Karakura, quelques heures plus tôt...

Le vice-capitaine de la sixième division menait une lutte sans merci contre l'arrancar à l'aiguillon empoisonné. Lui ainsi que son capitaine avaient été attaqué sans raison apparente par un duo des plus improbable. Être shinigami n'avait visiblement rien d'enviable par les temps qui courent. Si un humain, fullbringer de son état, pouvait se permettre d’écraser littéralement deux gradés du Gotei, la situation était bien plus grave qu'elle en avait l'air. En un éclair, Haiko avait subit les foudres de ses deux adversaires qui n'y avaient pas été de main morte. Le dernier coup qu'il avait reçu en particulier. Fulgurant, imprévisible, l'Ardent s'était fait souffler la flammèche dans un jeu de laser digne d'un concert de Jean-Michel Jarre. Mesdames et messieurs, à la lumière, au son et aux effets spéciaux, Casshern et Guriko ! On les applaudit bien fort !

Le petit shinigami n'avait rien vu venir, déjà trop occupé avec laser-boy. Seule sa tête s'était relevée, embrassant ainsi la masse qui l'avait catapulté à l'intérieur de l'immeuble façon marteau piqueur. En quelques secondes, il goutta le parquet ciré du 5ème, le carrelage du 4ème, le lino du 3ème, la moquette du 2ème, la faïence d'un lavabo au 1er, avant de s'écraser sur le béton d'un garage du rez de chaussée. Suite à un tel coup de boutoir, autant dire que l'hiver avait reprit ses droits, la chaleur émanant du shinigami n'étant déjà plus qu'un lointain souvenir.

Le malheureux se vidait de son sang, inconscient. Une bonne partie de son corps avait été lacérée, quelques unes de ses côtes brisées avaient même décidé d'aller voir ce qu'il se passait dehors. L'une de ses épaule avait choisit un angle étrange et contraire à la logique de l'articulation. Son visage rappé montrait son profile au trou béant qu'il avait laissé dans l'immeuble. Du sang s'écoulait de sa tempe jusqu'au milieu de son cuir chevelu. Ajoutez à cela le poison qui se répandait encore dans son corps, et vous aviez là l'état du vice-capitaine. Une deuxième mort l'attendait...

~ ~ ~ ~

Seireitei, Bâtiments de la quatrième division, Centre des soins intensifs, actuellement...

Seul dans une pièce, a moitié allongé contre les oreillers d'un « futon médicalisé », vêtu d'un kimono blanc, Haiko récupérait de sa deuxième opération. Le vêtement légèrement ouvert au col laissait entrevoir un épais bandage qui semblait lui cercler la cage thoracique. Un autre lui recouvrait le crâne, plaquant sa longue chevelure détachée de manière désordonnée autour de la tête. Son bras droit était retenu par une écharpe passant autour de son cou. Le tuyau d'une perfusion partait de se même bras. Le jeune homme avait l'air fatigué, accablé, faible... Ceci à cause de la dernière opération qu'il venait à subir et des sédatifs qu'on lui avait administré, mais pas seulement....

Il savait. Il n'était pas le seul à être tombé. Depuis le couloir, le cris d'alarmes des médecins annonçaient les noms de ceux qui, comme lui, étaient tombé au combat. L'un d'eux en particulier le choqua. Celui de son ancien capitaine et ami, Himesaki-senpai. Croire qu'un tel colosse avait pu atterrir ici le bouleversa profondément. Il y avait eu le capitaine Ai également, la jeune femme quelque peu mal à l'aise qu'il avait eu l'occasion de voir lors de la dernière réunion exceptionnelle. Avec Masaru-san, le quota de gradés s'entassant maintenant à la quatrième avait largement dépassé la normale. En quelques heures seulement, une véritable hécatombe. La faute à quoi ? Un manque cruel d'informations, une mission à tâtons pour soit-disant réaffirmer la force du Gotei. L'idée était belle, mais pour quel résultat... En ce moment même, d'autres valeureux combattants continuaient sans doute le combat, des flammes encore vives dans la nuit obscurcissant peu à peu le Seireitei. Les deux types de la onzième devaient certainement faire parti de ceux-là, le petit shinigami en était certain.

Haiko broyait du noir, noyé dans un sentiment qu'il détestait par dessus tout. La faiblesse. Depuis son arrivé en soins intensifs, il gardait ce même regard vide. Quelques-uns de ses hommes s'étaient présenté à lui, mais il les avait congédié sans modération. Pour l'instant, il tolérait uniquement la seule compagnie de son zanpakutô posé près de lui. Tant qu'il resterait ici, personne de sa division ne le verrait dans cet état. Même la simple venu des infirmières le dérangeait. D'ailleurs, une jeune shinigami entra dans la chambre, apportant le plateau repas du malade. Haiko n'y prêta pas attention, jusqu'au moment où celle-ci lui demande gentiment.

« Haiko-san, mangez quelque chose s'il vous plaît. »

Sans même lui adresser un regard, il lui rétorqua, sombre.

« Je n'ai pas faim... »

« Je vous en pr... »

« J'AI DIT PAS MAINTENANT ! »

Le lieutenant tournait désormais vers elle son visage crispé de colère. La pauvre jeune femme avait été surprise, sursautant de peur en laissant tomber le plateau qui s’écrasa par terre dans un bruit de métal et de couverts. Après avoir ramassé le tout, la shinigami s'empressa de quitter les lieux, au bord des larmes. Une nouvelle recrue sans doute. Ceci étant, le lieutenant n'était vraiment pas d'humeur. En plus de ça, sa soudaine crise de nerf venait de rouvrir en partie la plaie ayant déchiré le côté gauche de son abdomen, celle infligée par l'arrancar. Cette cicatrice, il la gardera. Il se rappellera...

Grognant légèrement en resserrant son bandage d'une main, Haiko se prépara à congédier ceux qui venaient d'entrer lorsqu'il croisa le regard de Miloë. Ses yeux se détournèrent aussitôt dans la direction opposée. Si son capitaine restait cloîtré aussi entre ces murs, elle non plus ne devait pas avoir le moral. L'Ardent aurait préféré la rencontrer en d'autres circonstances. D'ailleurs, pourquoi était-elle là ? Et que faisait cet autre shinigami à côté d'elle ? Le vice-capitaine ne le connaissait ni d'Eve ni d'Adam. S'il était un infirmier, celui-ci allait vite comprendre qu'il ne ferait rien avaler au petit shinigami.

D'un air maussade, Haiko s'adressa alors à sa collègue. Son visage se crispait à chaque fois qu'il essayait de resserrer son bandage.

« Qu'est-ce que vous me voulez, Yoshiko-san... »

Ses prunelles fixèrent alors Teippei.

« Et vous, vous êtes qui ? »

Le petit shinigami n'avait rien d'aimable, c'était contraire à ses habitudes, mais après ce qu'il venait de subir, son esprit n'était pas bien clair.

Soul Society, Seireitei, quelques heures plus tôt.

Yoshiko était dans son bureau. Elle attendait, anxieuse. Elle n'avait pas été de ceux qui avaient été envoyés au combat. Va trop savoir pourquoi. Peut-être pour avoir une arrière garde, au cas où les Maho Tsukaï viennent à passer les portes de la Soul Society, ou que sais-je encore. On lui avait toujours appris à ne pas mettre ses yeux dans le même panier. Et c'était ce qu'il fallait faire, justement, en cas de guerre. Certains devaient rester en retrait pour au cas où. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que si tous avaient quitté le Seireitei, que ce serait-il passé en cas de percée et d'attaque surprise ? Il y aurait eu des morts, beaucoup de morts, parce que tous s'en seraient allés sur Terre ou bien au Hueco Mundo. Et ça la foutait mal à dire vrai. D'où le fait que certains étaient obligés de rester en arrière pour éviter de tels problèmes.

Quoi qu'il en soit, Yoshiko avait exprimé son mécontentement, certes. Parce qu'après tout, sa place était sur le champ de bataille. Mais on avait jugé qu'elle serait mieux au Gotei 13. Va trop savoir pourquoi. Elle s'inquiétait ... Elle s'inquiétait grandement pour son Capitaine, pour sa moitié. Comment allait-il ? Sur qui était-il tombé ? Avec qui il faisait équipe ? Tout un tas de questions qu'elle n'arrêtait pas de se poser depuis le début de l'assaut. Et la jeune femme était loin d'être rassurée à dire vrai. C'était même tout le contraire. Elle avait peur ... Peur de perdre Tōjō. Peur qu'il ne lui arrive quelque chose. Que se passerait-il si elle apprenait qu'il était tombé au combat ? Comment réagirait-elle ? Au fond, elle voulait croire ... Elle voulait croire que tout irait bien pour lui et qu'il s'en sortirait sans aucune égratignure ... Mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'être inquiète.

Elle n'avait pu rien faire. Trop inquiète, trop l'esprit occupé. Elle n'avait pu se concentrer sur la tâche. Parce qu'elle avait ce mauvais pressentiment à dire vrai. On toqua à la porte de son bureau. Et ce ne fut qu'un faible "Entrez" qui se fit entendre. Elle n'avait pas la tête pour des visites à dire vrai. Et elle n'avait pas réellement envie d'être dérangée. Néanmoins, elle ne pouvait pas envoyer paître tout le monde, n'est-ce pas ? "Aokiji Fukutaishô ..." Elle leva les yeux. Combien de fois lui avait-elle dit de l'appeler Yoshiko ? Elle n'avait pas envie de se battre une nouvelle fois pour lui faire entendre raison. "Himesaki Taishô ... Il est revenu ..." La manière dont il lui disait cela ne laissait rien présager de bon à dire vrai. Au contraire. "Il ... a été blessé et il est dans les locaux de la Quatrième ..." Elle aurait eu une tasse entre les mains, ou que sais-je encore, sans doute que ça se serait écrasé lourdement au sol. Elle serra le poing, mais ne répondit rien à cela. A la place, elle avait disparu dans un Shunpô, laissant sur place le pauvre Shinigami. De toute manière, il ne pourrait, sans doute, pas lui en dire plus sur le sujet. Autant qu'elle aille voir par d'elle-même.

On ne lui avait pas menti. Tōjō était bel et bien là, couché sur un lit. Ce qui s'était passé ? Yoshiko se le demandait bien. Mais elle aurait, sans doute, l'occasion d'en apprendre plus un peu plus tard. De la bouche de son Capitaine. Elle espérait bien qu'il finisse par ouvrir les yeux à un moment ou à un autre. Elle espérait bien qu'il allait se réveiller rapidement et qu'elle le retrouverait le plus vite possible. Elle ne voulait pas le perdre. Pas lui. S'il n'était plus là, alors ... Et bien, elle ferait comme la dernière fois. Elle ne resterait pas. Elle s'en irait, tout simplement, quitte à ce qu'on lui fasse des reproches parce qu'elle fuyait, à nouveau. Elle était très bonne à ce petit jeu. Et ça ne dérangerait pas Yoshiko de faire ce qu'elle avait déjà pu faire par le passé. Si elle était là, c'était grâce à lui. Si elle restait, c'était parce qu'il était là. Sans lui, pourquoi rester ?

Yoshiko tourna en rond un moment ... Un long moment à dire vrai. Elle avait fini par poser sa tête sur le torse de Tōjō et elle était restée comme ça. Durant un moment. Combien de temps ? Elle n'aurait su le dire à dire vrai. Mais ça la réconfortait de savoir, d'entendre qu'il respirait. Elle allait surveiller sa respiration, les moindres mouvements qu'il pourrait faire, tout quoi. Parce que ça la rassurait. Et c'était ce qu'elle cherchait : être rassurée. A un moment, tandis qu'elle avait les yeux fermés -elle ne dormait pas, elle se reposait juste les yeux-, Yoshiko avait eu un sursaut. Elle avait entendu quelqu'un qui haussait la voix. Et un bruit de plateau qui s'écrasait au sol. Qui était le fauteur de trouble ? Elle ne savait pas. La brune s'était redressée et elle s'était levée. Elle ne pouvait pas laisser passer ça. Après tout, ils étaient dans un lieu qui demandait du calme. Et s'énerver, crier ou que sais-je encore, ça ne servait à rien. Lentement, mais sûrement, elle se rapprocha de l'endroit où on avait haussé la voix. Sur qui elle tomba ? Le Lieutenant de la Sixième Division. Plutôt amoché, lui aussi. Au moins, il était réveillé, c'était ça le plus important. "Ce que je veux ?" avait-elle dit en répétant ses propres mots. "Que vous fassiez plus preuve de respect, Haiko-san. Vous êtes dans un lieu où doit régner le respect et le calme, pour le bien être des patients." Elle savait très bien que s'énerver, hausser la voix ou que sais-je encore, ça ne servait pas à grand chose. "Je comprends tout à fait que vous puissiez ruminer votre défaite. Seulement, un peu de respect pour ceux qui sont blessés. Que penserait votre Capitaine s'il était ici présent ?" Yoshiko ou le mode d'emploi pour faire la morale aux autres. Mais elle n'avait pas tout à fait tort après tout.

C'était comme s'il ne l'écoutait pas, plus concentré sur son bandage abdominal et la tâche de sang qui y apparaissait. Jouer à la maman qui gronde son enfant, voilà ce qu'était venu faire sa comparse de la septième. Tout allait de mieux en mieux décidément. Depuis qu'il s'était réveillé, on n'arrêtait pas de le déranger. Un coup c'était pour vérifier sa tension, un autre coup pour bidouiller le matos et les perfusions, vérifier ses plaies, changer ses bandages, mais le pire avait sans doute été cette bonne femme qui lui avait fait ingérer cette potion à la texture et à l'odeur immonde. Une sorte de mucus visqueux, amer, mélangé avec de l’éther... De mémoire, le jeune homme ne se souvient pas avoir bu quelque chose de comparable, comme si les médecins de la 4ème cherchaient plutôt à abréger ses souffrance au lieu de le remettre sur pieds... C'est après ça que la gamine était entré. Elle n'avait rien demandé, mais malheureusement pour elle, sa venue avait été celle de trop.

Il devait bien le concéder, Haiko ne l'avait pas ménagé. De là à s'excuser, certainement pas ! Surtout en écoutant le sermon de sa comparse de la septième. Croisant les bras, il se renfrogna en lâchant un bruyant soupir. Il évitait toujours son regard, fermant les yeux en laissant filer le remontage de bretelles de Super Nany. Le petit shinigami réagissait vraiment comme un enfant prit sur le fait. Les derniers mots de sa camarade le piquèrent pourtant dans le vif. « Ruminer sa défaite » ? « votre capitaine » ? Où était-elle, elle !? C'est sûr qu'elle ne pouvait pas vraiment savoir quoi ruminer cloîtrée dans l'enclave du Seireitei pendant que d'autres donnaient leur sang au champs de bataille. Masaru ? Si elle savait qu'il se trouvait dans la chambre voisine dans un état critique, elle se tairai... Le bretteur se calma. Penser à son capitaine le ramena au cas d'Himesaki-senpai. Yoshiko devait sans doute accuser le coup pour ne pas avoir pu accompagner son ami. Sans doute aussi devait-elle se trouver là pour se tenir à ses côtés... L'âme d'adulte du jeune homme refit alors surface, prenant le pas sur sa frustration.

Haiko rouvrit les yeux en observant le mur d'en face, comme s'il pouvait voir son capitaine au travers. La lassitude se lisait clairement sur son visage fatigué. D'un autre soupir, sa dextre vint pincer ses tempes. Après un court massage frontal, le vice-capitaine lui répondit.

« Pardonnez-moi, Yoshiko-san... Je ne voul... »

C'est alors que l'autre se tenant derrière la shinigami s'empara subitement de son attention en fonçant sur le tabouret au côté de lui. Il se mit à tourner sur le siège comme un idiot en beuglant sa joie. La tête du lieutenant pivota doucement sur le côté pour observer d'un air hébété le manège du guignol. Non mais c'était qui ce type ?! Non seulement il était sourd, mais en plus il se payait la tête de ses deux supérieurs. Le petit shinigami voulait bien admettre que certains n'avaient pas forcément l'électricité à tous les étages, mais là, ça frisait la grève généralisé de ses synapses. Haiko s'était figé en fixant l'énergumène qui lui envoyait un large sourire. Heureux étaient les simples d'esprits... Pas pour longtemps si celui en face d'eux continuait son numéro...

Pendant le silence que le dingue laissa après ses première... paroles... Les prunelles du lieutenant pivotèrent en direction de Yoshiko en affichant clairement son envie de meurtre. On dit que c'est une goutte d'eau qui fait déborder le vase, mais là, dans l'esprit du shinigami, la goutte d'eau était devenu océan... Il reporta son attention sur le troubadour en lui renvoyant son sourire. Un léger tremblement au coin des lèvres montrait qu'il tentait de garder son sang froid, déjà bien entamé par les événements précédent. Sourd aux paroles de Teippei, Haiko se détendait lentement les phalanges, prêt à l'étrangler. Il se retint toutefois, non sans mal... Le sourire de l'Ardent s'étrécit lorsque le blondinet évoqua son appartenance à la neuvième division. Pauvre Tenzen...

Ne quittant pas du regard l'autre timbré, Haiko interpella sa collègue.

« Je ne sais pas ce qu'il faut que je fasse pour avoir un peu de calme, mais là, je vous jure que je vais faire un massacre... »

Venait-il de déclarer, lui qui ne pouvait même pas poser un pied par terre. La conviction de ses mots était pourtant bien là. De plus, le manque de nicotine couplé à ses « ruminations » le rendait salement irritable. Malheureusement pour lui, Teippei allait sans doute servir d’antidépresseur au vice-capitaine si il continuait son cinéma.

de quel droit se permettait-elle de juger ou bien de lui faire la morale ? Elle qui n'avait pas participé aux combats ? Elle qui était restée tranquillement au Seireitei, à l'abri ? Bien évidemment, elle n'avait pas voulu cela. Elle aurait préféré se rendre au Hueco Mundo, assurer les arrières de son Capitaine. Ils auraient combattu ensemble. Elle n'irait pas jusqu'à dire que leurs entraînements, ensemble, auraient porté leurs fruits mais ils s'accordaient à dire que c'était mieux que s'ils n'avaient rien fait. Néanmoins, on ne lui avait pas laissé le choix. On ne lui avait pas demandé son avis. Shunsui en avait décidé ainsi. Qu'importe ce qu'elle avait pu dire, elle avait eu beau lui clamer qu'elle pouvait aider, qu'elle devait aller avec son Capitaine. Le Commandant en chef avait refusé. Pourquoi ? Elle n'en savait trop rien. Mais il avait refusé. Et Yoshiko n'avait pas arrêté de se faire du souci. Et vu la manière dont Tōjō était revenu, effectivement, elle n'aurait pas été de trop. Non, bien sûr, elle ne disait pas que ça aurait été une victoire écrasante de la Soul Society si Yoshiko s'était pointée. Elle serait revenue blessée, elle aussi, de ça, elle n'en doutait pas une minute. Mais elle pensait qu'elle aurait pu apporter une pierre à l'édifice et qu'elle aurait pu faire tout son possible pour, au moins, faire pencher la balance en leur faveur.

Quand bien même Yoshiko n'était responsable de rien, quand bien même la décision n'avait jamais été entre ses mains, la jeune brune ne pouvait pas s'empêcher de s'en vouloir. Elle s'en voulait terriblement. Elle n'avait pas compris pourquoi on l'avait assignée au Seireitei. Peut-être une punition ... Non, elle en doutait. Elle n'avait rien fait de répréhensible. Alors, elle doutait qu'on puisse la punir. Elle aurait tant ... tant aimé être à la place de Haiko. Il était blessé, là, mais il avait pu se battre avec son Capitaine. Au moins. L'épauler. Etre avec lui. L'aider dans son combat. Et elle ... elle n'avait été qu'un élément inutile. Et c'était sans doute ça qui la faisait le plus rager. Que des collègues à elle avaient risqué leurs vies et qu'elle, elle avait été dans l'obligation de rester tranquillement à l'abri, quitte à ce qu'on parle dans son dos. Et c'était ça qu'elle n'aimait pas trop d'ailleurs. M'enfin, que pouvait-elle faire ? Hein ? Pas grand chose à dire vrai. Dans le sens où la décision ne venait pas d'elle. Après tout, elle avait fait assez de bruit pour ... Et bien, pour que les membres de la Première Division sache qu'elle n'était pas d'accord avec la décision de Shunsui.

Yoshiko ne sut pas si Haiko était prêt à faire de véritables excuses ou bien si c'était juste pour se débarrasser d'elle et qu'elle lui fiche finalement la paix. Pourquoi ? Et bien, parce qu'ils furent, en effet, interrompus par un jeune Shinigami. Ce dernier avait sauté sur le tabouret qui était présent et il s'était mis à tourner sur ce dernier, comme si c'était un manège. Complètement ... dingue ce Shinigami, pour sûr. Avait-il un grain derrière la tête ? Une araignée au plafond ? Ou que sais-je encore ? Sans doute que ça devait être le cas. En tout cas, c'était dangereux. Parce qu'il pouvait se manger le sol méchamment si jamais il tombait. Enfin, s'il perdait l'équilibre. En même temps, si c'était le cas, on n'aurait pas besoin de le transporter bien loin. Ca serait plus simple. Il en vint à se présenter, et à lui dire qu'il avait été oublié. "Doucement ..." dit Yoshiko en portant son index à sa bouche pour lui demander de baisser un peu le ton. "Il y a des blessés qui ont besoin de repos." En tout cas, Haiko ne semblait pas apprécier cette nouvelle visite. Bien au contraire même. Yoshiko tourna la tête vers Haiko, l'air de dire qu'il devait faire preuve ... un peu de retenu. Après tout, si ça n'allait pas bien dans la tête de Teippei, ce n'était pas une raison pour songer à l'étriper. "Ce n'est pas de chance. Vous qui vouliez être seul, Haiko-san. Vous voilà avec des visiteurs à votre chevet." Deux personnes en trop même à dire vrai. Mais bon, on n'y peut rien, non ? Yoshiko se tourna, à nouveau, vers Teippei. "Effectivement, les voix ont raison. Nous sommes bien des Vice-Capitaines. Et pour ma part, je connais bien la Neuvième Division puisque j'y ai été à un moment." Un court moment même. Une décennie ou deux. Elle se rappelait de tout ce qu'elle avait pu apprendre aux côtés du Yakushiji. Un temps court, néanmoins, mais agréable. Pour sûr.

"Quant à ces voix ..." A dire vrai, Yoshiko était intriguée. Beaucoup même. Parce qu'elle ne savait pas vraiment ce qu'il entendait par les voix. Voulait-il dire qu'il entendait des trucs bizarres ? Ou que sais-je encore ? Ca méritait réflexion ... Et un approfondissement, pour sûr, même si Haiko devait se foutre de tout ça et qu'il n'avait, sans doute, qu'une envie : qu'ils se tirent tous les deux et qu'il lui foute la paix. "Tu sais, les voix ... Tu ne devrais pas les écouter. Elles peuvent être dangereuses tu sais." Dans le sens où ... Et bien, elle ne savait pas trop. Mais bon, elle serait lui, elle éviterait d'écouter les voix qui pourraient lui faire faire des choses ... Bizarres ou bien dangereuses.

Recevoir des invités ? Haiko aurait plutôt opté pour l'option « trouble-fête », mais passons. Le fait est qu'il avait tout de même pris sur lui pour ne pas se donner l'impulsion qui lui aurait permis de sauter à la gorge du blondinet. Ridicule aurait été cette situation à vrai dire, sachant que le vice-capitaine pouvait à peine bouger le gros orteil... Ainsi, il se contentait d'observer en silence en tentant de comprendre l'autre lessivé du ciboulot. Faisant fie du doigt pointé à son encontre. Des voix qu'il dit qu'il entendait le gars. Haiko ne perdait pas une miette du spectacle se déroulant devant ses yeux. Déroutant, éreintant. Le simple fait de le suivre des yeux tout en écoutant son phrasé au rythme effrénée et parfois sans queue ni tête commençait à donner la migraine au petit shinigami. Si le décérébré ne stoppait pas son hémorragie verbale tout de suite, il allait avoir des problèmes...

En tout cas le malade tenait bon, même si sa main se rapprochait doucement de son zanpakutô à chaque gesticulation de l'ahuri. Qu'il entende des voix, c'était son problème, mais qu'il en fasse partager son entourage, là par contre ça le faisait moins. Les nerfs du jeune homme avait déjà été mis à rude épreuve et le fait que le gars de la neuvième commence à virer paranoïaque ne jouait pas vraiment en sa faveur. Mais mince à la fin, les deux vice-capitaines n'étaient pas des psy ! Haiko serrait les dents en tentant d'atteindre son arme pendant que le timbré avait décidé de se cacher derrière sa collègue. L'Ardent se ravisa pourtant lorsqu'il sentit le regard inquisiteur de sa comparse se poser sur lui. Ces deux-là commençaient véritablement à lui taper sur le système. N'y avait-il pas d'autre endroit plus adapté pour tailler le bout de gras ?

Les dernières paroles de Teippei l'irritèrent tout particulièrement. Il lui répliqua à la volée, l'air horriblement calme.

« Écoute l'ami, je suis pas d'humeur pour entendre des délires pareils, alors si tu ne te calmes pas rapidement... Je te demanderai de sortir... Non, en fait je te le demande... Sort... Immédiatement... »

Après quelque secondes à fixer le blondinet, son regard dévia sur sa comparse.

« Ce n'est pas la peine de me regarder comme ça Yoshiko-san. Je serais vous, je retournerai plutôt au chevet de votre capitaine. Je pense qu'Himesaki-senpai a besoin de vous en ce moment plus que tout autre... Veuillez m'excusez pour tout à l'heure, cela ne se reproduira pas... »

Il soupira lourdement, exténué, avant de s'adosser mollement contre son oreiller. Sa tête se tourna à l'opposé des deux protagonistes. Il continua.

« Maintenant, laissez-moi seul... S'il vous plaît... »

A peine venait-il de lâcher ces paroles qu'il s'effondra petit à petit dans les bras de Morphée, sans forcément que cela se remarque. Cette première journée à la quatrième l'avait épuisé. Espérons qu'il puisse faire meilleur impression une fois que la tempête dans son esprit se serait dissipé...

Spoiler:

Fou ? Oui, Teippei pouvait être qualifié de tel. Ca ne tournait pas rond dans sa petite tête blonde. Elle comprenait qu'il consultait par rapport à ces voix. Enfin, elle n'en dirait rien. Parce qu'à une époque, quand elle était sur Terre, elle se parlait bien toute seule. Enfin, qu'importe. Qu'il ait des voix dans sa tête, c'était son problème, pas le sien. Teippei avait plissé des yeux, tandis qu'elle voyait très bien que Haiko s'impatientait, pour sûr. Si ça continuait, elle allait devoir l'empêcher de faire une bêtise ... Elle en vint, subitement, à regretter d'être venue le voir, pour sûr. Mais en même temps, vu comment il avait crié sur la pauvre Shinigami, elle n'avait pas pu laisser ça. Elle aurait dû se mêler de ses affaires. Tout simplement. La prochaine fois, elle retiendrait la leçon. Enfin, si y'avait une prochaine fois. Quoi qu'il en soit, Teippei n'était pas d'accord avec elle. Normal, les voix n'allaient pas donner raison à Yoshiko. Ca aurait été étrange d'ailleurs. Il pointa du doigt, par la suite, Haiko. Les voix lui disaient qu'il était méchant. Yoshiko secoua la tête. "Personne n'est méchant. Tous les Shinigami, ici présents, sont nos alliés. Certains ont juste mauvais caractère." Elle ne visait personne en particulier. Mais bon. Il était vrai que certains étaient plus sympathiques que d'autres. Et Yoshiko n'y pouvait pas grand chose à dire vrai. Son petit doigt lui faisait se dire que Haiko devait être sympa. Mais dans d'autres circonstances. Elle avait pu le côtoyer à quelques réunions entre Lieutenants. Et il avait l'air d'être quelqu'un de calme et posé en tant normal. Mais bon, en tant de guerre, il était vrai que ce n'était jamais la grande joie et qu'en temps de guerre, de bataille, c'était toujours compliqué. Surtout quand y'avait des pertes. Enfin, passons.

Teippei parut étonné qu'elle fut, à une certaine époque, dans les locaux de la Neuvième Division. Selon lui, ça faisait un petit moment qu'il y était. Mais ce n'était pas vrai. Ou du moins, Yoshiko avait la mémoire des visages. Et elle ne se souvenait pas de l'avoir déjà croisé, auparavant, dans les locaux de la Neuvième. Mais elle n'en dit rien. Parce que toute une vie, ça pouvait être court. Comment ça pouvait être long. Le jeune blond parut partir dans son délire, une nouvelle fois, faisant des grands gestes et parlant fort. Le truc, c'était qu'il disait des choses complètement dingues que Yoshiko ne comprenait pas vraiment. A dire vrai, même, elle ne voulait pas comprendre de toute manière. Elle préférait le laisser dans son délire plutôt que de tenter de le ramener à la raison. Pourquoi ? Non, elle ne craignait pas les voix, mais elle ne savait pas de quoi il était capable. Et puis, si elle le contredisait, elle ne voulait pas qu'il pète un câble ou que sais-je encore. Pourquoi ? Parce qu'ils étaient dans une Division avec de nombreux blessés. Et il leur fallait du calme, du repos. Alors, pas besoin d'exciter Teippei plus que ça et autant laisser des professionnels s'occuper de sa santé mentale. Il blablata un peu sur le sujet des voix -un fou, un vrai fou, pour sûr- avant que Teippei n'en revienne à quelque chose de normal. Enfin, plus de voix. Mais il avait envie de savoir dans quelles Divisions ils étaient. "A la Septième." Enfin, d'ici quelques jours, ça changerait mais bon, Yoshiko n'était pas encore totalement au courant puisqu'elle n'avait pas vu, encore, Shunsui. Teippei se cacha derrière Yoshiko. Il avait peur. De quoi ? Des voix ? Des punitions qu'il pouvait avoir à la Neuvième ? "Allons, allons, personne ne va te punir." Sauf peut-être Haiko parce qu'il commençait drôlement à être sur les nerfs.

D'ailleurs, le Vice Capitaine de la Sixième en avait ras le bol. Il voulait qu'ils s'en aillent. Enfin, il parla plus méchamment à Teippei qu'à Yoshiko. Va savoir pourquoi d'ailleurs. Parce qu'il n'était pas un haut gradé, sans doute. Yoshiko fronça quelque peu des sourcils. Mais elle comprenait qu'il veuille se reposer et qu'avec leur présence dans les parages, ça n'arriverait pas, pour sûr. "Fort bien. De toute manière, j'ai l'impression que vous n'avez pas l'air d'aimer les visites." Quoi que ce n'était pas une visite mais elle le chambrait un peu. Elle eut un léger hochement de la tête, néanmoins, quand il s'excusa par rapport au fait qu'il avait crié sur la pauvre Shinigami et que ça ne se reproduirait plus. Elle eut un sourire. "Je ferais passer le message à celle que vous avez si lourdement renvoyé tout à l'heure. Reposez-vous bien, Haiko-san." Elle tourna la tête vers Teippei et toute souriante, elle lui fit signe de sortir. "Viens donc. On va essayer de trouver ... Les personnes que tu devais voir aujourd'hui." Parce qu'il était là pour une bonne raison, non ? Et non pas pour le plaisir d'être là. Et tandis qu'ils marchaient et qu'ils s'éloignaient tranquillement de la chambre d'Haiko, le blond et la brune blablataient. S'éloignant rapidement, bientôt, leurs voix ne furent plus qu'un murmure aux oreilles d'Haiko.

Terminé pour ma part aussi ^^

Spoiler: