu qu’il était extrêmement fort en kido. Ce type devait très certainement avoir le niveau de la vielle Masaye. De quoi ne pas le prendre à la légère. J’hésitai un peu à lui répondre par l’affirmative, mais je décidai sur un coup de tête de laisser planer le mystère sur ma venue. Je me disais qu’il devait bien se douter que je viendrais, mais c’était toujours amusant de laisser un semblant de suspens. Aussi, m’étais-je normalement apprêté, lorsque je jour j arriva. Hilda voulut me dissuader d’aller faire ce petit combat, mais je fis vite de la rassurer :

- Je ne vais pas en mourir, ne t’inquiète pas.

La jeune siège eut une mine boudeuse et voulut pousser le bouchon plus loin jusqu’à vouloir m’accompagner au cas où ça dégénérerait. J’eus un soupir las, avant de lui faire comprendre qu’elle était la seule dans les rangs à pouvoir tenir la division si je n’étais pas là. Cette phrase eut pour effet de la faire rougir. Apparemment, ma troisième siège n’était pas insensible aux flatteries. Ce n’était pas vraiment pour la flatter que je lui avais dit ça à la base, mais puisque ça avait eu l’effet escompté, c’était tant mieux ! Je souris devant son visage tout rouge et ses joues bouffies, avant de passer une main paternelle sur sa chevelure. Cette petite devenait grande, et son inquiétude me faisait vraiment chaud au cœur. C’est dire à quel point je tenais à elle, vice-versa. Lorsqu’elle eut compris ma volonté, elle me laissa le champ libre ce qui eut pour effet de me faire plaisir. Alors que je pouvais enfin sortir de mes bureaux, elle me rappela à l’ordre en me tendant mon haori. Je hochai la tête de manière à lui faire comprendre que je n’en avais pas vraiment besoin. Si jamais je l’usais dans un combat d’entrainement, j’imaginais déjà les remontrances du capitaine-commandant. Nul doute qu’il serait déçu, ce que je ne voulais pas. Déjà que j’avais foiré ma mission…

C’est ainsi que je pris la direction du rukongai, en volant de toiture en toiture, comme j’avais l’habitude de le faire depuis tout jeune. Ce genre d’escapades avait pour habitude de m’amuser un brin, même si je ne partais jamais au rukongai pour de bonnes raisons, cette fois-là étant une exception. Je me surprenais même à frémir, rien qu’à penser au combat qui m’attendait. Il faut dire que l’âme guerrière dont j’avais hérité lors de mes services à la onzième division, persistait toujours autant, malgré ma volonté de changer. L’espace d’un instant, j’eus même la hantise de révéler accidentellement mon côté « sombre » à Shu, mais finalement, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Même si j’imaginais que nous allions nous donner à fond dans cette affaire, je ne partais pour le tuer, mais pour m’amuser et ci-possible, évoluer. C’est dans cette optique des choses que je me hâtai à traverser le rukongai. A quelques lieux de l’endroit où nous devrions nous indiquer, j’activai d’emblée mon shikai. Mon zanpakutoh était devenu un gigantesque bisento que j’attrapai d’une main, avant de me rendre là où Shu m’attendait. D’ailleurs, le bougre pouvait sentir mon réiatsu de loin ; si bien que mon arrivée dans les airs n'aurait pas dû l'étonner ne serait-ce qu'une seconde.

- Eanaifu !

- Burēdosando !

J’engendrai aussitôt une lame de sable qui partit aussi à la rencontre de la lame de feu qui menaçait de venir me bruler. Dans un bruit assourdissant, les deux techniques se neutralisèrent aussi, matérialisant entre nous un écran de fumée assez conséquent. J’eus soudainement un soupir en me disant que j’avais frôlé des brulures qui allaient me faire un mal de chien plus tard. En parlait de brulures, je trouvai d’ailleurs qu’il faisait un petit peu trop chaud. Une seconde plus tard, je compris pourquoi la température avait soudainement grimpé en flèche. C’était à n’en point douter l’œuvre du réiatsu de mon adversaire. Autant dire que Shû semblait tout feu tout flamme !

- Évidemment que j’allais venir, héhé ! Tu vas morfler !

J’eus alors un sourire. Cela ne pourrait être que bon. Il était évident que nous allions sans aucun doute passer à la quatrième division, mais ce passage allait être sans regrets. Déjà, je m’amusais comme un fou, malgré la chaleur étouffante et les grosses gouttes de sueur qui coulaient le long de mon corps. D’un mouvement sec, je me débarrassai de mon kosode dans manche pour me retrouver tout simplement torse nu. Quand on y repense, ce n’était certainement pas ces vêtements qui allaient me protéger si jamais ses attaques venaient à m’atteindre. Mais encore que pour m’atteindre, le capitaine de la dixième division devait à tout près percer ma première défense.

C’est à cet instant qu’une quantité importante de sable se mit à graviter autour de moi. Cette défense réagissait automatiquement. A la moindre approche d’une attaque, celle-ci allait se mouvoir et contrer l’attaque. Du mieux que possible. De quoi m’arracher un autre sourire encore plus grand et plus malin. La fumée se dissipa doucement, et je pus apercevoir Shu qui était toujours à sa place. Brusquement alors, je déployai mon réiatsu dans les environs. Cette activité de notre part pouvait rameuter une bande de hollows, mais ce n’était pas du tout ma préoccupation. Je voulais tout d’abord engourdir Shu ou voir comment il réagissait à ma puissante énergie spirituelle paralysante.

Je finis enfin par saisir mon bisento des deux mains, avant de mimer une attaque dans le vide ce qui engendra un gros bloc de sable. Ledit bloc fila façon missile vers le ciel avant de s’éclater en une large bande. On aurait dit un gros nuage au-dessus de mon vis-à-vis. J’eus alors un sourire assez mauvais et murmurai : « Nuretasuna ! ». L’agrégat se transforma en une multitude de billes de sables qui finirent par s’abattre sur le capitaine de la dixième division, de façon violente et ultra-rapide, telle une soudaine averse qu'on ne voit pas venir. Mais malgré tout, je restai sur mes gardes en regardant le point d’impact d’un air attentif. Ne savait-on jamais. Il s’agissait d’un capitaine après tout !

Putain… C’était vraiment comme les rumeurs le prétendaient. Ce type était un as du kido. D’où sortait un tel phénomène ? Il ne m’avait pourtant pas semblé qu’il ait fréquenté la division du corps de nécromanciens. Parce que pour balayer mon Nuretasuna comme ça, il fallait tout de même le faire. J’eus donc un pincement au cœur, mais j’étais loin d’être étonné, car une chaine de couleur jaunâtre sortit de nulle part et m’immobilisa fermement. Avec quelques secondes de plus, je me serai sans aucun doute défait de l’emprise de ce bakudo, mais je n’eus absolument pas le temps, puisque l’intensité du sort me fit trébucher et me fit tout bonnement tomber au sol. Une veine alors, car l’éclair qui passa alors au-dessus de moi pour aller s’écraser dans la forêt me donna des frissons dans le dos…

- Eh bah ! J'ai eu chaud…

Il fallait reconnaitre une chose. L’héritier des Igarashi était un combattant de choix dans notre faction et un tacticien hors pair. C’est dès lors que je compris pourquoi il avait été nommé à la tête de la dixième division, spécialisée dans les combats à distance. Le problème avec ce genre de personnes, c’est qu’ils étaient très rapides et difficilement approchables. Mais j’avais plus d’un tour dans mon sac. Effectuant rapidement un relevé carpé, Je dus déployer un peu de mon réiatsu et toute ma force physique pour briser les liens qui me retenaient prisonnier. Une fois mobile, je m’amusai à rouler des mécaniques et à étirer mes membres pour retrouver une bonne mobilité. Une fois mon petit cinéma terminé, je m’abaissai pour ramasser mon zanpakutoh que j’avais laissé tomber lors de l’offensive de Shu.

- Ton offensive m’aurait certainement eu si j’étais pas tombé. C’est pas d'bol pour toi, hein. Mais il faut dire que tu ne faillis pas à ta réputation. C’est tout à ton honneur !

Alors que je parlais, j’avais commencé à tournoyer mon bisento au-dessus de ma tête. Plus les secondes s’égrenaient et plus le mouvement devenait extrêmement rapide. Bientôt, se forma autour de moi une bourrasque plus ou moins violente. Il ne fallait pas se gourer avec mon pouvoir. Je ne maitrisais pas que le sable, mais j’avais aussi le vent à ma disposition. Un fait que la plupart de mes adversaires oubliaient ou ignoraient. Ce petit détail me fit sourire, avant que je ne m’élance très haut dans les airs. « Tatsumaki sando ! » Autour de moi, une gigantesque tornade de sables se forma et se dirigea à toute vitesse vers mon adversaire du jour. Mais ce n’était pas fini ! Car en redescendant, j’agitai mon bisento en avant, provoquant ainsi une énorme vague de sables qui suivit alors la tornade de très près.