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 Les égarés [Libre]

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Vilmar
Les égarés [Libre] Arr-ind
Vilmar
Rang : Roi Poussière

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MessageSujet: Les égarés [Libre]   Les égarés [Libre] Icon_minitimeMer 16 Juil - 13:32



Il s’échappe de son attente et retourne là où est tombé son règne, son royaume et son nom. Traverser le désert jusqu’aux frontières de pierre lui prend un temps que Vilmar ne mesure pas ; une durée sans incidence qui se perd au-delà de sa mémoire, heures et journées qui n’ont nulle valeur à ses yeux.
Le spectre de la peur pèse sur ses épaules ; le vieux roi tremble mais ne s’arrête, et ses pas lentement le guident, avec hésitation, vers son ancienne demeure. Il s’immobilise face au Mont éventré, réduit en poussières de roches et en cendres de souvenirs, dont il ne reste que des décombres éparses, éclatées ; une royauté mise en morceaux par la furie d’un seul être. La Terreur sans âge est partie, mais la destruction qu’elle a semée demeure intacte, aussi froide et cruelle qu’au jour de son éclosion.

L’Ancien ne sait que dire face à ce gâchis, ne sait que faire pour le réparer. Peut-il soulever une à une chaque éclat de la montagne, les empiler les uns sur les autres, reconstruire son œuvre ? Une tentation qu’il n’écoute pas : elle est vaine et désespérée.
En revanche, une promesse se forme peu à peu sur ses lèvres ; elle prend source dans son chagrin et sa colère, et des mots acides sont vomis par sa bouche en un flot de promesses fielleuses :

« Ainsi soit fait le serment de détruire ce qui m’a détruit, de le renvoyer dans les tréfonds obscurs à qui il appartient, et ne le laisser, plus jamais, en rejaillir. »

Ses dents happent son index tendu ; dans un craquement sinistre, elles plient, fendent et scindent l’os, et leur œuvre achevée, libèrent ce bout de viande devenu inutile. Vilmar recrache le doigt, serre sa main mutilée en un poing volontaire. Sur le sol, le sang s’y épanche et s’y mélange en une boue âcre.

« Vœu est fait, déclare-t-il au silence. »

La plaie guérit, se referme, et la détermination du Roi Poussière grandit.

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Daestra Chibiko
Les égarés [Libre] Arr-ind
Daestra Chibiko
Rang : Requin solitaire

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MessageSujet: Re: Les égarés [Libre]   Les égarés [Libre] Icon_minitimeJeu 14 Aoû - 12:34

Le temps. Il ne signifiait plus grand-chose désormais, n’avait plus la moindre importance pour eux. De repères, ils n’en manquaient pas pourtant mais tous, répondaient à une horloge biologique et non imposée par autre chose que le besoin. Une vie primitive, passionnante. Un retour aux sources. Depuis que la page sur son exil s’était définitivement tournée Daestra vivait comme à l’aube de sa première évasion : guidée par l’instinct, guidée par l’envie et par sa soif grandissante de pouvoir. Guidée par une faim qui ne connaîtra jamais de frontières, quand bien même celle-ci lui apporterait la Mort, la sienne, la leur, sur un plateau d’argent.

Jusqu’à ce jour nul ne s’était plus opposé à ses revendications. Pas après son coup d’éclat face à l’ancien seigneur qui dirigeait aveuglément les terres hostiles et fragmentées au-delà du désert infini. Des informations, la Matriarche avait pu en récolter bon nombre avant que le clapier arroguant de son ennemi ne se mette plus qu’à vomir du sang et d’infâmes borborygmes aussi infâmes que ses paroles déversées plus tôt en un flot venimeux sans dangers pour la meute. Le règne du sinistre dirigeant prit fin à la manière d’un combat de fauves. Par la mort du plus faible, et le cri monstrueux du vainqueur laissant entendre à quiconque le voudrait qu’une nouvelle ère prenait racine sur les ruines de l’ancienne.

Dès lors les émissaires d’autres royaumes voisins s’étaient présentés à eux, plus par envie d’engager la négoce que par désir hostile. L’ancienne Tercera ne douta pas une seconde que d’autres forces, bien plus puissantes que la leur conjugué, imposait ses lois par-delà les remparts de roc dressés face aux cieux immortel. Comme partout en ce monde la faune tel un engrenage complexe et mortel à la fois animait le mécanisme de la vie. Si primitif soit-il. Et lorsqu’un cliquetis particulier se faisait entendre au cœur de la mélodie éternelle, le prédateur immédiatement jaillit de son terrier. Aux aguets. Flip, d’abord. Daestra, ensuite. Et le reste, enfin.

- Oui, ma fille. Mais s’il transpire la peur, celui-là n’est pas auréolé de faiblesse.

*Pourrait-il s’agir de l’un d’Eux ?*

- Certainement pas. Cela fait des lustres, et aucun ne n’est jamais aventuré en dehors de son propre royaume. Pourquoi le faire maintenant ?

*Une requête, sans doute ?*

- Les serfs sont là pour ça. Je pense qu’il vaudrait mieux en avoir le cœur net malgré tout. En formation.

Habituellement, cela impliquait de se fondre sous le sable et d’évoluer ensemble en couvrant un maximum d’angles en cas d’embuscade. Mais ici le terrain ne s’y prêtait guère, et la famille vivait paisiblement, en terrain conquis. C’est pourquoi elles utilisèrent les immenses piliers, se juchèrent au sommet et avec une discrétion certaine s’en échappait, jusqu’à rencontrer le suivant. Sans jamais perdre de vue le sol où sinuait toujours leur Mère qui elle ne se dissimulait qu’en cas de danger évident.

Les filles arrivèrent en premier sur les lieux du signal, où le sang continuait de répandre son doux murmure familier. La silhouette innocemment dressée au centre du cercle formé par les prédatrices ne sembla pas les remarquer au premier abord. Il faut dire qu’en matière de traque, qui mieux qu’un chasseur peut sans mal se vanter de telles prouesses. A moins que l’individu bien sûr, ne cache ses intentions.

Daestra, qui s’était noyée à l’approche de sa cible ne lui laissa malheureusement pas la moindre ouverture en la matière et se présenta aussitôt à lui, jaillissant telle une sirène de cet océan minéral. Son attention fût immédiatement happée par un signe distinctif qui somme toute semblait vouloir confirmer certaines hypothèses évoquées tantôt par Flip. Une couronne. Pour autant, et elle en fut la preuve des années durant, en posséder une ne signifiait pas qu’il s’agit bien là d’un seigneur de quelque contrée voisine. Restait à en être sûre.

- Vous… Êtes sur notre terrain de chasse. Mais peut-être le savez-vous déjà. J’ose espérer que cette breloque fixée sur votre crâne n’est pas un vulgaire artifice. Mais avant de savoir si je me trompe, nous allons aviser. A qui ai-je l’honneur, donc ? Et pourrait-on savoir ce que me vaut cette visite impromptue ? Je n’ai pas pour habitude de recevoir, pour des raisons évidentes…
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Vilmar
Les égarés [Libre] Arr-ind
Vilmar
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MessageSujet: Re: Les égarés [Libre]   Les égarés [Libre] Icon_minitimeLun 1 Sep - 16:15



La douleur diffuse du moignon finit de s’apaiser, à l’inverse de celle de l'âme qui continue d’hanter l'Ancien, dont les pensées ne cessent de tourner et se retourner, incessantes, sur ce qu’il a perdu. S’apitoyer est une faiblesse, mais à laquelle Vilmar se consacre, bien malgré lui, encore réticent à l’idée de tourner cette période de sa vie dont l’histoire s’est étirée sur plusieurs siècles. Une nouvelle page doit être écrite, actuellement vierge de tout mot, et cet immaculé laisse le vieux roi sans repère.
Il ne sombrera plus, toutefois ; son sang a été versé pour formuler ce pacte. La peur, le doute, des fardeaux qu’il écrasera bientôt pour repartir en quête de sa force d’autrefois, et la restituer entièrement, avant de la transcender davantage. Au regard de ce qu’il affronte, l’antique souverain n’a ainsi aucune autre option que celle-ci : redevenir un Hollow dans toute sa splendeur, tiraillé par l’appétit du pouvoir, nécessaire à la survie ; combat qu’il n’a plus livré depuis des temps immémoriaux, longtemps assuré de sa place dans le monde.

Subitement, des frémissements sonnent à sa conscience, le tirant de sa torpeur introspective ; le vieil Arrancar regrette brutalement cette naïveté d’avoir cru qu’on le laisserait à son deuil. La compassion ne s’incarne que rarement dans le cœur des habitants du Yermo. Ses sens s’aiguisent, à l’affût de cette menace invisible. Sur ses gardes, il demeure dans l’attente d’une première offensive qui ne vient pas.
En place et lieu d’un assaut, une créature s’extrait sauvagement du sol, monstruosité hybridée entre la femme et l’horreur marine. Bien que vigilant au moindre geste excessif de la bête, l’ancêtre se résout à une attitude impassible, mesurée. Cependant au fond de lui, une colère contenue bouillonne, attisée par les mots de la chose carnassière. Au milieu des ruines grandissent toujours les charognards.

« Je suis Vilmar, et ces terres étaient miennes naguère. J’étais le souverain d’autrefois, et je ne passe que pour me recueillir sur les décombres de ce qui fut ma demeure.

Il tourna la tête de quelques degrés, indiquant du regard la montagne éventrée au-dedans de laquelle s’entassaient tous les souvenirs des siècles passés.

- La violence n’est pas un tribut que je cherche à imposer. Ce royaume est tien pour un temps, je ne te le réclame pas. Ecarte ta meute, laisse-moi le passage et lorsque ma tâche sera achevée, je m’en irai comme je suis venu. Voici la faveur que je te demande. L’acceptes-tu ? »

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Daestra Chibiko
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Daestra Chibiko
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MessageSujet: Re: Les égarés [Libre]   Les égarés [Libre] Icon_minitimeMer 24 Sep - 19:14

- Le lion couronné, monarque d’antan, depuis longtemps déchu de son titre ne devrait plus guère traîner dans ce qui fut jadis son royaume. Aujourd’hui morcelé, disputé, dépecé à la manière d’une charogne que l’on offre aux vautours. Prends garde à toi, vieux mâle, car les hyènes participent également au festin. Elles sont plus vigoureuses, plus sournoises encore que ces rapaces vaniteux et fainéants. Et insatiables, avec ça…

Celui qui se disait tantôt Maître incontesté du vaste empire s’étendant par-delà les frontières du Yermo et qui de son propre aveu ne venait ici que pour s’y recueillir, malgré une évidente faiblesse apparente la préserva de toute notion d’empathie. De par son vécu, et non sa longévité relative, la Principessa avait appris à ne pas trop se fier aux apparences. Le fait de s’entretenir avec un vieillard à ce point marqué par les affres du temps lui arracha tout d’abord un sourire de façade, alors que son attention demeurait accrochée non pas sur les remparts de cette forteresse en ruine mais sur la puissance qui hantait visiblement ses couloirs. On pouvait sans mal y voir les vestiges de grandes batailles, deviner les coups d’éclats et autres contes héroïques tirés de vastes campagnes millénaires. On pouvait y lire la décadence, la naissance de l’oubli et l’errance.

Sans jamais avoir été à la tête d’armées ou de terres, l’hybride partageait malgré tout nombre de ces travers. Une force de la nature en cavale, un prédateur redoutable ne répondant qu’à ses propres désirs… Tant et si bien que les hautes sphères de Las Noches avait tôt fait de l’évincer, voyant peut-être en elle une future prétendante au trône. Seul le Roi Guignol était à ce point stupide pour s’en persuader, à moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’un désaccord et d’une mise à l’arrêt par manque de dévotion. Toujours est-il qu’un monarque autoproclamé par les mots ou les actes, et ainsi porté aux nues finira irrémédiablement par chuter, errer, voire même en de rares occasions se laisser mourir.

- Vilmar, ce sanctuaire ne murmure plus votre nom. Nul ne saurait reconnaître un roi défait sans en éprouver de la honte, nul de pourrait se rallier à quelque leader vaincu mais souhaitant se recueillir sur sa propre tombe. Seul, vous n’accomplirez jamais ce pour quoi vous êtes revenu. Oh non.

Une à une, ses filles tombèrent de leur guet. De part et d’autre, elles formèrent dans le plus grand silence une arrière garde menaçante, sans pour autant y mettre le geste ou la parole. Leur seule présence aurait pu être considérée comme un affront à la neutralité et à l’échange pacifique. C’est alors que Daestra, au lieu d’orchestrer un massacre gratuit invita son interlocuteur d’un geste de la main, tout en glissant de coté à la manière d’un serpent. Son regard cave ne laissa naturellement rien transparaître de ses intentions. Les habitués ne s’y seraient pas laissé prendre. Il faut dire qu’en termes de diplomatie, la meute ne brillait pas le moins du monde. C’est pourquoi, afin de mêler le geste à la parole, leur Mère osa argumenter. Une dernière fois.

- Si c’est une sépulture que vous cherchez, je peux vous guider vers ce qui s’apparente le plus ici à un cimetière d’éléphants. Vous pourrez me conter votre histoire, avant qu’elle ne tombe complètement dans l’oubli. Et puis, je ne vous laisse pas tellement le choix.
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Vilmar
Les égarés [Libre] Arr-ind
Vilmar
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MessageSujet: Re: Les égarés [Libre]   Les égarés [Libre] Icon_minitimeDim 5 Oct - 20:21



Le visage du géant s’assombrit en une mine ombrageuse à mesure que la Matriarche se perd dans ses discours aux mots aussi affûtés que des couteaux. Cet acier qui sort d’entre ses lèvres se fiche dans la fierté du vieux roi et l’entaille par leur brutalité douloureuse, mais bien moins que la concession faite face à ces vérités tranchantes. Cette mère de meute dit vrai, et il est outrageusement pénible de le reconnaître.
Revenir ici est, pour Vilmar, l’acceptation de sa propre défaite.

« Et pourtant, tu me refuses la seule chose que je demande, dit-il posément, sans laisser transparaître la colère, seulement l’amertume d’un constat face à une réaction attendue. Il continue à parler, insensible à sa propre affect.
- Je t’ai entendue dire qu’il s’agissait de ma tombe, et tu dis juste, car c’est en ce lieu que j’ai chu du plus haut sommet. Or, ce n’est pas ici où tout s’est arrêté. Je vais m’extraire du tombeau dans lequel on m’a jeté, et je vais rebâtir tout ce qui m’appartenait jadis. Des vœux m’attendent, et j’y consacrerai tout ce que j’ai. Je te laisse ton cimetière ; j’ai déjà suffisamment vu le mien.»

Le colosse ne perçoit plus en l’enterrement une voie possible, et la flamme du combat, si ce n’est la rage dans tout ce qu’elle a d’ardent, se rallume en lui et l’enveloppe dans son étreinte passionnée ; émotions folles longtemps déniées mais pour lesquelles se forme la prétention, sans cesse plus pressante, de les retrouver pleines et entières.
Néanmoins, bien qu’abandonné à son intériorité bouillonnante, le Roi Poussière perçoit tout de même les manœuvres insidieuses et perverses de son hôte. Il accueille cette brutale invitation de la créature avec impassibilité, et méfiance en un sens, mais nullement de la peur en revanche. La malheureuse et ses filles font bien pâle figure en comparaison de ce que l’Aïeul a déjà dû affronter.

« Je te suis si tel est ton désir, mais sache que je n’ai nullement l’attention de me rendre à toutes tes volontés. Je ne te raconterai pas mon histoire, pas entièrement. Elle serait au moins aussi longue à narrer qu’il m’a fallu la vivre, mais je peux te parler des derniers instants, ceux qui ont été décisifs, et qui compteront pour les temps à venir.
Tireras-tu peut-être de ma déchéance une leçon, si l’arrogance ne voile pas tes yeux comme elle a pu couvrir les miens. Et vois par quel prix je l’ai payé.
»

Il regarde la monstruosité, son faciès inhumain, affronte ses yeux creux, et il se demande si derrière ce masque froid luit plus d’intelligence que chez les autres.

« Guide-moi là où tu veux m’emmener, nous parlerons après ta contemplation. »



Dernière édition par Vilmar le Mer 29 Oct - 11:54, édité 3 fois
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Daestra Chibiko
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Daestra Chibiko
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MessageSujet: Re: Les égarés [Libre]   Les égarés [Libre] Icon_minitimeSam 11 Oct - 13:31

- Je ne me suis pas installée en ces terres dans le but d’imposer, ou de régner. J’y ai vu un refuge, une façon de se soustraire au regard de mes innombrables poursuivants. Un moyen de renaître plus sereine, plus forte. Et pour cela oui, je me dois de faire respecter certaines règles élémentaires. Ma sécurité contre ton silence et ta coopération, vieillard. Rien de plus.

Ce qui n’était pas totalement vrai, pour ainsi dire. Au-delà du protocole et de sa façade immaculée se cachent ici nombre de questions encore vierges, dans l’attente vaine qu’on les nomme au grand jour et qu’on les libère ainsi du joug de la conscience. Jamais le squale ne s’était donnée en offrande à quiconque, jamais elle ne s’était étendue sur son existence passée. En ce monde il valait mieux faire fi des révélations en tout genre, en dévoiler un minimum pour ne pas prendre le risque de s’exposer pleinement à la lumière et faire alors étalage de ses faiblesses. Les cicatrices du temps n’appartiennent à personne d’autre que soi-même. Peut-être le vieux monstre couronné partageait-il cette vision du monde, peut-être qu’il s’effaçait par nécessité et non par altruisme malvenu. Toujours est-il que sa réponse lui donna entière satisfaction. Elle prit plaisir à s’en contenter, et entama sa course sinueuse auprès du lion blessé.

Si ses yeux caves ne semblaient être en mesure de voir, ses sens en revanche pouvaient sans grande difficulté percevoir au-delà de la simple empreinte physique. Certaines émotions sont si fortes qu’elles transpirent et forment une coque invisible pour le commun. Mais Daestra incarne tout, sauf cela. Et son regard vide se tourne vers lui, le dévisage, le contemple tandis que son enveloppe corporelle ne laisse rien transparaître. Un prédateur n’est-il pas curieux avant tout ?

- Je ne peux prétendre être le guide de l’ancien monarque que vous représentez. Toutefois, sachez qu’il est bon d’avoir sa propre escorte désormais. Car il ne fait pas bon vagabonder sur le territoire d’un autre.

Son prédécesseur aurait pu en témoigner si sa carcasse n’était plus maintenant qu’une tenture cousue sur les parois de son terrier familial. Il avait toléré sa présence, l’avait invité au cœur de son royaume pour finalement y perdre la vie. Le pouvoir apporte son lot de confort mais aussi un certain relâchement qui, souvent, finit par activer les rouages de la mort. Perte d’un titre, d’une demeure, de loyauté ou tout simplement de son essence vitale. Il n’est donc jamais trop prudent de réguler le flux. De jouer un rôle.

Son arrière-garde continua de talonner Vilmar à bonne distance. En silence. Habituellement, chacune des filles de la meute se cantonnait à des travaux de garde, sillonnant les airs dans un secteur attribué au préalable avec pour objectif de dissuader tout individu, de réprimer toute intrusion éventuelle. Et de chasser, lorsque le gibier n’atteignait pas un seuil de puissance minimale définit par la Mère. Dans le cas présent, leur cible surpassait de loin ces prérequis et nécessitait donc un rassemblement préventif. Pour autant la proie en question ne semblait pas vouloir entrer en conflit avec eux. Il ne semblait pas enclin à grand-chose, pour être honnête. C’est pourquoi l’hybride se fit violence, et brisa enfin le voile qui se dessina tantôt entre les deux entités majeures. Sans pour autant baisser sa garde, elle se confia au souverain déchu.

- L’avenir m’est plus confortable que le passé, Vilmar. Un océan de ténèbres s’étend dans mon sillage, pourquoi voudrais-je l’éclairer de vos lumières ? Peu m’importe l’Histoire des Dieux et des Rois, car elle finira de la même manière que les autres. Dans l’oubli. Pour autant, il me plairait de savoir quelle route vous emprunterez pour vous y rendre. Que je ne la suive pas…
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Vilmar
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Vilmar
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MessageSujet: Re: Les égarés [Libre]   Les égarés [Libre] Icon_minitimeMer 29 Oct - 17:12


L’Ancien marche d’un pas lourd, mais ferme, et son avancée tout en rigidité contraste avec les glissements feutrés de la Matriarche ; il le constate, ce n’est là qu’un point parmi d’autres sur lesquels ils sont dissemblables. Lui cherche un royaume où s’imposer, alors qu’elle n’en a que faire, et la terre qu’elle foule ne vaut à ses yeux pas mieux qu’une autre. Une attitude que le vieux roi conçoit parfaitement pour l’avoir adoptée dans sa jeunesse, il y a des millénaires, mais dont il ne se souvient de l’ivresse. Des poussières de souvenirs trop lointaines pour rejaillir en la mémoire, que Vilmar laisse au temps et à l’oubli.

« Ton secret sera sauf, n’aie nulle crainte à cet égard. Aussi longtemps que tu ne chercheras pas à me nuire, j’en ferai autant. »

Il prête à ses paroles une promesse qu’il sait ne jamais briser, et espère secrètement qu’il en sera de même pour elle. Il la regarde, tout en marchand à ses cotés, et s’interroge sur ce qu’elle est ; il n’abandonne pas la méfiance, pourtant, à mesure que l’échange se prolonge, l’Aïeul se prête à concevoir une curiosité sincère pour son hôte.

« Tu es une créature étrange, déclare-t-il simplement. Tes mots sont d’or, pourtant tu te revêts de l’apparat des bêtes. Tu me sembles trop bien parler pour n’être qu’une simple chasseresse, comme il en existe partout en ces lieux. Je me suis échappé du monde longuement, mais je n’ai jamais entendu parler de toi auparavant. Qui es-tu ? Je ne connais pas même ton nom. »

Trop d’idées semblent courir dans les yeux vides de la prédatrice, et le Roi Poussière décèle que derrière ce masque, un esprit unique y vit, féroce et dangereux, mais certainement capable de subtilité et d’intelligence. Un cadeau rare dans ce désert où l’animalité s’accompagne le plus souvent d’idiotie.

« Je compte regagner cette cité, où se sont réunis des Hollows par milliers sous l’égide d’un roi. On dit que celui-ci la tient moins par sa force que par la ferveur de ses sujets envers lui. Cette ville a l’essence des songes : elle ressemble à un rêve fiévreux qui disparaît une fois la maladie tombée. Je veux voir si ce lieu s’effondrera par lui-même, ou si on l’y aidera. Mais il y autre chose. »

Le colosse s’immobilise, son expression déjà ferme se durcit, et ses poings se serrent, et une aura de colère vibre le long de son corps, le rendant plus immense que jamais.

« En nul autre endroit du Monde Creux n’existe un tel regroupement d’âmes. Vois-tu ? C’est un festin à ciel ouvert, une offrande de folie à un appétit vorace. Rien ne me plonge plus dans la crainte que l’idée qu’un jour cette cité soit consommée. Si cela devait arriver, alors tu auras raison : notre histoire à tous finira dans l’oubli. »

Vilmar se tourne, un instant, un seul, et s’abandonne dans la vision de la Montagne éventrée ; la pierre qu’il pensait imprenable a été détruite en un revers, et lui-même qui se croyait indestructible, a été rejeté au bas du piédestal de ses imbéciles ambitions. Le vieillard contemple, et se perd, et dit :

« Lorsque tu entendras des rumeurs dans le lointain, quand le ciel se repliera sur lui-même, lorsque le sable sera rougi par la mort, et quand tout autour de toi ne sera plus que silence, fuis. Fuis comme il ne t’a jamais été donné de fuir au cours de ton existence. Nous existons par une seule chose, et cette chose vient réclamer son dû. Nous ne sommes que des grains minuscules alors que la tempête arrive. »

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Daestra Chibiko
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Daestra Chibiko
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MessageSujet: Re: Les égarés [Libre]   Les égarés [Libre] Icon_minitimeVen 31 Oct - 18:45

Les langues se délient, et avec elles la toile de crainte mutuelle qui jusqu’alors se tissait entre les deux entités fortes de leur propre appréhension. Sans pour autant laisser transparaître les bases d’une empathie illégitime la Principessa tend avidement l’oreille et écoute sagement les dires du vieil homme. Celui-ci semble à la fois perdu et résigné, mais emprunte une voie qui le mène vers des horizons moins flous, plus colorés. En un sens. Sa destination, elle la connaît ou du moins s’en persuade. La Forteresse Blanche, siège de tous ses maux et de tous les dangers. Il y avait bien longtemps qu’elle ne se l’était plus représentée, et le simple fait de repenser au visage carnassier du Rey lui arracha un soupir emplit d’aigreur. Pour autant elle continua à se poser des questions, sans perdre pied, sans fuir ce plan ni sombrer dans l’introspection. Ne pas être seule en son propre intérieur, rend possible certaines choses. Mais il ne faut pas offrir l’espoir aux esclaves, ou ils finiront par se retourner contre leur maîtresse.

Aussi se contenta-elle de hocher la tête, songeuse, avant de croiser par inadvertance le regard de Vilmar. Malgré le fait qu’il ne puisse lire au travers de ces yeux caves et morts une telle attention la mettait toujours mal à l’aise. Certains y voyaient un monstre, une aberration de leur nature monstrueuse qu’ils fuyaient aussitôt. D’autres, comme ici, restaient imperturbables face à ce spectacle. On pouvait souvent deviner, presque énoncer les questions tapies derrière une expression neutre de façade. Ce ne fut pas le cas, puisque ses interrogations se formulèrent naturellement. Sans tabou, le monarque déchu exposa ses attentes, la mit en garde, chercha lui aussi à comprendre. Sans s’en cacher.

- Un nom, tu en trouveras. Par-delà ces montagnes il est synonyme de mort, de traîtrise et de peur. Je revêts ce que je suis, une chose. Une arme. Le désert. Redoutable, capricieux, libre, imprévisible et qui ne trouvera pas plus la paix en ce monde que dans un autre. C’est un vent de haine qui m’a porté jusqu’ici, c’en est un autre qui m’en délogera.

Le convoi s’étant arrêté, chacune des filles profita de l’aubaine pour jouer avec ou sans le consentement de l’autre. Comme à son habitude Stup ne se perdit pas en simagrées et tenta vainement d’imposer son envie la plus primaire face à une Flip totalement désintéressée car trop absorbée par l’attitude du vieillard qui semblait fixer, rêveur, le paysage par devers elles. Et tandis que Hammer grimpait la paroi du canyon dans l’attente d’un signal de départ, Betelgeuse se rapprocha doucement de sa Mère et lui adressa un message interrogatif accompagné d’un haussement d’épaule. De toutes ses filles, il en est une qui se détache immanquablement du lot. Et malgré le fait de n’avoir qu’une coque lisse pour tout visage, elle n’en était pas moins attentionnée et capable de transmettre la moindre de ses émotions sous la forme d’ondes bien spécifiques.

Il s’agissait en l’occurrence d’une requête en rapport avec la nature de l’échange, à laquelle Daestra finit par répondre en lui adressant un sourire rassuré mais discret, après quoi elle se tourna de nouveau vers son invité pour entreprendre de le sortir de sa torpeur sans risquer une attaque. Il aurait été regrettable de devoir le laisser pourrir en plein milieu du chemin, sans sépulture.

- Cela fait trop longtemps que je suis à l’abri des nouvelles et rumeurs du monde creux, et je n’ai pour ainsi dire jamais eu à constater la présence d’un tel foyer aux alentours de Las Noches. Grimmjow, ne possède certainement pas l’âme d’un altruiste. Son égoïsme n’a d’égal que sa brutalité envers ses sujets et son peuple. Comment pourrait-il s’attirer la ferveur de ceux qu’il ignore ? J’aimerais comprendre. Mais d’abord, continuons…

Sur ces mots elle brisa les cieux d’un sifflement caractéristique, et la meute aussitôt se regroupa pour finalement regagner leur place respective. Alors le convoi reprit sa route vers les frontières extérieures avec cette fois pour objectif d’amener leur hôte sur la route de la citadelle et de son désert infini. Vint ensuite le temps des questions, encore, et de l’interprétation. Son exil l’avait-elle à ce point coupé du monde ?

- Avant d’entendre de plus amples explications, il serait bon de savoir. Le langage prophétique, n’a aucune valeur à mes yeux. Il est l’étendard des fous et des faibles. Je gage que vous n’en faites pas partie et pourtant vous voilà, à métaphorer sur quelque chose qui n’est pas plus visible que le vent. Une menace prend corps, et je n’en vois pas qui serait capable de rougir le Yermo jusqu’à l’horizon…
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Vilmar
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Vilmar
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MessageSujet: Re: Les égarés [Libre]   Les égarés [Libre] Icon_minitimeVen 7 Nov - 0:40



Des mots clochent et frissonnent à une oreille qui n’entend pas, car l’esprit qui aurait pu écouter est ailleurs, errant parmi les bribes et les fragments de réminiscences oubliées, d’un temps d’autrefois. Le nom de rage de la Matriarche échappe encore, mais l’Ancien cesse sur l’heure de s’en soucier, car d’autres noms plus essentiels courent devant ses yeux. De même, les jeux des femmes enfants ne l’émeuvent pas, et ne l’auraient de toute façon fait en temps normal ; il laisse la parole de leur mère s’égarer autour de lui, sans remord pour ce qui pourrait être vu comme un outrage, puisque sa mémoire vaut toutes les étiquettes, et d’étiquette, la créature d’albâtre n’en a elle-même cure.
L’Aïeul perçoit quelque silence dans l’échange ; silence qu’il investit brutalement d’autres souvenances, et avec rage. Les scènes défilent, et les pensées, et les idées, jusqu’à ce que le charme se brise, et que le vieillard revienne de ses lointains intérieurs. Il cligne des yeux, morne, et répond :

« J’ignore tout de ce Grimmjoy. Je n’ai vu le roi, mais sa cité s’est étendue à mes pieds. J’ai rencontré certains de ses servants ; il n’y avait dans leur bouche que le goût de l’admiration. Leur foi était sincère, sans l’ombre de la peur. Peut-être a-t-il changé, peut-être est-il autre, je n’ai réponse à ta question, et elle ne me soucie guère. »

Aux cotés de l’hôte des lieux, il reprend route, à nouveau entier en sa raison, figé en ses manières, monolithique en sa nature. La Montagne s’éloigne derrière eux mais son roi ne lui accorde plus un regard : il le fera quand il sera de nouveau digne de la conquérir. Le groupe marche en silence, les deux puissants en tête, l’essaim indistinct à l’arrière, à l’affut. La voix s’exprime de nouveau en la gorge blanche de la Matriarche ; Vilmar se porte attentif à la rencontre de ses dires, les réfléchit, les analyse. D’un ton d’où filtre une angoisse sourde, il répond :

« Tu ne le vois pas car le Yermo n’a jamais rougi de cette sorte, ou peut-être l’a-t-il déjà fait, mais il n’en est rien laissé. Pourtant, il y a des signes dont l’un couvre en ton cœur. Ne perçois-tu pas les battements écrasants en ton sein, Hollow ? Je te parle par détours car la parole s’affiche impuissante sur ce que je veux t’exprimer. Cela ne se décrit pas, cela se vit, et cela est plus terrifiant que toute terreur. Peux-tu mettre des mots sur ce qui se situe au-delà ? Il s’interrompt, et quoiqu’il ne s’affranchit de son calme, d’imperceptibles tremblements viennent tout de même s’agiter le long de ses mains.
Je vais tâcher, toutefois, de m’y essayer. Sache que mon effort demeura bien pauvre en comparaison de cette réalité, mais peut-être, si tu t’y confrontes, y verras-tu des similitudes pour t’éclairer, et suivre mon conseil donné.

Il la fixe, certain d’avoir son attention. Ne demeure que la crainte de n’être cru, mais celle-ci, il l’écarte : le sort de la Matriarche n’appartient qu’à elle. Ce qu’elle fera de la sagesse en cette nuit dispensée, l’Aïeul lui laisse de faire son propre choix.

- C’est une chose, ou un être ? A-t-il simplement une conscience ? Je l’ignore. Mais cela est ancien, bien plus que je le suis, et rares sont ceux à pouvoir y prétendre. Cette entité, je la crois primordiale. Ce que je sais, c’est qu’elle est de notre nature : son énergie transpire l’essence même du Hueco Mundo.

Le vieillard se penche vers la mère de la horde ; dans son regard brille folie et peur, ainsi que, probablement, une minuscule lueur de vérité.

- Imagine l’un des nôtres si vieux qu’il aurait consommé des millions de ses semblables. Imagine cette chose flotter et couvrir le ciel et ses horizons, et ne laisser sous elle qu’une nuit d’où ne brille qu’un gouffre lumineux qui dévore. Imagine cet enfer grouillant étirant vers toi ses longs bras, si gigantesques qu’ils en font paraître la Montagne pour un minuscule sommet.
Cette créature vient d’un monde où la faiblesse et la pitié n’ont pas leur place. Ne pense qu’à fuir si elle s’annonce à toi. Car si tu as cru être impuissante un jour, ce sentiment n’est rien en comparaison.
»

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Daestra Chibiko
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MessageSujet: Re: Les égarés [Libre]   Les égarés [Libre] Icon_minitimeLun 1 Déc - 16:43

Sous ses traits de marbre la Matriarche couvait une expression mêlée de stupeur et d’amusement. Semblant glisser tel un spectre la silhouette immaculée, mains jointes croisées dans le dos évoluait en compagnie de son hôte avec aplomb. Une forme de sérénité semblait même envelopper tout son être, la statufier, et pourtant derrière son écorce d’ivoire se jouait l’issue d’une bataille éternelle mais indicible. Une lutte sans merci, un duel pour savoir qui de la raison ou de la colère aurait l’honneur de siéger sur le trône de l’Âme. Bien souvent les circonstances font qu’une fonction fini par s’imposer, et abrège le combat. Mais dans la situation actuelle, toutes deux peuvent revendiquer le titre et c’est pourquoi le ton n’allait pas toujours avec la forme ou le fond de sa pensée.

Passé maîtresse dans l’art de se dissimuler aux autres, Daestra ne laissait donc rien paraître du conflit intérieur et se contentait simplement de boire les paroles du vieux monarque en le scrutant d’un œil mort, mais étrangement vivace. De rares volutes s’invitèrent en effet, naissant du fin fond de ses orbites creuses pour y demeurer un temps et leur offrir en semblant de vie, avant de disparaître à nouveau. Preuve d’une colère sous-jacente, prisonnière.

- Votre nature, vieillard, n’est pas la nôtre. Nous n’appartenons pas plus à cette race et ce monde qu’à d’autres. Il n’existe à ma connaissance rien de semblable, aussi vos visions ne sauraient-elles chuchoter à mon cœur et déceler le moindre sentiment de peur. Il n’en trouvera pas trace. On m’a façonné à la manière d’un golem, retirant de mes entrailles ce qui pouvait me nuire ou me diminuer. Je suis une arme et la mort, qu’un détail sans importance. Lorsque la nuit du banquet s’annoncera et que le désert enfilera sa robe sanguine ouvrez l’œil avant de fuir. Vous y verrez alors comment les fous et monstres embrassent l’Oubli.

Il ne s’agissait nullement là d’un accès de vantardise mal placée, pas plus que d’insouciance mais d’un constat bien réel. Son existence, sa forme primitive et ses prédispositions pour la traque ne la destinaient à rien d’autre que le combat. Et si ses bourreaux n’avaient jadis pas eu le temps d’effacer toute trace d’humanité, au point de la voir lutter constamment en son for intérieur elle demeurait un cobaye. Une machine à tuer, n’errant que dans le seul but de se faire un jour tuer et délivrer. En analysant les paroles de son interlocuteur, l’hybride s’imaginait déjà affronter l’adversaire ultime. Elle vit son propre corps terrassé d’un revers, et cela lui arracha un sourire malfaisant qui disparut aussitôt que ses yeux caves se posèrent sur Flip qui passait à ce moment précis, non loin d’eux. Une empathie malvenue, un altruisme proprement intolérable et contraire à sa nature mais qui s’était jadis imposé à elle dans un moment de lucidité.

Une arme seule, ne se serait jamais mise en retrait, si loin de toute menace. La fuite n’aurait pu être envisagée autrement que pour le bien d’un tout, et non de soi. Maintenant qu’elle incarnait une figure maternelle, une entité protectrice et bienveillante au sein de l’Horreur Daestra rechignait presque à se soumettre au monstre qui l’habite. Trait qu’elle osa souligner par la suite, afin d’étayer ses propos et ne pas paraître fausse ou ignorante.

- Mais comme je ne porte pas ce soir le masque de la Bête, alors vos mots résonneront pour que l’esprit daigne peut-être les entendre. Pour autant, je ne leur donnerais crédit que lorsque nos vies seront réellement en danger, que mon cœur sondera cette chose et que ma cécité me prouvera mes torts. Pour l’heure, je ne vois dans les ténèbres aucune lueur susceptible de s’opposer à mes doutes.
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Vilmar
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MessageSujet: Re: Les égarés [Libre]   Les égarés [Libre] Icon_minitimeVen 19 Déc - 17:19


Rares avaient été les fois où deux êtres aussi singuliers que puissants s’étaient croisés, puis avaient marché coté contre coté, sans haine et en paix. Vilmar ressent dans cette conversation avec la Matriarche quelque chose qu’il n’avait plus connu depuis des éons. La créature, aussi instinctive et brutale soit-elle en ses heures, se révèle pourtant d’une compagnie paisible et apaisé. Un baume de douceur prodigué par une prédatrice, et c’est là quelque chose d’inattendu pour le vieux souverain.
Ce sentiment, il ne le laisse l’abuser toutefois. La chasseresse a trop de mots de mort sur sa langue, et si sa bouche ne vomit des menaces à l’égard de l’Ancien, c’est pour se tourner mieux vers la vie même. Cette mère n’a dans son cœur que violence ainsi que détestation, et si celles-ci sont tues en cette heure, le vieil homme n’en sous-estime pas pour autant le danger.
Et puis il y a cette étrangeté. Vilmar contemple sa compagne, se laissant le temps de réfléchir et peser les paroles qui viennent d’être prononcées, car il ne les comprend pas. Son regard sonde l’âme de la fauve et celles de sa meute, et en chacune, il ne voit que ce qu’il s’était attendu à voir.

« Tes dires m’échappent. Je ne sais pour quelles raisons tu te défausses à ce que tu es, puisque tu es Hollow. Tu es de mon monde, et il ne se peut que tu n’entendes l’appel. Tu es enfant du sable et du désert, c’est ainsi. Qu’il est futile de vouloir se nier.
Qu’importe, je te laisse tes illusions ; elles te sont sans doute vitales.
»

Le géant marche en silence, profitant des derniers instants de la présence de cet autre qui n’est pas lui, avant de se résoudre à retourner parcourir les dunes, solitaire et oublié. Quand son interlocutrice reprend parole et annonce ne pas accorder grand intérêt aux prophéties de l’Aïeul, faute de preuves, ce dernier secoue la tête tristement alors que lui vient le goût de l’échec.

« Qu’il en soit ainsi. Tes filles et toi, vous verrez cette lueur peut-être un jour ; je prie à ta place pour qu’alors il ne soit pas trop tard pour ta fuite. »

Il comprend que le temps de leur marche ensemble s’achève ; il s’immobilise, non loin de ce qu’il sait être, à un niveau instinctif, les frontières que s’est arrogée la chasseresse, et ne la regardant plus tout à fait, il fixe le désert lointain d’un air méditatif avant de se retourner vers son hôte.

« C’est ici que je continue seul. Tu peux t’en retourner et ne plus t’inquiéter : je m’en vais à présent.

Ses mots sont durs, son air sévère, brille dans ses yeux néanmoins une lueur qui passe presque pour de la sympathie.

- Je te remercie pour ton accueil. Nous nous reverrons peut-être lorsque je viendrai reprendre ce qui m’appartient, bientôt, ou dans des siècles, ou dans l’éternité. Si la Bête n’a raison de nous tous, nous nous reverrons, oui. Il marque une pause, cligne des yeux, inspire et soupire. Que donnerai-je pas pour m’endormir à nouveau et ne m’éveiller qu’une fois tout ceci terminé.
Que ta nuit et celle de tes filles soit longue, et que la lune puisse te garder là où tes pas t’emmèneront.
Adieu Hollow sans nom. Adieu.
»

Le colosse monolithique se met de nouveau en branle, s’éloigne, et sa silhouette pourtant haute s’amenuise, puis disparait, happée par le désert.

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