N'était-elle pas magnifique, ainsi allongée sur le sol de sable blanc, baignant dans son sang, le corps recouvert de blessures diverses. Plus loin le corps gisant de la dernière victime de la donzelle, le combat fût rude mais c'était gagné. Elle n'était pas encore morte, bien qu'elle avait du mal à tenir debout mais elle était fière, en pleine chute d'adrénaline néanmoins elle restait sur ses gardes, toujours à l'affût d'un bruit ou d'une présence approchant. La rouquine tenta de se redressait, d'abord s’asseoir et se lever plus tard. Une chose à la fois. Elle fit le décompte de ses balafres, jaugeant de la gravité de celle-ci : aucun membres ne manquaient, c'était déjà bien. Levant les yeux aux ciels, elle fixait l'éternelle nuit qui dominait ici.

- Ca serait presque déprimant, il ne manquerait plus que le froid.

Se dit-elle à elle même dans un petit rire. Ca lui faisait du bien ; se défouler ainsi, toujours dépasser les limites. C'était sa façon de s'amuser, de passer le temps mais quelques fois comme celle-ci c'était plus rude que d'autre. Finalement, Lullaby se redressa, difficilement mais elle réussit cette exploit. Se dirigeant vers sa victime, elle le contempla de haut savourant cette instant de gloire puis continua son chemin dans le désert tant bien que mal. Elle se tenait le bras gauche, bien que ses plaies cicatrisées vite grâce à son statut d'arrancar, la douleur restait présente.

C'était vide, un grand vide silencieux, désolé, sombre, où la loi du fort était la première. Pas de pitié pour les faibles ou les blessés : Marche ou crève. Sentant des présences agressives un peu plus loin, le demoiselle aux cheveux rouges détourna son chemin pour éviter de se faire tuer par quelqu'un d'opportuniste ou un ramasse-miette comme elle aimait à les appeler. Soudainement, elle senti tout à coup une présence, trop forte et trop près pour être esquivée ou déviée.

- La poisse, se murmura-t-elle à elle-même.

« Qui est là ? Montre-toi » Lança-t-elle fort, d'un cri perçant de sa voix semi-cassée par la "fatigue" qui l'envahissait. Allait-elle se faire tuer cette fois ? Cela se finirait-il ainsi, après avoir survécu au combat précédent ? Il n'y avait plus qu'à attendre que l'inconnu se montre. Elle n'avait jamais ressenti une telle puissance, une telle force près d'elle et il fallait l'avouer Lullaby n'était pas rassurée en cet instant qui pourrait être le dernier. Cela à beau être calme, tranquille, vide, le soucis avec le désert c'est qu'on ne pouvait réellement fuir sans être vu et encore moins avec la grande proximité de l'être qui se trouvait la, caché quelque part.

Chevauchant Kaeru à toute allure en traversant le désert de long en large à la recherche d'adversaires suffisamment marrants pour me fendre un peu la poire, je constatais que cette fichue grenouille qui me servait de monture sur laquelle j'avais posé mon cul était de plus en plus rapide. Même si celle-ci ne tenait évidemment pas la comparaison avec ma propre rapidité, après tout ce n'était qu'un Adjuchas et j'étais un Espada. Son masque était surmonté d'espèces de cornes sur la tête qui étaient bien pratiques pour se maintenir pendant ses bonds mais malgré ça, cette fichue bestiole avait bien failli me foutre au sol à diverses reprises alors par mesure supplémentaire, j'avais enroulé mon lasso autour de son cou. Sa couleur sable la rendait presque imperceptible de loin, c'était bien pratique pour la chasse car quand la proie nous captait, on était déjà sur elle et c'était trop tard pour partir.

Après une longue course effrénée, je sentais ma monture faiblir un peu alors j'décidais de ralentir l'allure. C'est alors que je sentis à quelques centaines de mètres d'ici, une faible énergie appartenant probablement à un Hollow minable. Mais étant donnée la chasse presque bredouille de la journée, c'était mieux que rien. D'un coup de botte, je fis accélérer Kaeru qui râla mais finit par obéir après quelques baffes supplémentaires. Arrivés au niveau de la proie, je m'étais mis debout sur le dos de la grenouille et m'apprêtait à bondir sur la cible qui, entre temps, nous avait vus et avait commencée à déguerpir. Quand soudain je vis une longue langue gluante s'enrouler autour du petit corps du Hollow. Le bout de celle-ci était orné d'une pointe blanche qui semblait servir à coller afin que l'adversaire ne puisse s'enfuir. En un rien de temps, elle ravala sa langue et le Hollow avec elle. J'étais alors sur qu'elle avait fait exprès de ruiner mon coup juste pour se venger. Je ruminais mais je constatais que c'était la première fois que je la voyais faire et c'était une technique plutôt efficace il fallait bien l'avouer. La bestiole mesurant plus de deux mètres, autant dire qu'il ne devait pas y avoir beaucoup de Hollow qui pourraient résister.

Alors que je la regardais avec un air semi-admiratif et amusé, une nouvelle énergie apparut dans les environs. Kaeru semblait requinquée après ce déjeuner improvisé mais le Reiatsu que je ressentais n'avait rien à voir avec un simple Hollow cette fois, bien que très affaibli. Afin que la bête ne me fasse pas repérer, je descendis de son dos et lui mit un coup de latte pour lui dire de dégager, ce qu'elle fit d'un croassement de colère, mélangé avec quelques insultes (elle savait parler mais on avait rarement de longues conversations). Aussitôt qu'elle fut assez loin, je dissimulais mon énergie autant que je le pouvais et attendait derrière un rocher que l'autre passe. Dès qu'elle fut assez proche pour ne pas pouvoir se défiler, je relâchais mon camouflage d'énergie histoire qu'elle comprenne dans quel pétrin elle était. Je jetais alors un oeil furtif et la vit. Si j'avais eu des lunettes, mes yeux auraient transpercés les verres, une beauté ! Et incontestablement Arrancar en plus, le rêve ! J'entendis alors sa voix qui me demandait de me montrer, il ne fallut pas me le dire deux fois. D'un Sonido j'étais aussitôt en face.

Je fis plusieurs fois le tour rapidement de la créature, l'inspectant sous tous les angles et je ne trouvais décidément rien à redire sur la qualité du colis, une splendeur comme on n'en croise pas souvent dans ces contrées sauvages. Je me redressais alors et me tint droit à moins d'un mètre devant elle.


- Salut, moi c'est Jack mais ici on m'appelle surtout le cowboy. Accessoirement je suis aussi le Decima Espada. Avant toute chose, j'ai une importante question à te poser... dis-je avec un air sévère sur le visage.


Je m'approchais alors davantage encore et d'un doigt je touchais ses lolos.


- ... c'est des vrais ?!

L'intrus se montra finalement, après que Lullaby lui demanda. D'un sonido, il se mit face à elle, un peu trop près à son coups éclatant sa petite bulle d'espace vital dont elle avait besoin pour se sentir sécurisée. Elle fit une moue de mécontentement pour marquer son désaccord vis à vis de cette trop grande proximité, comme s'ils avaient été intimes. D'un visage sérieux, il se présenta comme se nommant Jack, surnommé «Cowboy» par ici et il ajouta qu'il était Espada "accessoirement". La rouquine avait entendu parler de ses personnes, des espèces de chef d'armée situé plus loin dans le monde creux, mais elle n'avait jamais été faire un tour là bas car trop dangeureux à mon goût.

- Moi c'est Lullaby ... Un Espada hein... Le Cowboy tu dis ? J'avais entendu parler et pourtant il y a un moment que je traîne dans le secteur. Ne prends pas ça méchamment surtout, le désert est vaste et d'ailleurs, que viens-tu faire ici ?

Le dénommé Jack s'approcha d'avantage et posa son index sur la poitrine de Lullaby, lui demandant si c'était des vrais. Elle balaya poliment le doigt de l'étranger d'un revers de la main, qui était-il, pour qui se prenait-il pour la peloter ainsi comme si de rien n'était, sans même qu'ils ne se connaissant en dehors des présentations faîtes. Elle en avait connu des pervers de la sorte, à qui elle avait cassé des doigts pour ce genre d'outrance lors de son ancienne vie mais ici rien n'était pareil, elle ne prendrait pas le risque de se battre contre quelqu'un d'aussi fort et surtout dans l'état actuel dans lequel elle était. Malgré que Jack s'était montré plutôt ... familier avec la donzelle, elle ressentait une sorte d'hostilité en vers lui, elle n'aimait pas tellement que ce genre de personne traîne sur ce qu'elle considérait comme "son territoire" d'habitude les gens de Las Noches ne s’avançaient pas aussi loin dans le Désert de Quartz à moins de prendre en chasse des hollow ou autres proies de la sorte.

- Pourquoi es-tu aussi loin de chez toi ? Et ... Ne me touche plus de la sorte, je crois qu'il ne te plairait pas que je mette la main au panier en te demandant la longueur en centimètre de ton engin.

Oui, elle s'avérait plutôt cash, peut-être trop franche et maintenant qu'elle y pensait, elle allait peut-être se faire casser en deux par le dit Cowboy. Elle s'imagina un court instant l'homme sur un hollow et eut un sourire en coin, c'était plutôt drôle il fallait l'avouer puis elle se demanda si tout les Espada étaient de la même trempe, un peu enfantin et pervers. L’excès de puissance amène souvent ce genre de comportement c'est vrai, combien en avait-elle vu des rigolos un peu trop sûr d'eux ici, pensant que ce monde leur appartenaient. Lullaby fit le tour de l'étranger à son tour, le jaugeant de haut en bas sous toutes les coutures possible. Il était plus grand qu'elle et visiblement plus massif -et ce n'était pas difficile à vrai dire- et sans aucun doute beaucoup plus fort rien que pour son statut. Elle se rapprocha à son tour, s'accrochant d'une main au bandana de Jack et demanda d'une voix suave :

- Et si tu me parlais un peu plus de Las Noches et des Espada ?

Elle se faisait charmeuse volontairement, c'était le meilleur moyen d'avoir les faveurs d'un homme de nos jours quelque soit le monde dans lequel il se trouvait. Quitte à jouer le côté familier, autant que ça soit à fond en plus des circonstances. Essayant au passage de grappiller quelques informations sur ses assaillants et sur le "peuple" qui vivaient non loin de son « chez elle ». Il vaut mieux toujours avoir des informations sur ses ennemis, savoir si l'on passe éventuellement pour une proie ou non, savoir s'il faut craindre ou son contraire et comme la rouquine avait peu de visiteurs elle posait des questions à ces quelques gens passagers. Généralement, ils ne lui donnaient que quelques brefs détails, rien de très profond ni même intéressant finalement. Mais là il s'agissait d'un Espada c'était donc une tout autre histoire, quoi de mieux placer pour parler de Las Noches et ses résidents ?

Comme j'pouvais m'y attendre, la ptite donzelle rejeta ma main mais plus poliment que je le pensais. Moi qui pensais qu'elle allait m'agresser et que j'pourrais en profiter pour la tripoter un peu pendant le "combat" l'air de rien, c'était raté. Deuxième déception, elle avait jamais entendu parler de moi, j'étais pourtant célèbre dans le Yermo autrefois mais je passais trop de temps au palais ces temps-ci depuis ma récente nomination d'Espada. Quand je repense à quand j'étais simple Numeròs, j'me fendais bien la gueule et j'étais vraiment la terreur du désert, là où j'passais l'herbe ne repoussait pas - ce qui expliquait que c'était une étendue de sable désormais -, "le cowboy" qu'on m'appelait. C'était la bonne époque...


- Qu'est ce que j'viens faire ici? Pourquoi, je suis sur ton territoire peut-être? dis-je en regardant autour de moi. J'vois ton nom nulle part pourtant. Même si c'est le cas j'vois pas bien pourquoi j'me justifierais tu vois. Sauf si tu veux tenter de me forcer à répondre, j'aurais rien contre...

En parlant de nom, elle disait s'appeler Lullaby, joli prénom héhé, je l'aurais plutôt appelée "Loloby" moi, pensai-je en m'esclaffant. Puis j'décidai de m'enfiler une petite clope, j'en sortis une son paquet à la cowboy, la faisant surgir de son paquet avec une tape sur la paume de la main et me la fichant dans l'bec avec un air cool. Puis du doigt je fis surgir un tout petit Cero pour en allumer le bout.


- J'crois que tu te goures d'Espada ma poule si tu crois que j'suis du genre à m'la couler douce au palais pendant que des serviteurs m'essuient le trou d'balle. Mon domaine c'est ici, alors j'suis pas vraiment loin de chez moi tu vois. Quant à toucher mon engin pour en estimer la longueur, fais toi plaisir mais fais gaffe, j'ai la gâchette facile, ricanais-je, fier de mon jeu de mot.

Bref, j'avais été déjà sympa de répondre à deux de ses questions alors que j'aime pas les interrogatoires surtout quand rien ne m'oblige à répondre. Mais la troisième ça commençait à bien faire, surtout CETTE question, encore et toujours cette éternelle bon dieu de question. Putain mais faudrait que je m'achète un miroir pour voir si y a pas écrit "bureau des renseignements" sur ma bobine parce que ça faisait p'tet dix fois qu'on me la posait. Comme si de s'agripper à mon bandana allait m'inciter à répondre. C'était pas désagréable cela dit mais j'étais pas l'genre facilement corruptible. J'attrapais ses poignets avec mes mains et les détachait gentiment de mon col en le défroissant.


- Ta petite voix de chatte en chaleur me fera pas dire ce que j'ai pas envie de dire et il se trouve que j'ai pas envie de répondre à cette question. D'ailleurs, j'trouve que t'en poses un peu trop à mon goût. J'suis Espada et toi tu es... Ouais, tiens d'ailleurs t'es quoi? J'vois aucun numéro sur ta pomme et tu caches pas grand chose. Je dois en conclure que tu fais pas partie de l'armée de notre Grimmjow? Hein?


En l'inspectant à nouveau je percutais seulement à ce moment qu'elle avait l'air bien amochée. J'serais bien curieux de savoir ce qui avait pu lui poser autant de problème. Elle avait pas l'air bien costaude mais j'tombais toujours que sur des minables moi, elle avait du tomber sur le gros lot. En tout cas, se balader dans le désert en étant aussi mal en point était totalement déraisonnable, inconscient je dirais même. Dans l'état actuel de la donzelle, même un Adjuchas n'en ferait qu'une bouchée. Une de mes planques n'était pas très loin d'ici, à seulement quelques centaines de mètres mais j'avais pas l'habitude d'y faire entrer qui que ce soit et surtout pas une inconnue trop curieuse. D'abord qu'elle réponde à mes questions après j'aviserais.


- Qu'est ce que c'est qui t'as mis dans c't'état d'abord? Raconte tout à tonton Jack.

Ah ! La ptite avait du répondant ça m'plaisait bien ça ! Elle me plaisait bien cette gamine, j'sais pas ce qu'elle foutait toute seule dans le désert dans cet état mais ça serait dommage qu'elle se fasse tuer. Elle avait pas l'air conne et j'ressentais du potentiel en elle, dommage qu'elle n'appartenait pas à notre armée, mais ça, ça pouvait toujours s'arranger. Pourquoi pas en faire ma Fracciòn, hum? A réfléchir. En attendant, elle avait p'tet du répondant mais moi aussi et le vieux roublard que j'étais n'allait pas se laisser vanner par une goumiche sans rien faire.


- Haha, tu t'crois drôle? J'tire peut être plus vite que mon ombre mais j'ai pas mal de cartouches.

En tout cas, elle avait une vision bien limitée du rôle de Fraccion ou de Numeròs si elle pensait que c'étaient tous des esclaves, ça dépendait de la nature de l'Espada. Si on parlait du primera ou de la quinta, je comprenais mais moi j'étais pas l'genre à me faire lécher les pompes à longueur de journée et à laisser mon subordonné se faire éclater sans broncher. Non, moi j'serais plutôt le genre de boss protecteur bien qu'un brin vicelard quand même parce qu'il faut bien rigoler un peu. Mais bon, pour l'heure c'était pas encore envisageable, j'la connaissais à peine la donzelle, même si j'avais une certaine sympathie pour elle je m'étais promis de pu faire de connerie irréfléchie.


- Ah, tu es... seule? Ca te dirait pas de d'venir ma Fracciòn?

Rah putain ! C'était sorti tout seul encore une fois ! J'suis irrécupérable ! Boarf, maintenant que c'était fait j'pouvais pu revenir en arrière, toutes façons elle allait surement refuser. En temps normal s'pas comme si ils avaient le choix lorsqu'un Espada demande il ne demande pas vraiment en fait, il dispose. Mais moi j'étais pas d'ce genre là, si la donzelle préférait rester seule à s'faire laminer, p'tet que la prochaine fois elle tomberait pas sur le tonton Jack mais sur un autre pour venir l'achever. C'était elle que ça r'gardait.


- On rigolera bien tous les deux tu verras ! Bon, bien sur, avant de rigoler faudrait passer par l'étape Grimmjow, j'sais pas combien de temps ça fait que t'es là mais faudra aller se présenter au monsieur avant toute chose.

Ouaip, il était pas toujours très marrant le Roi, pas souvent même... jamais en fait. Autant dire que ça serait pas forcément une partie de rigolade mais il n'avait pas de raison de refuser une nouvelle recrue, surtout avec les temps qui courent. Ces fichus Maho trucs là, on m'avait briefé vite fait sur eux lorsque j'étais arrivé en tant qu'Espada et ils s'avéraient être une menace sérieuse. Après tout, même le Borick et le Dark n'avaient pas réussi à en dégommer un, et c'étaient pas les plus faibles de la bande. Alors refuser quelqu'un qui vient se présenter dans ces conditions serait de la folie. En tout cas, pour l'instant quelle que soit la réponse de la poulette, j'pouvais pas la laisser là.


- Réponds pas tout de suite si c'est pour refuser, j'te laisse quelques heures pour me répondre. En attendant, j'vais pas laisser mon hypothétique future Fracciòn s'faire plomber ici. J'ai une planque à quelques centaines de mètres ici, tu pourras t'y reposer pépère le temps de récupérer. Ca te branche?

Sur ces belles paroles, j'commençais à marcher tranquillement en direction du repère, si elle me suivait tant mieux, sinon c'est qu'elle était totalement inconsciente et suicidaire et là j'pourrais plus rien faire pour elle. Le Yermo était un endroit sans foi ni loi, seule celle du plus fort compte et en l'occurrence n'importe qui qui passerait par là n'aurait qu'à se servir. En y repensant bien, elle avait eu une chance phénoménale que ça soit moi. En attendant d'voir si elle allait me suivre ou non, j'me grillais ma clope pépère tout en jetant de temps à autres un oeil par dessus mon épaule.

La petite me suivit sans broncher, c'était une preuve de sagesse car son taux de survie en restant ici était bien mince. Tant qu'elle était avec moi elle n'aurait pas de problème, le Reiatsu que je dégageais devait déjà être un puissant répulsif à Hollow et même ceux qui viendraient à se pointer ne feraient pas long feu, mais si je venais à partir il y aurait pas mal de concurrents qui viendraient tenter leur chance. Je pense qu'elle l'avait compris car elle m'emboîta le pas. Elle comprit également que je n'étais pas un danger, au contraire, sinon j'aurais pu l'écraser d'un doigt sans me fouler si j'avais voulu l'éliminer. D'ailleurs, dans son état même un Sonido aurait été de trop alors je me contentais de marcher simplement, mètre après mètre une de mes antres se rapprochait jusqu'à ce que nous y soyons.

A première vue ce n'était qu'un vulgaire rocher, quoi qu'avec une forme un peu particulière mais rien de véritablement notable mais en le poussant un peu, se dissimulait en dessous l'entrée du repère, c'était un trou tout bête dans le sable. Celui-là c'était un de ceux que j'avais piqué à un Adjuchas, j'avais pas eu à le creuser moi-même, ce qui expliquait qu'il était un peu plus spacieux que les autres. Je laissais la gamine entrer en premier pour pouvoir refermer derrière moi. Bon, le problème c'est que c'était plutôt sombre... totalement le noir absolu même. J'avais pas l'habitude de faire entrer qui que ce soit et mon élément étant les ténèbres, ce noir me convenait tout à fait à moi, j'avais donc pas aménagé de fenêtre ou je ne sais quoi. Seuls quelques trous par-ci par-là amenaient un peu d'air mais ils n'étaient pas suffisamment larges pour faire entrer de la lumière, surtout pas celle du monde de la nuit éternelle.

Histoire de pouvoir y voir quelque chose, j'allumais mon briquet et le laissait au centre de la petite pièce d'une dizaine de mètres carrés. Je vis alors la gamine assise sur le sol avec l'air éreintée, il était visiblement temps d'arriver. Puis elle prit la parole pour me poser une question, je vis alors que malgré son calme, ça se triturait là-dedans et qu'elle explorait ma proposition, ce qui me fit bien plaisir.


- Un Fracciòn est là pour servir l'Espada, être prêt à donner sa vie pour lui si c'était nécessaire. Mais ça c'est juste la définition, ça r'flète pas totalement la réalité, ça dépend de l'Espada en question. Pour ma part tu vois, j'suis comme toi, j'donnerai pas ma vie pour qui que ce soit et j'étais un solitaire dans le désert aussi pendant longtemps, c'qui explique la présence de ce trou et de bien d'autres éparpillés aux quatre coins du Yermo. J'ai donc ma propre conception du rôle de Fracciòn et j'ai besoin de personne pour me torcher l'cul ni que quelqu'un donne sa misérable existence pour moi.

Je marquai une petite pause histoire de m'asseoir aussi et j'repris mon monologue.


- Si il faut se présenter au Roi c'est tout simple, tu rentres pas chez les gens sans s'être au moins présenté, question de respect c'est tout. Et à Las Noches ils sont très à cheval sur le respect. Il en aura p'tet rien à foutre c'est vrai mais il n'en aura surement pas rien à foutre si tu vas pas l'voir en arrivant. Il paraît qu'à la dernière réunion, il aurait décapité un serviteur pour lui avoir servi du thé, imagine ce qu'il te ferait si tu rentrais chez lui sans t'être présentée?

Quant à Las Noches, qu'est-ce que c'était? Encore cette fichue question... enfin, c'était pas toute à fait la même que toute à l'heure. Toute à l'heure ça ressemblait à un interrogatoire genre "balance moi tout ce que tu sais" mais le tout enrobé d'un gant de velour, autant dire qu'elle risquait pas que j'lui réponde. Là le ton qu'elle employais et la formulation de sa question me disposait à être plus loquace.


- Te fais pas d'bile je vais pas te bouffer va, j'vais y répondre à ta fichue question. Las Noches c'est la grande forteresse qu'on voit depuis l'autre bout du Yermo. Elle est construite pour protéger le Roi et c'est un vrai putain de labyrinthe, dis toi qu'elle est aussi grande sous le sable qu'au dessus. Les Espada et d'autres Arrancars nommés l'Exequias peuvent y loger ainsi que leurs serviteurs et les autres membres de l'armée comme les Numeròs, bien que pour eux c'est un peu plus dangereux. Les Espada et l'Exequias ont leur espace à eux dont ils font ce qu'ils veulent, ils sont même pas obligés d'y habiter en fait mais si le Roi est en danger ou qu'il appelle pour une réunion, faut que tout le monde rapplique, priorité absolue, surtout pour les Espada car nous formons sa garde rapprochée. On est numérotés en fonction de notre puissance et moi, j'suis le numéro dix donc en théorie je suis le plus faible. Voila en gros ce qu'il faut savoir. Tu veux savoir autre chose? Si c'est l'cas, te gêne pas tant que j'y suis.

Sur ces belles paroles, j'fermais ma bouche, j'avais pas jacassé comme ça depuis belle lurette. Faut dire qu'il y avait pas grand monde avec qui bavasser dans ce trou à rat.