Un regard fixé vers le sol, mais pourtant relativement vide. L’Arrancar était perdu dans ses pensées. Ses yeux suivaient un courant tel que celui d’un lac invisible… et immobile. Était-il sûr de vouloir faire ce qu’il s’apprêtait à commencer ? Au final, il n’en savait rien. Mais ce dont il était sûr, c’était qu’Ora n’allait pas le laisser partir sans rien dire. Elle allait ajouter sa petite touche personnelle, comme d’habitude. Probablement un avertissement, oui…

─Tu es sûr de vouloir y aller ?
─ Tu es prévisible, Ora.

Sur quoi il s’étira, et se tourna vers la jeune femme. Voilà à peine quelques jours qu’ils avaient rejoint officiellement l’armée du Roi. Et rapidement, l’objectif à suivre pour Rei était devenu une priorité absolue. Il esquissa un sourire, et leva son pouce vers sa sœur, comme un enfant qui voudrait rassurer tout le monde avec une pose des plus farfelues.

─ Ca ira, tu me connais.
─ Justement…

Il ricana, avant de relâcher son regard. En se retournant, il entama sa marche vers sa destination. D’ici quelques minutes, il y serait. S’étant documenté un minimum, le Zéro savait où se rendre. Il connaissait donc l’emplacement de la tour qui l’intéressait. Celle du Segunda Espada…

Après avoir été sûr qu’il n’avait pu faire d’erreurs, l’Arrancar pénétra dans la haute tour, et gravit peu à peu les marches. Il s’y demanda si la récente attaque des Maho Tsukaïs aurait changé quelque-chose à ce qu’il avait prévu ? Probablement pas, en tout cas, on lui avait fait savoir que celui qu’il cherchait était là.

Et il en eut la confirmation lorsqu’il arriva dans sa salle. Aucune chaise, aucune place où s’asseoir. Tout était fait pour que l’on soit obligé de se tenir debout face à…

─ Musaboru.

Ses yeux s’étaient plongés dans ceux de son interlocuteur. Celui qui lui avait laissé la vie sauve était là, devant lui. Tout allait se jouer à partir de maintenant. Et Rei en était pleinement conscient.

Aucune nouvelle du Rey. Pas étonnant après tout, Toria ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il organise des tonnes de réunions comme à l'époque au Seireitei non... Mais tout de même, laisser ça comme ça, sans un mot, sans une indication... Bref. L'hybride trouvait parfois le temps long, sa vie ici était différente de ce qu'il avait imaginé, être Espada n'apportait pas autant de charge qu'être un Capitaine. Cela pouvait sembler ironique étant donné qu'il vécut dans une grotte pendant la majorité de sa vie mais aujourd'hui, pour la première fois depuis sa disparition officielle... il s'ennuyait.

Comment chasser cette impression désagréable ? Pourquoi pas en repartant comme à l'époque, une petite chasse tranquille dans ce nouveau terrain de jeu qu'était le Yermo. C'était l'idée qui lui était venue. Il aurait pu se faire livrer quelques Hollow mais il ne possédait plus de serviteurs. Et ça ne le gênait pas vraiment, il avait l'habitude de se débrouiller seul et n'était pas prêt à être encombré par des abrutis. Suffisait de voir ceux qui entouraient Esteban après tout, de vrais imbéciles dans cervelle. Il se leva de son lit, rester assis insupportait mais glander sur un bon lit était au contraire bien appréciable, malgré son côté un peu austère Las Noches se se révélait plus civilisé que quiconque pouvait le suggérer. Ses gants enfilés, sa cape posée sur épaules et son Zanpakutô attaché à sa ceinture il était prêt et dévalait déjà les escalier pour sortir. Prendre l'échappatoire du haut de la tour aurait été préférable mais il en était trop loin et cette idée de chasse venait titiller son estomac désormais, plus de temps à perdre donc.

Malheureusement le destin en décida autrement, en se dirigeant vers sa porte il se retrouva nez à nez avec un Arraché, un qu'il n'avait jamais vu ici... Mais lui semblait le connaitre. D'un air surpris il fixait son opposant, celui qui se trouvait sur la route de son festin.

Personne ne m'a encore appelé comme ça ici, marrant ça.. Mais ça change rien, je l'ai dit cent fois et j'imagine que personne t'as filé le mot alors je vais synthétiser : Je ne veux pas de serviteur.

Puis il lui passa à côté, pour lui l'affaire était réglée, les ordres transmis, il pouvait donc s'adonner à un des plaisir propre aux habitants du monde creux. Enfin, c'est ce qu'il pensait.