Il était rare de voir Shinjirô aussi sérieux. Surtout lorsqu'il s'agissait des affaires du Seireitei et de la Soul Society dans son ensemble. Mais cette fois, les choses étaient trop graves pour être ignorées. Même pour un homme qui ne vivait que pour le combat. L'élite censé s'occuper du monolithe était revenue de mission et le rapport, fourni à l'ensemble des gradés, ne laissait rien présager de bon. Mais plus que le semi échec, plus même que la pseudo insubordination qui était relevé dans les écrits, c'était l'histoire de ce Mahô Tsukai. Ce dernier avait littéralement repoussé l'équipe et avait finalement fui, emportant avec lui des informations importantes sur l'organisation des équipes d'interception du Gotei. Une véritable honte pour celui qui n'avait pas eu le privilège de participer à l'escapade.

Pourtant, n'y avait-il pas eu deux Capitaines et un Vice Capitaine pendant l'assaut ? Ce fait était encore plus révélateur de l'incompétence des hommes et des femmes de l'armée de la Soul Society. Et on pouvait dire bien des choses au sujet de Shinjirô, il était intimement convaincu que quelque chose avait entravé le bon déroulement de la mission. Il connaissait Kaito mais ne lui faisait pas suffisamment confiance pour lui fournir un rapport détaillé des faits, la Capitaine de la Huitième était encore une énigme pour lui et il n'allait pas prendre ses infos près d'elle. Restait donc Kenji, qu'il connaissait bien, et Reisen, qu'il connaissait mieux et dont il se rapprochait en bien des points. Le calcul était de suite fait. C'est lui qui subirait l'interrogatoire du colosse. Aussi particulier que cela puisse être.

Kaimetsu dans le dos, Haori clairement visible également, prouvant le côté officiel de son déplacement, Shinjirô arrivait au niveau des quartiers de la Treizième Division. Ne s’embarrassant pas avec les formules de politesse d'usage, il franchit les portes sans même s'expliquer. Pas de perte de temps avec lui, il fallait que ça aille vite. Point barre. Bien que ne connaissant pas réellement les lieux, il n'était pas difficile de deviner où se trouvait son rival de toujours. La mine sérieuse, presque sévère, il s'approchait lui aussi du Kenpachi, ayant sans doute reçu un message des gardes à l'entrée. Voilà qui lui éviterait une recherche ennuyante.

- J'ai besoin de te parler. Rapport à ta mission avec les autres comiques. J'veux être tranquille. Trouve-moi un endroit où tes gars n'écouteront pas. J'veux entendre ta version. La vraie !

Sérieux... Ce qui était presque terrifiant à dire vrai. Reisen le connaissait toutefois bien et le Kenpachi savait qu'il ferait le nécessaire pour respecter les consignes du Capitaine. Car plus que tout, ce n'était pas seulement un rival qui parlait à un frère d'arme. C'était aussi et surtout un Taishô qui s'adressait à un subordonné. Et ce que Shinjirô veut, il l'obtient de manière générale.

> Le Capitaine Kiryû vient de franchir les portes de la Division.

L’annonce de l’homme de main du Vice-Capitaine avait été émise comme une invasion, et lorsque l’on connaissait le Kenpachi cela se comprenait aisément. Reisen compris immédiatement le message, il devait partir à sa rencontre, évitant ainsi à pas mal de ses hommes d’être interrogés par le plus puissant des Shinigami comme son nom l’indiquait. Pressant le pas en attachant son Zanpakutō il se dirigeait vers le couloir principal, il se trouvait certainement là bas. Il n’avait pas eu le temps de mettre son insigne mais ce n’était pas très grave en soit, Shinjiro restait un Shinigami à part pour le Kireru... Et puis il fallait être franc, le colosse s’en foutait royalement de ce genre de détails. Un grade ne fait pas la puissance, une pensée que partageait aussi le Rageux, dans une moindre mesure certes, mais il suffisait de regarder l’incident du Rukongai pour comprendre. L’air grave il le croisa du regard et avant même qu’il ne puisse lui demander la raison de sa présence ici le Capitaine lui demanda des détails sur la mission, dans un lieu sûr... Ça ne sentait pas bon ça.

> Le bureau du Capitaine Kurobara... Tout le monde à perdu l’habitude de l’approcher, suis-moi.

C’était totalement vrai, les seules personnes visitant encore cette partie de la division restaient Reisen et Hasashi son bras droit... Histoire de pas laisser le lieux s’empoussiérer et sentir le vieux. Ils ne mirent pas longtemps à l’atteindre et le Kiryû allait pouvoir découvrir l’antre du Shiba : Une salle de peintre, ni plus ni moins... Oubliés les bureaux, papiers et autres étagères, rien que du matériel de peinture, des toiles et un lit. Le Shinigami aux cheveux bleus parti chercher deux fauteuils du noble clan qui restaient dans l’arrière salle, Kurobara savait apprécier les bonnes choses... Il les déposa au milieu de la salle et se posa sur l’un d’eux.

> J’sais pas par où commencer, cette histoire me fous la rage à chaque fois que j’y pense... J’imagine que t’as eu vent de ce que l’autre abruti à balancé avant de disparaître, moi non. J’préfère même pas en savoir plus.

Il enleva Kaabukasen de son Obi et le posa contre le fauteuil pour pouvoir s’installer plus confortablement... ça risquait d’être long.

> On est arrivé au Rukongai ensemble, à distance du machin qui pompait les âmes et déjà là les ordres foireux ont commencés à arriver... Il voulait savoir si oui ou non le truc pouvait absorber le Kidō, pourquoi, comment. Bref, débile vu qu’il bouge des êtres spirituels, un truc spirituel allait subir le même sort, j’leur ai dit mais rien à foutre. A côté de ça rien, il n’agissait toujours pas, j’ai balancé un des seul sort que je connais pour qu’il puisse nous donner de vrais ordres tu vois, il s’est fait absorber comme prévu et là il nous ordonne de sortir nos Shikai.

Il mimait brièvement les actions avec de petits gestes brusques, sa machoire se contractant à chaque fois qu’il fermait la bouche. La rage il l’avait, ouais, comme jamais. A ce moment là, tout de même, il oublia sa colère à cause d’un petit truc à savoir la réaction du Kenpachi quant à l’utilisation d’un Kidō par son rival...

> Et rien, il nous a laissé en plan, un des siège de la Cinquième s’est jeté contre le truc pour l’attaquer mais il est tombé au sol direct, il a pas résisté à la force du bloc. Toujours rien, aucun ordre, il a fallut attendre que le Capitaine Nakatoto attaque, ce que j’ai fait aussi à distance. Le bloc a pas bougé. On s’est jeté sur le bloc et là j’ai ressenti un truc... Une douleur à l’intérieur de mon corps comme si on broyait de l’intérieur, l’impression que tu vas vomir chacun de tes organes à la suite... L’autre restait en retrait bafouillant des ordres à se prendre pour un chef d’orchestre, j’ai pété le bloc avec mes poings au final, le Capitaine Nakatoto l’avait un peu fragilisé avec son pouvoir. Avec ça le truc qui me broyait l’âme a disparut, le gars de la cinquième s’est relevé et la mission était remplie... Jusqu’à ce qu’elle se pointe... La Mahō machin...

Là, il regardait dans le vide, son poing droit encerclé par sa main gauche, serrant sur ce dernier. L’humiliation, la déroute, tout avait débuté à son arrivée. Vraiment. Les petites erreurs stratégiques qui s’étaient déroulées auparavant n’étaient rien comparé à ce qui a suivit. Il semblait se perdre dans ses souvenirs, repassant le combat dans son

Le bureau du Capitaine de la Treizième, rien de moins. L'idée n'était pas stupide pour autant et profitez de l'absence de celui-ci assurait une chose : personne ne viendrait les déranger ici. Ce qui constituait l'intérêt principal de cette discussion. Shinjirô prenait rarement les choses avec autant de sérieux et pour une fois, il comptait éclaircir quelques points d'importances. Cette situation méritait l'attention de l'ensemble des Capitaines, notamment des plus compétents, et sa présence se justifiait par cette enquête particulière.

Alors que le Kireru plaçait deux fauteuils au centre de la pièce, s'installant dans l'un d'eux et invitant le colosse à le suivre, Shinjirô se surprit à étudier les lieux. Peu commun, s'il en est, cette pièce semblait être à l'image du Capitaine Shiba. Mais rapidement il reprit ses esprits, dégrafant d'une main les sangles qui attachaient Kaimetsu dans son dos pour laisser son arme à ses côtés. S'assoir avec une telle arme dans un fauteuil étant proprement impossible. Évidemment, ce qui devait arriver, arriva. En posant Kaimetsu à ses côtés, il laissa une marque profonde dans le sol de ce bureau, poussant simplement un soupir de résignation. Bah, il était plus à ça prêt hein.

Les premières explications arrivèrent enfin. Et peu à peu, les choses devenaient plus claires aux yeux du géant. S'il ne doutait pas des compétences de Kaito, il ne l'aurait jamais désigné pour une mission de cette importance. Shinjirô regrettait encore de ne pas avoir été choisi pour une telle attaque, se considérant évidemment comme le plus compétent dans ce genre de situation. Mais Shunsui était le seul décisionnaire dans ce genre de cas et Kiryû pouvait bien gueuler, il n'aurait jamais le dernier mot avec cette tête de mule. Faisant l'impasse sur cette histoire de Kidô - personne n'est parfait après tout - le colosse notait les détails qu'il considérait comme important. Et dans ce récit, il y en avait pas mal.

- Kaito est un gros débile. Mais il a au moins le mérite d'être un peu honnête. Tu confirmes une partie de son rapport, même s'il a évidemment moins bien décrit ses actions complétement minables. Je l'avais dit à Shunsui qu'il fallait m'envoyer. Mais non... Sans déconner, j'le savais que ça finirait comme ça.

Des premiers mots qui synthétisaient ce qu'il pensait. Mais il restait à connaître la suite du récit. Car comme l'avait précisé Reisen, c'était surtout l'apparition du Mahô Tsukai qui avait changé la donne. Son apparition qui avait jeté le déshonneur sur les légions du Gotei. Et là, on arrivait au véritable cœur du problème. C'est pourquoi il enchaînait directement.

- T'as opté pour la bonne solution en attaquant directement cette roche. C'est ce qu'il fallait faire depuis le départ. Maudit soit Kaito et son incompétence ! Elle était vraiment si puissante que ça ? Cette femme ? Le rapport est un peu bizarre à son sujet…

Reisen apprit alors que Shinjirô s’était porté volontaire pour cette mission, ce qui au final ne l’étonnait pas trop. Pourquoi Shunsui ne l’avait-il pas envoyé lui ? Pour permettre au Capitaine Kawakami de faire ses preuves ou quelque chose dans le genre... Mais une mission si importante, illogique, quand il s’agissait de détruire quelque chose, ne valait-il pas mieux envoyer la meilleure arme de destruction ? Kireru comprit aussi que le rapport n’était pas très étoffé sur la suite de la mission, concernant cette femme.

> Peut être parce que c’était bizarre... Elle était pas dans le bloc, j’en suis sûr, mais une fois qu’on l’a brisé elle était là, personne ne l’a remarqué avant, elle riait. En la voyant il lui a demandé son nom et l’a averti que si elle ne coopérait pas on attaquerait, là j’ai pété les plomb, j’en croyais pas mes oreille. C’était clair qu’elle était là avec le truc, pourquoi il l’a pas attaqué ? Mes nerfs on lâché j’ai pris c’qui me tombait sous la main et j’lui ai balancé sur la gueule, un morceau du bloc qui trainait à mes pieds... Le Capitaine Nakatoto elle l’a remit à sa place et a attaqué, ce que j’ai fait aussi juste après mon petit lancé...

Et c’était à ce moment là que tout s’était écroulé, que cette intruse s’était ouvertement moquée des Treize Divisions en repoussant les attaques sans aucune gêne. Reisen frappa du poing sur le siège en repensant à la scène...

> La c’te salope à sorti une bague qui brillait comme le bloc et elle a sorti son propre sang et a repoussé ma plus puissante technique en la séparant en deux avec ce liquide... Elle a fait pareil pour le Capitaine Nakatoto. Elle n’a pas répliqué... je crois qu’elle n’était là qu’en observatrice, on l’a attaqué de nouveau tous ensemble sans aucun résultat, toutes nos attaques se sont brisées sur une bulle de sang qui l’avait entourée instantanément. Après ça elle a disparut. Ce qui m’inquiète c’est qu’elle n’est pas la seule dans son groupe... Mes rapports font mention d’un événement similaire à Karakura, et elle a parlé d’un certain Kôga, ce doit être leur chef je suppose...

Il s’était calmé une fois son récit terminé, un peu soulage peut être du fait d’avoir trouvé une oreille pour relâcher tout ce qu’il contenait depuis ce jour verbalement. Et puis il savait que Shinjirô le comprendrait, lui... Peut être même que ce dernier en aurait fait plus, tabassant certainement l’incompétent. C’était étrange mais cette discussion qui avait tout d’officielle avait une teinte de confidence...

> Nous ne sommes pas prêts, tous autant que nous sommes...

Il n’était pas défaitiste en ces mots, non, seulement réaliste. Il avait vu que tout ce qui concernait cet événement n’était comparable à aucun autre. Il avait prononcé cette phrase sur un ton sévère, ne cherchant à blâmer personne bien sûr, il savait juste que tous devaient s’améliorer, encore et encore, pour ne pas revivre le cataclysme d’il y a trois ans encore.

Le récit se poursuivait, Reisen mentionnant d'autres éléments qui n'étaient évidemment pas apparus dans le rapport de Kaito. La mine sombre, il prenait acte de ce qui s'était passé non sans fulminer très clairement. Quelle idiotie que d'avoir mis un Capitaine aussi jeune, aussi incompétent pour une mission aussi importante. Shunsui était un homme aussi sage qu'il était possible d'être. Ce n'était visiblement pas suffisant pour prendre les bonnes décisions. Le colosse se le jurait : la prochaine fois, il participerait, que le Capitaine-Commandant soit pour ou non.

Le détail qui détendit l'atmosphère - temporairement évidemment mais l'effet était quand même là - fut le passage où Reisen expliqua avoir envoyé un morceau de la roche dans la tronche de Kaito. La réplique fut immédiate : le colosse explosait de rire. Les larmes lui montèrent rapidement aux yeux alors qu'il se pliait sur son fauteuil, tapant du poing l'un des bras du fauteuil qui se fendit avant de tomber au sol, brisé. Le choc ramena Shinjirô au calme alors qu'il regardait, l'air dépité, le morceau de fauteuil face à lui. Poussant un soupir, il s'adossait de nouveau dans celui-ci. Ni vu, ni connu. Il croisa le regard du Fukutaishô, se doutant évidemment que ça n'était pas passé inaperçu.

- J'avoue que le coup du bloc m'a fait rire. N'empêche... T'as quand même fait le con là dessus. Les autres laisseront pas passé ça aussi facilement que moi. Évidemment, j'aurai sans doute agis comme toi. Mais moi, j'ai l'droit. En plus devant un ennemi... Ouais, t'as grave abusé.

Entendez par là que lui, il était Capitaine, et que de fait ce genre de chose ne pouvait pas lui être mis sur le dos aussi facilement que cela l'était pour le Kireru. Quant à la présence du Mahô Tsukai à ce moment, elle avait du se délecter de la scène. Et elle ne manquerait pas de mentionner le manque de coordination et d'ordre au sein de l'armée du Gotei. Là dessus, Shinjirô ne pouvait faire l'impasse, aussi tête de mule qu'il soit lui-aussi. Les événements de Karakura ne regardaient pas le Kenpachi qui préférait se concentrer sur les soucis du Gotei. Les humains pouvaient se démerder seul pour le moment, chaque chose en son temps. Quant aux derniers mots du Vice-Capitaine, ils étaient évidents. Un simple constat que partageait également le colosse. Et pour de bonnes raisons.

- Là, tu marques un point. Ils se croient tous prêt à la bataille mais on voit bien avec cet événement que ce n'est pas le cas. Des amateurs sans discipline.

Sans discipline. Voilà une remarque dont Reisen était la cible bien sûr. Son chef de mission était un tocard. Il pouvait ne pas adhérer aux ordres et en faire qu'à sa tête, attaquant seul ou prenant la direction des opérations. Mais attaquer un allié, aussi con soit-il, et devant un ennemi en plus, ce n'était pas pardonnable. Et le Fukutaishô le savait. C'est pourquoi le Kenpachi n'en dit pas plus sur ce sujet.

- Tu t'doutes que le rapport va faire l'objet d'une enquête, hein ? Mais j'te couvre sur ce sujet. J'pense pas qu'il y aura de sanctions. T'as agis comme un chef en détruisant c'te merde. Et même si le Mahô machin a disparu, t'as essayé de faire au mieux. Là dessus, le rapport est clair. Va quand même falloir apprendre à te contrôler hein... T'es pas Capitaine toi !

P'tit clin d'oeil appuyé, comme pour lui préciser qu'il comprenait ces réactions, étant lui-même un grand partisan des actes débiles en tout genre. La mort du Vice-Capitaine de la Quatrième Division en étant évidemment un, même si là aussi il avait été dans son droit. Les règles étaient là pour être respectées. Maudites soient-elles.

Sanction, voilà un mot qu’il avait vite assimilé ces derniers temps et ce de lui même étant donné que pour le moment rien n’avait évolué dans cette affaire. Pourtant, et il ne doutait pas de la franchise du Kenpachi lorsqu’il lui prêtait une quelconque défense, il savait très bien que même si rien ne serait décidé directement, indirectement elle était déjà tombée. Il le sentait au plus profond de lui, ses chances de progresser et de diriger étaient drastiquement réduites. Oui, le siège de Capitaine qu’il convoitait depuis tant d’années n’était pas encore prêt à le recevoir et ce par sa seule et une faute... et indirectement celle du disparu Capitaine Kawakami.

> Je sais très bien que le Capitaine Yakushiji est déjà sur le coup et c’est pas une bonne chose. Pas du tout. T’es pas au courant certainement mais son Troisième Siège et moi... On s’est battu dans sa Division, cet abruti m’a envoyé chié et le Capitaine nous a séparé... J’étais pas en tord cette fois hein, il a frappé le premier ! Mais tu comprendras que son jugement...

Ouais, il avait précisé « cette fois », bien qu’il ne se sentait pas vraiment mal du fait de son geste. Il en était même fier au fond, mais au yeux des règles le tord avait été créé par le Vice-Capitaine, lui et seulement lui. Reisen se leva alors de son fauteuil et s’étira les bras avant de dégager les débris du repose bras qui trainaient avant de marcher lentement vers la fenêtre. Il fermait les yeux en repensant à la dernière phrase de Shinjirô, c’est vrai qu’il n’était pas Capitaine comme lui, il avait très bien compris le message. Un habile mélange de provocation et de compassion car lui le comprenait. Kireru tourna alors les yeux vers la gauche, observant la petite table qui servait (rarement) de bureau à Kurobara. Il ne pu s’empêcher de pouffer légèrement.

> Ouais, j’suis pas Capitaine.

Cette phrase il l’avait sorti d’un ton amusé, il s’était calmé depuis qu’il avait tout lâché devant le Colosse d’Argent, se sentait mieux et avait les idées légèrement plus claires quant à toute cette histoire. Il avait beau se convraincre lui même, au fond il était le seul coupable et ce n’était pas la structure qui allait s’adapter à lui, non, il devrait s’adapter à elle s’il voulait vraiment avancer. Shinjirô lui n’avait pas à se soucier de ça, il est arrivé et a prit ce qui lui revenait de droit directement, Reisen ne pouvait faire pareil. Déjà par envie, s’il devait y accéder ce serait comme les autres et pas autrement et puis ensuite... Faire comme son rival, ça craint. Il ne l’enviait plus aujourd’hui, mais se maudissait lui même. Il repensa à la droite que le Kiryû lui avait balancé verbalement : "sans discipline"...

> Et on comprend pourquoi... Ce serait plus facile pour moi de faire comme toi hein. Mais j’aime pas quand c’est facile !

Il s’était retourné et avait désormais un beau sourire affiché sur son visage avec un regard sérieux et déterminé. Ouais, lui ne tuerait personne pour accéder à son poste rêvé. Sauf si Kaito revenait bien sûr...

Il avait raison. Lorsque Tenzen était sur ce genre d'histoire, généralement, c'est qu'il y avait un problème à régler. Shinjirô détestait cet homme mais il respectait sa puissance et sa droiture n'était finalement pas si éloigné de la sienne. Même s'ils n'avaient pas la même manière de l'exprimer, évidemment. Mais pour une fois, ce n'était pas pour sanctionner qu'il avait été dépêché sur l'affaire. Mais pour connaître le rôle réel des uns et des autres au cours de la mission. Shunsui y tenait. Et pour dire vrai, le colosse aussi. Et puis il y avait aussi une bonne nouvelle dans l'histoire : Tojo était aussi responsable de trancher dans le vif. Shinjirô savait que l'homme serait juste. Il l'avait déjà prouvé par le passé en accordant sa confiance à Namida, même si sur le coup, il s'était planté. Bah... Personne n'est parfait.

Par contre, en effet, il n'avait pas été informé de l'incident entre Reisen et le Troisième Siège de Tenzen. Là, ça pouvait devenir problématique. Mais si le Capitaine de la Justice ne l'avait pas déjà sanctionné à l'époque, il ne voyait pas de raison qu'il le fasse maintenant. Pas le genre du bonhomme qui préférait s'imposer aux autres au moment des faits. Preuve en était le petit incident de la Dixième, qui avait en quelque sorte conditionné l'entente des deux plus puissants gradés du Seireitei.

- J'savais pas pour cette histoire. Mais ça influera sur rien, j'en suis sûr. Et puis tu sais, Tenzen est un vieux con mais il reste droit sur ce genre de décision. Il n'y aura aucune sanction ! Il n'a pas été désigné comme juge mais réellement comme une sorte d'observateur extérieur, tu vois. Et Tojo est avec lui. Le Cap' de la Septième est un gars bien. Il l'a déjà montré.

La remarque sur la facilité avec laquelle lui-même avait atteint les sommets du Gotei 13 le fit sourire. Même dans ces conditions particulières, le Lieutenant ne perdait pas le moral et c'était pour le mieux. Après tout, le Kenpachi se refusait de croiser sa lame avec un pleurnichard. Assumer ses fautes faisait partie du jeu. Et si malheureusement, Reisen était peut-être passé à deux doigts d'une des plus hautes fonctions de la Soul Society, ce ne serait que partie remise. Le colosse pouvait en gager. Et Reisen était l'un des rares qu'il était prêt à recommander le cas échéant.

- Bah... Mets-toi à ma place aussi. Absence de deux siècles et quand je reviens, ce sont des faibles qui tiennent la Onzième. J'ai pas cherché plus loin. Mais j'avoue que c'était un peu rapide comme combat. Pas très amusant quoi. Même si les mecs étaient courageux, ça on pourra jamais leur enlever. Pas comme Kaito, hein ?

Il redevint plus sérieux. Sans doute que le Capitaine de la Cinquième avait trouvé juste de prendre un peu de repos après cette mission qui était un véritable échec. Mais Shinjirô détestait cette lâcheté, tout comme le Rageux d'ailleurs. Il ne se voilait pas la face sur une future confrontation entre Kaito et Reisen. Ce serait une boucherie. Et Shinjirô pariait d'emblée sur son ami.

- Faut qu'on lui remette la main dessus, quand même. J'aime pas savoir qu'un Capitaine traîne n'importe où. Il s'est planté, c'est clair. Mais faut assumer. Faut toujours assumer... Sinon tu ne mérites pas d’être un homme !

Au moins on ne pouvait pas dire que Shinjirô n'était qu'une brute sans cervelle, il savait reconnaitre les qualités des gens, même ceux qu'il ne supportait pas. Et c'était connu, depuis leur altercation à la Dixième Division, Le Professeur de Jinzen et le Kenpachi étaient en froid, non pire qu'en froid. Pourtant, et ça il l'avait lui même compris, le géant savait reconnaitre les vrais valeurs d'un Shinigami. Par le combat la plupart du temps certes... Il tentait de rassurer son rival, lui indiquant que le Capitaine Himesaki avait été convoqué pour cette enquête, chose que Reisen ne put qu'apprécier.

> Himesaki-San... Ouais, c'est rassurant c'est sûr.

Puis vint le moment ou il remit l'autre abruti sur le tapis, clamant haut et fort qu'il ne le laisserait pas courir dehors pour l'honneur du Gotei. Ouais, une pensée que partageait bien évidement le Kireru, il voulait lui faire peau, il le lui avait clairement fait comprendre avant de partir du champ de bataille... Un lâche qui disparait après avoir agit de manière honteuse... Là était le véritable crime contre les armées de cour, et pas un petite insubordination injustifiée..

> Assumer, voilà une chose qu'on pourra pas m'enlever à moi au moins ! Sérieux...

Il tourna le dos à la fenêtre avant d'y coller ses homoplates, croissant les bras sur son torse. Il voyait, là, que SHinjirô était impliqué dans la vie de la Soul Society. C'était bien une chose que l'on ne pouvait pas attribuer aux anciens Kenpachi. L'eau avait coulé sous les ponts depuis qu'il avait repris les rennes de la Onzième et pourtant une question subsistait...

> Shinjirô... Pourquoi t'es devenu Capitaine ?

S'il était une tête brûlée il n'était pas un abruti... Non, et le Rageux se doutait bien que le Colosse d'Argent n'avait pas pris la tête de son groupe juste pour éviter qu'un faible le face à sa place... Pourtant, que devait-il au Gotei ?

Pour la première fois depuis le début de leur entretien, Shinjirô haussa les sourcils, véritablement surpris par les propos de Reisen. Il avait posé une question que peu avant lui osaient poser. Surtout au colosse directement. Et si la plupart pensait que l'Argenté était arrivé ici un peu par hasard, rare étaient ceux qui connaissaient la vérité. Se levant un instant - rester assis trop longtemps l'emmerdait profondément - il fit quelques pas dans le bureau en essayant - et je dis bien "essayant" - de ne pas casser autre chose de fragile dans cet endroit qui finalement ne lui appartenait pas. Il prenait un instant pour lui, chose suffisamment rare pour être relevé, avant de répondre avec franchise au Lieutenant.

Capitaine... Un but qui avait été le sien dès qu'il avait rencontré les premiers d'entre eux, alors même qu'il venait d'intégrer l'académie. Ce n'était pas la prestance de ces derniers qui l'avait attiré, ni leur supposé puissance. C'était quelque de plus complexe encore qu'il gardait pour lui. Une sensation avant toute chose. Un pressentiment en quelque sorte, comme s'il avait été plus ou moins prédestiné à ce poste. Poussant un soupir, alors qu'il attrapait un cure-dent avec lequel il jouait entre ses doigts, il répondit au Rageux.

- Ah ça, c'est une bonne question... Disons qu'il y a plusieurs raisons. La première ne te surprendra pas : le défi. C'pas la plus importante mais elle a été un moteur pour moi. T'as été comme moi, un vrai guerrier du Rukongai. Bah ça fait quand même bizarre de débouler ici et de voir qu'il y a plein de mecs qui peuvent tenir la distance avec toi. Et quand tu tombes sur ces types en manteau blanc, là tu captes. Moi, ça a été un déclic. Ces mecs étaient respectés juste parce qu'ils avaient un truc sur les épaules. Pas besoin de parler. Les autres étaient comme des dingues. J'ai pas compris toute de suite, bien sûr. Mais j'ai vite deviné que je voulais une place comme celle-là. Mais quelle chance qu'un gars comme moi, considéré comme un simple bourrin déjà à l'époque, puisse prétendre à ça ? Jamais j'aurai été choisi. Jamais.

Et rien ne résistait au colosse. Le respect se gagnait, il n'était jamais dû et c'était cela qui l'avait agacé à l'époque. Ces types étaient généralement sélectionnés par l'élite. Et évidemment, en dehors de la Onzième qui déjà faisait parler d'elle, les autres étaient rangés. Impeccable derrière leur visage souriant, caché par ce manteau si particulier. Tout ce que Shinjirô avait toujours détesté. Et s'il avait d'abord pris la décision de devenir comme eux, c'était précisément pour changer cette image trop parfaite qui finalement ne collait pas à l'image d'un véritable soldat. N'en déplaise à ceux qui officiaient aujourd'hui, ils étaient des guerriers, quelles que soient leur division. Et ça, ils avaient tendance à l'oublier.

- Mais la vraie raison est un peu différente. J'suis un pur produit des quartiers pauvres du Rukongai. Tu le sais. Là où se rendent la majorité des âmes quand elles sont purifiées. Les autres l'oublient. Ils oublient que la véritable mission qui est la leur, c'est de les protéger. Franchement, Reisen. T'en vois beaucoup qui se rendent encore au Rukongai lorsqu'ils deviennent des Shinigamis ? Et les Capitaines sont pareils. Y'a pas d'exception. Presque pas. On ne changera jamais ça. Mais moi, je peux au moins garder un œil sur eux avec la Onzième. Si mes gars sont souvent là-bas, c'pas seulement pour se détendre et boire. C'est aussi qu'ils doivent veiller sur eux. Sans être Capitaine, j'aurai jamais pu les obliger à ça. Tu comprends ? J'oublie pas mes vraies racines, mon pote.

Cessant un instant de jouer avec le morceau de bois, il le plaçait rapidement entre ses dents, mastiquant celui-ci quelques secondes avant de reprendre :

- Toi, pourquoi t'as rejoint la Treizième ? Hum ? Tu l'sais aussi bien que moi que ta place aurait été parmi mes gars. Je juge pas. Mais j'me pose la question.

Au fur et à mesure qu'il écoutait le Kenpachi, Reisen ne pu s'empêcher de se sentir doublé une fois encore. Celui qu'il voulait devancer, dépasser creuser encore le faussé qui les séparait. Il trouvait une résonance dans les mots que son rival utilisait, lui qui fut confronté aux même problèmes il y a longtemps. C'était triste mais Reisen voyait son avenir sombre depuis qu'il furent vaincus au Rukongai et l'ouverture totale de son ainé ne l'aidait en rien. Bien sur au fond il était heureux de savoir qu'au moins UN Capitaine se souciait de ce qui pouvait se passer en dehors du Seireitei mais... Oui, c'est ce pourquoi Kireru cherchait à porter un Haori. Officiellement rien était fait pour protéger ces âmes qui vivaient là bas pour l'éternité, ces êtres qui souffraient après la mort... C'était intolérable et Reisen l'avait vécu tout comme Shinjirô... Comment aurait-il pu savoir qu'ainsi il veillait sur eux ? C'était une droite dans le plexus qu'il se prenait de plein fouet, conscient une fois encore que le chemin était pavé d'embuches. Mais il ne perdait pas espoir, non, car si le Kiryû faisait une chose absolument admirable, ce n'était, au fond, pas assez. Il le savait certainement. Mais tout honnête homme qu'il est sa Division ne peut se charger exclusivement d'une telle tâche tant la surface et les problèmes sont grands là bas.

Il ne dit rien à ses mots, tentant de cacher ce qu'il ressentait quant aux dires du Colosse. Inutile qu'il en ai conscience, les plaintes ne servaient à rien, seuls les actes comptent. Bon, des fois les plaintes valent mieux que les actes, par exemple lorsqu'un Capitaine envoie ses hommes à l'abattoir et qu'un Vice-Capitaine se révolte contre ça... Il avait bien fait, mais il avait oublié son intérêt personnel dans cette histoire, s'il s'était contenu que serait-il advenu du Rukongai ? Il avait bien fait. Il en était sûr. Il acquiesça simplement lorsqu'il eu fini d'expliquer le pourquoi de son rang. Puis vint la question... LA question.

> J'ai pas choisi en fait... Sans Kurobara en fait j'aurais même pas intégré le Gotei. Mon comportement et mes résultats m'ont valu la Treizième, les missions sur Terre sont considérées comme des "punition" comme tu dois le savoir. Donc ouais, j'ai été envoyé ici pour être puni je pense. Une fois en poste j'me suis démarqué et suis devenu Cinquième Siège. Pendant 100 ans à peu près... Le Capitaine Ukitake était quelqu'un de bien mais s'enfermait trop dans le passé je pense, du coup j'ai pas bougé. J'ai demandé plusieurs fois à être muté, mais il refusait à chaque fois sans m'expliquer. Kurobara lui me connaissait déjà, et il m'a donné ma chance. Aujourd'hui je dirige tout ici et j'aime ça.

Voilà qui était fait, il effaçait tout ce qui était trouble aux yeux de Shinjirô.

> Et puis comment je deviendrais Capitaine si j'étais chez toi hein !

Il se mit alors a rire. Bien sûr qu'il savait comment devenir Capitaine à sa place mais aujourd'hui il ne le pouvait pas. Mais surtout ne le voulait pas.

L'un comme l'autre savait quel était le seul moyen d'obtenir la place de Capitaine de la Onzième. Surtout avec lui aux commandes. Une méthode particulière mais qui avait fait maintes fois ses preuves dans le Seireitei. Un combat permettant au plus fort de tirer son épingle du jeu. Une méthode qu'il avait lui-même utilisé pour prendre la tête de son prédécesseur. Quant aux explications concernant la Treizième, elles étaient claires, évidentes, presque logiques. Et en un sens, il avait raison. Même si Reisen avait sa place au sein de la Onzième de par sa force et son caractère, Shinjirô avait déjà sous ses ordres Noboru, son plus vieil ami et sans doute l'un des hommes les plus puissants qu'il ait vu. Si le Kireru l'était aussi, Shinjirô aurait plutôt été à mettre une pièce sur son lieutenant plutôt que sur Reisen. Bien que l'un comme l'autre puissent utiliser le bankai, ce qui en faisait des exceptions dans l'armée du Gotei.

Kurobara... Actuel Capitaine de la Treizième Division qui avait visiblement disparu sur terre. Si personne ne mettait en doute la loyauté de cet homme, Shinjirô s’interrogeait tout de même sur la logique pour un Taishô de ne pas officier à la tête de son unité. Avoir un lieutenant fidèle, c'était une chose. Mais de là à lui confier tous les pouvoirs, voilà quelque chose qu'il ne captait pas. Objectivement parlant, Reisen méritait plus que cet homme de porter le titre de Capitaine. Et ce n'était pas mentir que d'avancer cela. Il ne l'avait que peu côtoyé et au vu de l'impression qu'il lui donnait, le Kiryû préférait ne pas le croiser trop rapidement. Histoire de pas faire de gaffe quoi.

- Pas con... Par contre, de toi à moi, t'as confiance en lui ? Ton Capitaine est partis longtemps. J'dis pas que c'est un traître, hein. Mais avec les merdes qu'on a en ce moment, un capitaine de plus avec nous ce serait pas de refus. J'crois que je lui en toucherai deux mots à ce p'tit gars, histoire qu'il oublie pas le rôle qui est le sien. C'bien mignon de parcourir la terre mais là, on a besoin quoi !

D'un geste, il attrapa le cure-dent qu'il mâchouillait et le jeta négligemment par terre. Pas par manque de respect seulement ce bureau était à ses yeux laissé à l'abandon. Il n'avait donc pas de compte à rendre. Même si le maître des lieux actuel était évidemment Reisen. Bah...

- J'crois que j'ai toutes les infos dont j'avais besoin. Autre chose à me dire avant que je me casse ?

Pouvait-on parler de confiance ? Clairement oui car au delà de la relation Capitaine/Vice-Capitaine Reisen était clairement dans la confidence de tout ce que faisait le Shiba... Mis à part son déplacement soudain sur Terre bien évidemment. Le Kireru avait trouvé ça étrange d'ailleurs, le fait fait qu'il lui parle soudainement d'un "projet" mais comprenait aisément que cela avait un rapport direct avant son départ étant donné qu'il est parti dès le lendemain. C'était un bon Capitaine, il savait faire son devoir et s'occuper de ses hommes malgré tout ce que l'on pourrait croire.

> Bah c'est mon Capitaine... En dehors de ce qui circule sur lui comme rumeurs il fait bien son travail. Après ouais il en met du temps.

Shinjirô s’apprêtait à partir, il avait eu ce qu'il voulait et n'avait donc plus rien à faire ici, crachant son petit bout de bois ce qui venait en rajouter un de plus avec les multiples pinceaux. Alors que le Rageux s’apprêtait à lui dire que tout était bon un papillon de l'enfer pénétra la salle fermée, Reisen reconnut immédiatement le Reiatsu de son second dans ce messager, et alors qu'il était prêt à en écouter le contenu, l'impensable se produisit. Shinjirô le découpa en deux d'un coup de son immense Zanpakutō comme ça d'un coup. Sa lame s'incrusta violemment dans le sol venant délabrer un peu plus se dernier. L'autre ne bougea même tant il était abasourdit par la scène, ne cherchant même pas à demander pourquoi. Après tout, c'était Shinjirô, tout était dit donc.

> HASASHI !

Il hurla le nom du propriétaire de la pauvre bestiole, s'il avait un message à lui faire passer alors qu'il était en réunion avec un Capitaine c'est que c'était un tantinet important. L'homme arriva alors et s'agenouilla après avoir ouvert la porte en saluant le Kenpachi.

> Shiba-Taishō... a disparut. Une ouverture de Dangai a été émise avec sa signature dans les environs de Karakura ce matin. Il n'est jamais arrivé au Seireitei.

Les yeux du Kireru s'écarquillèrent alors, la nouvelle était brute. A l'image du Capitaine Shimura, le Shiba venait de disparaitre dans le passage qui relie les mondes. Pourquoi ? Comment ? Jusqu'ici Reisen avait toujours pu le retrouver via les rapports mais ça... Non, il ne s'y attendait pas.

> Je.. Non c'est bon, tu peux y aller...

Il ne bougeait plus. Il était seul désormais.

Papillon… Papillon ?? PAPILLON !!!!!

Tel fut le cheminement de pensée du colosse alors qu’un de ces fameux messagers pénétrait dans la salle, souhaitant seulement délivrer son contenu comme les autres le faisaient. C’était sans compter sur le Kenpachi qui haïssait par-dessus tout ces petites bestioles de merde. Ne pas être capable de délivrer un message soi-même était le comble pour un Shinigami et il trouvait que l’utilisation de ces choses était contre-nature. Une réaction presque instinctive le prenait lorsqu’il en voyait un, tant et si bien que les papillons avaient été interdit d’accès à la Onzième, afin d’éviter au Capitaine de péter son câble. Et aujourd’hui, Reisen allait être le témoin privilégié du comportement de l’Argenté.

Attrapant Kaimetsu, il ne perdit pas de temps pour exécuter sa basse besogne. Le couperet cueillit la créature en plein vol, sectionnant celle-ci en deux pendant que la lame continuait sa course jusqu’à atteindre –et entailler – le sol du bureau. Un sourire sadique apparut sur son visage alors qu’il observait, heureux, le résultat de son intervention, se doutant cependant que cela lui donnerait l’air d’un fou furieux. Saloperie de papillons !!!

Alors que l’homme appelé apparaissait pour transmettre le contenu de sa missive – fallait bien replacer la bête – Shinjirô remit son arme en place, sachant qu’il allait devoir quitter les lieux. D’une oreille distraite, il perçut toutefois les termes du courrier, comprenant qu’il y avait là encore une chose qui n’arrangeait en rien les affaires du Gotei. Un nouveau capitaine en perdition. Une fois encore, cela affaiblissait les rangs des Shinigamis. Et ça agaçait prodigieusement le colosse.

- Voilà qui change la donne… La nouvelle est certainement déjà arrivée aux oreilles des autres Capitaines mais dans le doute, j’vais me renseigner. J’te laisse digérer la nouvelle, Reisen. Mais tiens-toi prêt. Y’a des chances qu’on te demande sous peu !

Inutile de compatir à sa tristesse, Shinjirô n’était pas un homme faux. Il ne connaissait le Shiba que trop peu pour pleurer sa perte et il ne voyait là qu’un problème : qui gérerait la Treizième ? S’il avait sa petite idée, il se devait tout de même de s’assurer que la nouvelle était transmise à tous. Temps de malheurs pour la Soul Society. Ils se devaient de réagir et vite.

Fin du rp pour moi. Merci coupaings