Le tout récent troisième siège de la Onzième Division arpentait le Seireitei en sifflotant. Enfin, arpenter n'était peut être pas le terme exact, étant donné qu'il savait exactement où il devait se rendre. Cela faisait un jour à peine qu'il était de nouveau libre qu'il avait décidé de passer à l'action. Enfin, il l'avait décidé à l'instant même où une information des plus intéressantes était parvenue à ses oreilles.
Yakushiji Tenzen était de nouveau à la Soul Society. Pire encore, il avait récupéré son grade, Capitaine de la Neuvième Division. Lui-même, Vice-Capitaine accusé d'avoir tué son supérieur avait passé de longues années en prison et, à sa sortie, était certes réintégré mais pas à son grade. Alors que l'autre, qui avait comploté contre le Commandant de l'époque, pouvait récupérer un rang aussi élevé ? Oui, il y avait de l'injustice, ce qui était paradoxal pour celui placé à la tête de la Division de la Justice.

Pourtant, il fallait bien dire que cela arrangeait l'ancien forçat. Il s'était promit que, si l'occasion se présentait, il faudrait qu'il ait une discussion avec deux personnes. Et voilà que l'une d'entre elle se trouvait à portée de main.
Il s'arrêta donc devant le bâtiment abritant la Division du pavot blanc. La fixa un instant. Puis entra en haussant les épaules. Il regarda ensuite autour de lui et se dirigea vers le premier Shinigami qu'il aperçut.

>> Eh toi ! Vas dire à ton cap' que Kagura Kyôya veut lui causer !
>> Comme s'il était aussi facile d...
>> Roooh, mais discutes pas. Transmets et t'verras qu'il sera très intéressé. J'vais attendre par ici moi.

Le Shinigami fit un vague signe du bras, indiquant de façon on ne peut plus grossière l'endroit où il allait attendre. Ce qui correspondait à peu près tout le lieu en fait. De toutes façons, il ne doutait pas un seul instant qu'il n'aurait pas à attendre bien longtemps. Après tout, Tenzen devrait être intéressé ne serait ce que par la présence de Kyôya.
Et si jamais il se trompait et qu'il refusait l'entretien... Et bien l'ancien prisonnier n'hésiterait pas à casser quelques portes pour se faire un chemin. Evidemment, il préférerait éviter, sa situation n'étant de base pas des plus confortables.

Sa malédiction. Il allait finir par croire que c'était le cas. Tel un ballet incessant, le Yakushiji ne cessait d'avoir des visites. Du moins bien plus que ce à quoi il était habitué. Il s'était en effet déjà fait la remarque à une ou deux reprises, et voilà que cela se poursuivait encore. Mais celle-ci était plus attendue que d'autres... En effet, lorsque son subordonné ouvrit la bouche pour lui donner l'information, il ne fut pas surpris. S'il lui avait été caché – à juste titre, il ne s'en offusquait pas – que ce Kagura ci était toujours en vie et enfermé au sein du Seireitei, il lui avait par contre été dit qu'il avait été libéré. Un simple papillon l'en avait informé la veille et depuis il se doutait bien qu'une rencontre devrait se produire un jour ou l'autre. Tant mieux que ce soit si vite, le plus tôt serait le mieux.

En ce moment il se trouvait à relire quelques dossiers, toujours dans cette salle vide ouverte sur son jardin zen, et qu'il considérait comme son bureau. Mais d'un signe de tête il fit savoir au jeune Dieu de la Mort qu'il allait s'en occuper. Pas un mot. Tenzen ne fait jamais montre de ses émotions, et il n'était pas sûr que sa voix ne puisse le trahir cette fois. Il rangea donc ses documents et se leva. Pas question de le faire entrer plus avant dans ses quartiers. Le comportement emporté du « mauvais jumeau » avait toujours été considéré comme un problème, et il doutait que la réclusion ait pu l'apaiser de quelque façon que ce soit.

Marchons !

Tout ce qu'il dit à Kyôya lorsque leurs regards se croisèrent. Au ton il est évident qu'il ne s'agit pas d'une proposition... Étrange de voir ce visage en cet endroit... C'est bien sûr à Kamui qu'il pense en cet instant, lui qui avait été de longues années durant son Vice-Capitaine. La dernière fois qu'il les avait vu tous deux, ils étaient sur Terre, sortant d'une fuite périlleuse et prêts désormais à se séparer... Soit. Pour l'occasion, il préfère ne pas rester au sein de la Neuvième Division, mieux valait les rues du Seireitei.

Je suppose que vous avez beaucoup à dire... Je vous laisserai donc le loisir de commencer, Kagura-kun.

Il ne lui accorda pas un regard, parlant tout en marchant. Le Shirohasu avait bien une idée de la tournure que la discussion allait prendre et il y était préparé. Et, juste au cas où, il préférait s'éloigner au plus vite de ses quartiers ainsi que disposer de témoins neutres... Cela valait mieux avec ce genre d'individu, et les griefs qu'il pourrait lui porter...

Sans grande surprise, Tenzen se pointa. Le contraire aurait été des plus étonnants. Le Shinigami ne savait pas si le Capitaine avait été prévenu de son retour, et il s'en moquait. De toutes façons, connaissant le personnage, il n'aurait pas manifesté une quelconque surprise devant lui. C'était à se demander si l'ancien savait ce qu'était une émotion. Là, il avait simplement donné un ordre. Certes, vu le caractère de Kyôya, lui donner des ordres n'était pas toujours une bonne idée. Surtout lorsqu'on était pas vraiment son supérieur.
Pourtant, il se contenta de hausser les épaules et de suivre le Yakushiji. Après tout, ne pas avoir de public pour parler était préférable. Et, sauf si la discussion commençait à dégénérer, on ne pouvait pas dire que ceux qu'ils croiseraient dans les rues du Seireitei seraient un public. Après tout, il était rare qu'on fasse attention aux échanges faits par des passants.

Rapidement, le plus gradé des deux repris la parole, pour simplement la donner à son interlocuteur. Le Capitaine de la Neuvième n'avait jamais été bête. Il se doutait que le Kagura ne viendrait pas pour prendre le thé, mais pour obtenir une petite discussion. Il faut dire que leurs destins s'étaient liés de façon réelle le jour de l'évasion de l'ancien Vice-Capitaine, qu'il devait justement à l'autre partie en présence. Pourtant, il avait eu le temps d'y réfléchir, et il était persuadé que sa vie découlait des actions de l'homme à ses côtés depuis plus longtemps.
Pourtant, il n'allait pas attaquer directement le sujet. Cela manquerait de punch. Autant s'amuser quelque peu auparavant, le reste viendrait tout seul. Sans le regarder, il s'adressa alors à Tenzen.

>> Et bah, qui aurait dit qu'on r'tourn'rait dans l'armée ? Deux traitres. On s'en sort plutôt bien hein ? 'fin, toi mieux qu'moi. Après tout, t'as r'gagné ton rang sans soucis. Moi j'suis en liberté conditionnelle ! Ou un truc du genre...

Souriant, il s'étira un coup, comme si cela ne lui faisait rien. Ce qui était plus ou moins vrai. Certes, il aurait aimé regagné un rang plus élevé. Après tout, il était tellement persuadé d'être au dessus du niveau d'un simple troisième siège, rang qu'il occupait à ce moment. Pourtant, on ne l'avait pas laissé reprendre la place qu'il méritait. Ni même celle qu'il possédait auparavant.
Pour le moment, il allait donc en profiter pour montrer ce qu'il valait, c'est à dire beaucoup. Il jeta un coup d'oeil au Lotus Blanc. Par rapport à lui d'ailleurs, que valait-il ? En l'instant, et pour plusieurs raisons évidentes, il était persuadé d'être moins puissant que lui. Mais pour combien de temps ? Il faudrait qu'il teste ça un jour. Quand il n'aurait pas mieux à faire.

>> N'empêche, ça fait un bail... Tu t'es bien occupé pendant c'temps ? Perso, j'ai passé deux cents ans en taule, c'était sympa. Un peu long et pas grand chose à foutre. Mais sympa.

Ça donnait même le temps de réfléchir. C'était la réalité. Mais il y viendrait plus tard. Pour le moment, il se demandait vraiment ce qu'avait foutu Tenzen après avoir foiré en beauté son petit complot et abandonné tout ceux qu'il avait réuni. Lui-même en avait rien eu à faire de lui, mais il était curieux.

Comme vous le dites, Kagura-kun, j'ai récupéré le grade qui était le mien. Auriez-vous donc oublié la manière dont il convient de s'adresser à ceux qui arborent le Haori ?

Peu importait qu'ils se connaissent de longue date. Un Capitaine devait être vouvoyé ! Et cela malgré tout le mépris qu'il devait avoir pour lui. C'est avant tout au grade à qui l'on s'adresse et non à l'homme. C'était même une condition sine qua none pour que la discussion puisse se poursuivre et il comptait clairement le lui faire comprendre.

Jusqu'ici, je vous croyais mort. Si vous n'êtes pas prêt à respecter l'étiquette, je recommencerai à vous considérer comme tel et cette discussion se verra close à jamais.

Voilà qui était dit. Et cela valait sans doute mieux de toute façon... Ce n'était que pour éviter un esclandre qu'il lui accordait de son temps. Et comme il s'en doutait, cette visite n'était pas anodine. Rien de clair n'avait encore été dit, non. Mais ses propos sont lourdement chargés de sous-entendus. Cependant, depuis qu'il avait appris que Kyôya était toujours en vie, il avait eu le temps de préparer sa version, sa riposte. Voilà donc ce qu'il répondit en préambule.

Pour ma part, j'ai eu l'intelligence de ne pas me faire attraper... J'ai donc passé un quart de millénaire sur Terre. Une autre sorte de prison, bien moins reposante je gage. Toutefois, vous devriez vous estimer heureux de votre sort. Sans mon intervention sur demande de votre frère, vous auriez été exécuté. Je vous ai offert la liberté ! C'est de votre responsabilité et non de la mienne si vous n'avez pas été capable d'en profiter...

Le Shirohasu est sur la défensive devant les reproches du Kagura qui ne sont qu'à moitié camouflés, c'est une évidence.

N'êtes-vous venu que pour prendre de mes nouvelles ? Je vous prie, allons à l'essentiel...

>> Bouarf, j'l'ai jamais vraiment ret'nue... Mais j'vais voir c'que j'peux faire !

Oui, l'étiquette n'était vraiment pas le point fort du troisième Siège. Et ne l'avait d'ailleurs jamais été. Il n'avait jamais fait le moindre effort concernant ce point là, et n'en ferait certainement jamais. Par exemple, là, il allait voir à comment faire pour continuer la discussion sans s'y retrouver obligé. Evidemment, s'il n'avait pas trop le choix, il serait obligé de vouvoyer Tenzen, seule chose qu'il était prêt à consentir. Non pas par réel respect pour lui. Mais simplement pour continuer la discussion, étant donné qu'il avait encore clairement des choses à dire.
Et d'ailleurs, celui-ci commençait à lui donner de quoi entrer plus clairement dans le vif du sujet. Non sans le critiquer, ce qui fit naître un sourire sur le visage de Kyôya.

>> L'intelligence de pas s'faire attraper hein ? Ouais, j'ai p'tet fait un peu d'bruit. Suffisamment pour qu'on m'retrouve et qu'on m'envoie un Capitaine sur la tronche d'ailleurs.
Bah, p'tet que sans ça j'serai pas là aujourd'hui. On peut donc dire qu'ça m'a pas mal servi.

Léger ricanement. Dans un sens, il trouvait qu'avoir réintégré la Soul Society était quelque chose d'assez sympathique. Plus simple qu'une vie d'exil. Pouvant lui apportant autant d'amusement. Mais disposant par contre de plus de contraintes. Comme quoi, rien ne pouvait être parfait.

>> Puis j'ai réfléchis à un truc. Et j'crois qu'j'dois en effet pas mal à vous et mon frère. Mais pas c'que vous pensez. J'vous explique.
J'suis sûr d'pas être responsable d'la mort d'mon Cap'taine. J'avais rien à y gagner, tout à perdre. Mais à qui ça a rapporté un truc ? Mon frère qu'a eu la place. Et vous qu'avez placé un larbin à un si bon rang. En plus, z'étiez pas en très bon terme avec mon boss j'crois. Et qui d'autre était présent à part moi et la victime ? Bah vous...

Et là, il fixait son supérieur droit dans les yeux, son sourire étant devenu narquois. Il n'y avait pas besoin d'être devin pour se rendre compte qu'il était clairement en train de les accuser du crime qu'on lui avait mit sur le dos. Et c'était là le véritable but de sa visite au Capitaine de la Neuvième Division. Mettre les choses au point entre eux. Et faire comprendre qu'il n'était pas aussi idiot qu'on voulait bien le croire.

>> J'veux bien n'pas être l'mec l'plus malin du monde, mais là ça m'semble assez clair. J'ai jamais dit qu'c'était d'votre faute si j'm'étais fait choper. Mais j'pense qu'vous êtes pas vraiment étranger à c'qui m'est arrivé.
Donc si vous pensez qu'j'vous dois quelque chose, j'suis pas d'accord. J'pense plutôt qu'vous et Kamui vous m'devez trois cent ans d'ma vie. Et j'compte bien m'faire rembourser cette dette d'une façon ou d'une autre.

Ce n'était pas vraiment des menaces. Pas encore du moins. Mais il n'allait clairement pas lâcher l'affaire. Et si cela pouvait sembler dangereux, il était bien conscient que Tenzen ne pourrait pas se contenter de l'exécuter sur place. Surtout en présence de témoins. Et donc qu'il ne craignait pas grand chose pour le moment.

Réfléchir... Voilà bien un terme que je ne m'attendais pas à voir dans votre bagage...

La pique est facile, certes, mais au final tellement justifiée. Kyôya, le mauvais jumeau... Sa première peine de prison, il ne la devait qu'à son comportement qui avait amené le Shirohasu à le considérer comme une réelle gêne à la progression de son frère. Une tâche qu'il avait jugé nécessaire de nettoyer par tous les moyens. Mais il n'était de toute évidence pas si facile de se débarrasser de lui, malheureusement... Sauf s'il agissait de manière stupide, là, maintenant. Et il est sûr que cet énergumène en est tout à fait capable !

Votre folie vous aveugle, et il est bien dommage que le Sotaishô n'y ait pas vu clair. Vous remettre en liberté est une grave erreur, et j'espère qu'il ne faudra pas que l'on assiste à une nouvelle perte de contrôle de votre part pour que le Capitaine-Commandant en prenne conscience.

Cela dit, c'est bien cela qu'il attendait, qu'il espérait désormais. Un faux pas du Kagura. Sortir son arme face à un Capitaine est une haute-trahison punissable de la peine de mort. Sanction que le Yakushiji n'hésiterait pas à lui prodiguer sur-le-champ.

Votre frère fut le meilleur de vous deux, en tous points. Plus puissant, plus sage, doté d'un esprit bien plus aiguisé. Ce n'était qu'une question de temps pour qu'il voit ses épaules garnies d'un Haori, et cela jamais personne ne l'a remis en question. Pourquoi donc aurais-je pris le risque de fomenter ce dont vous m'accusez, alors qu'il me suffisait d'attendre pour que mon « larbin » comme vous l'appelez en vienne finalement à occuper une aussi haute responsabilité ? Votre mémoire est bien sélective, j'en ai peur. Si ce n'est pas vous, alors qui a porté ce coup fatal vous ayant valu vos cinquante premières années d'emprisonnement ? Bien sûr, vous allez me dire que vous ne vous en souvenez pas, c'est cela ?

Tenzen soupire, secoue lentement la tête. S'il était quelqu'un de plus expressif, il aurait sans doute poussé jusqu'à réaliser une petite moue et lever les yeux au ciel, mais ce n'était pas du tout son genre.

Vous faites également mention à une inimitié avec votre Capitaine de l'époque. Pensez-vous vraiment que cela figure une bonne raison pour moi de prodiguer la mort parmi les rangs de ma propre armée ? Je vous invite à procéder à un sondage d'opinion parmi le Capitanat actuel. Rares sont ceux avec qui je suis en « bons termes », comme vous le dites. Pensez-vous donc que je vais bientôt procéder à un assassinat de masse afin de placer mes subordonnés ?
Vous avez raison, continuez de vous voiler la face et de refuser de reconnaître vos torts. Vous avez parfaitement raison sur un point cependant. Vous n'êtes pas le plus malin du monde. Vous êtes même particulièrement stupide. Tentez donc de vous faire rembourser, de la manière qu'il vous plaira. Et au moindre trouble que vous créiez je me ferais un plaisir de vous renvoyer au plus vite à la place qui vous convient le mieux : à pourrir entre quatre murs...

L'avertissement semble limpide, n'est-il pas ?

Kyôya était bien conscient que de nombreuses personnes avaient une certaine tendance à mentir à outrance. Presque comme s'il s'agissait d'une seconde nature. Mais le Capitaine lui faisant face, c'était à un tout autre niveau. Il persistait dans ses histoires. Car l'ancien prisonnier était persuadé de ne pas s'être trompé, et que la défense de Tenzen ne pouvait être qu'inepties. Même quelqu'un à l'intellect pouvant être légèrement limité comme lui se rendait bien compte des failles dans les paroles de son interlocuteurs. Et, surtout, des provocations qui les accompagnaient.
Qu'espérait-il ? Que le membre de la Onzième ait un coup de folie comme il le disait ? Qu'il se jette sur lui et tente de le tuer ? Il n'ignorait pas le prix que cela aurait. Tout comme il était bien conscient de ne pas faire le poids face à un tel adversaire. Cet homme avait pu se renforcer en deux cent cinquante ans. Lui, avec son emprisonnement, il avait certainement plus régresse qu'autre chose. Le duel n'en serait donc pas vraiment un.

>> Bouarf, j'veux qu'il était plus sage et moins con, mais en force il était pas mieux. Sans l'temps passé en taule, l'est évident qu'j'aurai aussi porté le Haori. V'là pourquoi z'avez une vraie dette.

Pour lui, c'était aussi simple que ça. Tenzen lui devait de lui permettre d'atteindre le rang de Capitaine un jour. Pas dans l'immédiat, il savait que c'était impossible. Il était déjà nécessaire de prouver qu'il ne présentait pas un danger pour la Soul Society, mais uniquement pour les ennemis de celle-ci. Car, pour ce point, il n'y avait pas vraiment de doutes à avoir. Même maintenant, il pouvait se révéler dangereux.
Pourtant, il ne serait pas si simple de convaincre le Capitaine de la Justice. Après tout, difficile de faire en sorte qu'un mec niant tout en bloc accepte de vous aider. En fait, il savait même qu'il n'y avait aucune chance que cela n'arrive un jour. Pourtant, il ne pouvait se contenter de ça et dire au revoir au Yakushiji, sans prolonger ne serait ce qu'un minimum.

>> Ah, pour la question. Vous vouliez l'mettre à c'poste l'plus tôt possible car c'était qu'une étape. Et vous tuez pas tout ceux qui vous aiment pas car z'auriez pas grand chose à gagner là. L'risque est trop grand.
A l'époque, z'aviez un coupable, moi, et un remplaçant, mon frangin. Cinquante plus tard, vous tentiez un complot, et pour ça l'mieux c'était d'avoir des gradés avec vous. D'où l'importance d'foutre Kamui à c'rang.

Il était persuadé d'oublier un truc. Un truc assez important. Puis cela lui revint et il eut un sourire.

>> J'sais pas qui a porté l'coup fatal. Mais y a qu'deux possibilités. Vous ou Kamui. J'ai bien des défauts, j'peux paraître instable, mais j'me suis toujours souv'nu des bordels que j'causais, et j'les assumais toujours. Et j'avais bien moins à gagner à tuer mon Cap'taine.
Donc ouais, y a qu'vous pour l'avoir tué. C'pas dur à comprendre en fait.

Après tout, même lui l'avais compris, donc ça ne devait vraiment pas être dur. Mais, même avec toutes ces explications, il se doutait bien que cet homme ne dirait pas "Oh mais oui, tu as raison, je l'avoue". Ça serait sympa, mais très étonnant. Pourtant, il était grillé.

>> Ah, vous en faites pas pour les troubles. Si j'suis dans la Onze, c'pour qu'Shinjirô s'occupe d'moi si j'fous la merde. Mais ça arriv'ra pas vu qu'j'ai en fait jamais causé d'blèm'.

Un Haori, rien que ça. Et il estimait que c'était là une évidence qui plus est... Pourtant il se trompait : il n'avait jamais été aussi redoutable que pouvait l'être Kamui. Du moins c'est là l'avis clair de Tenzen, qui a toujours vu un véritable fossé entre les deux frères. L'explication sur le meurtre remontant à 1700 environ était bonne par contre, à cela près que Kyoya ne prenait pas particulièrement en compte le fait qu'il y avait également un intérêt à l'écarter lui pour un long moment. Cela dit, le Yakushiji lui avait bel et bien sauvé la vie. Si cela n'avait tenu qu'à lui, il en aurait rajouté sur le dos du « mauvais jumeau » jusqu'à que la mort lui soit délivrée. Mais c'était là un point que Kamui n'aurait sûrement pas apprécié... Et pourtant, cela serait tellement pratique à présent de savoir ce Kyoya mort depuis plus de trois cents ans...

Pour autant, il n'a pas peur de ce que ce Dieu de la Mort a à raconter. Cette version qui est pourtant la réalité ne tiendrait en effet pas de manière suffisante pour que le dossier soit relancé. On y verrait un simple troisième siège connu pour son tempérament, capable d'excès, ayant passé trois siècles emprisonné. La première fois arrêté par Tenzen, la seconde après avoir été soumis à l'exil sur Terre en même temps que tous ses autres complices. Forcément, maintenant libéré, Kyoya avait bien des raisons d'en vouloir au Capitaine de la Neuvième Division. Le Shirohasu n'estimait pas qu'il serait chose difficile que de balayer ces accusations. Suffisamment du moins pour ne pas en être inquiété.

Pourtant, c'est sur un autre point qu'il répond dans un premier temps. Pour cela, il avait arrêté au préalable ses pas et s'était tourné vers son interlocuteur, curieux de voir ses réactions lorsqu'il entendrait cette réplique.

Dans l'hypothèse fumeuse que vos affabulations puissent s'avérer être des faits... Pensez-vous réellement que j'aurais pu me salir les mains pour vous ?

Autrement dit « c'est ton frère qui s'est chargé de te faire tomber ». La remarque aurait été inutile si elle avait servi à détourner un peu de la haine de Kyoya vers Kamui plutôt que vers lui. En effet, jusqu'à preuve du contraire Kamui était considéré comme mort. Manœuvre futile. Sauf que son but premier ici est de planter les germes du trouble. « C'est à ton propre jumeau que tu dois ça. La personne qui est censée être la plus proche de toi, ton double ! Même lui t'as rejeté... » voilà tous les sous-entendus qu'il désirait placer. Il reprend ensuite simplement sa marche, le regard droit devant lui.

Racontez donc ce que vous voudrez à qui voudra bien vous entendre. Vos accusations n'ont d'autre but que de tenter de vous racheter. Vous n'y parviendrez pas. Personne ne vous croira et en l'absence logique de preuve autre que votre unique témoignage, c'est votre nom qui sortira sali et non le mien. Le Haori dont vous rêvez, je doute que vous pourrez jamais vous le procurer en ayant ajouté « calomnies et fausses accusations à l'endroit d'un Capitaine » à votre dossier.
Si c'était là tout ce que vous aviez à me dire, sachez que je vous ai assez vu, et qu'il me serait agréable que vous cessiez de polluer ma journée...

Vraiment, il n'y avait rien à en tirer. Il resterait sur ses positions et n'avouerait jamais la vérité. C'en était presque triste. Après tout, ce n'était pas comme si le dire simplement à Kyôya était dangereux pour lui. Principalement car ce dernier avait déjà compris la vérité. Oui, il ne se laisserait pas prendre au jeu de son interlocuteur. Il n'allait pas gober ses paroles et les prendre pour vérité. Il avait face à lui un traître, un conspirateur et certainement un assassin. Bien qu'il n'était peut être pas celui ayant donné le coup fatal au Capitaine de la Troisième Division, cela ne changeait pas grand chose pour le dernier point.
A partir de là, comment le croire ? Peut être que le temps avait passé depuis, mais il n'aurait certainement pas changé. Tenzen n'était pas quelqu'un à qui il était possible de faire confiance. C'était aussi simple que cela. Et même s'il ne pourrait pas obtenir qu'il répare sa dette, il était au moins satisfait que le désormais Vizard sache qu'il était au courant.

>> Bah, direc'tement ou pas, ça change pas grand chose. Vos mains sont d'jà bien sales en plus. Car c'qui peut pas être nié, c'est votre complot. Et j'trouve qu'y a d'jà d'quoi pas passer pour un saint...

Et c'était ce point là qui faisait que Kyôya doutait de la force des dernières paroles du Capitaine. Il se croyait tellement intouchable, et ce malgré son passé. Si le Gotei avait fait surveillé le Shinigami en raison de son passé, il était assez peu probable que le Yakushiji soit véritablement tranquille. Peut être était-il même également surveillé de la même façon que l'ancien prisonnier. Cela serait assez comique.
Mais sans certitude, il ne pouvait que compter sur le fait que son passé resurgirait à une telle occasion. Cela devenait en quelques sortes sa seule arme contre lui. Car oui, même s'il paraissait maintenant clairement impossible d'obtenir sa coopération, il ne comptait pas abandonner. Il était peut être possible qu'à travers cette dette il ne recherche qu'une simple vengeance. Qu'importe, ce n'était qu'un détail.

>> Me rach'ter ? J'ai pas b'soin d'ça. J'suis libre et j'suis d'nouveau dans la course. C'comme ça qu'j'vais prouver c'que j'vaux. Car même avec mon caractère, à part vot' coup fourré dont j'ai été accusé, y a rien à m'reprocher. J'étais un membre d'valeur. J'vais prouver qu'j'le mérite toujours.

Paumes tournées vers le ciel, il haussa les épaules en souriant. S'il connaissait suffisamment l'administration du Gotei 13 pour savoir que c'était toujours plus pratique d'avoir un Capitaine de son côté pour monter, il était bien conscient que clea pouvait aussi se faire par ses simples capacités. Et comme il n'avait aucun doute à leur sujet, il pouvait amplement compter dessus.

>> Par contre, j'vous conseille d'pas être aussi sûr d'vous. Vous êtes p'tet d'retour, mais vot' passé d'traître change pas. L'Commandant était présent à l'époque. J'serai surpris qu'il ait oublié. C'que j'raconte pourrait p'tet l'intéresser...
Mais j'vous rassure, j'garde ça d'côté au cas où ! Pour l'moment, j'préfère compter sur vot' dette. J'suis sûr qu'j'trouv'rai un bon moyen pour en profiter. Et comme z'êtes pas con, vous finirez par piger qu'c'est mieux d'la régler.

Quelle parole pourrait encore avoir un impact après ce qui venait de se produire sur le visage du Shirohasu ? En effet, quelque chose de rarissime avait eu lieu à l'instant. Tenzen venait de sourire... Le sourire ne lui allait pas, on le lui avait toujours dit. Ce pourquoi il avait fini par ne plus en produire un, sauf en quelques occasions très ponctuelles. Comme présentement... Un sourire en coin qui avait quelque chose de malsain, de pas naturel. Alors, que cela peut-il bien pouvoir dire à part un très évident « cause toujours » ? Un pur témoignage de sa confiance sans faille. Il est sûr de ne rien craindre, sinon quelques questions si cela devait s'ébruiter. Sans aucune preuve, cumulé à son « rachat » suivi de trois années de loyaux services... ainsi qu'au fait qu'il serait fou pour le Gotei 13 dans sa position et ainsi menacée que de se passer de quelqu'un de sa puissance. Oui, il sait qu'il n'a rien à craindre, aussi criminel qu'il soit. Sur le papier, le Kagura ne l'était pas moins. D'entre les deux, une seule parole pourrait être crue... Voilà tout ce qui fait qu'il est déserté du moindre doute au sujet de ces possibles accusations.

La situation évolue cependant lorsque le visage du Yakushiji se fige à nouveau dans un masque plus coutumier.

Je constate malheureusement que vous n'aviez effectivement rien de plus à ajouter. Par votre faute, j'ai déjà perdu beaucoup trop de temps...

Oui, un comble d'annoncer cela compte-tenu des siècles de prison de Kyôya, en effet.

Nous en avons donc terminé ! Profitez bien de la lumière du jour, elle a dû vous manquer...

Et sur ce, il tourna juste les talons pour en retourner vers les quartiers de sa Division. Pas la peine d'en rajouter, tout était manifestement dit. Vraiment pas nécessaire en effet de lancer une menace du genre « je parlerai de vous à votre Capitaine... » car tous devaient savoir que si le Capitaine au Lotus se permettait de tenter d'interférer dans la Onzième Division, le Kenpachi ferait tout pour l'agacer, ne pouvant alors avoir que l'effet inverse. Soit. Un jour ou l'autre, il devrait sans doute entendre cette histoire une nouvelle fois. Mais il aurait d'ici là tout le temps pour continuer d'ériger ses défenses, comme il le faisait toujours si bien...