Les choses se corsaient véritablement et cette apparition n'était visiblement là que pour tester ceux qui se disaient protecteurs de ce monde. Si les propos acerbes de Koshiro pouvaient être en partie justifiés, si son attaque par la suite avait été courageuse mais tout de même un peu fou, il venait de le payer chèrement en s'attaquant de front au Mahô Tsukai. Ainsi donc l'entité était capable de manipuler à sa guise les corps se trouvant autour de lui. Étaient-ils conscient ? Possédaient-ils leur propre énergie ou finalement n'étaient-ils que des marionnettes ? Cela, personne ne pouvait le dire avec précision. Alors que le lasso de feu, si connu de Kamui, se précipitait vers l'humain pour tenter de le soustraire à l'emprise de ce vieillard, le Shinigami dégainait d'un geste rapide la lame de son fourreau. Il était plus que temps de laisser son propre pouvoir prendre possession des lieux. Aux yeux du Kagura, les humains autour de ce Mahô Tsukai n'étaient désormais que des cadavres. Il était désormais inutile de tenter de les sauver. Il fallait préserver le reste de la population. Ces âmes seraient sacrifiées pour le bien du plus grand nombre.

- Chissoku-shi suru, Kurage !

Par cette simple incantation, Kamui libérait son Shikai. La lame précédemment visible venait de se transformer en un tentacule de brume, opaque, semblant réagir aux fluctuations de reiatsu de son possesseur qui ne détenait désormais plus que la garde de son sabre d'origine, base d'où se créait cette brume. Il était temps d'agir comme il se devait. Si cela n'était pas suffisant face à un seul être, c'est qu'ils étaient face à un problème qui dépassait de loin les simples compétences du Kanshu. Si le pouvoir de l'entité était de manipuler les âmes qu'il avait aspirées, alors il lui faudrait déployer tout son pouvoir pour maintenir ces corps sous contrôle. Surtout avec ce que l'ancien Capitaine allait déployer sur la surface du combat. Car cette brume n'était rien d'autre que le poison utilisé par la véritable forme de Kurage. Un poison paralysant d'une grande efficacité. Tournant son visage vers la Quincy qui n'avait pas encore réagis suite à inefficacité de ses propres techniques, il reprit doucement :

- Il est temps de combiner nos talents où nous n'arriverons jamais à détruire cette menace. Évite seulement de traverser mon gaz où tu seras aussi paralysé.

Levant sa garde au-dessus de lui, il concentrait son reiatsu pour libérer l'attaque la plus à même de les aider dans cette situation. Qu'importe qu'il ne s'agisse que de corps, qu'importe que l'être soit capable d'aspirer l'énergie, ils allaient avoir à faire à un pouvoir particulier cette fois. Abaissant rapidement son bras vers le sol - en direction de l'encapuchonné et de ses sbires - sa lame de brume se divisa en plusieurs tentacules qui n'avaient que pour but de traverser le maximum de corps possible.

- Mahi !

Chaque membre, chaque être atteint se verrait rapidement gagné par la paralysie. Si un simple bras touché pouvait alors pendre sur le côté, inutile, un corps atteint à plusieurs reprises se verrait dans l'incapacité de se mouvoir. Pour des corps humains, c'était l'idéal. Mais qu'en était-il pour le Mahô Tsukai ? Les tentacules traversaient purement et simplement les corps pour tenter d'atteindre le plus de personne possible, la finalité étant évidemment de toucher l’encapuchonné. Concentré, Kamui était prêt à réagir si l'ouverture se créait. Le corps à corps étant une source de pouvoir qu'il ne possédait pas, il allait simplement tenter d'affaiblir cet être pour finalement le tuer par empoisonnement si l'occasion se présentait.

Il ne s'était pas attendu à ça, vraiment. Enfin... à vrai dire, il ne s'était attendu à rien de particulier, en fait ! Peut-être pensait-il pouvoir prouver d'un coup d'un seul à ces crétins de cette obscure organisation qu'ils ne valaient pas grand chose, en établissant un haut-fait juste sous leurs yeux. Une démarche imbécile à coup sûr, mais c'était de leur faute aussi, ils avaient fini par le gaver tant et si bien que toute notion de prudence – chose n'étant déjà pas par nature inscrit dans sa personnalité – s'était évaporée. Le Jimushi n'avait même pas réussi à atteindre le vieillard... Lorsqu'il remarqua que ces deux corps pourtant sans vie étaient venus s'interposer, il était déjà trop tard pour retenir sa puissante frappe. Des lambeaux et du sang, tout ce qu'il en resta après cela... Koshiro cracha un juron qui se perdit dans la masse, peu avant que sa hargne soudainement ne s'efface. Il n'en avait pas fallu beaucoup pour cela. L'encapuchonné avait levé sa main dans sa direction, dévoilant un anneau brillant d'une lueur inquiétante. Inquiétante oui, à juste titre... La douleur qui en résulta fut fulgurante. Si sa gorge n'en avait pas été nouée, il en aurait hurlé ses tripes.

Ce fut heureusement aussi court qu'intense, un lien spirituel venant l'enserrer et l'éloigner de la menace. À qui il doit ce sauvetage, à vrai dire il s'en fout pas mal ! L'important est que ses miches soient préservées, même si pour cela il est expédié se fracasser contre un bâtiment sans doute désert désormais, les habitants certainement vidés de leur contenu tout comme ces corps sans vie qui jonchaient la chaussée. Jonchaient, oui. Car ce n'est plus le cas désormais. Ceux qui ont été victime de son Highway to Hell ne sont en effet pas les seuls à retrouver soudainement une certaine vitalité. Mais, de la manière dont leurs yeux s'illuminent à présent, il n'y a sans doute « plus personne au grenier ». Car oui, il n'a pas besoin d'être parfaitement renseigné sur le domaine des puissances spirituelles pour comprendre que ce n'est pas là un phénomène normal, mais bien quelque chose de directement imputable à l'influence du lutin barbu.

Les autres continuaient à attaquer, encore, bien qu'aucun ne se risque à s'approcher comme l'incendiaire l'avait fait. Mais cela ne donna pas grand chose, le Mahô Tsukaï ayant déjà manigancé sa défense. Les corps vinrent l'entourer dans une sphère compacte, pour finalement disparaître dans une explosion magistrale. Pluie de corps et de sang sur Karakura... Il faudrait sans doute des jours voir des semaines avant de rendre à cet endroit une atmosphère permettant d'oublier ce massacre digne d'un de ces films d'horreur de série B que Koshiro appréciait tant. Quoi qu'il en soit, le nécromancien a disparu à présent. Plus aucun intérêt à rester ici... Peut-être qu'il va revenir après tout ? Boh, quoi qu'il en soit... mieux vaut sans doute se carapater pour du bon tant qu'il en a l'occasion !

Imari s'approche tout comme il se relève. D'un mouvement sec de la tête, il fait craquer sa nuque endolorie.

Tout baigne ! Mouais... 'fin, j'crois quand même que là, j'ai bien b'soin d'une douche et d'une bonne bouteille ! Si jamais ça t'dit...

La proposition est lancée... Cependant, il ne demande pas son reste ni n'attend de réponse. D'un Bringer Light il s'éloigne déjà, non sans lui avoir au préalable adressé un dernier signe de la main. Il était sûr à quatre-vingt-dix-neuf pour cent qu'elle ne le suivrait pas, mais bon, la proposition était plus là "pour faire le beau" qu'autre chose de toute façon. Au pire, peut-être s'offrirait-il un petit délire avec Paloma... Quoi qu'il en soit, il est certain qu'il a bien besoin de se détendre après tout ça...

Il avait disparu. Sans laisser la moindre trace alentour. Ce n'était pas courant et pouvoir ainsi échapper aux capacités de détection du Vizard n'était pas très courant, ce qui expliquait que Kamui soit si perplexe, bien qu'il cache ce sentiment derrière ce masque d'impassibilité. Un simple regard autour lui permit de constater que l'humain était hors de danger. Et qu'il avait visiblement oublié son envie de se confronter à lui. Pas plus mal. D'un simple geste, le Kagura scellait de nouveau son arme, préférant ne pas laisser son pouvoir trop en évidence. Après avoir rengainé la lame dans son fourreau - qu'il tenait toujours dans sa main gauche - il laissait la Quincy rejoindre temporairement Koshiro alors que lui-même se rapprochait du Général et chef d'équipe.

Leur mission était-elle une réussite ? Pas réellement aux yeux du Vizard. S'ils étaient parvenus à détruire le monolithe, s'ils étaient parvenus à avoir quelques brides d'informations sur ce Mahô Tsukai, ils n'étaient pas parvenus à l'arrêter. Ni même à le blesser, apparemment. Et se retrouver ainsi, dans un tel état de faiblesse, n'avait pas été une bonne nouvelle pour l'ancien Capitaine. Ces individus, qui qu'ils soient réellement, formaient apparemment un groupe. Et cette rencontre n'était rien d'autre qu'un test étrange, peut-être pour connaître les capacités des défenseurs de la ville. Et si tel était le cas, alors le rapport de ce Mahô Tsukai serait cinglant. Il n'avait rencontré qu'une maigre résistance en vérité.

- Je vais effectuer une ronde, au cas où. Mais je pense qu'il a disparu avec de précieuses informations... Notre priorité est de faire un rapport au plus tôt aux autorités compétentes. Au moins connaissons-nous le nom de son groupe et de son possible responsable. Kogâ... Mahô Tsukai... C'est toujours mieux que rien.

Un bien maigre butin toutefois. Beaucoup de victimes pour finalement si peu d'informations. Et seul ce sentiment d'impuissance qui restait dans les cœurs des uns et des autres. Il n'avait plus rien à faire ici pour le moment. Effectuer ce petit tour d'horizon était indispensable mais Kamui savait qu'il ne trouverait aucune autre trace de cet homme. Peut-être que le Kirin saurait... Là était le fol espoir qu'il portait encore. Mais quoi qu'il en soit, ils allaient devoir se préparer au pire désormais. Car si un homme seul était parvenu à tenir la dragée haute à quatre entités puissantes, nul doute qu'un groupe plus conséquent pourrait contrôler Karakura sans problème.

- Je vous rejoins au Quartier général dans moins d'une heure. Ne perdons pas plus de temps que nécessaire.

Saluant ses compagnons, il disparut d'un Shunpô. la vitesse avait au moins comme avantage de lui vider la tête. Mais l'heure de reprendre un véritable entraînement devenait primordiale, désormais.

Le Kanshu avait probablement, depuis le temps, du s’occuper de clôturer la zone à toute personne vivante. Car il ne fallait que personne voie ce qu’il venait de se passer. Gérer cet événement prendrait du temps et ne serait pas simple, bien au contraire. Ce sang, des membres éparpillés, un massacre comme on en voyait presque jamais, qui m’aurait fait repensé au horreur qui avait eu lieu en Europe il y a plus de 60 ans. Je venais de disparaître d’un Shunpô alors que Kamui m’annonçait ce qu’il avait décidé de faire. Cet homme que j’avais rencontré aujourd’hui était bien la seul chose qui pouvait s’apparenter à quelque chose de positif dans cette journée. J’étais au bord de l’énervement le plus total, au bord de la perte de contrôle pure et dure, raison pour laquelle pas un seul mot n’était sortie de ma bouche depuis l’explosion des corps. J’avais hoché de la tête pour répondre à Kamui qui était le seul à être venu me parler, Koshiro était rapidement partie, et Imari ne tarderait pas non plus. J’avais besoin de me vider l’esprit, de ne pas laisser la colère m’emporter, de ne pas le laisser m’emporter. J’avais beau être doué d’un contrôle de cet être intérieur impressionnant, malgré tout en ce moment la colère était trop importante. Nous avions été impuissant, du début à la fin. Ce vieillard s’était joué de nous comme si nous étions que de simple amateur, relégué au rang de simple gardien sans pouvoir. Pourtant ce n’était pas le cas, nous n’étions de loin pas mauvais, bien au contraire. Et pourtant tous ces gens étaient mort sans que nous ne puissions en sauver n’en serait-ce qu’un seul.

Les événements tournaient et tournaient encore dans ma tête, inlassablement, même la vitesse à laquelle je me déplaçais n’arrivait pas à chasser complètement ces images de sang, de corps démembrés, d’impuissance. J’allais devoir aller expliquer tout ça au Kirin, j’allais devoir lui dire que nous n’avions rien pu faire, lui expliquer pourquoi malgré nos rangs et les raisons qui ont fait que nous en soyons arriver là, que malgré que nous ayons juré de défendre cette ville de ce genre d’attaque, autant de gens venaient de périr sous nos yeux, sans qu’une seul seconde ceux derrière tout ça ne se sentent menacé... Et tout ça pour quoi, deux malheureux noms complètement vide de sens. Koga, Mahô Tsukai. Rien cela ne signifiait rien. Et j’avais beau croire beaucoup en cet homme qui nous dirigeait, je ne pensais pas réellement que cela puisse lui signifier quoi que se soit ! Je pouvais l'espérer mais il ne fallait pas trop rêver je crois.

J’y étais enfin, devant la porte du magasin, l’endroit où je savais pertinemment qu’il m’attendrait. Peut être même serait-il déjà au courant pour le massacre ? Je n’en savais rien, dans ma tête les images d’horreur faisaient place à des phrases, à la façon dont j’allais devoir raconter toute cette histoire. De la façon dont j’allais devoir annoncer que nous avions échoué, que nous n’avions rien pu faire... Je le devais !