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En voilà un terrain où il sera à son avantage. Balayant le paysage du regard, il ne put que sourire à la vue de celui-ci. Des cadavres par milliers jonchaient les rues. La disposition des corps laissait penser que ces gens avaient été tués instantanément, alors qu'ils d'adonnaient à leurs activités quotidiennes. Une véritable ville fantôme se dressait devant lui. Au total, prés de trois millions de morts. Qu'importe, leur sacrifice était nécessaire, et la vie de tous ces gens n'est que peu de choses comparé à ce que leur trépas a participé à engendrer. Les Maho Tsukaïs avaient enfin crées leur monde, enfin atteint cet objectif qu'ils ont mis tant de temps à accomplir. Mais il était trop tôt pour se réjouir. Et c'est bien là la raison de sa présence en ces lieux. En effet, leur dimension avait beau être bel et bien formée, ce monde n'était pas encore stable, sa création était encore trop récente pour cela. Ainsi, il devait défendre l'entrée du palais, et le préserver des évidentes attaques qu'il allait subir d'ici peu. Évidemment, ce couloir dimensionnel allait attirer toutes sortes d'individus, et nulles doutes que leurs intentions iraient à l'encontre de la volonté de Koga-dono, ce que le vieux nécromancien ne pouvait tolérer.

Déjà, il pouvait sentir différents reiatsu converger vers sa position. Il ne craignait pas. Il était déjà d'ordinaire confiant, mais ici, le terrain ne pouvait que le conforter dans ce sentiment. Une dernière fois, il analyse la zone, observe le carnage, détaille les différents cadavres. D'ici quelques minutes, ces cadavres se relèveront, la vie qui leur a été arrachée leur sera rendue, le temps d'un dernier combat. Mais ils seront lavés de tout souvenir, tout passé, toute volonté propre et n'auront comme seul objectif que d'obéir aveuglement à leur maitre. Et commencera alors cette ultime bataille, après laquelle la victoire Maho Tsukaï sera définitive.

Car bien entendu, Shogen ne voyait pas les choses se passer autrement. Et il allait ici s'assurer personnellement que les choses se passent comme il l'a prévu, en écrasant toute forme de résistance, en repoussant tout assaut. Droit, la main gauche fermement refermée sur son sceptre, la main droite caressant doucement sa barbe, le regard porté vers l'horizon. Les premières silhouettes commençaient à se former au loin.

Les évènements s’accéléraient à un degré tel qu’aucune de mes prévisions ne les avaient envisagés aussi extrêmes. Par ailleurs, le terme « extrême » lui-même me semblait tout à fait incapable de formuler la gravité de la situation. Je me trouvai en compagnie de Shinigamis, un capitaine et un lieutenant, les deux m’étant parfaitement inconnus tant de visage que de nom, quoiqu’ils aient pu me dire sur le chemin ce dernier, oublié immédiatement après.
Ils me le pardonneraient, mon esprit était ailleurs. Car face à nous, il régnait une désolation qu’aucun d’entre nous n’avait pu contempler au cours de sa vie. J’avais gouverné des guerres et des champs de bataille, j’avais examiné les différentes façons que les mortels avaient de s’entretuer. Les camps de la mort, la bombe atomique, des choses terribles au lot conséquent de victimes. Mais là, c’était la nature même du désastre qui le rendait terrifiant. Là où aurait dû flotter des milliers d’âmes perdues, je ne percevais que du néant. Les habitants de la ville n’étaient pas simplement morts. On les avait réduits à n’être purement que du rien.

« Oh, mes pauvres petits humains… »

Tant de potentiels disparus. Tant d’histoires détruites pour la satisfaction de quelques perfides créatures à l’intellect dégénéré. Je ne me figurais pas comme être d’une compassion absolue ; je tuais quand l’appétit se faisait trop fort, ou même quand l’envie m’en prenait. Mais pas à cette échelle. Quel monstrueux gâchis.
Je me tournais vers les deux anges de la mort. J’avais jeté le sourire, l’amusement, l’ironie, pour ne garder qu’une détermination hargneuse.

« Messieurs. Je pense que vous comme moi avons tout intérêt à voir cette absurdité cesser. Ces choses consument nos mondes et elles ne s’arrêteront pas avant d’avoir réussi. Donnez tout ce que vous avez. »

Le stylo apparut entre mes doigts. Je le serrai si fort qu’une mince perle de sang goutta d’entre mes doigts, puis chuta des centaines de mètres plus bas.

« Mords, Gusano. »

Mes ombres m’enveloppèrent de leur manteau opaque pour me résumer à n’être plus qu’une silhouette aux contours et aux traits indistincts. Sans plus rien ajouter, je me laissais choir sur la ville et je m’abattis au milieu d’une rue désolée, non loin d’un vieillard à la masse d’énergie si impressionnante que mes piètres capacités me permettaient de le détecter.

« Habituellement, je tiens à connaître le patronyme de tout un chacun, par politesse. Dans votre cas, la seule grâce que je vous ferai se limitera à vous arracher la gorge. »

Des semaines que la Muda noue des liens autres que gustatifs avec un autre être humain. Des retrouvailles inespérées avec son père biologique qui tentait tant bien que mal de sauver ce qui pouvait l'être. En effet, créature atypique, elle n'était pas pour lui faciliter la tâche de la rendre réhabilitable à la société. De la difficulté de seulement l'habituer à la lumière du jour. De la difficulté de l'habiller convenablement sans qu'elle ne se débarrasse d'une grande partie de son attirail ressenti comme étouffant. De la difficulté de lui inculquer les bonnes manières à table. Une bête sauvage tout au plus capable de la parole, encore qu'il lui était compliqué de traduire autre chose que des affects. Nuits passées derrière l'interstice de la porte à regarder cet homme dormir. Journées passées dans l'obscurité de la chambre à se délecter de l'odeur de son père sur le drap du lit.

Sentiment de sécurité. Sentiment qu'elle avait bien éprouvé une fois ; pour ne plus réussir à se rappeler que de vagues réminiscences qui continuaient de se brouiller à mesure que se construisait de nouveaux souvenirs avec Yoichi. Lentement, son traumatisme d'antan se laissait éclipser par les bons moments passés ici-bas. De se glisser sous la couverture pour dormir aux côtés de ce qui s'apparentait désormais à son bien le plus précieux. La trombine paisible. Une sérénité inédite. Et pourtant, une larme. Serrer le tissu au dos de son géniteur pour y adosser son front. Une seule volonté, que ce moment ne se termine jamais.

*

Une maladresse visible en enfilant ses chaussettes, sa jupe longue, sa chemise et son pull. Manipulations laborieuses. À peine quelques jours qu'elle est capable de s'habiller seule. La chose qui n'avait jamais autant ressemblé à une jeune femme normale sortie de sous le lit un flacon dérobé dans la salle de bain. Dedans, un liquide dont l'odeur était semblable à celle portée par Yoichi. S'en parfumant grassement, sans doute s'imagine t-elle se rapprocher un peu plus de son père, concentrant tous ses efforts pour que plus jamais il ne l'abandonne.

Seul dans la salle à manger, Yoichi s'adonne au petit déjeuner. Une cuillerée de soupe miso savourée les paupières closes, comme pour mieux en apprécier le parfum délicatement salé. Rouvre t-il les yeux qu'apparaît à son regard, au-delà de la pièce illuminée par la clarté de la matinée, une Muda à moitié cachée par la porte de la chambre. Sourire bienveillant adressé à son encontre, avant d'exprimer une surprise silencieuse tandis que sa fille faisait l'effort imprévisible de défier sa plus grande phobie : la lumière du jour.

Avançant à tâtons, la crispation de son faciès traduit une peur primitive. La main d'abord portée entre ses orbites et l'éclat du soleil, la Muda se redresse ensuite, prenant une profonde inspiration avant de baisser son bras. Une poignée de secondes de figement pour aussitôt s'asseoir, toute tremblotante, devant un héliophile bouche bée. Lutte intérieure pour ne pas sombrer dans la panique. Mais heureusement, nettoie son esprit de sa frayeur une sensation, celle de la main chaude de son père posée sur la sienne glaciale. Lève-t-elle vers lui les yeux qu'elle y constate une figure qui se voulait rassurante.

-Tu n'as pas à avoir peur, Muda. Je... Attends un peu... c'est quoi cette odeur ?

Se couvre-t-il le nez ainsi pris au dépourvu, la force du parfum faisant picoter ses prunelles ; que sa vis-à-vis force les traits de l'innocence, regardant ailleurs.

-C'est... toi ?

Moment de flottement, avant qu'un gargouillis de l'accusée ne rompe le silence. Statiques, Yoichi s'emporte d'une esclaffe à peine contenue. Un fou rire partagé entre une saine moquerie et une joie abstraite. Cette alchimie mystérieuse qui balaye d'un revers de main la monotonie d'une vie ne s'embarrant point de l'idée même de survie ; cette alchimie arrache à la créature l'ébauche d'un sourire, puis d'un rire. L'expression de Yoichi se fige net de stupéfaction tandis que sa fille se laisse happer par un bonheur de vivre inespéré.

-Mets toi à ton aise, je vais te servir.

Ainsi se lève-t-il, se dirigeant vers la cuisine. Un bol sorti. Bol qu'il remplit de riz. La sauce soja en main, Yoichi s'arrête subitement dans son action, reposant le condiment. Des tremblements. Des larmoiements muets. Sa paume appuyant sa tempe, comme pour mieux se contenir. Non de la tristesse, ce qui a trait à de l'allégresse. Souvenirs de leurs retrouvailles. Corps jonchant le sol. Sang maculant les murs. Fille désespérée. Fille esseulée. De la voir rire... pour la première fois... La pensée de Matsuki, ce qu'il aurait donné pour vivre ce moment avec...

Tout-à coup, un grondement. Grondement qui gagne en ampleur, devenant infernal. Assez infernal pour faire tomber Muda de sa chaise. Un séisme ? C'est différent... Une présence démentielle à l'extérieur. Puissance qu'elle n'avait jusqu'alors jamais ressenti. Sorte de trou noir. Mais quelle est cette énergie s'agglutinant en ce point précis de la ville ? Se tasse la menace, pour ne plus l'affecter qu'indirectement. Reprendre son souffle. Reprendre ses esprits.

-Papa...

Aucune réponse. Ramper vers la cuisine. Un bol de riz renversé, aux côtés d'un corps étendu au sol. Elle s'approche lentement. Arrive juste devant. Essaie de le secouer.

-Papa ?

Le retourner et se laisser surprendre par le faciès placide de son père, le regard vide. Un type de visage qui lui est commun de contempler. Le même que celui de ses proies juste avant de passer sous ses crocs affamés. Un visage insipide. Et pourtant... cette impression singulière... Elle l'a vu bouger et parler si longtemps... Mais là... Absolument silencieux. Absolument immobile. Absolument... mort. Sur sa trombine à elle... Nul pleur. Nul mot. Nulle crispation. Nulle réaction. Debout à marcher... hors de la pièce... vers l'obscurité.

*

Le souffle irrégulier, à traverser seule, vacillante, les rues jonchées de cadavres. Aucun signe de vie. La désolation. Le choc émotionnel imprimé sur sa figure. Rien... Rien ne semblait pouvoir attirer son attention, pas même sa vieille phobie, ce soleil. Autour, des présences ; pour certaines familières, auxquels la Muda n'accorde pas la moindre attention. Déboussolée. Que venait-elle faire là ? Plantée au milieu d'une place. Égarée... Perdue... Enfermée dans une cabine obscure et étroite. Cette cabine l'étouffe de plus en plus... Combien de temps cette cabine saurait-elle la contenir ?

L’effroyable arriva si soudainement. Tout avait commencé par une drôle d’impression, un mauvais pressentiment puis une atmosphère pesante. Paisiblement installé dans un lit qui n’était pas le siens, le Fullbringer scrutait, inquiet, la moindre fluctuation de Reiatsu qu’il pouvait ressentir. Une détonation survint brusquement, non pas sonore mais spirituelle, entraînant une sensation bien étrange et difficilement explicable. C’était comme si son âme tentait littéralement d’être extraite de son corps, en vain. Réalisant que ce phénomène ne se limitait pas qu’à sa simple personne, le jeune homme sauta précipitamment du pieu pour descendre au rez-de-chaussée. Trop tard, il fût témoin de l’extraction de deux âmes : le couple de vieux chez qui il logeait à leur insu. Dans son élan, horrifié, il s’élança hâtivement en direction de sa mère. Redoubler d’effort pour fournir un Bringer Light de qualité ne lui servit à rien, les essences de tous les habitants de Karakura étaient aspirer sans que quiconque ait son mot à dire. Arrêté en pleine course, sur une vue d’ensemble de la ville fantôme, Kanshin réalisa qu’il ne pouvait rien faire. Aurait-il pu au moins protéger ne serait-ce qu’une seule personne ? Bien sûr que non, ses capacités étaient bien trop limitées pour cela… Faiblard se dit-il en versant quelques larmes. Il se recroquevilla alors sur lui-même, gémissant, allant jusqu’à user de son pouvoir pour devenir un rien inexistant, régressant à un état proche d’un traumatisme familier. Le garçon s’effondra alors au milieu de tous ces cadavres, gisant sur une terre en déclin.

~ Ces foutus humains ont réussis à tous se faire avoir lamentablement, quelle déception. Regarde-toi, tout aussi misérable que tes semblables. Tu crois valoir mieux qu’eux Kazuki ? Bien entendu que tu veux mieux qu’eux, bougre d’idiot ! Relève-toi, tu es ridicule ainsi… Dans le fond, tu es emplie de haine envers les auteurs de ce massacre, n’est-ce pas ? Alors sert-en comme d’une force et fait face à tes ennemis. ~

Une voix bien étrange de son for intérieur venait de résonner l’étudiant défait. D’où pouvait-elle provenir, de sa folie ou d’une conscience dont il ignorait l’existence ? Le moment était mal choisi pour se poser ces questions, les envahisseurs ne l’attendront pas. Reprenant doucement son calme, l’humain analysa la situation. Non loin de là, se trouvait une puissance écrasante gardant un point particulier dans l’espace. Elle dégageait une aura spécifique, similaire à ce monolithe d’il y a deux ans. Aujourd’hui, le mode opératoire était significativement le même qu’à l’époque : aspirer une multitude d’âmes. Nul doute alors que les Maho Tsukaï étaient à l’origine de ce massacre. Ces enfoirés n’ont pas lésinés sur les moyens cette fois-ci ! Cette voix de tout à l’heure n’avait pas tort, Kanshin était frustré, triste, coléreux… Mais ce qui le motivait à présent, c’était l’envie de leur rendre au centuple leurs actes. Une vengeance qu’il se jugera d’accomplir pour l’honneur de ses parents. Un dernier regard en direction de leur demeure puis notre survivant se dirigea vers cette monstrueuse énergie spirituelle.

Sur la route, plusieurs entités se distinguèrent à leurs tours autour de l’imposante force. L’une d’entre-elle était familière, c’était cette fille étrange que notre jeune homme avait croisé dernièrement dans un parc. Une personne qu’il connaissait avait survécu ! Cela lui réchauffait partiellement le cœur. Oui, car disons que cette humaine était d’une drôle de compagnie, prête à manger n’importe quoi. Hormis l’humanoïde délavée, le Fullbringer arriva devant deux bonhommes en kimono, semblant être des Shinigami, qu’il salua poliment. L’occasion pour notre héros de demander quelques renseignements, après tout il ne savait pas grand-chose sur ce qu’il se passait réellement. En regardant au loin, voyant deux hommes se faire face et un trou béant derrière eux, il s’exprima :

« Messieurs… Quelqu’un pourrait m’en dire plus sur ce qu’il se passe ici ? »

Attendant une réponse de la part de l’un d’entre eux, notre héros restait méfiant et sur ses gardes. Il ne connaissait nullement ces deux-là, et encore moins celui prêt à se battre plus bas. Pouvait-il leur faire confiance pour vaincre leur adversaire commun ? En tout cas, dès réponse faite, Kanshin était décidé à rejoindre le champ de bataille quitte à y laisser quelques plumes.

Paisiblement installé dans son bureau et visant la liste des éventuels promus en deuxième cycle à l'académie, Haiko terminait sa énième cigarette qui vint rejoindre ses sœurs mégots dans le cendrier prévus à cet effet, sur un coin de l'imposante table de bois sombre. Reposant le document devant lui afin de s'étendre de tout son long dans son fauteuil, il ferma les yeux en émettant un long soupir de soulagement. Celui-ci prit fin soudainement lorsque l'alerte claqua dans tout le Seireitei. Il rouvrit les yeux aussi brusquement tout en se levant de son siège avec souplesse, empoignant au passage son zampakutô qu'il enfila dans sa ceinture. Le jeune homme sortit de son bureau à la volée, étonné un instant par l'apparition subite du papillon noir qui l'accompagna tout le long du dédale de couloirs nervurant les quartiers de sa division. A mi-chemin de la cours, dans l'effervescence général de ses hommes affluant en direction de la grande esplanade, Haiko marqua un temps d'arrêt, stupéfait, frappé avec violence par la nouvelle qu'il venait d'apprendre. Toute âme qui vive à Karakura, soufflée en une fraction de seconde ?!

Il n'y croyait pas. Pourtant, l'ordre de rassemblement avait bel et bien été donné. C'est un Haiko à la mine sombre mais résolue qui héla ses ordres à ses hommes regroupés devant lui sur la grand place de la sixième division. Une opération de grande ampleur avait été lancée, mobilisant la quasi-totalité des shinigami aptes à défendre la terre. Les Mahô Tsukaï venaient de déchirer le voile entre les mondes, déséquilibrant la balance des âmes qui s’apprêtait à déverser l'engeance hollow sur les hommes. Pour ceux sous son commandement, la bataille serait rude et les pertes nombreuses, mais il en allait de la sauvegarde du monde connu. Ils n'étaient pas préparés à ça, personne ne l'était et ne le serait jamais. Pas simplement pour la Soul Society, mais pour leur survie, voilà ce pour quoi ils combattraient. D'un encouragement plein de vigueur et de hargne, il quitta ses soldats le cœur lourd, sachant pertinemment que bon nombre d'entre eux ne reverraient plus jamais ces murs...

L'Ardent, lui, devait rejoindre l'une des escouade qui constituerait le fer de lance de l'attaque contre les mages de sang. Il serait même accompagné de l'émissaire arrancar, rien que ça ! Cette alliance, même s'il ne la cautionnait pas personnellement, lui était d'un certain réconfort. Savoir que le conflit multi-millénaire qui les opposait aux arrachés du Monde Creux puisse être mit au rencard pendant un temps annonçait clairement la menace que représentait leur ennemi. C'est donc avec tout le sérieux et la droiture qu'incombaient son poste que le petit capitaine se présenta à la porte des âmes. Sans perdre de temps en courbettes et autres formes d'usage, il indiqua simplement à ses deux compagnons de le suivre dans le Dangai. Aucun propos ne fut échangé dans le tunnel reliant les mondes. La détermination presque palpable, la concentration dont le groupe faisait preuve ne requérait point la parole. De mots, ils n'en avaient pas besoin.

Des hauteurs, à l'orée de la porte spirituelle se refermant derrière lui et ses alliés, Haiko observait avec torpeur les corps sans vie, sans âmes, joncher telle une mare d'étoiles charnelles, le sol de la ville. Il entendait, le silence, quasi-absolu, des rues d'ordinaire bruyantes. Quelques alarmes de voitures perçaient le mutisme ambiant de la Karakura qu'il connaissait. Autrement, rien, si ce n'est le souffle sourd du portail dimensionnel qui s'ouvrait devant lui. Ce chaos silencieux remuait les tripes du bretteur en lui donnant presque la nausée. Dans ses yeux bleus profonds se lisait l'incompréhension, supplantée par une haine sans nom qu'il avait bien du mal à dissimuler. De tout les conflits dont il avait dû participer jusque là, Haiko n'avait jamais rien vu de tel. Les guerres humaines faisaient bien pâle figure face à la soudaineté d'un massacre d'une telle envergure. En revanche, la puissance qui allait se déverser ici n'aurait sans doute aucune commune mesure.

Passant sa colère sur le manche de son arme qu'il serra à s'en faire grincer les phalanges, il distingua le mal en présence, vieille homme barbu à l'aura perceptible même pour lui. Puis les deux humains qui étaient apparut dans la rue jouxtant un grand square. Tous n'avaient donc pas péri. Des sensitifs, l'Ardent le savait. Un bref soulagement musela sa haine l'espace d'un instant. Là, jetant un regard à l'émissaire hollow à ses côtés, il acquiesça sa remarque d'un signe de tête avant de le regarder prendre sa véritable forme, paradoxalement indistincte amas de noirceur. Avant de le suivre en contrebas, il eu ce simple ordre, qui sonna plutôt comme un conseil déterminé, à l'encontre de Serpiente.

« Saisis la moindre opportunité. Frappe avec force et vélocité. Ne fait pas attention à moi ou à l'émissaire, nous serons ta diversion. N'hésite pas... »

D'un soupir visant à calmer ses nerfs, il sauta entre les morts, derrière les deux humain. D'un calme effroyable, il s'avança à leur hauteur en prenant soin de détailler d'un regard fugitif leurs visages. Celui de la jeune femme en particulier lui glaça le sang. La torpeur lancinante qu'elle affichait ne faisait que renforcer la volonté du capitaine à mettre fin à cette mascarade. Si le jeune homme qu'il était ne pouvait supporter un tel carnage, il ne pouvait imaginer ce que ces deux humains avaient pu endurer et perdre. Des amis, des proches, une famille... Tout cela devait prendre fin, maintenant. Il répondit à Kanshin sans quitter le Mahô Tsukaï du regard. La voix d'Haiko se voulait apaisante, même si le nœud dans la fond de sa gorge lui donnait un ton bien plus glacial.

« Ton monde se meurt... Entraînant avec lui ses deux satellites. La faille que tu observes derrière ce vieil homme, ceci en est la cause. « Il » en est la cause... Lui et ses comparses. Nous sommes ici pour le mettre à bas et stopper cette folie... »

Une tristesse mêlée de rage apparut brièvement sur le faciès qu'il tourna enfin vers Kanshin.

« Aidez-nous à sauvegarder ce qui peut encore l'être... »

Sur quoi il n'ajouta rien d'autre que le son clair de sa lame, lentement dégainée. Le bretteur reporta alors toute son attention sur le vieillard. Le regard perçant, il s'avança, résolu. D'un coup sec du bras, son katana fut libéré, laissant place à une immense épée à double tranchant arborant à sa garde un cœur de feu. Il s'approcha encore, percevant les paroles de l'arrancar. Il parvint à sa hauteur, non loin à son côté, face au mage à l'aura titanesque. Là, tout en ramenant son imposant shikai devant lui, pointé vers le sol, Haiko continua sur le même ton.

« Et je réduirai tes os en cendres... Bankai. »

Dès l'instant où ce mot fut prononcé, il lâcha l'arme qui s'enfonça dans le bitume de la rue comme dans du beurre. Alors, son reiatsu se répandit au sol tel un éclair, délimitant déjà une large zone brûlée autour de lui. La poussière alentour fut soufflés en une cendre volatile, presque opaque. L'air se réchauffa subitement, donnant à l'atmosphère une agréable douceur estivale. L'Ardent contrôlait désormais aisément son aura qui se stabilisa à un niveau curieusement bas pour une telle libération. Il ne déverserait son pouvoir que sur son ennemi. Toutefois, si la tension ambiante semblait se maintenir présentement, la suite des événements métamorphoserait le décor en un lieu bien moins hospitalier... Et préserver ses alliées ne serait pas simple.

De la paume ouverte, Il en appela à son arme qui sortit de terre pour se loger dans sa pogne. Haiko empoigna alors fermement son épée de rubis d'une seule main en adoptant une garde ouverte, bras armé laissé ballant sur le côté. Même s'il n'en avait pas l'air, le bretteur se préparait à agir...

Apparence en Bankai:

Le vieillard ne s'affola pas face aux différentes manifestations de puissance qui éclatèrent, et ce fut difficile à admettre, mais je l’admirai pour son calme à toute épreuve. Le Capitaine qui m’accompagnait souffla presque à lui seul la rue en libérant son ultime libération ; quant au lieutenant, il s’était transformé en une créature à plusieurs bras dont l'aspect évoquait davantage une forme Hollow qu'un Bankaï, et habitée d’une rage faisant écho à la mienne. Inspiré par son courroux, je trouvai en lui une espèce d’inspiration dévorante qui embrasait mon cœur.
Quand les premiers cadavres se levèrent, la colère laissa place à la surprise. Quand les morts se ruèrent sur nous, je mis de coté mes doutes pour me laisser inonder entièrement par une ire terrible au-delà de ce que je n’avais jamais ressenti auparavant.

« À ce carnage, il faut que vous rajoutiez l’humiliation ?, hurlai-je au vieillard, ulcéré. »

Je voulus faire un pas cependant la horde silencieuse me noya sous sa masse en quelques secondes, et leurs membres avides me pétrirent comme une poupée de glaise. Je sentis leurs ongles et crocs crisser sur ma chair, m’arracher quelques morceaux parmi les plus tendres. Me faire dévorer par ces choses sous l’œil goguenard de ce vioque ?

« Même pas en rêve, sale con ! »

Avec un beuglement sourd, je repoussai mes nombreux assaillants ; il ne me fallut que quelques coups d’épaules et de bras pour les faire s’éloigner, certains tombèrent, mais non sans emporter des bouts de mon anatomie. Je ne bronchai pas sous la souffrance, elle était mon empire, et ce Maho Tsukai n’allait pas tarder à l’apprendre. Je lui tombai dessus en quelques secondes avant d’envoyer mon poing dans la direction de son estomac. De l’autre main, je tentais d’effleurer son visage afin de raidir ses muscles faciaux et figer son sourire arrogant en une grimace douloureuse. Je m’écartai de quelques centimètres, le temps d’une inspiration ; un long tentacule de brume noire fusa de mon bras et contourna l’ancêtre pour plonger vers les vertèbres situées entre les deux omoplates, et y déposer mon cadeau.

« Tu vas serrer les dents jusqu’à ce qu'elles t'explosent dans la bouche, connard. »

Sur ces mots menaçants, je lui présentai mon index et mon pouce chargés de tension. Je relâchai la pichenette, l’air explosa en une détonation venteuse.

Enfermée dans une espèce d'apathie, tout au plus perçoit-elle des sons, vaguement des mots. D'ordinaire aux aguets de la moindre présence, la jeune femme ne prête là aucune attention aux potentielles menaces qui lui adressent la parole. Prisonnière de cet instant. De cet instant dont elle ne sait guère quel regard porter dessus. Souffre-t-elle ? Saisit-elle seulement la nature de sa souffrance ? Une coquille vide, qui ne prend pas la mesure du danger se profilant autour d'elle. Se donner à la mort ? Elle ne comprend pas. Un quelque chose allant à contre-courant de son instinct le plus viscéral et primitif ; celui de la survie. Seule motivation à son existence. N'arriver à cerner ce désintérêt soudain pour sa bonne subsistance. Penser l'effraie. S'en interdire. Bloquer sa raison. Néanmoins, un sens excité. Une odeur singulière. Un parfum familier. Relever la figure. S'écarquillent ses yeux abasourdis. Un rêve ?

-... Papa ?

Un contraste entre cette image d'un corps inerte et celle se prêtant présentement à son regard, imbibée de vitalité. Ne se pose aucune question. Juste de constater. Vouloir constater. Une ébauche de sourire. Les yeux humides. S'en approcher. N'avoir d'autre souhait que de fondre dans ses bras, pour y éponger toute sa peur, toute sa douleur, toute sa torpeur. De n'obtenir son réconfort... Au contraire, une agressivité qu'elle ne lui connaissait pas. Une agressivité qu'il n'était pas. Rentrer ses crocs dans sa chair. La mordre... pour la dévorer ? D'autres qui suivent derrière pour marquer son corps de blessures qu'elle ne remarque en rien, malgré la douleur palpable.

La tuer... Se dégage de l'emprise de la plupart. La tuer... Son père se maintient à elle. La tuer... Panique, la créature de la nuit. Soleil qui la frappe, qu'elle remarque tout juste. Tout l'agresse. Rien ne l'épargne. De se voir mourir l'horrifie. De se voir à la place de ses proies d'antan la terrifie. En panique. Attrapant la mâchoire de celui visant à faire sien la chair de sa chair. Lui aussi ? Un regard si tendre... qui aujourd'hui la tétanise. Survivre... Renouer avec ses basses pulsions... Pulsion qui explose, à en briser la nuque de son dernier espoir. Craquement froid. Plus aucune résistance sous ses paumes. Un pantin aux fils coupés.

Monte l'émotion. Une émotion qui lui brûle la figure. S'effondre sur ses genoux. Ses mains tremblotantes s'approchent du corps sans vie de son géniteur. Tressaille quand s'incruste dans son esprit la scène de l'acte meurtrier. Une réminiscence similaire. La tête pendante de sa mère. Cet homme, son meurtrier. De n'arriver à se remémorer son visage. Qui est-il ? Une affliction de ne s'en souvenir. Une part d'elle-même disparaissant de sa mémoire. Sombre. Seule. Se mélange à son sang ses larmes.

-Me laisse pas... Je veux pas... Non... Je veux pas retourner toute seule...J'ai peur papa... J'ai peur... Réveille toi...

La trombine affreuse sur sa dépouille. Gémissante. Désespérée. Détruite...

Les choses s’accélérèrent à un rythme des plus soutenu. Le capitaine Shinigami s’élança à son tour dans la bataille après avoir répondu à notre ignorant : les hommes n’étaient pas les seuls menacés par ces évènements, le monde entier courrait en réalité à sa perte incluant les dimensions spirituelles Cela, le petit Kazuki l’ignorait jusque-là. Derrière cette déchirure couverte par le vieil homme, une dimension se forgeait au détriment de la nôtre. Rien ne pouvait changer ça, hormis les initiateurs de tout ceci, les Maho Tsukaï. L’expression affichée par Kaogake reflétait bien la situation préoccupante et pesante qui s’était installé aux alentours. Les regards étaient tous fixés sur ce vieillard aux pouvoirs encore inconnus. Chacun attendaient, prêt à agir contre ce monstre. Armés de haine, les entités avoisinantes ne faisaient exceptionnellement qu’un, s’apprêtant à déferler sur le nécromancien.

Un Bankai, puis deux… A leur tour, les dieux de la mort dévoilaient leur toute puissance en libérant pleinement leurs armes. Tandis que le premier avait aussitôt haussé la température à proximité, le deuxième, arrivé à l’instant, était doté de deux paires de bras supplémentaires. Une véritable bête de foire que le Fullbringer scruta un moment avec attention. Il demandait en plus qu’on lui laisse de la place pour attaquer notre ennemi commun. Une tâche simple pour notre jeune homme, ne valait mieux pas se retrouver sur le chemin de cette imposante carrure. En réalité, il se trouvait bien pitoyable devant ses compagnons à l’énergie spirituelle écrasante. Alors que la Muda n’avait pas encore agit, Kanshin savait pertinemment à quel point elle pouvait être tout aussi effrayante. La seule misérable âme encore debout dans le coin était la sienne. Le serait-il encore longtemps avec le combat qui s’apprêtait à débuter ?

Toutes les préoccupations revinrent sur le gardien quand celui-ci décida d’agir face à ces outsiders. Il fit appel à un pouvoir bien étrange : il réanima par un enchantement douteux la plupart des corps étalés dans les rues environnantes. Une armée de marionnettes se leva contre la résistance récemment édifiée, dans le seul but de la faire chuter. Chaque rebelle eut le droit à sa poignée de cadavre déferlant sur leur cible. User de la sorte de la chair de ses semblables était impardonnable pour notre humain. Il avait beau tous les mépriser pour leurs naïvetés et impuissance, il n’appréciait pourtant pas qu’ils soient traités de la sorte, comme de vulgaires pantins. Alors que la rage montait en le jeune homme, il tenta de garder son calme avec l’attroupement qui arrivait sur lui. Comment allait-il gérer ça ? Le mieux serait de ne blesser personne, au cas où ces corps retrouveraient leurs propriétaires. Même si l’étudiant n’y croyait pas véritablement, il était de toute manière incapable de massacrer ses homologues. Dans un soupire léger, le garçon s’élança sur le comité menaçant, activant ses capacités afin de passer inaperçu auprès d’eux. Une vague légère de Reiatsu et exceptionnellement invisible déferlait vers les morts vivants. Kanshin n’était plus qu’une insignifiante personne se hissant derrière la première ligne des zombies. Aussitôt traversé, il fit subitement un demi-tour avec un coup de pied retourné, frappant les quelques individus sur son passage, les mettant K.O par la même occasion. Une action qui ne s’effectua pas sans bruit, éveillant un petit intérêt à un autre pantin proche. Celui-ci eu l’improbable réflexe de se ruer sur sa cible à nouveau détectée pour lui porte un coup de griffe inévitable à l’arrière. Une douleur se fit ressentir, puis un réflexe incontrôlable survint ensuite. De son bras droit, notre héros dégagea la patte de cette bestiole tout en se pivotant avec l’intention de lui porter sa main gauche en pleine figure. Le poing s’arrêta net à quelques centimètres de son but, tandis ce que le jeune Kazuki était consterné de découvrir la cible qu’il s’apprêtait à frapper.

« Ma… Maman… ? »

Il retint un instant son souffle, immobile. Tout autour de lui, les quelques humains restants gigotaient dans tous les sens à sa recherche. Leur proie avait une nouvelle fois disparue. Tels des animaux, ils se mirent à fouiller les environs, la défunte mère comprise. Pendant ce temps, le bras de plomb du Fullbringer s’effondra sous le dépit. Cette fois-ci, les circonstances poussèrent à bout ses nerfs, jusqu’au point qu’il ne puisse plus garder son calme. Dans une dernière action seine d’esprit, il agrippa sa génitrice abâtardie pour la percher sur un lampadaire de la rue. Accrochée par les bretelles de son maillot, elle ne pourrait se dépatouiller de là toute seule. Restait plus que les autres guignols regardant leur camarade gesticuler, ridicule. La colère prit finalement le dessus. Relâchant son camouflage, certainement inutile face aux véritables entités présentes, le jeune humain envoya une forte pulsation de son pouvoir vers le Maho Tsukaï. Un éclat d’un violet remarquable dont le seul but fût d’éveiller un instant l’esprit de ce vioc, afin d’être sûr qu’il enregistre bien ce qui suit.

« Nécromant de mes deux ! Tu ne repartiras pas de ce monde en un seul morceau, pas après le grabuge que tu as créé. J’y veillerais jusqu’à mon dernier souffle s’il le faut ! »

Les poings serrés, Kanshin réservait son prochain coup pour cet enfoiré, toutefois s’il en aurait l’occasion. Derrière lui, les quelques marionnettes restantes étaient sur le point de lui bondir dessus. Sans compter que le mage pouvait très bien lui en coller d’avantage sur le dos. A moins que ce dernier réservait une toute autre chose après le soudain intérêt porté sur notre blondinet. Il était paré à toutes éventualités.

Voilà une apparition des plus inattendue. Montrant son profil au capitaine Shiva derrière lui, Haiko déploya un sourire malin. Autant le catapultage du borgne l'avait laissé pantois, le nouvel arrivant, armé d'une hargne communicative lui procura des frissons d'excitation. Lentement, l'Ardent en revint au vieil homme, son rictus s'effaçant progressivement face à la langue fourchue du mage de sang. Passer ? Quelle idée. Au sein de ce groupe hétéroclite, la priorité ne devait sans doute pas être de contourner l'obstacle, mais bien de l'oblitérer purement et simplement. Surtout au vu de ce qu'il comptait entreprendre. Encaissant sans ciller le souffle du sceptre frappé au sol, le petit shinigami assura sa garde, portant désormais son épée à deux mains devant lui. Sa vision des choses était simple. Ici, pas de quartiers, pas de pitié. Ces êtres abjectes avaient déjà fait bien trop de mal autour d'eux pour que le shinigami éprouve la moindre clémence à leur égard. Sa concentration était telle que les corps sans vie se relevant sur sa terre brûlée lui arrachèrent à peine un regard interrogateur. Le bleu marin perçant de ses yeux restait scotché sur le vioque.

Ce n'est qu'au bout de quelques secondes qu'il réalisa l'ampleur de la manœuvre orchestrée par le nécromancien. Le calme ayant suivit ses paroles allait bientôt laisser sa place à un ouragan déchaîné de violence. D'un sang froid effroyable, le capitaine de la sixième fléchit les genoux, portant un regard circulaire sur la marée de zombie commençant à l'encercler. D'un leste mouvement des bras, il orienta son bankai en direction du sol. Sous ses pieds et tout autour de lui, le bretteur ressentait déjà la chaleur des effluves magmatiques prêtes à être libérées. Les morts bondirent de toute part sur l'ensemble des combattants, ouvrant ainsi le début des hostilités. La lame s'enfonça vivement dans le sol, arrachant à la terre un sifflant grondement suraiguë. Feu...

Les morts-vivants n'eurent pour la plupart pas le temps de toucher le sol à nouveau, vaporisés par les murs de lave ayant explosés en cercles concentriques autour de l'Ardent. Deux des pantins de chair parvinrent pourtant à traverser la lave en s'abattant mollement sur lui en cherchant à s'agripper à ses bras et sa gorge. Sans aucune difficulté, il repoussa vivement de son avant bras les cadavres enflammés qui lui occasionnèrent tout de même quelques menus blessures et autres déchirurent vestimentaires avant de tomber en cendres à ses côtés. Le capitaine n'avait aucun remord, ils étaient déjà mort. Inutile de les pleurer... Sa résolution de mettre un terme à la macabre machination des Mahô Tsukaï était inébranlable. Laissant alors retomber le magma en une boue incandescente autour de lui, il arracha son épée à la terre. Sans prêter attention à la masse grouillante se dirigeant vers lui, il aperçu du coin de l’œil l'envolée rageuse de l'arrancar.

Décidé à poursuivre cet élan, Haiko insuffla d'un coup une partie de son reiatsu dans son épée de rubis qui vira au blanc sous la chaleur dégagée. La horde s’apprêtait à le submerger lorsqu'il disparut à leurs yeux pour réapparaître en posture basse derrière Shogen. Le bras déjà armé, biceps devant le visage il décocha alors un aller-retour horizontal fulgurant aux hanches du mage de sang avant de s'écarter vivement d'un bon de côté. De nouveau, le petit capitaine se retrouva au beau milieu de la masse grouillante des marcheurs décérébrés de Karakura. De nouveau prêt à en découdre, il réaffirma sa garde, dos à l'un des bâtiment de la ville adjacent au portail dimensionnel. Ce n'était que le début, il le savait. Frapper vite et fort, sans pour autant gaspiller ses forces. Voilà la ligne de conduite qu'il suivrait afin de ne pas laisser le temps à l'engeance mort-vivante de le submerger. Attentif aux mouvements des forces en présence, son regard roula sur le côté pour jauger l'influence progressive qu'avait le portail sur la zone. Ils devaient se hâter...

Spoiler:

Je fixai interloqué le lieutenant aux allures de dieu indien. Quelle était cette force ? Et pourquoi ce borgne ne possédait qu’un simple grade de lieutenant ? Des questions qui me laissaient pantelant, et totalement hagard sur la manière dont les Shinigamis organisaient leurs troupes. Car à l’inverse, le Capitaine, lui, malgré une bonne volonté certaine, se contenta de quelques assauts mollassons qui auraient à peine soufflé le brushing d’une vieille dame. Ce type se prenait-il réellement au sérieux ?

« Hé, vous, lançai-je à l’homme à l’Haori, ce n’est pas le moment de vous retenir. Vaporisez-moi ce type, comme le fait votre ami, et de façon splendide. »

Je lui désignai le colosse à six bras, fulminant, furieux, prêt à tout donner. Je savais que le vieillard aurait été d’accord avec moi si son avis m’avait importé une seule seconde. Son corps désaxé, son faciès crispé, son sang versé sur le sol : son état offrait une réponse finalement plus satisfaisante. Je le quittai des yeux quelques instants, mon attention attirée par un craquement sinistre. Un peu plus loin, je reconnus Muda, penchée sur le corps d’un homme. La jeune fille, déjà bizarrement accoutrée, me surprit lorsque je vis qu’elle s’affligeait sur la dépouille. Depuis quand les animaux pleuraient-ils ? Je m’avançai vers elle, mais le Shinigami la rejoignit avant, et l’étreignit avec une douceur que son aspect laissait insoupçonnée. Après avoir slalomé entre les zombies, je parvins à leur niveau et déclarai :

« Muda, je suis Tibors Tiesce, vous vous souvenez ? Moi, je me souviens de vous. De la beauté sauvage qui émanait de votre être. Cet homme est mort, et c’est c'est celui-ci, là-bas, qui en est responsable. »

Je m’accroupis auprès du couple, profitant de ce court répit qui nous était offert.

« Oubliez vos larmes pour le moment. Redevenez cette bête que j’ai croisée. Et arrachez la vie au responsable de votre souffrance. Si vous pouvez faire ceci, votre père ne sera pas mort en vain. »

En me relevant, je constatai que le Maho-Tsukaï se préparait à réattaquer. Je n’avais pas tout suivi des évènements, toutefois le retrouver en pleine forme m’alerta, et plus encore lorsque les hordes de morts se jetèrent sur nous. Moins que leurs mouvements hagards, ce qui m’inquiétait glissait sous leur peau en une lumière rouge menaçante. Les premières explosions me prirent au dépourvu, m’envoyant valser à travers la rue. Je m’écrasai contre la façade d’un immeuble, le souffle coupé, avant que la gravité m’attire pour embrasser le bitume.
Une broutille.
La régénération s’activa avant même que j’ai touché sol. Il me fallut seulement quelques secondes pour me remettre debout, guéri des coups infligées par l'explosion, hormis quelques brûlures. À l'inverse, mon habit offrait une mine piteuse sur tous les aspects. La pluie de sang qui s’abattit sur la zone acheva de me plonger dans une fureur noire. Je me mis à courir vers Shogen lorsque je sentis mon épiderme brûler puis se désagréger purement. Je serrai les dents, la douleur était mienne, et malgré mes muscles corrodés par l’acide, je ne flanchai pas. Mes jambes devinrent floues, et c’est un être de brume et de sang qui jaillit d’entre les dernières gouttes pour s’écraser contre le vieillard. S’il aimait corroder la chair, il allait être servi. Et bien plus.
Je visai d’abord sa gorge, sans frapper, la laisser simplement exposée au contact destructeur de mon pouvoir. Dans un même temps, je lui touchai la main, concevant le plaisir légèrement sadique d’éveiller à nouveau en lui tous les maux, les souffrances, les blessures rencontrées au cours de sa médiocre et détestable vie.

Larmoie. Tremble. Se fige. Statique. Placide. Les yeux exorbités, sur le buste de son géniteur défunt. Une force dans le regard. Non une rage, une peur viscérale. De prendre enfin conscience de sa perte. Souvenirs de quiétude. Quiétude en perdition. Seule. De se sentir confinée, écrasée. Suffocante. Une existence passée à être coupée d'autrui. Des moments de plaisir éphémères, autant que rares. Haletante. La gorge crispée. Elle n'arrive plus à respirer. La fin. Du moins, la pressentait-elle, jusqu'à ce qu'un contact étranger l'extirpe de son cocon de désespoir. Fond le tintamarre dans laquelle la Muda s'enfonçait. Sifflement aigu. Silence. Semblent se réveiller ses autres sens, pour prendre alors conscience de ce qui l'entourait. Se voir ramenée à la réalité. Un fragment de sérénité qui la désappointe, au regard de sa détresse d'il y a quelques secondes. Fascination pour cet inconnu vaguement humanoïde. De souhaiter que l'instant dure pour l'éternité...

Les mots l'atteignent enfin. L'arrivée d'une personne familière. Il ne lui faut guère plus de quelques instants pour se remémorer son identité. Rencontre ancienne. Tibors Tiesce. Il lui parle. Elle boit ses paroles. Un responsable ? Cet homme ? De pouvoir donner un visage à l'épicentre de toute sa peine épure amplement ses pensées. Remarquer la présence du fullbringer de l'autre jour. Seule ? Plus maintenant. Ce sentiment qu'elle pensait perdu à jamais... De se sentir soutenue. Le spectre d'une chasse commune surgit soudain. Une chasse dangereuse, dont elle signifie sa participation en touchant, quoique hésitante, la main de la chose venue l'enlacer.

Une explosion la fait tressaillir. Une explosion frappant de plein fouet l'arrancar d'alors. De considérer, aussitôt, tous les morts-vivants alentour comme de possibles bombes en puissance. Ils s'approchent de chacun de ses compagnons. Crispation aux airs de spasme. Craquelle son épine dorsale. L'expression alerte.

-Attention !

Repousser l'homme à six bras le plus loin possible. Les paupières closes. Une concentration intense. De s'attarder sur chaque présence dans les environs. Recroquevillée sur elle-même, surgissent de son dos d'innombrables épines, venues empaler la majorité des morts-vivants. En particulier, ceux qui inquiétaient le plus ce que la Muda se plaisait à considérer comme étant son instinct. Rafale qui lui était inédit de dompter, triant ses cibles pour épargner toutes les entités estimées bénéfiques. Plusieurs déflagrations plantées et figées pour qu'elles ne fondent directement sur ses cibles. L'une d'elles, trop proche, vient grignoter son bras de douloureuses brûlures. Une blessure qui en réveille d'autres. Pendant que se rabattent ses os dans sa coquille de chair, ses plaies béantes la mènent vers l'affliction.

L'impression que mille aiguilles la piquent de part en part, à un rythme soutenu. Non un handicap. Un tremplin à une émotion particulière. Bout sa trombine. Bout son estomac. Bout chaque parcelle de son enveloppe charnelle. La frustration. La rage. La haine la plus primitive. Crépite sa pression spirituelle. Crépite sa fureur. Crépite son aura meurtrière. L'anéantir. N'en rien laisser. Cet homme au sceptre... Ce vieillard croulant... Cette abjection de la nature... Il lui avait volé son seul trésor ; elle lui déroberait sa charpente pour n'en faire qu'une masse flasque. Circule son énergie interne... à une vitesse telle que grossit ses veines pour en devenir apparentes. Spasmes à peines perceptibles, du fait de leur vélocité.

-Meurs... JE VEUX QUE TU MEURS !

Se déporter juste derrière sa proie, en même temps que Tibors achevait sa dernière manœuvre. S'agripper au dos du parasite pour l'étreindre puissamment, au risque de lui briser quelques os. Encore un instant, et ses crocs viendraient s'incruster dans la boîte crânienne du Maho, avec cet objectif clair de le réduire à l'état d'immonde limace.

Remarquable démonstration de puissance de la part de tous ces compagnons, ils avaient su gérer l’afflux des morts-vivants et contre-attaquer le vieil homme sans difficulté. Ce dernier prit de ce fait un bon nombre de coup qui le mirent bien mal en point. Il faut avouer que l’enchainement du Capitaine aux multiples poings était destructeur. Même un Maho Tsukaï ne pouvait en sortir indemne. Cela prouvait à notre humain que les mages de sang ne sont pas si invincibles, ils peuvent être terrassés. Bien que cette lueur d’espoir eu tendance à motiver le jeune homme, cette tension prit rapidement fin quand il pensa à sa maigre prestation en comparaison. En effet, il n’avait pas eu l’occasion de se déchainer sur son ennemi jusqu’à maintenant. Néanmoins, sa semblable en était au même point. Désemparée, Muda venait d’abattre un unique pantin qui se trouvait être son père. Kanshin partageait son chagrin. Bien qu’il ait su écarter le corps sans vie de sa maman, il n’espérait qu’un miracle improbable pour la récupérer. Ne ferai-il pas mieux de mettre fin à cette souffrance inutile en anéantissant la carcasse mouvante de sa maternelle ? Le doute n’eut à peine le temps de s’établir, leur adversaire n’avait pas dit son dernier mot.

Agitant son sceptre au-dessus de lui, le sang des cadavres aux alentours était aspiré par le nécromancien, lui permettant ainsi de soigner ses blessures. Ce salaud n’était pas encore prêt à crever. Pas bien grave pour notre Fullbringer, il comptait bien participer au prochain assaut et défaire une bonne fois pour toute l’envahisseur. Pour cela, il lui fallait survivre à ce que préparait le vieux sorcier. Bras toujours levé, une lueur rouge s’émana de son bâton magique. Une onde particulière se propagea alors tout autour de l’ennemi et venait réagir avec tous les zombies croisant son passage. Ce flux spirituel était familier à notre protagoniste et ressemblait beaucoup à ce qu’il utilisait pour répandre son pouvoir. Que nous réservait bien le Maho avec ses marionnettes ? Rien de bon, il n’en doutait pas. C’est pourquoi il actionna à son tour ses capacités, non pas pour attaquer, mais pour tenter de faire interférence avec cette technique. De l’énergie couleur améthyste s’échappa du blondinet à la façon d’ondulations se déplaçant sur l’eau. Ayant la particularité de raisonner en toutes entités des environs, cette compétence diffusa en chacune d’entre-elles un intérêt pour son utilisateur. La tentative fût pourtant un véritable échec. Les deux Reiatsu étaient si différents qu’ils s’évitèrent tout naturellement sans même qu’il y ait une quelconque interaction. Cet essai se révéla d’ailleurs être plus néfaste pour le garçon, qui avait ainsi attiré l’attention de la plupart des esclaves ballants.

La situation tournait au drame pour le petit joueur. Il ne savait pas à quelle sauce il allait être servit avec ces nouveaux jouets au reflet écarlate. Quand l’un d’entre eux explosa au contact de l’Arrancar, libérant des morceaux d’organes peu accommodant, Kanshin ravala sa salive. Génial, il va devoir faire mumuse avec des humains explosifs ! Un léger sourire dérisoire se détacha de son visage face au danger. Il porta un regard inquiet sur sa mère suspendue un peu plus loin. Elle était là, scintillante comme tous les autres mais toujours pourvut d’une tête et de quatre membres. Un ridicule soulagement qui n’arrêta pas pour autant l’élan de la masse détonante. L’assaut des morts fut soudainement stoppé par le déploiement d’un gigantesque réseau de pics, les perforant en bonne partie. De multiples explosions résonnèrent non loin de là, propulsant des gouttelettes d’un sang étrangement corrosif. L’homme, sujet de l’engouement des pantins, était touché par celles-ci au dos et au bras droit. Ressentant de vives brûlures, l’embrochement l’avait curieusement évité. C’était en réalité l’œuvre de sa chère camarade flippante. Une fois les os rabattus, les derniers survivants purent s’élancer sur leur cible tant attendu.

A la une, à la deux, à la trois ! D’un saut gigantesque, notre héros bondit pour sa vie. Enfin pas tout à fait, cette cabriole lui permettait de gagner du temps. Il était resté au même endroit depuis tout ce temps et les quelques sauvages encore debout venaient s’y regrouper. Les griffes tendues vers le haut, ils acclamèrent de cris barbares la proie retombant en chute libre. Ce gain de temps servit à l’idolâtré de concentrer son énergie spirituelle en sa jambe droite. Finissant sa descente sur une pirouette avant, sa patte se fracassa sur l’attroupement. Un enchainement d’explosion s’en suivit, expédiant une étoile en déclin à quelques mètres de l’impact. Eclaboussé de ce sang virulent et étalé au sol, le jeune Kazuki se tenait la jambe en piteuse état, à peine conscient.

~ T’as fait fort sur ce coup-là bonhomme ! Il n’y a plus de dynamite autour de toi, et les dieux de la mort ont quasiment le champ libre. Mais… regarde toi, je t’avais pas vu autant larvé sur le bitume depuis des années. Pourtant tu ne te rends même pas compte que tu libères encore en continue ce flux périodique. Tu manques pas d’énergie couillon ! Lève les yeux et frappe dont ce connard de vioc ! ~

La fulmination avait propulsé Kanshin à quelques pas du nécromant. Ce dernier avait en ce moment même un passager clandestin sur son dos. Muda, mais qu’est-ce qu’elle foutait là ? Elle n’avait pas froid aux yeux la petite. De ce fait, l’antagoniste était bien trop occupé à se dépatouiller de la chose. L’occasion rêvée pour placer un coup, comme l’avait si bien dit cette voix encore inconnu. Frapper au sens propre paraissait cependant être difficile, vu l’état physique dans lequel se trouvait l’étudiant. La seule chose qu’il put faire, ce fut d’envoyer une puissante vague de son pouvoir. Monsieur le mage de sang, connaissez-vous la peur ? La terreur, l’effroyable sensation d’oppressement jaillit du corps inerte de l’humain. L’un des seuls qu’il ne pouvait contrôler. Une marionnette sans en être une : quel sentiment horrifiant cela provoquerait-il à Shogen ? Un vif éclat spirituel mauve surgit sur le vieillard dans le seul but de lui procurer cette peur tétanisante. Aussi longtemps qu’il pu, l’humain maintint son fullbring activé. L’effort prit fin au bout de quelques secondes sans même qu’il connaisse l’issue de sa technique. Espérons au moins qu’elle ait permise une ouverture aux Shinigami.

Epuisé, le jeune homme ne pouvait plus bouger de lui-même, comatant à la limite de la perte de connaissance.

Il n'écoutait pas. L'attitude ainsi que les propos de l'arrancar faisaient pâle figure au vu du résultat de ses propres coups. N'avait-il pas remarqué le fait que malgré la puissance déployée ici, c'est un vieillard fringuant qui se tenait devant eux ? La fougue de ses alliés était louable. Cependant, le petit capitaine y allait de son expérience. Il n'avait jamais eu à affronter directement l'un de ces mage de sang. Toutefois, leurs compétences obscures, capable de manipuler jusqu'à des hauts-gradés du Gotei, montraient bien la nature du danger qu'ils représentaient. Fondre dans la mêlée en beuglant ne rimait à rien si ce n'est à indiquer clairement ses intentions à l'ennemi. L'Ardent pardonnait volontiers ce genre de prestation de la part de Noboru. Après tout, pour un ancien de la onzième division, rien d'étonnant. Qui plus est, le colosse semblait bien au fait des capacités du vieil homme. Haiko quant à lui avait retenu la leçon lors de son entrevue avec le capitaine Yakushiji. Quelque soit l'ennemi et sa force, la situation, son propre ressentiment, l'action devait primer sur les mots. Ainsi, l'adversaire serait moins enclin à prédire le prochain coup porté à son encontre. C'est ce qui avait poussé le gradé à ne pas laisser parler sa hargne et la contenir en son fort intérieur. Jauger de la puissance dont pouvait faire preuve le Maho Tsukaï restait une priorité pour lui et à vrai dire, tous ses alliés y avaient participé.

Là, dos à la façade du bâtiment administratif faisant lui-même face à la horde encerclant le bretteur, celui-ci observa un instant le petit attroupement autour de l'humaine. Si les gardiens de la ville avaient pu voir cette image, sans doute auraient-ils revu leur position vis-à-vis de leur désir d'isolement. Capitaine vizard, arrancar, tous deux tentaient de rassurer, de réveiller la jeune femme. Haiko en était certain, s'ils survivaient à tout ceci, de bonnes choses en découleraient. Cette pensée ne fit que renforcer encore plus la résolution du petit capitaine à mettre définitivement un terme aux plans des mages dimensionnels. Sur le sol brûlé de la rue, mélange de béton brûlant des trottoirs et de bitume fumant d'hémoglobine, l'homme à l'écharpe se mit en garde face à l'engeance le lorgnant avidement. Entre cris et râles envieux de goûter à sa chair, il distingua le bâton rougeoyant du vieillard s'élevant dans les airs. La lueur purpurine irradiant la zone n'augurait rien de bon. Cette aura anima de convulsions nouvelles certains des morts-vivants éparpillés dans la rue. Renforçant ses appuis en une position basse très équilibrée, le bretteur se tenait prêt à recevoir la mort elle-même. Pendant un cours instant, il crut sentir une autre présence, une énergie étrange parcourant son corps tel un sonar. L'image du jeune humain faisant front avec eux lui apparut alors clairement dans la mêlée au loin. Il plissa les yeux. Qu'est-ce qu'il cherchait à faire ?

De la masse informe, des zombies visiblement plus teigneux émergèrent. Boursouflés, gigotant dans tout les sens tels des pantins, ceux-ci se ruèrent aux quatre coins du champs de bataille. L'un deux dispersa ses compères juste devant l'Ardent, les yeux tournés vers Kanshin. Une explosion se fit entendre au loin, puis une deuxième. Surpris par la vélocité de cette monstruosité, il reporta toute son attention sur elle. Trop tard pour un contre... Alors, prêt à s'éclipser, son regard fut attiré par la liane d'os traçant sa route dans sa direction. Dans la confusion de l'attaque, il ne sut déterminer avec précision l'origine de cette chose. La pique embrocha le corps sans vie bondissant sur lui avec une telle vivacité que celui-ci fut stoppé net. Abasourdi, le gradé eut à peine le temps de déclencher son shunpô que le zombie éclata en lambeaux. La détonation fut telle qu'elle souffla la moitié de l'immeuble et dérouta l'Ardent en plein pas éclair droit dans l'édifice en question. Comme une balle de revolver, il traversa le bâtiment de part en part sans pour autant se retrouver dans la rue parallèle à celle de l’affrontement. Dans un lit de gravas et de plâtre, de papier et de meubles explosés, Haiko refit surface, écartant de mouvements secs les décombres jonchant sa personne. Une grimace douloureuse vint déformer son visage un bref instant. Son dos et ses flancs offraient sa peau nue, brûlé, à l'air ambiant saturé de poussière. Son apparat de capitaine suintait d'un sang corrosif lui mordant presque l'abdomen et le bas-ventre. La douleur, à la limite du supportable, était indescriptible. L'un de ses genoux flancha.

Devant lui, la lucarne fumante de son passage à travers l'immeuble, dégoulinante de ce poison morbide, lui offrait une cible parfaite, déjà aux prises avec la jeune femme virant maintenant démon. Shogen en prenait une secouée et cela ne décrochait pas le moindre sourire au capitaine qui luttait contre la douleur. Une partie de ses mèches brunes furent rongées. Des gouttes... étaient tombées sur son écharpe... Là, à la vision du tissu, cher à son cœur, ce lien qui l'unissait par la pensée à sa famille, son sang ne fit qu'une tour. Gouverné par une sourde colère, son aura s'éleva progressivement, élevant la température ambiante à un niveau bien plus désagréable que la simple chaleur estivale. Sur lui, l'effet fut saisissant. Directement touché par cette chaleur, le poison sur sa peau s'évaporant dans l'air en de minces fumerolles, laissant la chair touchée à vif. Ses yeux cobalt fusillèrent du regard le Maho Tsukaï. Cette fois, pas de pitié...

S'aidant de son épée, il se releva. Sa main libre, il l'éleva. Transperça alors l'immeuble une demi-douzaine de piques de cendres et de roche en fusion. Le bras armé en arrière, il marqua un temps. Il hésita, considérant la présence de ses alliées aux abords de sa cible. Qu'importe... Il en rajouta même encore une couche en en appelant à la fournaise sous ses pieds. Il n'avait jamais couplé ces deux attaques. L'Ardent suait, haletait sous la concentration d'énergie que demandait une telle offensive. Derrière lui un énorme serpent de lave pointa le bout de son nez en sortant du sol brûlé masqué par les gravats de l'édifice. Le reptile de magma vint onduler lentement au dessus de sa tête, comme à l'arrêt. Puis, d'un cris rageur, Haiko déversa toute son ire dans cet assaut dévastateur. D'un coup de taille horizontal, il frappa les pics de cendres qui explosèrent devant lui en une fulgurante nuée ardente. Le zanpakutô de rubis pointé vers l'avant, sur sa cible, guida l'énorme liane de magma qui parût se mêler à la coulée pyroclastique en bondissant au dessus de son maître. Là où la nuée s'étendait en un cône immense, ravageant tout sur son passage, l'énorme filin de magma explosa littéralement ce qu'il restait de l'immeuble l'ayant vu naître. Les deux étages finirent de voler en éclat autour du shinigami sous la protection de son aura.

Comme il le lui avait dit. La cendre rongerait ses os... Il ajouta mentalement, emplit de haine, *...et le feu du volcan te frappera en plein cœur *.

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