Fouler les pavés blancs du Sereitei, quelle nostalgie. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas posé le pied sur le sol du centre de la Soul Society, si longtemps que je n’avais pas pu me balader tranquillement dans ce labyrinthe menant à l’entrée du tout. J’étais fraichement devenu le leader de la sixième division à ma demande et je devais déjà me mettre au boulot pour redorer le blason de cette division abandonnée. Ma nomination s’était faite il y a deux jours exactement et j’avais réussi à esquiver tout membre de la Soul Society pour réfléchir en paix. Non pas que je fuyais déjà mes responsabilités, bien au contraire je me préparais pour ne pas foutre un bordel monstrueux comme celui de mon domicile… Si j’avais une femme, elle aurait rasé la maison et l’aurait reconstruit. Angoissé moi ? On peut le dire oui mais, on a toujours une certaine peur de rencontrer des personnes attachées à quelques choses qu’on leur prend au final. Ils ont vécus tant d’années sous l’égide des Kuchiki et par la suite d’un autre capitaine que je n’ai pas eu le plaisir de connaître… et là ils vont devoir me supporter. Comprenez-moi, je n’ai pas réellement envie d’avoir le couteau sous la gorge dès mon arrivée. Pour eux je ne serais qu’un shinigami qui a vagabondé pour des raisons personnelles et qui revient quand la bataille est finie. Enfin, je mettais engagé et je ne pouvais plus reculer.

Donc revenant aux faits, je me baladais depuis un bout de temps autour du Sereitei pour essayer de croiser le moins de personnes possibles et de réfléchir à mon avenir et l’avenir de la division surtout que j’avais déjà une petite idée en tête qui ne pourrait pas plaire à tout monde. Mais bon, je suis capitaine maintenant, je fous ce que je veux et si j’ai envie de trainer un python en laisse alors je trainerais un python en laisse… Ce qui s’avère être une mauvaise idée au passage. Et si la sixième division avait sa spécialité ? Et si je donnais un but à cette division, un nouveau départ. J’ai toujours été passionné d’histoire mais il manque toujours quelques passages dans les livres ou on trouve quelques lignes qui n’ont aucun sens au finale. Mon rêve, connaître toute l’histoire de la Soul Society… Connaître ses moindres secrets et pourquoi pas étendre ça au Hueco Mundo et au Monde des humains. C’est pour ça que j’ai dans l’idée de faire de ma division la division des archives et de l’histoire de la Soul Society. Un beau projet pas vrai ? Sauf que quand je vais dire ça aux membres de ma division, ils vont me taper dessus si ce n’est pas me tuer. Ah ! Quel plaisir d’être capitaine…

Bref voilà à quoi je pensais depuis deux jours marchant dans la direction du vent et trainant dans les ruelles autour du Sereitei. Le problème ? J’ai beau aimé la Soul Society et l’avoir parcouru en long et en large depuis des années… Je n’ai jamais été capable de retrouver mon chemin dans ce putain de labyrinthe ! D’où les deux jours à trainer et à moisir là-dedans… Ce qui fait un peu minable. Je vois déjà les gros titres : « Le nouveau capitaine meurt après s’être perdu dans le Sereitei ». Je n’avais plus qu’une solution… Aboyer comme un chien pour qu’un chihuahua me réponde et me montre le chemin… Ce qui ne me plaisait pas vraiment mais je n’avais plus le choix. Ah quel honte de commencer ainsi ses premiers jours de capitaine… Je n’avais plus qu’à espérer ne pas tomber sur un cerveau lent ou une femme, ce qui cela dit que revient au même mais je n’en dirais pas plus au risque de me faire couper la langue par la gente féminine. Il ne me restait plus qu’à crier désespérément au loup :

« OH ! Y’aurait-il un pauvre paumé dans l’coin ?! ALLÔ ! Que quelqu’un me réponde ou je serais dans l’obligation de tout exploser ! »

C’était évidement des menaces en l’air, la destruction matériel n’était pas mon fort et ne le sera surement jamais. C’était pour attirer l’attention d’une des brutes de la onzième division ou un autre pigeon du genre… Sauf que j’avais très peu d’espoir de voir un compagnon s’avancer devant moi. Je me remettais donc en chemin, longeant les murs et en suivant la direction du soleil qui allait bientôt se coucher. J’étais l’image même des morts vivants dans les films du monde humain. Je n’avais plus qu’à marcher en admirant le ciel changer d’humeur.

Ah le plaisir de sentir la brise légère effleurée votre joue alors que vous n’êtes pas foutus de savoir où vous vous trouvez… On peut dire que ça n’a pas de prix. Il était vraiment temps que je revienne, encore quelques années et j’aurais jamais pu retrouver mon chemin vers la Soul Society. J’avais hurlé pour qu’on vienne à ma rencontre et qu’on m’aide à me sortir de ce cauchemar. Il est vrai que j’avais une centaine de possibilités pour me sortir de là mais je n’avais aucune envie de me fatiguer, autant utiliser les autres. Sauf qu’il n’y avait personne, rien, nada, que dalle, le désert, le crâne de Madarame ou je ne sais quoi encore pour vous montrer à quel point j’étais seul. Enfin seul, un cadavre venait dans ma direction mais ça ne me rassurait pas vraiment. J’avais demandé de l’aide, c’est vrai, mais je me demandais comment dépravé pourrait-il bien m’aider.

« Eeeh mec, t'es gentil tu baisses d'un ton. Déjà, t'es dans le secteur le plus mort du Seireitei à c't'heure là, mais bon, j'suis cool comme gars, j'vais t'aider. Qu'est-ce qu'y te faut ? euh... »

Se faire reprendre par un dépravé, je n’avais donc plus une once de dignité. Le bon côté, s’il y en a un, c’est qu’il n’avait pas l’air de me connaître que ce soit de vue ou même de réputation… Réputation inexistante au passage mais on ne sait jamais. J’avais pourtant l’impression de le connaître, une sensation de déjà-vu surement dû à la fatigue. Qui sait, il n’y a pas qu’un type dans son genre à la Soul Society… Mais cet air de nonchalance m’était familier. Bref il ne m’inspirait pas confiance… Au vu de sa tenue un peu négligée, il n’était pas un haut gradé. Il ne possédait ni Haori ni brassard au bras gauche… Mais il pouvait toujours occuper un poste important de sa division. Ne jamais sous-estimer les dormeurs. J’ai donc répondu avec tout le tact possible.

« Si t’es encore capable de m’indiquer le chemin pour retrouver mes quartiers ça m’arrangeait… Je dois encore retrouver mes repères ici, ça fait un bout de temps que je ne me suis pas baladé en ces lieux. »

J’avais toujours tendance à en dire trop mais bon au moins il savait pour quelles raisons j’étais entrain d’errer et de trainer sur ces dalles blanchâtres. Le second problème qui allait se poser, c’est que lorsque je rencontre un nouveau visage je ne peux m’empêcher de l’analyser. Ma curiosité s’égaille et prend le dessus pour savoir ce qui se cache derrière ce masque. Et lui, il n’avait rien… Son regard était plus vide ou juste remplis de déception à ma vue. Il doit lire la même chose sur mon doux visage à vrai dire. J’aurais préféré voir une belle dame aux cheveux flamboyants et aux yeux océans, se dandinant dans ma direction sans poser le moindre regard sur ma personne… Oui, j’ai toujours eu une préférence pour les fortes têtes. Enfin je m’égare.

« Et je suis le nouveau capitaine de la sixième division. »

Un renseignement parmi tant d’autres, mais j’ai vu son hésitation quand il a posé le regard sur le tissu blanc qui me couvrait. Je n’aime pas laisser les autres dans le doute et je aime dire ce que je pense.

« Et t’as une belle gueule de drogué au passage. »

C’est un autre problème chez moi, je ne peux pas m’arrêter sans dire ce que je pense de la façon la plus calme qui soit. Je me tenais plus ou moins droit en dévisageant sans le vouloir la personne devant moi, en entendant qu’un son échappe de ses lèvres. Le soleil commençait à perdre patience et le ciel orange âtre commençait à laisser place aux étoiles scintillantes. Mon sourire, lui, commençait à se dévoiler.

On sentait une certaine gêne de la part de l’homme face à moi, à croire que ma petite réflexion ne lui a pas plus. Mais je ne pouvais lui en vouloir, je manquais de tact. Enfin il allait pouvoir m’aider c’était déjà ça, j’aurais pu tomber sur un susceptible qui m’aurait laissé en plan au beau milieu de ce bordel… C’est surement ce que j’aurais fais il y a une centaine d’années. J’ai esquissé un léger sourire quand il a parlé de « touriste », je ne m’étais pas trompé cette étiquette allait me coller un petit bout de temps auprès de ceux qui me sont inconnus. Plus grand monde n’allait se souvenir de moi, si ce n’est dire personne. Bref je n’allais pas le laisser dire sans répliquer, ce ne serait pas digne de moi et de ma personnalité en espérant qu’il ne le prenne pas au sérieux.

« Et ouais, ils recrutent des touristes parce que les shinigamis ne sont pas assez compétents pour ça…. »

D’un côté je me moquais de moi-même étant un shinigami, de l’autre je suis défini comme le touriste dès le départ donc tout dépend du point de vue mais je ne pus m’empêcher de rire quelques instants en regardant ce shinigami aux cheveux violets. Ce n’était pas contre lui enfin… Le but n’était pas l’humiliation ou autre, il m’avait tendu une perche que je ne pouvais ignorer ainsi. Je n’ai jamais su tenir ma langue, un léger défaut ou une qualité selon certain. Enfin je continuais de le suivre et je n’allais pas rester sans parler et je devais quelque peu m’expliquer.

« Tu vois… Je suis facétieux aussi. Bref je ne le pense pas bien sûr. J’étais de la cinquième division il y a une centaine d’années… Je suis parti en mission avec l’autorisation de mon capitaine au poste à ce temps là. Puis me revoilà. »

J’en disais peut-être un peu trop mais je préfère ça que laisser la personne dans le doute. Je ne peux jamais rester sans parler sauf quand je suis plongé à rêver en lisant un de mes bouquins. Avec tout ça je ne lui ai même pas répondu à la suite de sa réflexion et n’attendant pas une réponse de ma part il a enchainé sur autre chose. Ah les femmes… Qui peuvent leur résister ? On ne peut pas ignorer les courbes quasi parfaites d’une demoiselle, ce serait un crime. Un drogué aux femmes ? Au moins on a un point que semblait être commun ce qui m’enjouait un petit peu. Il m’a ensuite donné les informations sur son grade… Un cinquième siège. Il était donc dans le top de sa division car oui pour moi le cinquième siège est un siège non négligeable dans une division… Il devait cacher un bon potentiel, peut être meilleure que le mien… Enfin je n’étais pas d’humeur à tester.

« Haha… Capitaine Shima ou appelle moi juste Shima, je n’ai jamais aimé les formalités même si c’est une question de respect… Je l’accepterais quand je le mériterais. Enchanté Tatsugami Shogo. »

Il est vrai que je ne me sentais pas encore prêt à être appelé Capitaine même si c’était mon choix. Je ne suis à l’origine d’aucun exploit, je ne suis pas un héro ou un titan de la Soul Society. Pour moi je serais réellement Capitaine quand j’aurais fais quelque chose pour. Je ne suis qu’un touriste revenu par magie alors que la bataille est terminée, ce n’est pas vraiment des plus glorieux. Enfin bref, reparlons des femmes… Un sujet qui apaise ou qui fâche selon le contexte.

« Je ne donne mon prénom qu’à la gente féminine. Et selon moi les femmes peuvent être nocives si elles ont le contrôle… Mais je doute que ce soit le cas avec toi. »

J’ai appris que les personnes qui ont cette tête de drogué cachaient souvent bien leur jeu… Soit elles étaient extrêmement forte soit c’était un vrai coup de bluff. Je ne savais pas quelle personne j’avais en face de moi et pour l’instant je savais tout ce que je voulais savoir sur elle…. Je savais que j’en verrais plus une autre fois à propos de son pouvoir. Je n’avais plus qu’à le suivre aveuglément en attendant une réponse de sa part.

La fraicheur nocturne prenait place au sein du Seireitei, une légère brise venait soulever mes cheveux en caressant ma joue. Le trajet commençait à se faire long mais la fin arrivait bientôt, ça se sentait. Mais même si cela était quelque peu éprouvant, je ne pouvais m’en prendre à mon manque d’orientation… Grâce à cela je venais de rencontrer un homme qui attisait ma curiosité. Comme quoi, la Soul Society recèle de bien des secrets. Petit sourire en coin, j’analysais et retenais les moindres détails de notre discussion pour n’en perdre aucun passage. A défaut d’un bon sens de l’orientation je possédais une mémoire extraordinaire me permettant d’écrire ma biographie sans oublier ne serait-ce qu’un chemin de mon histoire. Enfin bref, je caressais ma barbichette en avalant les paroles de ce Shogo.

Quand il me parla de la cinquième division, j’étais dans l’incapacité de lui répondre pour la simple et bonne raison que je ne connaissais aucun des capitaines de la Soul Society actuellement en poste… Enfin peut être que si mais je n’en avais pas connaissance. On peut dire que tout s’est passé assez vite et que je ne m’étais pas assez informé. Passons… Par la suite il aborda le sujet de cette fameuse mission qui m’a pris tant de temps et qui au final n’a abouti à rien. Je ne pouvais lui répondre car c’était plus ou moins personnel et que je n’avais surtout pas envie d’en parler. Je ne pouvais blâmer sa curiosité, j’aurais posé la même question si je me trouvais à sa place… mais j’étais dans l’incapacité d’assouvir sa soif.

« Hum… Assez compliqué. Peut être qu’un jour je t’en parlerais.»

Il fumait à la manière d’un jeune adolescent rebelle dans toute sa splendeur. Je n’ai jamais été fan de cette toxine mais cela ne m’a pas empêché d’y céder une ou deux fois dans ma vie. C’est pourquoi l’odeur qui s’en échappait ne me déranger en aucun cas au contraire ça me rappelait quelques souvenirs de mes voyages passés à la recherche de connaissances. J’ai pu voir de part l’expression de son visage que mon problème vis-à-vis des formalités l’arranger un peu. Il avait l’air d’être légèrement en conflit avec les règles mais c’était peut-être juste son attitude qui faisait illusion. Il reprenait donc et enchainait les paroles en marquant quelques temps de pause. Je ne pus qu’esquisser un sourire après ses paroles sur l’attitude des capitaines du Gotei 13, j’avais une certaine façon de voir les choses et je ne savais pas comment les autres aller la voir. Au final je n’avais pas trop d’opinion sur la chose.

Il continua en reprenant sur la gente féminine… Allez savoir pourquoi, je ne pus me retenir de m’esclaffer après ses paroles. Le « J’suis pas un tordu » était lancé sur un autre ton que le reste… A croire qu’il en doutait lui-même. Je regardais les étoiles scintillées en repensant aux nombres de camarades dans son genre que j’avais rencontré dans ma vie de Shinigami. Des hommes jouant au gentleman face aux demoiselles pour le simple plaisir de passer à une autre proie par la suite. Je ne pouvais dire si il était de ce genre là mais il le paraissait quelques peu. Puis, alors qu’il venait à peine de finir, ce fut le tournant décisif… J’étais enfin arrivé dans mes quartiers. Je ne pouvais que les reconnaitre, j’y avais passé quelques temps dans ma jeunesse et cela me fut rappelé par les paroles de ce Shinigami.

« Et oui… Ces quartiers sont toujours les mêmes que dans mes souvenirs. Et pour la partie romantique, je ne le sais que trop bien. »

J’avais un large sourire en repensant à tout cela… Il est vrai que les quelques femmes de la sixième division étaient plutôt pas mal à ce temps là et que je n’avais aucune honte d’aller jouer de mes charmes dans leur rang. Je revoyais les scènes défilées devant moi… Enfin. Je passais devant ce Shogo en lui faisant un signe de la main pour lui indiquer de me suivre. J’étais déjà entré par le passé, cela ne devait pas avoir bien changé depuis et je ne pouvais pas laisser l’ami dehors sans le remercier. J’ouvris les portes d’un coup en regardant à l’intérieur… Le thé était sur la petite table au milieu de la pièce, il suffisait d’allumer les lumières. Parfait, enfin la chance me souriait.

« J’espère que t’as le temps pour que je te remercie. Et puis si tu ne veux pas je n’ai qu’à transformer ça en ordre et tu n’auras plus le choix. »

Un sourire complice s’installa en le regardant et en esperant une affirmation de sa part. Pendant ce temps je faisais le tour de la pièce pour illuminer quelque peu les lieux. Puis une question me vint à l’esprit, une question qui s’impose à chaque nouvelle rencontre pour y voir les différentes réponses et les garder en mémoire. Qui sait, j’avais peut être en face de moi un élément important de l’histoire de la Soul Society. Je ne pouvais donc me retenir.

« Je doute que ce soit la gente féminine qui t’ait poussé à devenir Shinigami… Y a-t-il une raison particulière ? »

Je pris place en tailleur devant la petite table ronde, prenant en main la théière pour servir mon guide et ma propre personne. Je ne pouvais m’empêcher d’humer les vapeurs émanant de ce liquide en attendant la réponse de mon interlocuteur. J’avais enfin pris place grâce à lui, je ne pouvais le laisser partir sans en savoir un minimum sur lui.