-AKIHITOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO

Teippei sauta d'en dehors de la fontaine, toujours aussi trompé pour arriver aux pieds du vice capitaine dont il avait mal prononcé le nom. Dans sa tête un amphithéâtre complet sautait sur place, heureux de la rencontre son grand partenaire dans le spectacle de magie précèdent.

-T'as de nouveaux tours ? T'as de nouveaux tours ? Vas-y Montre ! Montre maintenant !
Telle une puce, le shinigami n'arrivait pas à rester en placer, il sautait, littéralement sur place, applaudissant quelque chose qu'il était seul à comprendre et ce de manière quasi histerique. À un tel point qu'il n'attendit pas que son collègue lui montre ses nouvelles prestidigitations.

-Regardes ! Regardes ! Moi aussi j'ai de nouveaux tours !

Les deux mains de Teippei étant toujours rapproché commencèrent à luire d'une douce couleur bleuté. Telle une lampe, elles éclairaient son visage juste au-dessus et ce, malgré l’éclat du soleil dans le ciel. Du creux formé par les paumes à demi-jointes, partirent quatre flèches pour englober toute la petite coure et même la fontaine. Quelques secondes plus tard, une pyramide inversée se dressait dans le ciel, enfermant les deux shinigamis dans une zone coupée du monde pour quelques instants.

-Tour de magie numéro soixante-treize : Passes-moi le sel !

Tozansho techniquement mais le schizophrène n'était plus à ça près. Dans son esprit, la pyramide ressemblait à une salière bleue, très belle au demeurant. Une main visible s'en serait accaparé pour la renverser et déverser son contenu en or blanc sur le plat principal. Bon, certes, il n'y avait pas de sel voire même de point blanc à l’intérieur, encore moins de plat géant de nourriture en dessous mais cela restait du bétail !

Détail que le Midorima ignorait superbement. Nombreuses firent les voix souhaitant bon appétit bientôt engueulé par les autres leurs faisant remarquer qu'il n'était pas encore l'heure de goûter. Toutes celles-ci finissant par se coaliser contre les rares qui soulignaient qu'il n'y avait aucune nourriture ici. Le tout nouveau membre de la Yonbantai continuait quant à lui de sourire, tout fier de sa trouvaille. Il reprit même la parole, jubilant.

-Le but de ce tour de magie est de faire des réserves de sel pour ensuite les mettre sur les blessures de l'ennemi. Ainsi, toutes ces coupures d’épées vont piquer à mort. À MORT!

Sa main vint se promener dans sa chevelure dorée, remontant son bandeau dans le même mouvement pour la faire tenir un poil en place avant que ses doigts viennent tapoter son menton sur le chemin du retour, prit dans une rare pensée logique.

-À la base, je voulais y foutre du citron aussi. Ça pique vachement le citron puis ça sent bon en plus. Mais les voix m'ont dit que le sel absorbe l'eau. Alors je ne sais pas si le citron ça compte comme de l'eau mais ça risque fort de ne pas marcher qu'elles ont dit. Du coup je suis resté sur le sel puis au pire, j'peux me cacher dedans comme ça les Autres ne peuvent pas me trouver. Parce que je suis caché dans du sel, tu comprends ? Tu comprends ?

Teippei resta sans voix. Sa bouche formait un grand O d'étonnement tandis que ses pupilles s'étaient écarquillé de surprise. Un instant il pensa « impossible » mais pas de doute là-dessus, Akihiko était bel et bien dans sa tête. Un peu plus et il en pleurerait de joie.

-Mais c'est génial !

Le jeune homme se rapprocha de son ami, il l'avait décidé et classer comme tel, un sourire béat sur le visage. Quelqu'un qui vous aidait à concocter de fouteuses attaques et stratégie guerrière ne pouvait qu'être une personne de bon fond ! Quelqu'un de bien et bien sympa. Sa main se leva de quelques centimètres dans les airs pour venir tapoter la poitrine de son collègue d'un doigt et ce, de manière répété.

-Allo ? Il y a quelqu'un ?

De fait, si le lieutenant de la treizième division était dans sa tête, son corps toujours présent en dehors, devait être vide de propriétaire. Quelle étrange sensation que d'avoir quelqu'un dans le crâne. Une réminiscence de sa jeunesse, des centaines d'heures passées à apprendre les us et coutumes de la noblesse de la soul society émergea dans son esprit . Le Midorima pria pour qu'il y ait des canapés et des petits fours qui attendent au milieu d'un salon chauffé au feu de bois pour accueillir l'invitée surprise. Dans une autre vie, le blondinet aurait put remarquer que les yeux d'Akihiko étaient toujours réactifs mais dans cette existence emprise de folie, ce détail lui passait totalement au-dessus de la tête.

-Mais moi aussi j'ai des tours super-cool ! Attends, attends, regarde....

Le shinigami fit un rapide effort pour se souvenir de la marche à suivre, il faut dire que ses cours de « magie » remontaient à loin et ceux qu'on avait tentés de lui faire passer à la quatrième division avaient eu des succès divers et varié pour ne pas dire des échecs retentissants. Il n'en avait donc rien retenu. Les informations feraient lentement leurs routes dans le labyrinthe qui faisaient office de chef-lieu du dieu de la mort avant de pouvoir être utilisé au compte-gouttes. Cela expliquait également pourquoi il avait tant de mal à utiliser de nouveaux sorts. Lorsque le jour se fit mentalement, son air concentré disparut pour un masque taquin.

Première leçon d »'un grand magicien : faire distraction. Tout résidait là-dedans, montré un endroit d'une main pour faire apparaître une colombe dans l'autre. Dans ce cas précis, le fait que le spectateur était dans sa tête compliquait un peu les choses mais le membre de la Yonbantai en avait cure. Son pied se leva pour s'abattre avec force sur le sol, créant un large écran de fumée carmin. En deux petits sauts, le blondinet se positionna sur la fontaine représentant plusieurs poissons qui se jetaient en dehors d'un lac ou d'une mer représentée par le bac recueillant les jets d'eau. Le médecin attendit que la fumée se dégage en même temps que sa salière bien que cela soi un accident, son attention ayant été assez détourné pour que le Kido se désintègre de lui-même. Dans son esprit une rumeur commençait à parcourir les rangs, un brouhaha d'impatience, de hâte que le show commence. Eux savaient, eux se réjouissait déjà.

-Teippei Premier, Roi du Gotei 13.

Le nez levé vers le ciel, les poings sur les hanches, le Midorima estimait s'être donné une allure classe, royale même alors que son tour de magie se relevait aux yeux de son acolyte. Six traits jaunes étaient venu se loger autour de la tête du shinigami, créant une couronne de Kido. Le poids du trône et de sa fonction, enfin selon Teippei, l'immobilisait. Quoi de plus normal lorsqu'on était roi ?

La réalité étant que le Rikujōkōrō immobilisait la cible. Même lorsque la cible lançait le sort...

-Quoi ?

L'espace d'un instant, un rare instant, ce fut le silence complet dans la tête du schizophrène. Toutes les voix et l'esprit de Teippei lui-même restèrent dans l'interdit, incapable de comprendre la situation, de l’appréhender correctement et en tirer les conséquences naturelles. Ce ne fut qu’après quelques secondes que le chaos habituel reprit sa place, remontant le temps pour interpréter ce que venait de faire et dire Akihiko. Il fit mine de se retourner pour regarder l’allié dont parlait le lieutenant de la treizième division quand il sentit quelque chose dans son dos. Une voix rigola nerveusement dans sa tête, espérant que ce nouveau n'était pas très content de voir le Midorima. Une autre reprit en souhaitant même que cela soit son zanpakuto qui devait dépasser de sa robe de shinigami.

Par réflexe, le jeune homme leva les mains plus que par conscience de la demande de son ami. Lors de ses nombreuses séances en tant que patient, on lui avait souvent montré des films pour examiner ses réactions. L'un d'entre eux, le shini, le Quincy et le hollow racontait un épisode historique se passant quelque part sur terre où un hollow attaquait une diligence défendue par les deux premiers qui se tapaient autant sur la tronche que sur l'ennemi commun. Un drôle de film inspiré par la culture humaine. Les productions télévisées de la soul society n'étaient pas ce qu'il y avait de plus fabuleux. Au moins ceci était drôle. Toujours était-il que dans le film, le Quincy armé d'un revolver faisant lever les mains du shinigami en pointant son arme dans son dos. Comme là ! Comme là !

-Wow ! Wowowowowowowo !

Teippei était plus excité à impressionner à dire vrai. Il avait toujours un grand sourire et ses yeux pétillaient de joie mais aussi bien que si le vice-capitaine de Reisen lui avait amené un ballon. Jusqu'à ce qu'il se torde le cou pour observer l'inconnu. Lorsqu'il identifia le zanpakuto qu'avait jeté au loin son camarade, il reçut une petite claque mentale.

-Ho ! Énorme ! É-NOR-ME

Le clin d’œil complice que lui lança Akihiko rassura le blondinet sur la situation qui du coup, se détendait. Non pas qu'il ait vraiment cru être en danger mais la suite du film n'était pas géniale pour le shinigami qui finissait avec un trou dans le ventre plus gros que celui du hollow. Dans son cerveau, un cadenas se leva, laissant un torrent d'idée consumé par sa folie et inondé le peu d'esprit sain qui le maintenant au calme. Son visage enjoué se transforma en un masque sardonique.

-Lalali, lalala,  fais pas-ci, fait pas ça .

Les deux mains du shinigami se mirent à s'agiter dans les airs tel un chef d'orchestre avec deux baguettes. À première vue, elle ne semblait pas avoir de but ou chorégraphie particulière, leurs mouvements diffèrent d'un membre à l'autre. Pourtant, le sourire et les yeux du membre de la Yonbantai ne pouvaient tromper. Tout ceci, n'était pas inutile. Dans le dos du lieutenant, une corde de taille et largeur conséquente se matérialisa depuis le vide. Une chaîne à proprement parler qui brillait d'un éclat doré trompant presque la douceur des rayons du soleil. Tel un serpent, elle avança en se propulsant de droite puis de gauche, faisant des anneaux avec son corps dans l'atmosphère pour venir dans un seul but, s'emparer du shinigami brun et l'emprisonner dans plusieurs couches de Kido. Les mains de Teippei s’arrêtèrent de bouger, ses poings se fermant pour intimer l'ordre à son serpent, le Saju Sabaku pour ne pas le nommer d’étreindre le vice-capitaine.

-Haut les mains !

Demande logique dans l'esprit du Midorima survolant totalement le fait que ce sort « tait censé capturer la cible, l’immobilisant totalement au niveau du torse, bras comprit. Il en manquait plus qu'au malade d'éclater de rire en s'applaudissant lui-même...ce qui ne tarda pas.

-Ho...

Teippei affichait une mine décrépite. Visiblement déçut que son tour de magie foire lamentablement, il regardait les maillons brisé en train de se désintégrer au contact du sol. Encore un peu et il aurait même versé une petite larme. Sa moue déçue en tout cas ne laissait aucun doute sur son état d'esprit. Heureusement elle s'enfuit rapidement, une pensée en remplaçant une autre puis se faisait chasser par une quatrième et ainsi de suite. L'un des soucis d'avoir plusieurs esprits dans une seule caboche.

-La prochaine fois je ferais un lasso !

Comme ça, sa victime aurait beau se débattre, il pourrait tirer sur la corde et l’empêcher de faire...ce que venait de faire son ami. Le médecin n'avait pas compris voir même suivi ce qu'il venait de se passer. Trop fier de lui, trop heureux de son tour « surprise », pendant quelques inconstants, il n'avait plus pensé à sa cible du jour. Son compère ne tarda d'ailleurs pas à reprendre la parole, expliquant, légèrement, la situation. Un éclair de compréhension se fit dans son esprit. Bien vite suivirent d'une centaine de questions posés par ses colocataires personnels.


-Ho... pourtant d'habitude il faut une assistante.


Le Midorima leva le bout de son nez pour tenter d'apercevoir la femme, jolie en général, qui devait accompagne tout grand numéro de magicien. L'aspect physique de celle-ci lui importait peu, enfin à la plupart des voix mais il semblait communément admis qu'elle dût être un plaisir des yeux. Par défaut, il se retourna vers son ami au sol.

-Tu l'as caché dans ta manche elle aussi ?

Mais apparemment, le temps des enquêtes magiques était terminé, le détective Harry Pot de Terre au placard. Teippei s'accroupit sur le haut de la fontaine, observant le lieutenant de la treizième division effectué un drôle de manège : Se rafraîchir à une fontaine. Qui l'eût cru? Lustucru. Ou findus peut-être. Contrairement aux paroles d'Akihiko, qui décidément avait un prénom énervant, les voix, comme leurs propriétaires étaient curieux de ce qu'il faisait. La tête du Midorima se pencha sur le côté, observant son camarade trempé ses pieds dans le bassin, l'incompréhension se lisant sur son visage. Faisant acte de foi, le membre de la Yonbantai se laissa tomber sur le rebord de l’œuvre d'art, non loin de son ami.

-Tu veux nous demander quoi ? Moi j'suis pas bon en devinette. Non, pasbonpasbonpasbon.

Teippei plissa des yeux dans l'effort de suivre la conversation. Dans son esprit, la cacophonie régnait plus que jamais. Quoi ? Qui ? Comment ? Où ? Fromage ?

Tout ça pour aboutir à une incompréhension totale de la situation. L'une des voix proposa d'ouvrir le crâne du futur capitaine à coup de zanpakuto scalpel, proposition particulièrement alléchante. Le jeune homme avait eu très peu de cours d'anatomie shinigami pour l'instant mais il savait que des cours t'apprenaient à ouvrir des soldats pour comprendre leurs maladies et les soigner. Si la seconde partie ne faisait pas long feu dans sa mémoire, la première... Il imagina son camarade de jeu telle une horloge qu'on dézinguait pour en voir les rouages. Que n'aurait-il donné pour avoir un tournevis sonique et ainsi ouvrir l'esprit de son ami ? Malheureusement, il n'avait pas de nœud papillon, élément indispensable pour toute utilisation d'un tel outil. La tête du jeune homme se laissa tomber de plusieurs centimètres sur le côté alors qu'il regardait le lieutenant d'un air mi-inquiet, mi-curieux.

-T'es qui toi ?

Faut dire que le petit tour d'Akihiko avait fait son effet. Le changement de pupille, la pause et même le reiatsu bien que le blondinet n'était pas le meilleur dans l'art de la détection. Si proche, c'était aussi visible qu'un mono sourcil sur le visage de Tenzen. De fait, toujours pris dans son questionnement, le shinigami se rapprocha bien plus de son vis-à-vis, son pouce et son index formèrent un cercle en se rejoignant au niveau des ongles. Mimant une loupe, il se mit à coller son « instrument » à son œil droit, observant le kirito à quelques centimètres à peine de distance.

-Tu n'as pas une tête d'assistante toi. Une assistante elle est blonde, grande et avec...avec...

Le Midorima se recula, prit d'un étrange sentiment. Son cerveau semblait aller quelque part mais coincer sur une porte imaginaire. Sans en prendre conscience, ses mains se levèrent courbés devant cette poitrine. Il eut beau regarder, le sens lui échappait totalement. Le jeune secoua énergétiquement la tête, faisant disparaître sa déception.

-C'est vachement marrant ton truc là ! Depuis quand tu peux changer de personne comme ça ? Moi j'entends plein de voix ! PLEIN DE VOIX ! Pourtant, ce ne sont pas elles qui décide. Étrange non ? Des fois elles sont d'accord avec moi, des fois je ne fait plus rien parce que je les écoute.

Intérieurement, les dites voix étaient assez énervées. D'un côté elles étaient d'accord avec la situation, de l'autre, elles gueulaient à l'injustice. Certaines menaçaient même de faire grève ! Oui, oui, grève !

Le résultat était un mal de crâne assez conséquent pour leur propriétaire. Teippei ferma donc les yeux un moment, une grimace de douleur passant sur son visage tandis qu'il se frotta doucement l'arrête de son nez. De l'autre main, il tenta bien de continuer la conversation, avec difficulté, effectuant des sortes de petit cercle du doigt.

-Et ces...changement, pourquoi ?

Hameçonné ! Teippei avait l'air autant surpris que confus mais il avait bel et bien vu le changement. Sa réaction était d'ailleurs vraiment singulière car à mi-chemin entre l'amusement et l'incrédulité. Face à la question qu'il lui posa alors, notre jeune héros répondit simplement.

Et bien je suis toujours Kirito Akihiko deuxième version ! L'autre est moins cool que moi ceci étant.

Akihiko afficha un sourire ravi, il adorait rabaisser sa seconde personnalité. Puis son sourire s'effaça alors lorsque Teippei s'approcha brusquement de son visage comme s'il essayait d'y lire quelque chose en particulier. Peut être songeait-il trouver une quelconque réponse en le scrutant ainsi. Puis le Midorima se recula un peu et remis alors en doute sa parole concernant l'assistante. Apparemment pour Teippei il semblait manquer des « arguments » généreux que devait généralement posséder toute assistante digne de ce nom. Sur ces paroles Akihiko ne put s'empêcher d'exploser de rire.

T'as raison mon gars, il me manque une bonne paire de loche pour être crédible, mais bon je me débrouille avec ce que j'ai désolé.

Il envoya une petite claque amicale dans le dos de Teippei en signe de sympathie. Oui grâce à son changement de personnalité il pouvait prouver à son ami qu'il était différent lui aussi, mais en changeant également il avait aussi un caractère plus franc et beaucoup moins retenu.

Depuis quand je peux changer de personne ? Bah depuis toujours ! Je n'ai pas le souvenir d'avoir été autrement.

Akihiko afficha un sourire franc et particulièrement communicatif.

J'ai donc une autre voix seulement mais ça alterne entre moi et celui que tu connaissais jusqu'à présent. Toi t'es as pleins et elle ne prenne pas le contrôle tu me dis mais ça doit grave être chiant parfois, nan ? Et quand tu dors elles continuent à causer ? Ça doit pas être facile ton truc... Mais bon le pire c'est que je suppose que comme pour moi les autres personnes ne comprennent pas. On me regarde toujours bizarrement quand on se rend compte qu'on est deux dans ce corps et ça...ça m'énerve ! Je suppose que pour toi c'est pareil des fois.

Akihiko marqua une pause battant des pieds dans l'eau pour éclabousser la statue puis il reporta son attention sur Teippei qui semblait en proie à un violent combat intérieur, manifestement une réunion au sommet se déroulait dans son cerveau et son ami arbora même brièvement un visage de souffrance. Au prix d'un effort considérable il l'entendit alors poser une question unique. Pourquoi ces changements ? C'était une sacré question en effet. Mais la personnalité brutale de Kirito prit tout de même le temps de réfléchir avant de répondre, bien que ce ne soit pas vraiment son habitude, car il voyait bien que Teippei semblait véritablement curieux.

Mmh... Pourquoi, hein ? Chai pas trop en fait... Ptet qu'en réalité on était deux personnes différentes et qu'on nous a jeté un maléfice pour qu'on soit enfermé à deux dans un même corps... Ou alors si ça se trouve je suis juste incapable d'assumer ce que je suis du coup je me cache derrière deux identités bien distinctes... Toi tu sais pourquoi t'entends autant de voix ? Si t'as une réponse ça m'intéresse en fait !

Kirito fit un clin d’œil à son acolyte puis il rajouta.

Et si tu me donnes une bonne réponse on pourra faire du trampoline ensemble si tu veux, ça pourrait être cool, nan ?

Oh Yeah ! Fantastic Baby ! ♪
Dès l'espoir de faire du trampoline plus tard, le visage de Teippei s'éclaira. Il se rappelait de la dernière leçon par la magicienne au rabais comme si c'était hier. À dire vrai, la vice-capitaine aurait mieux fait de travailler à la cuisine selon lui, elle faisait des soupes de reiatsu particulièrement goutteuse. Ce jour-ci, le Midorima avait été le seul à faire du trampoline, un Kido qu'il avait trouvé tout seul, enfin pour cette utilisation mais il ne doutait pas qu'à deux cela soit encore plus sympa.

-Mais oui ! Méwiméwiméwiméwiiiiiiiiiiiii !

Fou de joie, le shinigami avait même applaudi la nouvelle dans une émanation clichée de toutes ses jeunes filles vivant en maison de jeune fille dans des campus avec des noms étranges et incompréhensibles. TOUT CA POUR BOIRE.

-Moi j'entends des voix depuis heu...depuis toujours ?

Nullement sûr de sa mémoire, tout ressemblait à une sorte de présent pour lui, certains souvenirs lui paraissant plus saisissant deux semaines tard que le repas de midi dévoré il y a deux minutes. C'était une loterie où on ne savait jamais quelles infos et quelles réminiscences allaient exister après l’événement. De fait, comme un élève interrogé par son professeur, il avait répondu en sondant légèrement le terrain, voir si son interrogateur confirmait sa réponse. Le fait qu'il ne s'agissait pas de la réponse à la question n'avait visiblement aucune importance...

Le médecin se mit à se gratter la tempe alors qu'il tentait de fouiller dans la masse de souvenir teinté de folie. Pourquoi entendait-il des voix ? En réalité il aurait pu discuter longtemps de l'influence de son zanpakuto et de son propre reiatsu vicié lorsqu'il était pleinement relâché. Mais pour ça, il aurait fallu s'en souvenir. Ou au moins le noté sur un bout de papier.

-Mais j'ai pas de papier. Non, je ne sais pas. C'est juste comme ça : C'est mes copines !

Un concert de hurlement indigné sonna dans l'esprit du shinigami à cette annonce. Visiblement certaines voix s'estimaient masculine. Une déclara même être un cheval. Pourquoi ? Comment ? Bonne question mais aucune réponse. Les voies du seigneur Midorima sont impénétrables.

-Elles ont toujours été là alors c'est dur de trouver pourquoi. Il y a plein de médecin qui m'ont dit ce que c'était mais je n'ai jamais compris. Ça ne m’intéressait pas non plus. Moi j'aime bien mes voix, elles sont toutes le temps là. J'y suis habitué, par toi ? Du coup je cherche pas vraiment à comprendre.

Le jeune homme se leva, s’étirant sous les rayons de soleil avec un grognement satisfait. Ses bras s’élevaient dans le ciel, arquant son dos, faisaient craquer quelques articulations dans le même mouvement. Lorsqu'il reprit la parole, ses yeux étaient plongés dans le lointain. Son esprit vagabondant ailleurs, ses lèvres s'activant comme d'elle-même.

-Last night a DJ saved my lyfe... ♪

Le docteur se mit à se balancer légèrement sa tête en rythme, ses lèvres sifflant un air de musique qui venait d'une vieille séance médicale. Ce jour-ci, le réfèrent avait voulu tester plusieurs types de musique pour voir lesquelles le calmait. Le disco n'avait fait qu'exciter encore plus le malade qu'autre chose. Dans l'esprit de ce dernier, réfléchir à ce que faisait ses voix la nuit menait directement au titre de cette chanson puis à se souvenir. Un court-circuit propre au seul esprit du garçon, sans plus logique que deux mots similaires dans un contexte diffèrent.

-Je crois qu'elle rêve avec moi. Là je n'arrive pas spécialement à m'en rappeler mais je sais qu'un de mes docteurs m'avait demandé de remplir un carnet de rêve. Ils doivent toujours être dans mon dossier à la division d'ailleurs. J'en ai écrit plein. Plein. Mais là, pfiou ! Fip ! Plus rien. Les voix sont d'accord, elles disent qu'elles rêves aussi. Même le canard. Ha oui, le cheval est un canard maintenant.

Kirito regarda tranquillement son acolyte du jour parler. Entre les mots totalement incompréhensibles, les changements de sujets permanents et les réactions physiques de Teippei, comme ce petit air qu'il se mit à chantonner, c'était le chaos. L'esprit de son ami n'était pas seulement fractionné, il était également très instable. Sa capacité d'attention était quasiment réduite à néant manifestement, ce n'est pas qu'il ne voulait pas se focaliser sur quelque chose c'est juste qu'il ne pouvait pas. Sa maladie mentale l'en empêchait, mais s'il avait réussi à devenir un aussi talentueux shinigami c'est qu'il avait dû réussir à stabiliser tout ça, cela voulait dire aussi que ça finirait par revenir un jour. Peut être pas aujourd'hui mais sans doute prochainement car Akihiko malgré tout réussi à lire entre les lignes des morceaux de réponses cohérentes. Quelque part là dedans le véritable Midorima luttait pour essayer de lui répondre. Lui aussi disait entendre depuis toujours les voix, manifestement on ne pouvait pas l'en débarrasser, ce qu'il fallait c'était réussir à outrepasser l'influence de ces dernières.

Dans ces paroles Kirito se reconnut également ce qui le fit sourire. Notre jeune héros jeta un rapide regard à son reflet dans l'eau. Lorsqu'il vit ses yeux bleus il songea qu'il comprenait Teippei. Les médecins diagnostiquaient des choses, des choses qu'il ne comprenait pas ou alors, comme son ami venait de le faire remarquer, des choses qu'il ne souhaitait pas comprendre. Certes l'autre abruti avec qui il partageait le corps l'énervait et l'exaspérait profondément parfois, mais au fond il l'aimait et il savait que si sa seconde personnalité venait à disparaître intégralement il le vivrait comme un traumatisme, un peu comme la mort d'un proche en quelque sorte.

Akihiko haussa soudainement les épaules et soupira un coup. A quoi bon essayer de trouver une solution pour guérir Teippei, ce dernier arriverait à remonter la pente il le savait, il faisait confiance à son ami.

T'as raison... Moi aussi j'adore mon autre moi. Même s'il est pénible des fois, j'veux pas qu'il parte. Merci d'avoir essayé de répondre en tout cas et pour te récompenser...

Kirito pointa un doigt vers le mur à droite de la fontaine et une immense toile se dessina alors légèrement incliné pour former comme une pente. Le Tsuriboshi se déploya lentement prenant de l'ampleur puis soudainement Akihiko se redressa et se jeta dessus, la toile s'étira lorsqu'il sauta dedans puis l'élasticité du sort fit son effet, projetant alors notre jeune héros dans les airs mais vers le toit. Kirito fit alors un salto puis avant d’atterrir sur le toit il tendit son index et un nouveau Tsuriboshi se déploya soudainement le projetant alors dans une autre direction. Akihiko réalisa alors une vrille en l'air et se réceptionna en plein dans la fontaine éclaboussant au passage Teippei.

Alors Teippei qu'est-ce qui est mieux qu'un trampoline ?

Akihiko afficha un sourire ravi et il désigna d'un geste les deux sorts de bakudos qui restaient en place.

Et bien c'est facile, la réponse est : deux trampolines !!

Il éclata alors de rire. Puis il attrapa Teippei par le bras et l'entraîna vers le premier sort qui était contre le mur, il pris énormément d'élan puis propulsa de toute sa force son ami vers la toile.

A toi de m'impressionner avec tes talents d'acrobates mon ami.

C'était la première fois qu'il l'appelait ainsi, mais il ne s'en rendit même pas compte. Teippei était un membre de sa famille pour lui car au Seireitei personne ne pouvait aussi bien le comprendre que lui, et inversement. Pour le moment c'était Akihiko qui veillait sur Midorima mais peut être qu'un jour ce serait l'inverse, qui sait de quoi l'avenir est fait.

Une parole d'Akihiko déclencha chez Teippei un souvenir. Un autre. Décidément, la journée était musicale car il commença à tapoter le bord de la fontaine sur laquelle il venait de reposer ses fesses. Un phrasé particulier, une répétition de mot qui aurait fait tiquer certains shinigamis accroc à l’étiquette, peut-être certains adeptes de la langue qui détestait ce genre d'effet de vocabulaire. La plupart des soldats du sereitei n'auraient même pas relevé. Mais pas le Midorima. Ho nooooon, pas lui.

-Toi, toi mon toit
Toi, toi mon tout mon roi ♪
Toi, toi mon toit
Toi, toi mon tout mon roi ♪

Prends un petit poisson
Glisse-le entre mes jambes ♪
Il n'y a pas de raison
Pour se tirer la langue ♪
Ne me regarde pas
Comme ça tout de travers ♪
Qui fait le premier pas
Pour s'aimer à l'envers ♪

C'était le souci avec le nombre croissant de séance musicothérapie. Le schizophrène avait développé un certain répertoire de chansons, allant de la plus paillarde du rukongai aux hymnes militaires du Gotei en passant par les classiques humains et les préférences personnels des docteurs. C'était le cas ici, un jeune shinigami médecin, ancien de la treizième division qui était tombé fou amoureux d'une starlette française des années quatre-vingt. Peu importaient le niveau musical de celle-ci qui n'était, apparemment pas génial.

Le vice-capitaine sortit le jeune homme de son délire personnel en l'éclaboussant. Pendant un instant, Teippei resta sans rien dire, regardant ses vêtements mouillés. Ses yeux allaient de la fontaine à ses habits puis le contraire. Ceci à plusieurs reprises. Lorsqu'un éclair de compréhension se forma dans son esprit, les cinquante voix crièrent à l'unisson.

-Hé !

Techniquement, seules quarante-neuf voix crièrent à l'unisson. La dernière se contenta de dire « coin » d'une manière légèrement courroucé. Malheureusement pour elles et pour le malade, le gradé ne leur laissa pas le temps d'argumenter, attrapant le blondinet pour le lancer dans l'un des trampolines. L’excitation du propriétaire du corps, supplanta bientôt toute l'indignation précédente. C'est dans un grand rire qu'il se laissa volontiers envoyer dans la toile de Kido, rebondissant dessus sans aucun contrôle.

Ce n'est que lorsque le lieutenant l'incita à démontrer ses talents que le cerveau du jeune homme se remit en marche. C'est-à-dire à tout comprendre de travers, comme d'habitude. Tête en bas alors qu'un dernier rebond l'avait envoyé à près de cinq mètres de haut, très belle vue sur les jardins thérapeutiques d'ailleurs, Teippei brandit un doigt vers la fontaine en contrebas.

-Tour de magie numéro six cent soixante six : Boucing Hell !

Un troisième Tsuriboshi se forma dans la petite cour avant que le jeune homme ne pointe deux autres endroits, à chaque fois, l'étoile » se suspendit à nouveau, prenant appui dans le sol, les murs, la fontaine et parfois... d'autres Tsuriboshi. Après deux minutes de ce traitement, un hexagone, plusieurs hexagones même fermaient l'ensemble, créant un lieu secret. Où chaque mur était un trampoline dans une sphère géante permettant de sauter dans n'importe quel sens pour rebondir et repartir dans une autre direction sans jamais s’arrêter. Comme le disait un officier allemand sur une saucisse géante : On ne regrette pas sa soirée

Kirito remarqua la chansonnette que poussa Teippei lorsqu’il le tutoya et il pris ça comme une sorte d’accord. Son ami ne semblait pas avoir de problème avec le tutoiement mais de toute manière il n’en avait plus trop le temps car à la vitesse où notre jeune héros le propulsa il rebondit violemment dans la toile qui l’éjecta alors haut dans les airs. Akihiko attendait beaucoup de la réaction du fou, et il ne fut pas déçu. Il savait qu’en poussant Teippei devant une situation qui nécessitait rapidité et inventivité son ami serait capable de réagir au delà de toutes espérances et ce fut bien évidemment le cas.

Kirito suivit des yeux avec attention l’ex-shinigami de la neuvième division. Celui-ci au lieu de déployer ses talents d’acrobates dévoila en fait toute l’étendue de sa maîtrise des Kidos. Au lieu de rebondir avec précision sur les Tsuriboshi il se laissait dériver n’importe comment et au dernier moment, avant de se prendre un quelconque élément de l’environnement, sans une parole, il créait une nouvelle toile afin de rebondir dedans. Teippei était un virtuose du Kidô. En quelques secondes le lieu fut intégralement recouvert de bakudo formant une sorte de toile gigantesque refermée sur elle-même et le Midorima rebondissait dans tous les sens. Akihiko était hilare et lorsqu’il put enfin reprendre son souffle pour décider de s’élancer à la poursuite de son ami il réalisa alors seulement qu’un Tsuriboshi s’était même formé autour de lui sans qu’il ne s’en rende compte. Jusqu’où le talent de ce shinigami pourrait aller ? C’était là une question fascinante pour notre jeune héros, mais il l’étudierait un autre jour car pour l’heure l’instabilité mentale de son ami l’empêchait d’exploiter au maximum son potentiel.

Je vais t’attraper mon ptit gars !

Kirito plia les genoux et réalisa un shumpo véloce. Il se réceptionna dans une toile qui se tendit sous la puissance de sa vitesse puis l’éjecta ensuite dans une autre direction. Ainsi lancé à pleine vitesse il tenta de poursuivre Teippei afin de le toucher. Au bout de quelques minutes il y parvint et les rôles s’inversèrent. Ils continuèrent ainsi une longue partie de la journée.

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A l’accueil du bâtiment dans lequel ils se trouvaient une jeune femme commençait à se poser de nombreuses questions. Cela faisait de nombreuses heures qu’elle avait laissé ce jeune vice-capitaine de la treizième division entrer dans la cellule d’un patient. Elle relu pour la quinzième fois une fiche sur son bureau qu’elle avait sortie après le passage de ce gradé. Trois lignes retenaient son attention :

Le patient, Midorima Teippei, doit être gardé à l’isolement tant que son comportement ne se sera pas amélioré. Son trouble psychique étant très développé il est recommandé de s’en tenir éloigné et de se méfier de lui même s’il paraît calme.

Ses yeux parcouraient le papier accroissant grandement son angoisse. Que devait-elle faire ? Ce papier était très clair mais ce type qu’elle avait laissé passer, Kirito Akihiko, était un vice-capitaine et il avait donc autorité sur elle. Alors que le temps filait et que la nuit tombait son angoisse grandissait. Finalement elle se décida et parti voir ce qu’il se passait. Tandis qu’elle approchait au détour d’un couloir elle percuta quelqu’un. Reculant d’un pas elle se retrouva nez à nez avec celui qu’elle cherchait justement.

Kirito-Fukutaïshô. Je suis désolé, je vous cherchais justement.

Et bien je suis là ma jolie.

Quelle était cette voix ? Elle ne ressemblait pas à celle de l’homme qu’elle avait croisé le matin même. Et ces yeux étaient-ils auparavant d’un bleu si étincelant ? En fait il était plutôt mignon…

Kirito lança un sourire charmeur et un clin d’œil à la jeune femme devant lui qui commençait à rougir. Il était content d’avoir quitté Teippei quelques minutes plus tôt. Ils s’étaient beaucoup amusés mais le bazar qu’ils avaient mis avec leur Tsuriboshi lui aurait sans doute valu de se faire interner également si on l’avait pris la main dans le sac. La prochaine fois il devrait s’éloigner du Seireitei pour rencontrer Teippei, ils seraient plus tranquille loin de toute autorité. C’est comme cela qu’une idée naquit dans son esprit, mais elle attendrait car pour l’instant les yeux de notre jeune héros s’attardaient sur les courbures de la petite mignonne devant lui. Il devait faire passer sous silence sa visite et pour cela rien de mieux que de courtiser cette charmante demoiselle. Si on pouvait mêler l’utile à l’agréable, pourquoi se priver ?

Dites, si votre service est bientôt terminé je vous offre un verre pour vous remercier de m’avoir laissé rentré. J’ai été un peu rude ce matin j’en suis conscient et je souhaite me rattraper.

Akihiko sourit à la jeune femme qui accepta alors aussitôt, puis il la prit gentiment par le bras l’entraînant vers la sortie. La journée avait été riche en rebondissement, c’était le cas de le dire, et la soirée s’annonçait…délicieuse !