Voilà maintenant quelques heures que j’avais été promu capitaine de la septième division. Un honneur. Même si je n’avais pas expressément montré mon engouement pour cette promotion, il n’en demeurait pas moins que j’avais été plutôt fier de moi. Mes vassaux n’en revenaient toujours pas. Ils avaient même organisé une fête et s’amusaient à parader dans les rues du seireitei pour vanter mes mérites. Je leur avais pourtant interdit de le faire, mais c’était peine perdue. Les Chikusa regagnaient de la fierté. Notre famille redorait son blason, pour sûr. Leur défendre de laisser éclater leur joie fut mission impossible, bien qu’à un moment donné, ils durent se calmer pour ne pas que j’attire à moi, jalousie et mépris d'autres nobles. Cependant, il y avait une tristesse certaine pour ma part : La mort de mes parents. J’aurai véritablement aimé qu’ils soient là pour fêter ce succès avec moi. Surtout ma mère. Elle aurait été heureuse pour moi, comme elle l’avait été lorsque j’avais reçu mes diplômes de l’académie. Très certainement. Alors que j’étais accoudé à la fenêtre de mes nouveaux appartements au sein de la division que je dirigeais dorénavant, je repensais encore à elle avec une once de mélancolie. Comme le disait la plus douce de mes proches, ma mère devait veiller sur moi de là où elle était. Cette manière de penser n’était pas très cohérente, mais exceptionnellement, j’ignorai ladite cohérence. Quand on parlait famille avec moi, il n’y avait que le cœur qui comptait et non la tête et tout ce qui allait avec.

Néanmoins, mes pensées se focalisèrent très rapidement sur autre chose : L’avenir. Mine de rien, j’avais de nombreux jours devant moi. Étant l’un des plus jeunes capitaines de l’histoire de la Soul Society, il se pourrait même que je vienne à diriger le Gotei en tant que capitaine-commandant. Oh, rassurez-vous ! Je n’avais pas cette ambition-là, mais les faits étaient là : Si jamais j’arrivais à vivre deux ou trois millénaires de plus, surement que j’aurais une pareille responsabilité. Toutefois, il me fallait bosser dur pour arriver à ce stade et rester en vie. Cela commençait par acquérir de l’expérience au combat. J’avais beaucoup appris avec l’épisode des Quincys il y a quelques années de cela, mais cette bataille n’avait pas été suffisante pour que je me targue d’avoir une expérience colossale comme les capitaines déjà en poste depuis quelques années déjà. De toute évidence, cette situation n’allait pas bien durer puisqu’il y avait la menace constante des fameux Maho Tsukai, et nul doute que j’allais être envoyé sur le terrain très prochainement pour conforter ma place et prouver à mes pairs ce que je valais. Outre ces combats à mort, il y avait quelque chose de plus simple et de toujours plus efficace pour évoluer : L’entrainement. L’entrainement, rien que l’entrainement et toujours l’entrainement. Personnellement, je ne m’en laissais pas vraiment, même si je devais avouer que le processus était plus ou moins lent. Je n’avais pas à me plaindre de mon niveau actuel, mais il fallait que je me surpasse encore et encore.

C’est dans cette optique des choses que j’avais pensé à améliorer deux de mes nombreuses compétences, qui étaient pleines de promesses et qui pouvaient atteindre un niveau presque inégalé ici, à la Soul Society. La première était la vitesse. J’aspirais à ressembler à la fameuse déesse de l’éclair Yoruichi ou encore à mon récent professeur, Tenzen. Ils étaient de véritables modèles dans cet art et travailler ardemment pour les égaler n’était pas une idée forcément farfelue, bien au contraire. L’espoir faisait vivre et les efforts payaient toujours à un moment ou à un autre. La deuxième compétence était celle du reiatsu. Ma pression spirituelle n’avait de cesse d’augmenter depuis ces dernières années. Malgré mon corps frêle et mon âge relativement bas, j’avais développé une importante énergie spirituelle que je savais matérialiser comme et quand il le fallait. L’exemple le plus marquant dans le domaine était sans nul doute celui du capitaine Zaraki. Il avait beau être un rustre tout droit venu des bas-fonds du Rukongai, mais il n’en demeurait pas moins qu’il avait été, dans son temps, un combattant de choix et un guerrier au réiatsu démentiel. J’aspirais également à atteindre son niveau. Le court délai que je m’étais imposé était un peu déraisonnable, mais c’était une bonne de tester mes limites et de voir jusqu’où je pouvais aller. Je n’avais pas envie d’être le boulet parmi tous les capitaines. Mon âge et mon inexpérience n’étaient pas des excuses valables, puisque le capitaine-commandant m’avait jugé digne de revêtir un haori.

En définitive, j’eus un mince sourire. Toutes ces perspectives étaient tentantes. Toutes ces idées étaient plaisantes. Pour servir au mieux le Gotei, il me fallait donc faire des efforts comme je n’en avais jamais fourni. Me surpasser comme avec mon bankai. C’est tout un travail harassant qui m’attendait, mais je n’allais pas fuir devant l’ampleur de la tâche, oh que non ! J’eus finalement un soupir avant de prendre dans mes mains, la tasse de thé bien chaude que m’avait servi l’un des anciens bras-droit de mon ex-capitaine. Encore un autre défi à relever : Faire l’unanimité dans ma division. Si feu le capitaine Tojo était auparavant respecté par tous ses soldats, il n’en était pas de même pour moi. J’avais peut-être servi la division pendant quatre ans, mais je n’avais eu que de rares amis, n’étant pas forcement le plus social des nobles. En lui-même, mon âge posait également problème. Avoir un enfant comme capitaine n’était pas forcement le plus réjouissant pour tous ces hommes qui avaient un peu plus d’un siècle de vie au minimum. Je les comprenais aisément. En connaissance de cause, j’allais donc fournir des efforts au plan humain pour m’imposer comme étant le nouveau leadeur de la septième division ; même si la force était un facteur tout aussi important pour assoir définitivement mon autorité et gagner le respect de tous. Mes futurs efforts allaient donc avoir un double bénéfice : Gagner la confiance de mes subordonnées, mais aussi servir au mieux le Gotei 13. Pour moi, l’avenir promettait monts et merveilles.

L’aube n’avait même pas encore fait son apparition que j’étais déjà dehors, en train de traverser tranquillement le jardin devant mes quartiers. Les veilleurs de nuit s’agitèrent lorsqu'ils me virent déjà sur pied, mais je leur fis comprendre qu’il n’y avait aucun problème. En quittant ma division, je leur avais néanmoins laissé quelques consignes qu’ils devaient remettre à mon vice-capitaine, certainement entrain de roupiller encore. Ce dernier allait devoir s’assurer du bon fonctionnement de notre équipe à mon absence. Rien qui changeait de l’habitude donc. Quelques secondes plus tard, l’on pouvait me voir parcourir les différentes toitures du seireitei, tel une ombre insaisissable. Ainsi commençait donc mon entrainement pour la vitesse. Mes pas étaient furtifs, rapides. C’est à peine s’ils effleurèrent les tuiles des toitures dont je me servais comme appui pour continuer mon chemin. Mes entrainements récents portaient leurs fruits. Malheureusement, ils n’étaient que périodiques, si bien que les améliorations n’étaient pas forcement notables. Un fait à corriger. C’est ainsi que lorsque j’arrivai à la limite du rukongai, je sortis une montre en or d’une de mes poches pour m’enquérir du temps que j’avais passé à traverser le seireitei jusqu’ici. Malgré mon air imperturbable, j’eus tout de même un sourire satisfait. Ce petit parcours m’avait permis de battre mon record habituel de dix secondes. Avoir dix secondes d’avance sur un adversaire, lors d’un combat, pouvait s’avérer très utile, ma foi. Plus le temps passait et plus j’étais conforté dans l’idée qu’il y avait du mieux. Comme quoi, mes efforts commençaient à payer.

C’est donc le cœur et le pas légers que je m’aventurai dans le rukongai. Ma rapidité était telle que personne ne pouvait apercevoir mon ombre ne serait-ce qu’une seule seconde seulement. J’étais bien trop véloce. A l’horizon, je pouvais clairement constater que la nuit faisait doucement la place au jour. On devrait être aux environs de six heures du matin maintenant. De bons augures. De ce fait, je m’amusai à zigzaguer entre les personnes déjà debout dans le rukongai. A chaque fois, c’était pareil : Les âmes de ces districts avaient juste l’impression de sentir une forte brise autour d’eux, sans pour autant pouvoir me voir. En un sens, c’était vraiment amusant. On pouvait m’assimiler à un véritable fantôme. Et puis, en seulement trente minutes, ce qui aurait valu certainement plusieurs années de marche à une âme banale au rukongai, j’étais arrivé aux abords du 81ème district. Contrairement à mon prédécesseur, je ne venais pas chercher de noises à quiconque, puisque je m’aventurai aussitôt dans l’un des bois qui bordaient ces quartiers malfamés. Après seulement cinq minutes de recherche, je tombai sur un magnifique terrain boisé. Pile poil ce qu’il me fallait. Dès lors, je me débarrassai de mon trancheur d’âmes et de mon haori au pied d’un gigantesque arbre, avant de m’atteler à faire des étirements pendant quelques minutes. Lorsque je sentis que mon corps était paré pour un exercice de grande envergure, je m’élançai alors dans les airs, disparut pendant une seconde, avant de réapparaitre sur une branche très haute. De là-haut, je pouvais même apercevoir une clairière, pas très loin…

- Bien. Voyons voir ce que ça donne.

Je concentrai une bonne partie de mon énergie spirituelle sous mes pieds. C’était plus qu’il n’en fallait pour un shunpo normal ou même un Utsusemi. Mais à peine avais-je voulu mettre un pied dans le vide que je glissai avant de chuter. Néanmoins, je me repris bien vite et me réceptionnai au sol correctement. Ça s’annonçait plus dur que je ne le pensais. Mais ça confirmait un peu ce que je pensais depuis un moment. Mettre plus d’énergie dans un tel pas signifiait qu’on pouvait dépasser notre vitesse normale. Le tout était d’abord de le tester sous une forme grossière, avant de l’affiner pour une question d’élégance. Je recommençai le même scénario plusieurs fois de suite. Pendant une heure. Ou pendant deux. Peut-être même plus. Jusqu’à ce j’arrive enfin à faire des pas dans le vide, ce qui n’était pas mal du tout. Sous la plante de mes pieds, on pouvait distinguer du réiatsu brut d’une couleur rouge. On aurait presque dit qu’elles formaient de petites ailes de feu immatérielles. Fallait-il finalement s’en débarrasser pour finalement se cantonner à du Reiryoku invisible comme pour la plupart des shunpos ? Une très bonne question que voilà. Mais il y avait plus important pour le moment. Si je réussissais à marcher avec cette matérialisation, il me fallait passer à la seconde étape : Trottiner. Le tout était d’allier efficacité et patience pour un résultat à court terme. Situation pas forcement évidente, mais quand le choix n’était pas vraiment de mise, il n’y avait rien d’autres à espérer.

Là encore, l’exercice fut délicat. Mais en fin d’après-midi, je réussissais déjà à trottiner avec le réiatsu enflammé que j’avais matérialisé sous mes pieds. Malheureusement, la nuit tomba bien vite sur la Soul Society, ce qui m’avait contraint à arrêter l’entrainement et à revenir le lendemain pour essayer les mêmes méthodes. Au début d’après-midi de cette deuxième journée, les résultats n'évoluèrent plus. Ma vitesse était inchangée et avec un surplus de réiatsu, j'avais même du mal à la contrôler. Résultat ? Je m’étais plusieurs fois mangé des arbres. Heureusement que j’avais une bonne résistance malgré ma faible corpulence, ce qui me permit de continuer mon entrainement comme jamais. Tard le soir, j’avais un nez presque cassé, à force d’avoir percuté des chênes, qui eux, avaient cédé sous l’impact de ma vitesse. Autant dire que je n’avais pas été très élégant et que mon terrain de jeu était devenu un véritable champ de ruines. Cela ne me découragea pas pour pour autant, puisque le jour suivant, puisque je m’acharnai encore comme un véritable forcené, pensant qu’il s’agissait de la meilleure façon de progresser. Cependant, une fois cette énième journée passée, je dus me rendre à l’évidence. Je faisais fausse route, en plus de me blesser inutilement. Il me fallait autre chose. Je soupirai alors en repensant à mes cours de Jinzen avec le capitaine Tenzen. Il semblait bien que je n’avais plus vraiment le choix. Solliciter l’aide de mon zanpakutoh hein ? Eh bien eh bien… Ça promettait d’être intéressant tout ça.