- Et voilà. Maintenant, au lit tout le monde !

- Naaaaaaaaan !

Ils étaient une dizaine. Une dizaine de petits surdoués déjà shinigamis. Si les autres divisions n’avaient pas voulu d’eux, en particulier la onzième division, j’avais vite fait de sauter sur l’occasion pour les former à ma manière. Tel que les choses s’étaient présentés, ces bambins avaient de grandes chances de finir à la quatrième division, en train d’effectuer des tâches ménagères. Des activités qui n’auraient surement pas contribué à leur évolution. Alors que ces derniers me faisaient des yeux de chiens battus, je fermai le livre de contes que je m’étais amusé à lire, avant de secouer ma tête comme pour leur dire qu’il faisait un peu trop tard pour continuer à veiller. Il était temps pour eux d’aller dormir. Mon entêtement finit par prendre le dessus au bout de quelques minutes. Les gamins avaient fini par sourire, avant de se relever. J’avais ébouriffé l’un d’entre eux avec le sourire aux lèvres. Ils me rendirent mes attentions avec des bisous et des câlins affectueux. Un instant que j’appréciais réellement, tant j’adorais ces enfants. J’aurais même aimé qu’ils soient les miens, mais un tel bonheur ne saurait tarder vu ma proximité avec ma fiancée. Encore un peu et ça allait être bon, parce qu’à mon âge un peu trop avancé, il le fallait bien.

- Passez une bonne nuit !

- Vous aussi Himesaki-sama !!!

Et ils s’en allèrent tous dans leurs dortoirs, avec le sourire aux lèvres. J’aurai voulu aller les coucher moi-même, mais l’une des sièges de ma division s’en occupait déjà avec tendresse et amour. Tranquillement assis sur la terrasse de mes quartiers, j’eus un regard vers les alentours où les veilleurs de nuit passaient çà et là, avant d’avoir un sourire. La septième division était l’une des plus reposantes et des plus discrètes du Seireitei. Elle constituait aussi l’une des forces majeures de notre armée, vu qu’elle avait deux gradés à sa tête. Deux gradés honorables. J’eus un léger sourire, avant de fouiller dans mon shihakusho, là même où je retrouvai un kiseru ; pipe traditionnelle que ma fiancée aurait préféré voir dans ma poubelle. Je n’avais pas voulu l’allumer devant les mômes à qui j’avais conté ma légende, mais maintenant qu’ils n’étaient plus là, je pouvais bien me le permettre. Cette mauvaise habitude datait de mes déboires dans le fin fond du Rukongai. Depuis, je n’avais pas pu me départir de celle-ci, pour ne pas dire que je m’y complaisais même. Un besoin quotidien qui me suivrait jusqu’à ma mort, très certainement. Et c’est justement sur cette pensée que je l’allumai, avant d’en tirer la première taffe, tout en souriant béatement.

Lorsque j’expirai lentement, une bouffée de fumée parfumée envahit doucement l’endroit où j’étais tranquillement assis. Des volutes se formèrent, s’éparpillèrent un peu partout, avant de se volatiliser. Une scène magique, surtout sous un clair de lune magnifique. J’y posai un instant mes yeux, d’un air un peu rêveur. Les nuits calmes sur notre territoire étaient vraiment reposantes. Je me demandais parfois si nous avions vraiment besoin de veilleurs, mais en me rappelant de ce qui s’était passé dernièrement au Rukongai, j’en vins à me dire que je ne pouvais pas me permettre d’être négligent. Je tirai une deuxième taffe de ma pipe, avant de bien couvrir mes pieds contre les moustiques qui voletaient ici et là, malgré les senteurs de l’encens que j’avais allumé depuis mes quartiers. On pouvait dire que c’était la seule fausse note de la soirée… Ou pas finalement… Vu que celle que j’aimais tant n'était pas à mes côtés. D’ailleurs, je me demandais un peu ce qu’elle pouvait faire à l’heure actuelle, vu que nos dossiers étaient bouclés. J’avais également rangé mon bordel, Peut-être était-elle tranquille à lire un bouquin dans sa chambre. J’avais envie d’aller la voir, mais j’étais tellement bien dans mon coin que je préférai remettre cette initiative à plus tard.

Une nuit, une si belle nuit ... Un léger vent, juste pour rafraîchir les environs, et c'était le temps idéal pour une ballade nocturne. Encore une dirons-nous. Parce qu'il ne passait pas un jour, ou plutôt, une nuit, sans que Yoshiko n'en vienne à quitter momentanément ses quartiers pour une petite ballade. Marcher, ça lui détentait les nerfs. Et ça lui permettait de regagner une certaine sérenité qu'elle avait perdu, dirons-nous. Pourquoi donc ? Et bien, il fallait dire que leur dernière discussion l'avait pas mal travaillée. Elle repensait souvent à ce que Tōjō lui avait dit lors de ce déjeuner. Elle repensait à ses mots, à son expression, la manière dont il s'était tenu, et tout un tas d'autres choses. Et elle en était parvenue à la conclusion que ... Et bien ... qu'il était plus que sérieux et que c'était loin d'être des paroles en l'air. Et fallait dire que ça travaillait notre jolie brune. Parce qu'elle continuait à se poser des questions. Peut-être des questions débiles, parce que tout ça, ce n'était que de la peur, la peur de l'échec. Mais elle se les posait tout de même. En même temps, elle s'était doutée qu'une telle discussion finirait par arriver un jour ou l'autre. Elle s'était juste ... Et bien, elle s'était juste dit que ça arriverait bien plus tard. Mais elle s'était trompée.

Voilà pourquoi elle était dehors. Quand elle marchait, Yoshiko avait la sensation d'être libre. Libre de ses pensées, libre de ses mouvements. Non, elle n'irait pas dire qu'elle étouffait au sein du Seireitei ou bien au sein de sa Division. Tōjō lui laissait une grande liberté. C'était même elle qui le harcelait sans cesse pour qu'il bosse un peu -chose qu'il faisait-. Mais ces promenades, c'était d'un autre cadre. Et ça lui faisait du bien. Les mains dans le dos, Yoshiko avait fini par sortir de sa forêt et déjà, le calme semblait avoir laissé sa place à une certaine agitation. Quoi de plus normal ? Elle était aux abords du Rukongaï. Et à cette heure-ci, les âmes étaient loin d'avoir rejoint leur lit. Hormis pour les plus jeunes qui avaient besoin de sommeil. On aurait presque pu dire ... et bien, que jamais rien ne s'était produit. Que le Seireitei n'avait jamais subi d'attaques. Yoshiko écoutait de la musique, des gens qui riaient. Signe que tout allait bien, non ? Mais elle se doutait que ça ne durerait pas longtemps. Un jour ou l'autre, une nouvelle guerre serait déclarée. Contre qui ? Ca, elle l'ignorait. Mais elle espérait que ça n'arrive pas trop tôt.

La brune poussa un soupir. Il était temps. Temps de rentrer et d'aller dormir. Enfin, si elle y arrivait. Son sommeil était perturbé. A cause de Tōjō. La recommander pour être Capitaine ... Elle ne savait pas si c'était folie ou bien s'il voyait en elle quelque chose qu'elle-même ne voyait pas en ce moment. Si ça se trouvait, tout irait bien. Peut-être ferait-elle une bonne Capitaine, à l'écoute de ses membres, gentille et tout le tralala. Et comme lui avait si bien dit Tenzen, tant mieux si elle n'était pas un bourrin qui fonçait tête baissée sans réfléchir. Parce que pour gagner une guerre, il fallait des deux. Des personnes qui fonçaient, et d'autres qui établissaient des stratagèmes. Le truc, c'était qu'ils allaient bien ensemble, Tōjō et elle. Dans le sens où, et bien, il était les muscles, et elle la tête. D'où le fait qu'elle craignait une séparation. Aurait-elle un Lieutenant sur lequel elle pourrait compter ? Quelqu'un avec qui elle s'entendrait aussi bien qu'avec Tōjō ? Retrouverait-elle cela ? Elle en doutait. Et c'était sans doute ça qui lui faisait le plus peur. Parce que travailler avec des gens qui n'étaient pas fiables, des gens sur lesquels on ne peut pas compter, ce n'était pas une bonne chose. Yoshiko poussa un énième soupir. Elle pensait trop à ça. Et il était peut-être temps de passer à autre chose. Ou plutôt, d'accepter le fait qu'elle avait peut-être les épaules pour et qu'elle devait arrêter de flipper pour un rien. Ouais, elle devait faire ça.

Secouant la tête, elle finit par traverser tout le Rukongaï et se rapprocher, petit à petit, des quartiers de sa Division. Elle leva le nez à plusieurs reprises en direction du ciel avant de s'arrêter finalement. Tōjō était là, dehors. En train de fumer sa pipe. Oh, combien de fois la belle lui avait fait des réprimandes sur le sujet. Et il ne l'écoutait pas. Monsieur faisait la sourde oreille. Mais elle ne le changerait pas, pour sûr. "Belle nuit pour se promener, tu ne trouves pas ?" avait-elle dit en penchant sur la tête. Elle avait fini par le rejoindre et s'asseoir à ses côtés. Elle avait posé sa tête contre son épaule. "Il faudrait que tu me reparles ... de l'autre jour." Elle marqua une pause. Elle se doutait qu'il sache de quoi elle voulait parler. "Tu sais ... Du fait que tu veuilles me recommander comme Capitaine." De quoi d'autre aurait-elle voulu parler d'ailleurs ? Il y avait beaucoup de choses qu'elle voudrait évoquer. Mais ça, c'était ce qu'elle avait sur le coeur dans l'immédiat. "Et tu sais ... Ca me terrifie ..." Mais ça, il le savait déjà.

Du réconfort ... C'était ce dont Yoshiko avait besoin. Elle avait besoin d'être rassurée, qu'on lui dise que tout irait bien et qu'elle n'avait pas besoin de s'inquiéter autant. Et qui d'autre que Tōjō pouvait remplir ce rôle ? Personne à dire vrai. Yoshiko avait encore en tête ses discussions avec Tenzen ou bien Shinjirô. Elle devait prendre de l'assurance, elle devait se montrer sûre d'elle. Elle devait se mêler aux autres. Tant de choses que la jeune femme n'avait pas l'habitude. Elle devait changer, elle le savait. Mais y arriverait-elle ? Elle ne savait pas. Enfin, comme on le dit si souvent, qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas ? En tout cas, elle était bien, là, contre lui. la présence de Tōjō l'apaisait. Peut-être qu'elle aurait dû venir le voir directement et elle se serait posée moins de questions. Trop tard pour revenir en arrière de toute manière. Tout sourire, il avait tourné la tête vers elle, avait passé un bras autour de sa taille et l'avait rapprochée de lui au maximum, avant de lui dire qu'il avait envie de lui faire l'amour. Yoshiko resta bouche bée durant quelques instants. A dire vrai, elle ne s'attendait pas réellement à cela. "Hmmm ... Tōjō ... Enfin ..." Ok, d'accord, c'était une bonne solution pour penser à autre chose que ses tracas. Elle n'irait pas dire qu'un tel procédé ... Et bien, elle n'irait pas jusqu'à dire qu'elle refusait. Mais disons qu'elle ne s'attendait pas réellement à cela. Et pas le temps d'argumenter ou de contre argumenter parce que son Capitaine s'était rapproché d'elle et qu'il avait fini par capturer ses lèvres. Alors qu'ils étaient là, sur la terrasse, et que n'importe qui pouvait les voir ... A dire vrai ... elle s'en foutait ... Elle s'en fichait bien. Qu'on les voit ensemble, et qu'importe. Ce n'était pas important. De toute manière, Yoshiko savait que certains étaient déjà au courant de leur relation. Donc, ce n'était plus réellement une surprise et une passion secrète.

Yoshiko se retrouva carrément allongée sur le sol de la terrasse, emprisonnée par la puissante étreinte de Tōjō. Seulement, cela ne dura guère longtemps. Parce qu'après quelques baisers et quelques mains ici ou là, il avait fini par se redresser, non sans lui voler un dernier baiser, et se réinstaller sur son fessier, avant de la prendre dans ses bras et de la tenir contre lui. "Hmmm ... C'est un curieux retournement de situation je dois dire." Parce que généralement, quand Tōjō était sur sa lancée, et bien, c'était difficile de le retenir ou bien qu'il fasse marche arrière. Qu'est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête ? Avait-il eu peur que Yoshiko ne se donne pas totalement à lui du fait que ... Et bien, qu'elle avait l'esprit un peu ailleurs ces temps-ci ? En tout cas, ce que pouvait en dire la brune, c'était qu'elle appréciait. Elle-même, effectivement, pensait que ce n'était pas le meilleur moment. Peut-être après, une fois qu'ils auraient eu leur petite discussion. A ce moment, oui, l'un comme l'autre serait un peu plus libéré. Enfin, surtout Yoshiko qui se sentirait bien mieux.

Tōjō en vint à émettre une hypothèse. Selon lui, si elle était effrayée, c'était parce qu'elle avait envie de passer le test. Elle eut un haussement des épaules. "Pas vraiment à dire vrai ... A moins que ça ne soit une peur complètement irraisonnée ou que je me fais des idées. Je ne sais pas trop." A dire vrai, elle avait tellement de sentiments qui se bousculaient dans sa tête qu'elle ne savait pas réellement ce qu'elle ressentait. La peur ? Et bien, oui, elle avait peur. Mais peur de quoi ? De réussir et d'y arriver ? Ou bien de se ramasser ? Peut-être un peu des deux. Tōjō en vint à lui dire que lui-même avait eu la trouille au départ mais que ça s'était bien passé. Pour preuve, puisqu'il était Capitaine. Ils rentrèrent à l'intérieur. Ou plutôt, c'était Tōjō qui avait décidé qu'ils allaient rentrer puisqu'elle n'était plus vraiment libre de ses mouvements. Parfois, elle avait l'impression d'être une poupée géante. Mais ce n'était pas vraiment pour lui déplaire. Ca aurait été le cas, elle le lui aurait dit. Mais non. Il revint auprès d'elle après avoir récupéré de quoi boire du thé. A cette heure de la nuit, ce n'était peut-être pas vraiment un thé dont elle aurait eu besoin. Et elle n'aurait pas dit non à un verre de saké ou deux. Histoire ... de décompresser un peu. Oui, bon, elle savait très bien que l'alcool n'arrangeait pas les choses mais elle avait besoin de se libérer l'esprit et de penser à autre chose qu'à tout ça.

Se collant de nouveau à elle, le géant en vint à lui parler brièvement du test. Du fait qu'elle devrait uniquement faire joujou avec son Bankaï -faudrait, sans doute, qu'elle se limite un peu, afin de ne pas trop "refroidir" l’atmosphère- et un test de la personnalité. Et selon lui, du fait qu'elle avait certains attributs et qu'elle était plutôt jolie, elle ne risquait pas à ce qu'on lui pose beaucoup de questions. Du moins, de la part de Shunsui. Oh, il était vrai que lui aussi avec le regard qui, comment dire ... s'arrêtait à une certaine hauteur, surtout quand il regardait une femme. Et elle eut un sourire quand Tōjō lui en parla. "Tous ne sont pas comme le Capitaine Commandant. Et j'aurais sans doute des comptes à rendre." Enfin, ce n'était pas réellement ça qu'elle craignait le plus. C'était peut-être, ce qu'elle craignait le plus, par rapport à ce que Tenzen lui avait dit, et que lui aussi voulait voir de quoi elle était capable mais en dehors du Seireitei. "C'est pas tant le test que je crains ... Enfin, si, peut-être un peu inconsciemment. Mais c'est l'après je crois ... Je sais que tu as confiance en moi et en mes capacités. Seulement, je devrais tout recommencer, dans une autre division. Et trouver quelqu'un qui pourrait m'épauler aussi bien que je le fais pour toi. Enfin, je sais qu'actuellement, c'est le Lieutenant Abarai Renji qui est en charge de la Cinquième ..." Parce que ce qu'il lui avait dit n'était pas tombé dans l'oreille d'une sourde. "Je n'ai rien contre lui, mais ... je ne sais pas si nos caractères seront compatibles." Elle roula légèrement des yeux après avoir porté sa tasse de thé à ses lèvres. "Quoi qu'à bien y penser, au départ, on n'avait pas vraiment des caractères compatibles." avait-elle dit dans un autre sourire. "Enfin, si ça se trouve, je me fais du souci pour rien." C'était tout elle ça. S'inquiéter alors qu'il n'y avait pas lieu d'être. Arrêterait-elle de s'inquiéter pour un rien un jour ? Sans doute que non. C'était dans sa nature. Et comme elle le disait si souvent ces derniers temps, mieux vaut prévenir que guérir, n'est-il pas ?

Yoshiko savait très bien que de nombreuses Divisions étaient sans haut gradés et que justement, et bien, c'était ... pénible. Dans le sens où les hommes desdites Divisions étaient sans chefs, qu'ils ne savaient pas vers qui se tourner en cas de besoin et qu'ils étaient livrés à eux même. Et Yoshiko, bien sûr, elle aimerait pouvoir faire quelque chose pour eux. Parce qu'elle avait la main sur le coeur, et parce qu'elle essayait de faire son possible pour aider les autres. Du moins, si elle le pouvait. Et si elle pouvait aider une Division à se remettre d'aplomb, comme elle l'avait fait en aidant Tōjō, et bien, pourquoi pas à dire vrai ? Seulement, bien sûr, elle faisait son maximum pour peser le pour et le contre de chacune de ses décisions. Et cette décision était importante. Elle allait déterminer tout son avenir au sein du Seireitei. Et elle devait ... Elle ne devait plus tergiverser. Il était temps ... Temps pour elle de prendre une décision. Bonne ou mauvaise ? Elle n'aurait su le dire à dire vrai. Sans doute que Yoshiko aurait bien l'occasion d'y réfléchir. Sur une pointe d'humour, Tōjō en vint à lui dire qu'elle n'avait pas envie de le quitter et que c'était pour cela qu'elle prenait autant de temps pour y réfléchir. "Oh, vraiment ?" avait-elle dit en tournant la tête vers lui. "Si je me remémore des mots exacts de ton cher ami de la Onzième Division, je cite "Tu ne vas quand même pas rester accrochée aux basques de Tōjō éternellement." Hors contexte, des mots qui pourraient être durs. Mais qui ont fait me rendre compte qu'effectivement on ne pourra pas toujours être ensemble. Enfin, en tant que coéquipiers." Et pas en tant que couple. Parce qu'elle avait l'impression que eux deux, c'était du solide. Ils avaient mis du temps à se trouver et elle ne comptait pas le laisser filer. Pas tout de suite du moins. Jamais si on lui laissait le choix. "Ca ne sera pas facile ... Si jamais ... j'accède à ce siège et ce haori, on ne pourra plus se voir autant qu'avant ... Parce que remettre une Division sur pied ... Tu sais que ce n'est pas évident. Et que j'aurais, dès lors, beaucoup de travail. Et que tu ne pourras plus, non plus, te reposer sur un Lieutenant compréhensif et qui te boostait quand tu en avais besoin."

En parler avec Tōjō, c'était étrange. Dans le sens où, et bien, ça rendait la chose plus réelle. Avait-elle des projets pour sa future Division ? Et bien, dirons-nous ... que oui, effectivement. Déjà, tenter de connaître ses futurs hommes, les personnes en qui elle pourrait avoir confiance et celles qui seraient un peu récalcitrantes. Se trouver un bras droit qui la suivrait, qui la conseillerait si besoin est et d'autres choses de ce genre. Ca serait sans doute ça le plus urgent. Un bras droit. Quelqu'un qui l'écouterait, quelqu'un qui la complémenterait si besoin était. Non, elle ne cherchait pas quelqu'un qui ressemblait en tout point à Tōjō. Il était unique. Et elle savait qu'elle ne pourrait jamais le remplacer ou bien trouver quelqu'un qui lui ressemblait. Impossible. Elle n'aurait, sans doute, jamais la même relation avec son propre Lieutenant mais bon, elle finirait, nul doute là dessus, par trouver quelqu'un avec qui elle s'entendrait bien. "Je sais, je sais que tu ne me forces pas. Tu me presses juste pour que je prenne une décision et je sais que c'est normal. Parce que l'indécision, et bien, ce n'est pas la meilleure des choses possibles. Et surtout en ces heures sombres, je ne peux pas me permettre, non plus, d'y réfléchir encore pendant des lustres." Ca ne serait pas bien. Dans le sens où elle n'avait clairement pas le luxe de le faire. Sa décision devait être rapide. Pour son bien, le bien de tous aussi d'ailleurs. Le bien de sa future Division et du Gotei 13 aussi.

Yoshiko en vint à se coller tout au fond du pouf, sa tasse de thé entre ses mains. Cette tasse de thé n'avait pas la même ... comment dire ... Et bien, disons qu'habituellement, le thé, ça l'apaisait. Mais là, c'était loin d'avoir cet effet. Peut-être parce qu'elle se posait bien trop de questions. Elle n'aurait su le dire. Sans doute que la belle brune finirait par retrouver son calme et sa sérenité quand toute cette histoire serait terminée. Oui, nul doute là dessus. Voilà pourquoi il était temps, pour Yoshiko, de prendre sa décision et de la lui dire. Un "Alors" la fit tirer de ses pensées. Apparemment, Tōjō s'inquiétait un peu de la réponse. Enfin, il cherchait à connaître sa décision, ce qui était bien normal. Une semaine qu'elle y réfléchissait, même plus encore puisqu'elle avait eu la visite de Tenzen bien avant son déjeuner avec Tōjō et cette discussion. Yoshiko en vint à poser sa tasse de thé sur la petite table qui était face à elle. "Et bien ... Je crois que j'ai finalement pris ma décision." Enfin, elle était sûre d'une chose : elle n'allait pas changer d'avis. C'était fini. Ca lui faisait toujours autant peur, certes, mais bon, mieux valait-il qu'elle affronte cette peur maintenant que plus tard. "Si tu crois que je peux apporter quelque chose au Seireitei et à notre armée, et bien ... je crois que je suis prête à faire le saut et à tenter ma chance." Et voilà, c'était dit. "Ouh ... Ca fait bizarre de l'avoir dit tout haut." Etait-elle soulagée d'un point ? Est-ce que ça allait mieux pour elle ? Et bien, sans doute qu'elle allait pouvoir dormir un peu mieux les nuits, maintenant qu'elle avait rendu son verdict.

Yoshiko était ... comment dire ... Quelque peu perturbée par la réponse qu'elle venait de donner à Tōjō. A dire vrai, comme elle venait de le lui dire, elle trouvait ça étrange d'avoir dit ça tout haut. Mais en même temps, elle avait l'impression de se sentir ... plus légère. Comme si ... Comme si cette décision l'avait libérée d'un terrible poids, comme si tout irait mieux à présent. Enfin, non, elle savait que ça n'irait pas mieux, dans le sens où elle aurait encore les tests à passer et qu'elle devrait convaincre les autres. Néanmoins, elle ne se tracasserait plus et ne chercherait plus à savoir si c'était une bonne ou une mauvaise idée. Elle dormirait correctement, arrêterait de se poser des questions stupides et arrêterait, aussi, par la même occasion, d'embêter Tōjō toutes les cinq secondes parce qu'elle avait des questions sur ci ou ça. Ce qui lui manquerait, sans doute, le plus, c'était sa relation avec lui. Parce que ... Ils vivaient pratiquement ensemble, bossaient ensemble, dans les mêmes quartiers, dans la même Division. Mais si elle réussissait, elle allait s'en aller. Elle allait rejoindre une nouvelle Division, et ils auraient moins le temps pour se voir. Sans doute ... Sans doute qu'ils finiraient par trouver une solution à ce petit problème. Ils le devaient d'ailleurs. Parce que si elle était là, aujourd'hui, c'était bien grâce à lui. Parce qu'il s'était décarcassé pour venir la chercher sur Terre. Et parce qu'il avait su mettre du sien pour la convaincre. Et Yoshiko ne pouvait, tout simplement pas, le rayer de sa vie, comme ça, d'un claquement de doigt.

Quoi qu'il en soit, si ça faisait bizarre à la belle brune d'avoir donné, finalement, sa réponse, Tōjō en fut très étonné par la même. Dans le sens où il ne devait pas s'attendre à ce qu'elle accepte. Pour preuve, la petite tasse qu'il avait entre les mains ... avait fini par s'écraser au sol. Yoshiko avait tourné la tête en direction de son homme, se demandant bien ce qu'il se passait dans sa petite tête. Sans doute qu'il était surpris et en même temps heureux qu'elle rende, finalement, une réponse positive. D'ailleurs, il n'hésita pas à le lui dire et se rapprocha d'elle pour un énorme câlin. "Et bien ... Je ne m'attendais pas à ce que ça te fasse autant plaisir." Enfin, elle se doutait qu'il serait heureux pour elle, mais à ce point ... Ca cachait peut-être quelque chose. Si ça se trouvait, Tōjō était heureux de se débarrasser d'elle ... Nan, elle savait que c'était faux. M'enfin, elle ne le connaîtrait pas aussi bien, elle pourrait dire qu'il y avait anguille sous roche. Tōjō avait envie de lui offrir quelque chose. Mais Yoshiko secoua la tête. "Tu n'as pas à le faire Tōjō. Je n'ai pas besoin de cadeaux. La seule chose dont j'ai besoin, c'est toi. Et rien d'autre." Besoin qu'il l'épaule, besoin qu'il soit là auprès d'elle si jamais besoin était, besoin qu'il la réconforte si jamais elle sombrait dans la déprime. Que ferait-elle d'un présent ? Bon, après, il était vrai que tout dépendait, un peu, de ce qu'il voulait lui offrir mais avec lui, parfois, elle pouvait s'attendre au pire.

Avec un sourire, et tel un félin, Tōjō bisoutait la jeune femme. Et apparemment, il avait envie de revenir sur sa lancée. Et s'amuser, un peu, avec sa belle. Qui ne dirait pas non du fait qu'à présent, elle avait l'esprit plus libéré et qu'elle se sentait bien mieux qu'il y avait une heure de cela -enfin, moins- quand elle était venue le rejoindre. Un poids venait de s'enlever de ses épaules et elle se sentait bien mieux. Après une énième embrassade, Tōjō avait pris soin de l'emmener jusque dans sa chambre et de reprendre, effectivement, là où il s'était arrêté. Il était même sur le point d'enlever son Shihakusho. Seulement, c'était sans compter sur des cris à l'extérieur. Poussant un soupir fortement ennuyé, il s'était éloigné de Yoshiko et s'était rapproché de la fenêtre, criant à tue-tête afin de savoir ce qui était en train de se passer. La belle brune s'était redressée, à son tour, et elle s'était approchée de la fenêtre, elle aussi, histoire de voir de quoi il en retournait réellement. Et tant pis son on se posait des questions quant à sa présence dans les quartiers de Tōjō. Elle s'en fichait bien. De toute manière, ce n'était pratiquement plus un secret pour personne. "Cherches-tu à réveiller tout le Seireitei ?" lui avait-elle demandé en lui donnant un léger coup de coude. Elle tourna la tête en direction de la foule, cherchant du regard les différents protagonistes qui étaient dans le coup. Elle en reconnut quelques uns, des Shinigami qui aimaient bien rire et qui ne loupaient jamais une petite blague. Seulement, ça n'avait pas l'air d'être une farce. Dans le sens où elle voyait de la fumée qui s'échappait. Et une odeur ... de brûlé. "Tu sens ça Tōjō ?" On aurait dit ... Elle ne savait pas trop mais ça ne présageait rien de bon. Peut-être des Shinigami qui avaient décidé de s'entraîner à quelques techniques et qui avaient foiré. "Regarde là-bas." Elle pointa une direction du doigt, là où la fumée se dégageait. "Y'a peut-être des blessés." Sans doute que ça devait être le cas d'ailleurs. Yoshiko posa une main sur l'épaule de Tōjō. "Faut qu'on aille voir ça ... Et qu'on remette nos petites galipettes à plus tard." Elle entendait déjà les soupirs d'ennuis de son Capitaine et le fait qu'il allait tout faire pour la convaincre de ne pas sauter par la fenêtre et de ne pas aller voir ce qui venait de se passer. Mais c'était sans compter sur une Yoshiko qui ne lui avait pas vraiment laissé le temps de contrargumenter.

- Non ! Non ! Non ! Je veux… Je veux pas !!! AOKIJIIIIII !

La situation était grave. Mais grave de chez grave quoi. Le simple fait que je l’appelle par un autre de ses patronymes voulait tout dire. J’étais vénère ! Après avoir subi le stress de sa décision, me voilà face à un problème qui semblait secouer soudainement ma division. Oui d’accord ! Je suis le capitaine et je me dois de réagir correctement, d’aller m’enquérir de la situation, et d’aller au secours des gens. Mais pourquoi est-ce que cette PUTAIN d’incendie s’était déclarée tout juste maintenant, hein ?! POURQUOI ?! Telle était la question que je me posais encore, les doigts crispés sur le rebord de ma fenêtre. Fenêtre qui venait d’être enjambée par ma femme d’ailleurs. Autant dire qu’elle n’avait pas froid aux yeux la Miloë. Le courage qu’elle montrait là, et la détermination que j’avais pu voir dans ses yeux l’espace d’une seconde, me prouvaient qu’elle avait l’étoffe d’une future dirigeante de division. C’était indéniable, elle était taillée pour. Si j’eus un sourire, j’eus par la suite un gros soupir. Du genre profondément ennuyé. J’avais non seulement la trique, mais aussi un élan de paresse. Finalement, j’avais envie de lui déléguer la tâche à elle toute seule, mais cette SORCIÈRE était capable de faire la grève du sexe. Z’imagineriez pas la catastrophe…

Je marmonnai quelques petits mots orduriers à l’égard du destin qui m’empêchait de m’épanouir ce soir, bien avant que quelques autres soldats ne crient enfin mon nom en m’observant depuis l’extérieur d’un air sérieux. La mine froissée que je décrivis, ainsi que le gros nerf qui se mit à palpiter nerveusement sur ma tempe firent vite de tempérer leur ardeur, alors que tous effectuèrent soudainement un mouvement de recul. Autant je pouvais être cool de nature, autant je pouvais également me révéler terrifiant. Je n’étais peut être pas partisan de la violence gratuite, mais presque tous dans ma division savaient d’où je venais : La onzième, célèbre pour ses barbares en tout genre. D’ailleurs, j’avais été le premier Himesaki à la quitter, c’est vous dire. Puis finalement, je vins à me résigner lorsque l’odeur de brulé s’accentua et que la fumée lointaine gagnait en ampleur et en hauteur. Les galipettes nocturnes que je me faisais une joie d’effectuer allaient devoir attendre, effectivement. En un seul mouvement, j’imitai Yoshiko et sautai par la fenêtre avant de me réceptionner au sol dans un gros fracas, la terre cédant légèrement sous ma forte carrure. Puis je me mis à courir comme un dératé dans les couloirs de la septième avec quelques sièges derrière moi…

- Qu’est-ce qui se passe exactement là-bas ?!

- C’est que…

- Réponds vite, Kenichi, fais pas ta mijaurée !!!

- Votre champ de thé, Himesaki-sama…

J’avais automatiquement freiné ma course, la mine complètement pantoise. Deux des shinigamis qui couraient derrière moi se heurtèrent à mon dos comme on se heurte à un mur avant de tomber au sol. Les autres s’arrêtèrent aussitôt de sprinter, eux aussi. Il se passa un moment où il n’y eut aucun bruit, là où nous étions. Ma soudaine immobilisation stupéfia tout le monde. Puis, lentement, je tournai ma tête vers le cinquième siège Kenichi, un rictus aux lèvres et le visage déformé par la colère. Une aura complètement morbide m’entoura soudainement, avant que je remue doucement mes lèvres : « Qu’est-ce que tu viens de dire… ? » Rebelote : Les membres qui me suivaient eurent un autre mouvement de recul, tandis que mes yeux devenaient vitreux à mesure que mon aura mortelle envahissait le coin. Le pauvre Kenichi, lui, balbutiait tout un tas de mots sans pouvoir aligner une phrase correcte. « MON CHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAMMMP !!!!!! » Ma voix criarde engendra une violente bourrasque qui envoya valser mes hommes un peu partout. L’instant d’après, je speedais entre les ruelles et couloir, tout droit en direction du lieu de la catastrophe. Endroit que j’atteignis deux minutes plus tard seulement, en constatant l’étendue des dégâts. Putain de bordel de merde…

- NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONN !!!!!

- Himesaki-Taisho, Sakura et Kawada sont prisonniers des flammes !

- Aokiji, occupe-toi des flammes !!! Je vais récupérer les deux autres !!

Là, il y avait effectivement plus urgent que les flammes qui dévastaient mon pauvre champ de thé que je bichonnais pourtant avec amour et passion. Tout le monde le savait ici, que j’aimais ce hobby quand j’avais rien à foutre. Et tout le monde savait aussi qu’il ne fallait en aucun cas approcher ce champ. C’était en quelque sorte la prunelle de mes yeux, le lieu sacré et inviolable de la septième ! Yoshiko pouvait calmer le jeu avec son zanpakutoh, mais je n’avais pas le temps de l’attendre. Sakura et Kawada étaient encore des gamins qui n’avaient même pas encore atteint le shikai, c’est vous dire. L’un de mes sièges eut la présence d’esprit de m’apporter un seau d’eau que je déversai sur mon corps, avant d’activer mon shikai d’un seul murmure. Le procédé me munit d’une hallebarde géante que je maniai d’un tour de bras, avant de dégager les flammes devant moi pour me frayer un chemin temporaire. Juste après, je m’étais engagé dans ce qui était mon champ auparavant. Il ne me fallut pas plus de cinq minutes pour les retrouver coincés et terrifiés au beau milieu de cet immense incendie. J’utilisai alors mon haori pour les couvrir, avant de les prendre dans mes bras et les sortir de là deux minutes plus tard. C’est à ce moment précis qu’il eut une explosion minime.


Yoshiko n’avait plus qu’à jouer de sa partition.

Ni une, ni deux, Yoshiko avait sauté par la fenêtre de Tōjō. Parce qu'elle était curieuse, mais aussi inquiète. Parce qu'elle ne savait pas ce qui venait de se passer et parce qu'elle avait besoin de voir de ses propres yeux le comment du pourquoi de tout ce ramdam. Bien évidemment, elle se doutait que Tōjō n'allait pas apprécier ce départ précipité. D'ailleurs, elle l'entendit hurler, en haut de ses appartements, et scander son nom, comme s'il lui demandait de revenir auprès de lui. La brune tourna la tête en direction des appartements de Tōjō pour voir une jolie grimace sur le visage de son Capitaine. Un air dépité. Mais elle n'y pouvait rien. Après tout, des gens, leurs hommes avaient besoin d'eux. Ils ne pouvaient pas se permettre de les ignorer et de continuer leurs petites galipettes comme si de rien n'était.

Au sol, ainsi, Yoshiko s'était approchée du petit groupe qui n'était pas loin de la fenêtre de Tōjō. Enfin, ceux qu'elle avait pu voir depuis là-haut. "Que diable se passe-t-il ?" Les différents hommes -et femmes, mais disons qu'on regroupe tout sous un même nom- se regardèrent les uns les autres, sans trop savoir quoi dire. "Auriez-vous perdu votre langue ?" demanda-t-elle en penchant la tête sur le côté. Ca lui donnait ce petit air mignon qui faisait tant craquer Tōjō. Mais pas seulement ce dernier puisque d'autres craquaient aussi, mais aucun n'avait le droit d'en profiter. Enfin, hormis le grand Capitaine. Mais ça, c'était autre chose, n'est-ce pas ? "Allons, dites-moi ce que vous avez et parlez sans crainte." Les Shinigami se regardèrent à nouveau. Apparemment, ça devait être grave pour qu'ils mettent autant de temps à répondre. "Une mauvaise blague ... Nous ne pensions pas que ça prendrait de telles proportions. Et ... il y a eu une explosion et le feu ..." Ca, elle aurait pu le deviner qu'il y avait le feu. Mais Yoshiko n'attendit pas plus longtemps. Parce que s'il y avait le feu -qu'elle sentait déjà depuis quelques minutes-, ce n'était plus l'heure d'attendre. Mais d'agir. Parce que le feu pouvait très vite se propager. Et que ce n'était pas ce qu'elle voulait à dire vrai. Non, tout ce qu'elle désirait, c'était le circonscrire, et le plus rapidement possible. L'éteindre avant qu'il ne fasse des dégâts ou bien des blessés. Parce que ça, Yoshiko s'en voudrait pendant quelques temps, pour sûr.

Bien vite, elle se retrouva devant le champ de thé. Et elle vit les flammes qui se répandaient, petit à petit. Elle secoua légèrement la tête. "Tōjō va péter un câble quand il va voir ça ..." Son champ de thé, c'était ... et bien, c'était son petit bijou, si on pouvait dire ça comme ça. Il était pire qu'un ... comment dire ... Et bien, par analogie, il était pire qu'un cultivateur de champ de cannabis. Il y tenait beaucoup et s'y rendait souvent. Y'avait même des fois où Yoshiko l'avait carrément perdu de vue. Et quand c'était le cas, elle le retrouvait, parfois, dans son champ de thé. Yoshiko tourna la tête. Elle venait de sentir la présence de Tōjō. D'ailleurs, il était à côté d'elle. Et il tirait une tronche ... d'un kilomètre de long à dire vrai. Comme si on venait de lui faire une mauvaise farce, ou quelque chose dans le genre. Sauf que c'était loin d'être une farce, mais une véritable galère, pour sûr. Ni une, ni deux, il donna ses ordres avant de se lancer dans le feu. Quand elle se promenait, les soirs, comme ça, la plupart du temps, Yoshiko ne prenait pas la peine de prendre son Zanpakutoh. Qu'aurait-elle eu à craindre ? C'était ce qu'elle se répétait bien souvent. Mais ce soir là, la chance avait été de son côté, si on peut dire ça comme ça, puisqu'elle l'avait amené avec elle. Une chance. Une réelle chance, pour sûr. "Reculez ... Parce qu'il va faire froid ... Très froid même." Yoshiko avait posé la main sur la garde de son Zanpakutoh et elle l'avait dégainé. A peine avait-elle dit ces mots que l'air, déjà, se refroidissait, et ce malgré la chaleur dégagée par les flammes.

Ce fut à ce moment précis, tandis que le froid gagnait le champ de thé, que Tōjō sortit des flammes, accompagné par les deux pauvres malheureux qui s'étaient retrouvés piégés dans les flammes. L'explosion ? Et bien, elle avait été minimisée, sûrement à cause du fait que l'air était devenu plus lourd et que l'oxygène s'affaiblissait à cause du froid ambiant. Le champ était en ruine, sa récolte foutue. Donc, autant être certaine que les flammes soient totalement éteintes. Ce qui arriva quelques minutes plus tard. "Je suis désolée pour ton champ." avait-elle dit en tournant la tête vers Tōjō. Elle avait posé une main compatissante sur l'une de ses épaules. Elle savait que ça devait lui en foutre un coup au moral tout de même. Elle aurait été à sa place, elle-même aurait eu du mal à accepter. Elle se tourna vers les différents Shinigami de la Septième présents. Il était temps de savoir ce qui s'était passé, pourquoi le champ s'était enflammé et qui était responsable. La brune commença donc à faire les gros yeux et son regard se posa sur les différents protagonistes. "Alors, j'attends." Elle avait posé ses mains au niveau de ses hanches. Ca lui donnait cet air sérieux, trop sérieux ... Et l'on savait qu'il valait mieux éviter de se défiler ou bien de raconter des cracks. "Quelqu'un pourrait-il nous dire ce qui s'est réellement passé ici ?" Lourde tension. Personne ne voulait parler, et c'était bien normal du fait que ... Et bien, qu'il y aurait des conséquences. Elle ne lâcherait pas l'affaire. Hormis si Tōjō le lui demandait. Mais elle se doutait que lui-même voulait savoir ce qui s'était passé.

Yoshiko était désolée ... Tellement désolée ... Elle lisait la détresse dans le regard de son compagnon. Elle voyait très bien que ça n'allait pas. Il était anéanti. Le pauvre ... Elle avait posé une main sur son épaule et après cela, elle s'était tournée vers les Shinigami, le regard quelque peu sévère. Non, elle n'allait pas hausser la voix, mais elle n'allait pas ne rien dire non plus. Elle ne pouvait pas laisser passer ça. C'était grave. Surtout qu'il aurait pu y avoir des morts. Que se serait-il passé s'ils n'avaient pas bougé ? S'ils étaient restés tranquillement dans le lit de Tōjō à faire quelques galipettes ? Hein ? Probablement que la Division entière aurait pu flamber. Enfin, c'était, sans doute, penser à l'extrême et avec un peu de chance, rien de tout ceci ne se serait produit. M'enfin, disons que ... Disons qu'il allait falloir prendre des précautions. Et Yoshiko punirait les fautifs à sa manière.

En parlant des fautifs, ils finirent, finalement, par se dénoncer. Ils paraissaient tellement désolées que ça aurait pu lui fendre le coeur. Mais elle était un peu en colère, tout de même, notre amie Yoshiko. Parce que d'une, ça intervenait à un mauvais moment. Et de deux, parce que ça aurait pu dégénerer. Au lieu de venir directement chercher des hauts gradés, pourquoi avait-il fallu qu'ils attendent d'entendre des cris pour intervenir ? Des feux d'artifices ... Les brune secoua légèrement la tête et soupira. Qu'ils utilisent des feux d'artifices, elle ne voyait rien de grave là-dedans, bien évidemment. Mais qu'ils tentent de les allumer tous seuls, alors qu'ils n'étaient pas vraiment doués, c'était du grand n'importe quoi. D'ailleurs, Yoshiko était sur le point de leur faire une réprimande par rapport à cela, mais elle n'en eut pas l'occasion. Parce que Tōjō avait pris pitié des fauteurs de trouble. Il ne leur en voulait pas. Ou du moins, c'était ce qu'il voulait faire croire. Il mit tout ça sur le compte de la jeunesse et du fait que ça arrivait, souvent, de faire des petites bêtises de ce genre. Compréhensible ... C'était ce qu'elle en retiendrait. De la compréhension. Seulement, elle n'était pas certaine qu'au fond de lui, c'était ce qu'il ressentait. D'ailleurs, il était un peu comme elle. Devant les autres, il ne montrait pas ce qu'il ressentait. Il gardait ça pour lui, même s'il n'en pensait pas moins.

Tout ce beau petit monde se sépara, finalement. Que ça soit ceux qui avaient provoqué la catastrophe et les spectateurs, laissant ainsi les hauts gradés seuls dans un champ de ruines. Enfin, pas totalement en ruines non plus du fait que ... Et bien, que petit à petit, la rosée, enfin, la glace, disparaissait à vue de nez. Déjà, il faisait moins froid, beaucoup moins froid qu'il y avait de cela quelques minutes. Est-ce que tout le champ était complètement fichu ? Non, bien sûr que non. Il y avait quelques endroits qui avaient été épargnés. Certes, le feu avait fait de sacrés ravages, mais il y avait des zones qui étaient indemnes. Dans son malheur, Tōjō n'avait pas tout perdu, même si Yoshiko se doutait qu'il devait penser que c'était le cas. Quoi qu'il en soit, le pauvre Capitaine s'était laissé choir, dépité par tout cela. Il voulait qu'elle rentre et qu'elle aille se reposer. Au lieu de le faire, elle s'était rapprochée de lui et elle l'avait entouré par ses petits bras fins. Il avait besoin d'un câlin. De réconfort. Elle posa sa tête sur son épaule, dans le creux de son cou. "Je sais que c'était ton truc. Mais si tu veux, je t'aiderais à tout remettre en ordre." Elle trouverait bien du temps à lui accorder. Bien évidemment, Tōjō pouvait toujours l'envoyer sur les roses, mais elle l'aiderait, quoi qu'il arrive. Quand bien même Yoshiko avait pu éteindre le feu pour éviter que ça ne se propage, elle était, elle aussi, un peu responsable de la dévastation de son champ. Ou du moins, elle se sentait responsable. "Je sais que quoi que je dise ou bien quoi que je fasse, je n'arriverais pas à te remonter le moral tout de suite. Mais tu as toujours été là pour moi. Alors, sache que je suis là aussi."